L’hypnotisant et chaleureux feu de cheminée avec ses braises crépitantes et rougeoyantes dans son âtre.
Oh ! Rien que d’y penser, elle avait presque hâte !
Oui, un bon feu de cheminée qui lui réchaufferait le cœur et l’âme durant l’hiver.
Entendre le doux son du bois craquer au contact des flammes dansantes et lumineuses lui ferait très certainement oublier sa forêt enchantée…
L’oublier un temps soit peu, c’est vrai, mais pas dans ses rêves nocturnes pendant que la neige se mettrait à tomber dehors et finirait par la recouvrir intégralement d’un joli manteau d’une blancheur immaculée…
Voilà tout ce dont à quoi ce buffet en pin massif lui faisait penser…
À toutes ces belles choses qui la rendaient infiniment heureuse…
Ah ! qu’elle aurait aimé, à cet instant précis, se retrouver dans sa merveilleuse forêt !
Mais cela n’aurait pas été raisonnable, étant donné qu’il avait bien trop plu.
Tout ne serait donc qu’humidité et rien que d’y penser Mira en fut écœurée !
Non, il était plus sage d’attendre que celle-ci redevienne bien sèche comme elle l’était il n’y a pas si longtemps.
« Peut-être après demain et biensûr à condition que Maman ne soit pas là » se dit-elle tout en baillant.
****
Mira attendait toujours bien sagement que sa Maman revienne mais elle trouvait que le temps était de plus en plus long et commençait sérieusement à s’inquiéter de son absence prolongée.
Soudain, elle sursauta en entendant :
« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »
Le bruit provenait de l’horloge en bois qui se trouvait juste au-dessus de la porte de la cuisine.
Centrée au beau milieu de celle-ci ; une petite porte arrondie venait à peine de s’ouvrir laissant surgir un oiseau qu’elle connaissait fort bien et qui avait le don de l’horripiler.
Il s’agissait de « Canari », le fameux oiseau de malheur qui se cachait à l’intérieur et qui réapparaissait de temps en temps quand cela lui chantait.
Et là, il était en train de siffloter gaiement dans un son particulièrement aigu qui l’agaçait :
« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »
Elle le regarda d’un air mauvais et méprisant :
« Mais tais-toi donc le Canari ! Pfff ! Oh la la ! On a compris le message ! Il est telle heure ! Et alors ? C’est pas la fin du monde que je sache ! » lui lança t-elle rageuse avec cette irrésistible envie de lui arracher le bec en deux temps trois mouvements pour qu’il puisse se taire une bonne fois pour toutes.
« Cou-cou ! Cou-cou ! » continua de chanter le petit oiseau sans vergogne.
Il venait d’annoncer qu’il était exactement 17H00.
Mira avait toujours aimé cette bonne vieille horloge en bois qui devait très certainement dater de l’avant guerre.
Les jolies arabesques qui y étaient gravées lui donnaient une allure des plus singulière et d’une rare authenticité.
C’était vraiment une magnifique horloge !
Par contre, le petit être arrogant qui se renfermait dans ses entrailles n’avait pas le moins du monde sa grâce.
À dire vrai, elle le détestait.
Certes, c’était peut-être un bel oiseau avec son plumage jaune poussin des plus rayonnant mais elle n’arrivait plus à supporter son sempiternel « Cou-cou » lui sortant de son minuscule bec orange vif.
Deux couleurs des plus criardes qui se voyaient à des kilomètres à la ronde !
C’est pourquoi elle aimait bien se moquer de lui en l’appelant : Canari.
Quant à ses petits yeux noirs vifs et malicieux ; ils semblaient toujours la narguer lorsqu’il jaillissait subrepticement de son antre fermée à double tour.
Sans doute qu’il se sentait à l’abri, là haut, à l’intérieur de son refuge et qu’il savait fort bien que Mira n’aurait pas pu lui faire quoi que ce soit…
Ah ! Comme elle aurait voulu l’attraper pour lui régler enfin son compte !
Oui ! Pour toutes ces fois où il avait eu l’audace de la faire sursauter en lui chantant à tue tête ses infernales coucous répétitifs…
« Cou-cou ! Cou-cou ! »
Mais il ne perdait rien pour attendre celui-là…
Un beau jour, elle se vengerait. Elle ne savait pas encore par quel moyen mais elle finirait bien par trouver…
Elle l’observa encore. C’est fou comme il avait l’air vivant, là haut sur son perchoir en train de lui chanter la sérénade !
C’en était presque bluffant !
Monsieur Canari faisait son intéressant. Son grand show. Il devait très certainement se prendre pour Monsieur Rossignol alors qu’il avait une voix stridente de crécelle !
Mira ne le détestait pas tant que ça…
Non, c’était bien pire. Elle le haïssait !
Elle était pourtant habituée à le voir quotidiennement et ce depuis pas mal d’années déjà mais bizarrement, elle ne s’était point faites à son chant.
Non, celui-là, elle n’arrivait toujours pas à l’ingurgiter…
Cependant, elle reconnaissait qu’il accomplissait fort bien son travail d’annonceur…
Ah ça oui ! Et ce durant ces 5 années où elle avait habité ici.
Et d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, jamais encore il n’avait eu la moindre extinction de voix…
Non ! Une vraie machine de guerre ce Canari là ! Et biensûr n’ayant pas la moindre pitié pour ses oreilles fines et si délicates.
Elle avait bien essayé de se faire à son chant où encore de contrôler ses sursauts lorsqu’il entonnait ses horribles coucou mais elle avait fini par jeter l’éponge…
C’était tout bonnement impossible !
Résultat des courses : elle détestait toujours autant sa voix et continuait à tressaillir lorsque le volatile en bois sortait de sa cachette tel un clown machiavélique.
Dieu qu’elle le méprisait !
Mira l’observait encore lorsque soudain la petite porte en bois se referma enfin sur lui.
« Pfff, il était temps ! » soupira t-elle en regardant les grandes aiguilles noires de l’horloge.
Elles annonçaient qu’il était déjà 17H15.
« Mais que pouvait bien faire Laura ? Elle n’était toujours pas revenue » s’inquiéta t-elle en tournant la tête vers la porte d’entrée du salon.
****
Mira commençait à avoir une petite faim alors elle franchit le seuil de la cuisine dont la porte était restée grande ouverte.
Immédiatement, elle remarqua au loin une petite assiette garnie de madeleines dorées qui reposait sur la table centrale.
Juste à côté de celle-ci se trouvait un bol à anse accompagné d’une petite cuillère à café.
Mira n’aimait pas trop les madeleines car elles avaient tendance à lui coller au palais et puis il faut dire aussi que ce n’était pas trop sa tasse de thé.
Son intérêt se porta donc sur le bol en porcelaine blanc à gros pois rouges.
Que pouvait bien t-il contenir ? se demanda t-elle en ne le quittant pas de ses yeux perçants.
Sa curiosité grandissait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de la grande table.
Ses narines sentirent les effluves d’un parfum vanillé.
Se pourrait-il que Laura lui ai préparé son dessert préféré ?
Une bonne et onctueuse crème dessert à la vanille ?
Hum ! Rien que d’y songer, Mira était déjà toute excitée à l’idée qu’elle le dégusterait dans quelques secondes.
Un exquis dessert lacté rien que pour elle ! Elle en avait de la chance !
Et sa Maman avait bien veillé à le sortir du frigo à l’avance car elle savait que Mira aimait le manger à température ambiante et non glacée.
Le goût s’en trouvait bien meilleur.
Décidément, elle avait vraiment une Maman en or.
C’était donc ça la fameuse surprise que Laura lui avait concoctée ?
Pourtant, elle aurait juré que sa Maman lui avait bien dit qu’elle lui ramènerait un cadeau en revenant de ses courses.
Mira plissa les yeux de contentement.
Se pourrait-il alors qu’il y ait une deuxième surprise ?
Elle s’apprêtait à déguster sa gourmandise lorsque soudain, elle entendit un drôle de bruit qui provenait du salon.
Ah ! Non ! Personne n’avait le droit de la déranger lorsqu’elle était à table !
« Fichu bruit ! Va t’en ! Et laisse moi savourer ce délicieux met »
Mira se pourlécha les babines, prête à attaquer son savoureux dessert.
« Crrr, crrr, crrr »
Oh non ! Le bruit de tout à l’heure venait encore de recommencer et cette fois-çi il ne s’arrêtait plus.
« Ah ! Mais c’est pas vrai ça ! Je ne peux vraiment pas être tranquille aujourd’hui ! »
À contre cœur elle laissa son assiette de côté et retourna vite sur ses pas.
Du seuil de la cuisine elle inspecta de ses yeux d’aigle le vaste salon.
« Crrr, crrr, crrr »
Le bruit s’intensifiait davantage. C’était un peu comme un grattement à une porte mais elle n’arrivait pas à déceler de quoi il s’agissait exactement.
À l’affût et aux aguets, elle avança à pas de loup à l’intérieur du salon tout en scrutant les alentours mais ce n’était pas si évident que ça vu qu’il faisait à nouveau sombre ici.
Nous étions en plein mois d’octobre et le soleil se couchait beaucoup plus tôt.
Bientôt il ne tarderait plus à faire nuit noire.
« Crrr, crrr, crrr »
Les sens en alerte, Mira épiait les moindres recoins de la pièce.
« Crrrr, crrr, crrr »
Par moment, le grattement s’interrompait, rendant alors difficile la recherche de sa provenance.
« Crrr, crrr, crrr »
« Ah la la ! Fichu bruit ! Mais où te caches tu ? » s’agaça Mira.
Soudain Alléluia ! Elle cru voir quelque chose bouger là-bas, là où était placé son fauteuil.
Vite, sans plus attendre, elle couru en sa direction puis au dernier moment décida de se positionner juste derrière lui afin de mieux épier la chose qui remuait.
Ses yeux verts n’étaient plus que deux fentes extrêmement étrécis à force de scruter dans la pénombre les contours de cette étrangeté.
Une étrangeté qui avait dû ressentir sa présence car à cet instant précis, elle ne bougea plus du tout.
Sans doute, avait-elle entendu Mira…
« Mince alors ! Allez ! Gratte encore saleté ! Pourquoi tu bouges plus ? » marmonna t-elle entre ses dents.
Soudain, la bestiole recommença innocemment sa petite besogne sans prêter attention à Mira qui était à présent juste derrière elle.
Les yeux toujours étrécis à l’extrême, Mira reconnut enfin le petit animal.
« Quoi ! ? Ce n’était qu’une vulgaire souris ! ? » s’indigna t-elle courroucée et prête à lui bondir dessus.
Tout ce raffut n’était dû qu’à une insignifiante petite souris ?
Une souris blanche qui était en train de gratter frénétiquement avec ses pattes avant un coin fissuré de la plinthe en bois du mur de droite. Celui-là même où se trouvait à quelques centimètres son fauteuil en velours.
À l’attaaaaaque !!
Toutes griffes dehors, Mira bondit en avant tel un boulet de canon mais au moment où elle allait se jeter sur le rongeur ; celui-ci se faufila aussi vite que l’éclair par un petit trou attenant à l’étroite fissure qu’il n’avait pas eu le temps d’élargir.
« Oh non ! Saleté va ! T’as réussi à être plus rapide que moi ! » pesta t-elle dépitée d’avoir pu manquer son coup.
Et dire qu’elle avait été à deux doigts de lui régler son compte !
« Une vraie Speedy Gonzales ! celle-là ! » admit-elle avec une certaine fascination.
« Mais tu ne perds rien pour attendre ! » souffla t-elle sournoisement.
« En plus tu as osé faire ta petite cachette juste à côté de mon fauteuil. Ah la la ! Grave erreur, vilaine souris ! » s’insurgea t-elle en regardant d’un œil l’intérieur du trou par lequel le rongeur s’était introduit si lâchement.
Mais hélas, celui-ci semblait totalement vide.
Speedy Gonzales s’était bel et bien volatilisée.
Elle avait dû très certainement emprunter une des nombreuses galeries creusées par elle où ses congénères.
Car s’il y en avait une ; il devait alors y en avoir plusieurs…
Elle prendrait alors son temps et un malin plaisir à les pourchasser l’une après l’autre…
En tous cas, à l’avenir, elle resterait vigilante car elle détestait que des intrus envahissent son territoire.
Speedy Gonzales et le Canari ne perdaient rien pour attendre…
Mira regarda autour d’elle.
Avec la venue impromptue de cette souris, elle ne s’était pas aperçu que le salon était à présent plongé dans le noir.
Elle ne craignait point la nuit mais elle commençait à se faire du mauvais sang pour sa Maman.
Elle jeta un œil à la porte d’entrée qui était toujours obstinément fermée…
Mais que pouvait bien faire Laura à cette heure si tardive ?
Pour passer le temps, elle décida de rester encore quelques instants devant le trou de la plinthe, histoire de voir si la souris finirait bien par en ressortir.
Mais Speedy Gonzales était loin d’être bête.
Ce soir, il était évident qu’elle ne montrerait plus le bout de son museau.
Mira devait se résigner.
Elle commença à bâiller d’ennui et repensa à nouveau aux douces paroles de sa Maman :
« Je te ramènerai une petite surprise ma Mira ! Sois bien sage surtout ! »
Les répéter inlassablement dans sa tête lui permettaient de se rassurer et même si elle commençait à redouter le pire.
« Pourvu que sa Maman n’ait pas eu un accident sur la route » se demanda t-elle très inquiète.
Mais il ne fallait surtout pas qu’elle perde les pédales.
Et pour cela, il valait mieux qu’elle resta positive en se disant que Laura ne tarderait plus à revenir.
Soudain, elle repensa à son onctueuse crème dessert qu’elle avait bien failli oublier à cause de la satanée Speedy Gonzales.
Celle-ci lui redonnerait du baume au cœur concernant son inquiétude pour sa Maman et lui permettrait également d’oublier le fâcheux petit incident qu’elle avait eu avec le rongeur.
****
Mira venait à peine de terminer sa délicieuse crème dessert à la vanille lorsqu’elle repensa encore aux paroles de Laura :
« Je reviendrai avec une petite surprise pour toi ma Chérie. Sois bien sage surtout ! »
Voilà ce qu’elle lui avait dit avant de refermer derrière elle, la lourde porte d’entrée en bois massif.
Elle ne pouvait s’empêcher de se la ressasser en boucle.
Elle revoyait aussi l’image de son doux visage souriant avec ce joli foulard rose pastel noué autour de son cou délicatement parfumé.
Un parfum aux notes florales emporté dans le sillage du vent frais de cet après-midi là et que Mira n’avait point oublié.
À cette pensée, elle eut une boule dans la gorge. Sa Maman lui manquait…
Soudainement, elle entendit le Canari chanter :
« Cou-cou ! Cou-cou ! »
Elle sursauta mais bizarrement ne lui en voulut pas.
Cet oiseau de malheur rompait le silence de plomb qui régnait dans la vaste maison et cela la rassurait.
Et même si son « Cou-cou » était détestable ; elle lui en était quand même reconnaissante…
Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle mourait d’envie de lui arracher le bec !
Ce n’était plus le cas maintenant. Le Canari était devenu son ami.
Il venait d’annoncer qu’il était exactement 19H00.
Son inquiétude redoubla.
Jamais encore sa Maman n’était arrivée en retard. Elle respectait toujours ses promesses…
Mais que faisait-elle alors ?
Elle regarda par la baie vitrée. Le jardin était dans l’obscurité totale et il n’y avait pas âme qui vive.
Sa Maman ne donnait pas de cours le samedi au lycée et c’est pour cela qu’elle profitait toujours de ce jour pour faire ses courses.
« Maman ! Reviens moi ! S’il te plaît ! »
Elle faisait cet ultime vœu tout en regardant le ciel noir opaque dénué d’étoiles…
Soudain, elle entendit un cliquetis à la porte.
Incroyable mais vrai ! Sa demande avait-elle été exaucée ? !
Vite, le cœur battant et sans plus attendre, elle courut vers la porte et attendit.
Son impatience la rendait fébrile et très nerveuse.
Subitement, la porte s’ouvrit enfin en grand, laissant apparaître sa douce et belle Maman qui lui lança :
« Coucou ma chérie ! Oui, je sais, je suis très en retard. Attends, je vais allumer. On n’y voit strictement rien ici ! »
Le grand lustre du salon s’illumina immédiatement, éclairant toute la pièce d’une intense lumière qui faisait plaisir à voir.
Ainsi, le salon retrouvait enfin son côté chaleureux et sécurisant.
« Oh ma Chérie ! Tu as dû avoir peur toute seule ici dans le noir. Je suis vraiment désolée »
Laura déposa son gros sac de provisions sur le carrelage puis s’empressa de fermer à clef la lourde porte en bois.
Elle se retourna et regarda Mira avec une extrême douceur dans le regard.
« Tu sais, je m’inquiétais pour toi ma Mira. Te savoir toute seule ici me tracassait. Mais je suis heureuse de te retrouver enfin. Allez, viens me faire un câlin »
Tout en s’accroupissant, elle tendit les bras vers elle mais Mira ne broncha pas.
Elle restait immobile sans ciller.
« Que se passe-t-il ma Chérie ? Tu me boudes ? »
Le regard vert de Mira était réprobateur.
« Ah ! Je vois ! Tu m’en veux toujours. Mais tu sais ce n’est pas entièrement de ma faute. Il y avait beaucoup de monde au supermarché et lorsque je conduisais sur la route qui mène chez nous ; j’ai dû faire un détour à cause d’un grave accident »
Les yeux verts de Mira s’arrondirent d’étonnement.
Mais alors l’absence prolongée de sa Maman était donc dû à cause de toutes ces choses ?
« Tu m’en veux toujours ? » questionna Laura avec un petit sourire enjôleur.
Avec de tels arguments ! Grand Dieu ! Biensûr que non ! Alors, contre toute attente, elle se précipita avec hâte vers sa Maman puis se caressa immédiatement tout contre elle en faisant ses pattes de velours.
« Oooh ! Ma jolie Mira ! » s’exclama Laura avec une certaine émotion dans la voix.
Mira ronronnait de plaisir en ne cessant de se caresser contre elle.
« Mais toi aussi Maman ! Tu m’as manquée » miaula t-elle d’une petite voix en la dévorant des yeux.
« Oh ! J’aime quand tu me fais des câlins comme ça ma Mira ! »
Laura lui caressa affectueusement la tête puis passa sa main sous son ventre tout blanc et si soyeux. Elle savait que Mira aimait bien qu’on le lui caresse en faisant de grands vas et vient.
Mira ronronnait de plus belle. Elle était vraiment au septième ciel.
Laura lui fit ensuite un petit bisou sur le bout du nez.
« Ah ! mais j’allais oublier ta surprise ! » s’écria t-elle subitement.
« Attends, je vais la chercher dans le sac » ajouta t-elle en se relevant.
Quelques secondes plus tard, elle tenait dans sa main droite un sachet brillant qui ressemblait à un gros paquet de chips.
Mira le reconnut immédiatement avec son logo si particulier qui représentait l’empreinte d’un coussinet félin.
« Tiens ! Regarde ! C’est pour toi ma Mira ! » s’enthousiasma Laura en commençant à l’agiter de haut en bas.
« Tu reconnais ce bruit ? »
Bien évidement qu’elle le reconnaissait !
Et quand bien même il y aurait eu tout un tas de vacarme autour ; elle l’aurait encore reconnu entre mille…
Mira ne cessa de le fixer de ses grands yeux verts en amande pendant que sa Maman continuait de le lui agiter sous le nez.
« Quel son merveilleux ! » miaula t-elle en ne le quittant pas des yeux.
Sa Maman venait de lui offrir un très joli cadeau : ses croquettes favorites d’après le coussinet doré qui était dessiné dessus.
Sa marque préférée ! Les savoureuses et fondantes croquettes de bœuf aux légumes verts dont elle raffolait tant.
Mira ronronna de plus belle à l’idée de bientôt les croquer…
Mais elle ne ronronnait pas que pour elles…
Est-ce que Laura s’était aperçu qu’elle s’était beaucoup inquiété pour elle ?
Et se doutait-elle un seul instant de l’immense amour qu’elle lui portait ?
Un amour qui surpassait tout le confort dont elle bénéficiait ici dans cette maison.
Un amour débordant qui ne pouvait être comblé et rassasié juste par des croquettes aussi affriolantes soient-elles.
Un amour qu’elle avait besoin de transmettre car elle n’était peut-être qu’une chatte de gouttière, un félin ronronnant à la moindre caresse ou victuaille ; elle n’en restait pas moins un être vivant avec un cœur rempli de sentiments à l’intérieur.
Un cœur qui n’oublierait jamais ce jour ou Laura l’avait adoptée un certain mois de juillet de l’année 2013 à la SPA ; juste en étant attirée par ses miaulements de désespoir, sans même la voir !
Ce jour où elle était encore tenue prisonnière dans l’une de ces cages, enfermée à double tour avec cinq autres amies comme elle qui attendaient en vain de se faire adopter mais sans aucun succès.
Ce jour où pourtant une certaine Laura avait su remarquer la détresse dans sa voix éraillée, à force de miauler.
Ce jour qui avait changé irrémédiablement sa vie…
Une complainte que Laura avait su écouter et qui l’avait alors guidée et menée jusqu’à elle.
Elle, la chatte de gouttière aux yeux verts…
Et le coup de cœur fut réciproque. Aussi bien pour l’une que pour l’autre…
Une rencontre qui était sans doute écrite…
Le plus beau jour de sa vie…
Un jour à jamais gravé dans son petit cœur de félin.
Un cœur qui avait enfin trouvé sa Maman.
Une merveilleuse Maman qui l’avait sauvée et aimée de toute ses forces d’un amour inconditionnel…
Un amour qui durerait encore et encore…
Son plus beau cadeau sur Terre…