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Une Lumière après la pluie 🌄🌄🌄

Décrivez une rencontre fortuite avec un inconnu qui vous a marqué positivement.

Je me souviens encore de ce jour avec une très grande clarté…

Dehors il faisait très froid, nous étions en plein mois de Novembre 2023 et le ciel était plombé annonçant une pluie des plus glaciale dans à peine quelques minutes…

Je décidais alors de m’enfouffrer rapidement à l’intérieur d’une petite chapelle se trouvant comme par hasard sur mon chemin d’où je pourrai peut-être m’y reposer quelques instants suite à mon  interminable et harassante journée de courses.

Et me voici là, assise sur un banc, mon grand sac posé juste à mes pieds et moi face à la statue du Christ crucifiée à une imposante croix de bois extrêmement bien travaillée.

Une croix monumentale accrochée au mur de façade de pierres grises au fond de la chapelle derrière un large autel en granit où reposait en son centre un charmant petit pot de fleurs à pétales blanches donnant une ambiance un peu plus chaleureuse à ce lieu austère…

Je suis Chrétienne mais au fur et à mesure du temps qui passe, je ne sais pas pourquoi  j’ai fini par mettre de côté ma religion sans pour autant la renier… J’ai fini par moins prier sans doute par déception où encore lassitude… Je ne saurai hélas m’expliquer à ce sujet tant je suis moi-même un peu perdue…

Pourtant, me retrouver aujourd’hui seule ici en ces lieux alors que je n’y avais plus mis les pieds depuis près de 2 ans me procura une sensation nouvelle que je n’arrivais pas à d’écrire…

Tout ici semblait incroyablement calme et si  feutré que mon esprit commençait peu à peu à s’apaiser tout en dissipant la fatigue  accumulée depuis que je m’étais levée à 6H00 ce matin.

Et là, en jetant un œil au cadran de ma montre bracelet je fus stupéfaite de constater qu’il était déjà 15H00 de l’après-midi. C’est fou comme le temps passe trop vite me dis-je. Bientôt, il faudrait que je parte d’ici car il me restait encore pas mal de chemin à parcourir à pied avant de rejoindre enfin mon chez moi.

Mais je rechignais encore à m’en aller pour la simple et unique raison que je détestais marcher sous la pluie et encore moins avec un grand sac de courses à devoir porter tout le long de mon trajet.

Et les minutes s’écoulèrent ainsi sans m’en apercevoir tandis que dehors la pluie continuait de toujours tomber inlassablement…

À présent, l’esprit vagabondant, j’étais en train de regarder là-haut autour de moi les grands vitraux colorés représentant quelques scènes importantes de la vie du Christ…

Des scènes hélas fortement assombri à cause du mauvais temps à la pluie mais qui très certainement s’illumineraient aussitôt par la venue d’un soleil radieux changeant alors l’apparence de toutes ces images  pieuses ternis en de magnifiques pièces de verre teintées aux mille et une couleurs châtoyantes…

Un spectacle de lumière auquel j’aurai bien aimé y assister et qui m’aurait sans nul doute émerveillée avant de devoir m’en aller d’ici…

Mais peut-être que cette lumière divine  interviendrait sous peu, qui sait ?

Alors je commençais à fermer les yeux tout en me disant qu’à partir de ce moment-là, pourquoi pas, le soleil finirait par pointer le bout de son nez…

Ainsi, les paupières fermement closes, j’espérais au fond de moi que mon souhait se réaliserai tel un miracle de la vie alors j’attendais patiemment encore et encore…

Et je mettais même prise au jeu à lancer le compte à rebours dans ma tête afin de  laisser une chance au soleil histoire de  l’encourager à venir vaincre la satanée pluie car j’étais intimement persuadée qu’il ferait ce petit geste pour moi. Un peu comme si ma vie en dépendait… Sauf que j’ignorai à quel moment exactement il viendrait faire son entrée inopinée ici alors je continuai de  l’attendre patiemment encore et encore…

                                   ****

Soudain, c’est alors que je l’entendis non loin de mon oreille gauche me chuchoter ceci :

« Espérez-vous un miracle à cet instant ? »

Sursautant à l’écoute de sa voix, non pas par crainte mais plutôt sous l’effet de la surprise, je rouvris rapidement les yeux et c’est là que je le vis assis à ma gauche accompagné de son large sourire.

À cet instant, je me rendis compte que j’avais totalement ignoré sa présence. Il fallait croire que je devais être dans un autre univers que celui de la réalité pour ne pas m’en être aperçu…

Bref, on dira que je ne l’avais pas vu venir…

Mais nous voici à présent deux en ces lieux…

Et à en juger le col noir et blanc qu’il portait autour de son cou, je compris immédiatement qu’il s’agissait d’un prêtre…

Et pas n’importe lequel !

D’ailleurs je n’en revenais toujours pas mais oui c’était bel et bien un prêtre Malgache ! Et ça j’en étais absolument sûre et certaine… Aucun doute là-dessus…

Mon Dieu ! Comme le monde peut être incroyablement petit lorsque l’on tombe comme ça par hasard sur une personne qui vous rappelerait alors en une seule fraction de seconde tout votre passé d’expatriation et plus précisément à Madagascar…

Et là, avec son sourire lumineux, son accent Malgache où tout simplement son air avenant ; ce prêtre sans le savoir venait de faire rejaillir du plus profond de ma mémoire tout un condensé de souvenirs riches et intenses que j’avais vécu il y a des années de ça dans la grande île Rouge.

J’en étais d’ailleurs toute bouleversée, chamboulée et même émue…

De son côté, le prêtre aux cheveux poivres et sel et au visage harmonieux sans la moindre ride semblait se soucier de mon moral lorsqu’il me demanda si j’allais vraiment bien car pour l’heure aucun son n’était encore sorti de ma bouche suite à la question qu’il m’avait posé précédemment…

C’est alors que je lui répondis avec un petit sourire pour le rassurer :

« Je vais bien, merci… »

« Tant mieux car je commençais à m’inquiéter » me dit-il sans ôter le rayonnant sourire de son visage.

« Non, je vous assure. Je vais très bien… C’est juste que vous m’avez rappelé mon passé l’espace d’un instant »

« Oh ! C’est vrai ? Pouvez-vous m’en dire davantage s’il vous plaît ? »

« Je pense que vous devez être Malgache… » lui dis-je alors soudainement avec assurance tant étais-je sûre de moi.

« En effet » me dit-il aussitôt quelque peu interloquée. « Je suis bien d’origine Malgache. Vous avez bien deviné. Bravo ! Mais dites-moi, vous connaissez Madagascar ? »

« Oui ! Bien-sûr car j’y suis née ! » lui répondis-je avec grand enthousiasme.

« Incroyable ! C’est vraiment incroyable ! Et où êtes-vous née exactement ? »

« À Namakia… C’est un petit village perdu en pleine brousse et situé pas très loin de la mer… Je ne sais pas si vous connaissez… »

« Non, hélas, ça ne me dit rien, navré… Mais il faut dire aussi que Madagascar est si vaste ! En tout cas je suis vraiment très heureux d’être tombé aujourd’hui sur une native de mon pays et qui plus ici à l’intérieur de mon église… »

« Merci à vous. Moi aussi ça me fait très plaisir de vous connaître. Et donc vous êtes d’origine Malgache né à Madagascar ? »

« Oui, exactement ! Et plus précisément à Antananarivo »

« Je connais très bien Antananarivo… J’y ai fait la moitié de mes études au lycée Français de Tananarive lorsque j’étais une jeune étudiante. Et puis mon petit frère est né aussi là-bas… « 

« C’est vrai ? C’est très intéressant de vous écouter. On ressent que vous avez la nostalgie de Madagascar… « 

« Oui, absolument. Madagascar me manque beaucoup. Presque tous mes ancêtres sont nés là-bas… Mes grands-parents maternels, mes oncles, mes tantes, ma Maman, mon frère… Madagascar, j’en garde de si  merveilleux souvenirs »

« C’est formidable ça ! Et comme je vous comprends ! Alors il faudra y retourner un jour lorsque vous le pourrez car je pense très sincèrement que cela vous rendrait très heureuse »

« Oh oui ! j’aimerais bien un jour pouvoir y  retourner »

« Et je vous le souhaite. Vous savez, il y a un proverbe Malgache qui dit que lorsque l’on boit l’eau de Madagascar, on finira tôt où tard par y revenir »

« C’est un bien joli proverbe… »

« Oui, c’est vrai… Alors, dîtes-moi, pour en revenir à tout à l’heure, lorsque vous aviez les yeux fermés, c’est comme si vous sembliez attendre quelque-chose… »

Décidément, rien n’échappait à ce prêtre alors sans plus tarder je lui répondis :

« Oui, vous avez bien deviné. D’ailleurs, c’est un peu ridicule quand j’y repense… »

« Pourquoi ça ? Détrompez-vous, rien n’est ridicule dans cette vie sauf la méchanceté de certains hommes sur cette terre »

Ce prêtre avait beaucoup de bonté et de sagesse en lui et c’était extrêmement plaisant, réconfortant de pouvoir discuter avec lui… Si bien que je fini par lui avouer ce que je souhaitais obtenir tout à l’heure lorsque j’avais les yeux fermés.

« En vérité, j’attendais que la pluie s’arrête de tomber et que le soleil vienne illuminer de  ses rayons puissants ces magnifiques vitraux tout là-haut » lui dis-je en les pointant du doigt.

« Vous êtes une rêveuse à ce que je vois… Et vous avez gardé votre âme d’enfant… Ça se ressent… Surtout, croyez toujours en vos rêves… Ne les abandonnez pas et vous verrez qu’un beau jour l’un d’entre eux se réalisera tôt où tard… »

Ce qu’il venait de me dire me réchauffa tant le cœur et l’âme que mes yeux commencèrent à s’embuer de larmes. J’avais alors beaucoup de mal à m’empêcher de pleurer…

Mais que faire lorsque l’émotion vous submerge à ce point ? Faut-il se contrôler ? Où au contraire tout relâcher sans éprouver la moindre honte… Sans regarder ce qui vous entoure… Ne voir en fin de compte que soi et uniquement soi… Oublier tout le reste et se laisser aller sans se dire que l’on sera jugé…

À cet instant précis, les larmes coulaient le long de mes joues sans que je puisse les arrêter… Sans que je puisse me dire que j’avais tort de pleurer devant ce prêtre, cet inconnu qui pourtant j’en étais persuadée ne me trouverait ni lamentable ni ridicule…

Et c’est alors qu’il ajouta avec son éternel sourire aux lèvres :

« Vous savez, les larmes sont un don de Dieu. Surtout ne les réfrénez pas et vous verrez que vous vous sentirez nettement mieux après »

Je ne sais pas pourquoi mais le fait d’avoir prononcé cette phrase en ces lieux résonna très fortement en moi un peu comme une révélation…

Et maintenant, je pleurai à chaudes larmes, les yeux dans le vague comme si j’expiai tout ce que j’avais de plus douloureux en moi. Comme si je retirai soudainement toute cette accumulation de tristesse qui m’empêchait alors de respirer depuis pas mal de temps. Et c’était tellement libérateur d’évacuer tout ça que j’avais l’impression de m’envoler tel un oiseau s’enfuyant enfin de sa cage…

Par de simples mots, ce prêtre avait réussi à me libérer d’un poids pesant et je lui en étais reconnaissante.

                                       ****

Tout en continuant à pleurer, je pris un kleenex qui se trouvait dans la poche avant droite de mon manteau et commença à absorber tout doucement le ruissellement de larmes de mes joues, de mes yeux ainsi que de mon nez sans frotter pour ne pas irriter davantage ma peau sensibilisée par le froid hivernal.

« Laissez-vous aller… Ça vous fera du bien de lâcher prise » me conseilla le prêtre avec beaucoup de compassion dans son regard.

« Merci encore Mon Père pour votre gentillesse et désolée encore de pleurer comme ça devant vous » lui dis-je la voix enrouée.

« Ne soyez pas désolée, voyons… J’espère au contraire que votre chagrin finira par se dissiper pour laisser place à la joie »

« Merci beaucoup mon Père »

« De rien. C’est si peu de chose la consolation. Et puis c’est réellement une source de bienfait capable de tout résoudre… Dites-moi ma fille, comment vous appelez-vous ? »

« Je m’appelle Cécile… »

« Très joli prénom. Et dans ma langue Malgache on dirait Sesily. Le saviez-vous ? »

« Oui, je le savais grâce à un partage musical qu’un ami Malgache m’avait fait connaître il y a quelques temps déjà sur Youtube et qui parlait de mon prénom en langue Malgache »

« Oh, Merveilleux ! Vous aimez écouter les chansons Malgaches ? »

« Oui, et particulièrement celles qui sont  typiquement traditionnelles comme le célèbre Afindrafindrao. J’aime beaucoup cette musique Malgache »

« Je vois que vous avez bon goût en matière de musiques malgaches Cécile. C’est vraiment bien. Et seriez-vous une Musicienne à tout hasard ? « 

« Non, hélas je ne le suis pas… Mais c’est vrai que j’aurai bien aimé savoir jouer du piano à une certaine époque… Par contre je suis une grande mélomane. J’adore écouter la musique. Elle est devenue mon oxygène dans la vie car elle me fait voir le monde autrement… D’ailleurs je ne pourrai pas vivre sans elle… »

« C’est bien que vous aimiez la Musique Cécile. On dit que la musique adoucit les moeurs. Et je vois que vous avez l’âme Malgache qui coule dans vos veines parce-que chez nous à Madagascar, on adore chanter. C’est presque inné chez le peuple Malgache car la musique fait partie intégrante de nos vies et qu’elle est source de joie que ce soit dans la pauvreté, la tristesse où encore la maladie. La musique est universelle et elle a le don de savoir nous rassembler dans ce monde »

« Oui, vous avez entièrement raison. La musique a le pouvoir de guérir notre âme »

« Exactement. Et à ce sujet, par rapport à votre prénom, saviez-vous que Sainte Cécile est la Patronne des musiciens et qu’elle sait également guider les aveugles sur le bon chemin afin qu’ils ne puissent pas se perdre ? »

« Oui, je me rappelle qu’on m’avait dit cela il y a fort longtemps déjà durant mes cours de Catéchisme et je sais également que Sainte Cécile se fête tous les 22 Novembre »

« C’est bon à savoir et désormais je le saurai grâce à vous. Et saviez-vous Cécile qu’à cet instant précis où nous discutons, votre souhait vient tout juste de s’exaucer »

« Comment ça ? » lui dis-je interloquée.

« Oui. Regardez en haut, à votre droite »

Incroyable mais vrai ! Un faisceau lumineux était en train de traverser l’un des vitraux colorés l’irradiant alors de mille éclats de lumière telle une traînée de poussière d’or…

Mon Dieu ! Que c’était beau !

Et en l’espace de quelques secondes à peine, l’intérieur de la chapelle venait d’entièrement se métamorphoser en portant son plus beau voile doré parsemé d’éclats de diamants, lui donnant alors une allure des plus majestueuse.

Et c’était d’un tel ravissement pour les yeux que j’en étais époustouflée d’émotions…

Chacune des pièces de verre des vitraux colorés venaient d’être ravivées par les rayons intenses du soleil qui en fin de compte avait réussi à chasser la vilaine pluie grise et glaciale.

Et moi, j’étais là en train d’assister en direct à ce magnifique spectacle de lumière que  j’avais tant souhaité il n’y a pas si longtemps que ça…

Finalement, le soleil avait daigné m’écouter et je l’en remerciai d’un petit soupir discret.

Et maintenant une douce lumière chaude venait de se déposer sur mon visage m’obligeant alors à cligner des yeux tant son éclat était intense. Dieu que cela me faisait du bien de pouvoir ressentir cette délicate chaleur sur mon visage en cette journée si froide et humide.

Si bien que j’en avais oublié la présence du prêtre Malgache qui à ce moment-là venait tout juste de se lever du banc en s’excusant qu’il devait impérativement terminer son texte d’homélie pour ce week-end mais qu’il espérait que je reviendrai un dimanche ici  pour assister à l’une de ses messes.

Puis dans un large sourire, tout en m’adressant un au-revoir de la main droite, il ajouta ceci :

« Et n’oubliez jamais Cécile, les miracles peuvent survenir dans notre vie à tout moment… Surtout, gardez toujours espoir. Soyez confiante en la vie car elle pourrait vous apporter de bien belles surprises… »

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La neige ❄

En cette fin de soirée du Vendredi 23/12/16, je viens de créer un poème dont le titre est : « La neige ».

J’étais très inspirée ce soir (sans doute le réveillon de demain qui me met déjà en joie) alors je me suis lancée et voici le résultat que vous pourrez écouter et/ou lire simultanément.

Je vous souhaite encore de très belles fêtes de Noël ! Soyez heureux et profitez de ces instants magiques et si chaleureux !

Je vous embrasse bien fort !

Cécile 😚

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La neige :

Le vent balaye les feuilles mortes,

Qui s’étaient accumulées devant ma porte.

Avant de sortir,

Je noue une écharpe autour de mon cou,

Et une fois dehors,

C’est alors,

Qu’une bise glaciale vient se déposer sur mes joues,

Ne tardant pas à les faire rosir,

Telles deux pétales de rose,

Ressemblant à une amoureuse transie,

Dans le cœur si froid de cet hiver glacial et rugueux.

Alors pour mieux me couvrir,

Je décide d’enfiler mon bonnet de laine ainsi que mes mitaines.

Et là enfin, une douce chaleur m’envahit…

Quelques instants plus tard, je marche sans but précis,

Sur ce chemin enneigé,

Jonché de feuilles mortes près d’une source gelée.

Cet endroit est un véritable sanctuaire de beauté.

Soudain, j’entends un oiseau chanter.

Je m’arrête de marcher pour le chercher des yeux,

Mais semble t-il, il s’est déjà envolé,

Vers d’autres contrées,

Alors je continue mon périple à travers le bois silencieux.

J’aime cette plénitude, cette solitude,

Je m’y sens libre et sereine.

Toute cette nature blanche m’émerveille.

Ce décor bucolique,

Ce froid intense et polaire,

M’enveloppe agréablement dans le tourbillon magique,

De son air vivifiant et piquant,

Revigorant mon corps ; stimulant mon esprit vagabondant.

Oui, tout n’est que magie ici.

La neige d’un blanc immaculé,

Restant figée dans le profond silence de la forêt,

Si cristalline et cristallisante à souhait,

Telle une belle endormie,

D’une douceur infinie…

Je resterai bien ici toute une vie,

À contempler ce magnifique tableau,

Ce fabuleux manteau neigeux,

Opaque et scintillant,

Mais je sais fort bien que tout ceci,

Ne durera qu’un temps,

Alors je profite de ces quelques instants,

Pour me vider la tête et la remplir de bonheur et de douceur,

Car je sais fort bien que tout ceci,

N’est qu’éphémère…

Mais qu’importe ! J’hume à plein poumon encore et encore ce grand air,

Glacé et si léger,

Qui m’emporte vers d’autres cieux,

Un monde radieux…

Pour fuir un temps, tous ces hyènes, ces loups remplis de haine…

Et m’envelopper sans fin et avec volupté dans ce blanc manteau si douillet,

Que je ne voudrais plus jamais quitter.

Cécile

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Voici la vidéo de ma voix enregistrée dans youtube :

 

La dernière danse de la lune : Chapitre 4 : La faille

la derniere danse de la lune

 

« Oups ! ça devait arriver ! Attendez je vais en allumer une autre » s’empressa de dire Tamara.

En effet, les bougies n’avaient eu de cesse de se consumer et on voyait à présent un amas de cire blanche biscornu qui s’était formé sur chacun des deux socles.

C’était le témoignage du temps qui avait passé se dit Elisa en regardant Tamara qui était déjà en train d’allumer la mèche d’une autre bougie à l’aide de son fameux briquet provenant de l’Hôtel Paradise Beach.

Elle venait de prendre une autre bougie à l’intérieur d’un des tiroirs du bas de l’armoire et avait bien précisé qu’il y en avait encore tout un stock entier et que si jamais l’une d’elles venait à nouveau à s’éteindre, elles n’auraient aucun souci à se faire de ce côté là.

« Tant mieux ! » s’était dit Elisa dans son for intérieur car les bougies lui procuraient un certain réconfort qu’elle n’était pas encore prête à voir disparaître et surtout pas en cette longue nuit interminable.

Elle aimait bien sentir cette odeur de bougie qui brûle. Cette effluve si particulière qui envahissait toute la pièce, lui rappelant de lointains souvenirs de son enfance.

Oui, de biens jolis instants qu’elle aurait bien aimé pouvoir un jour raconter à l’homme de sa vie ainsi qu’à ses futurs enfants car elle comptait bien se sortir de cette impasse…

A force d’attendre dans cette cabane, elle avait retrouvé en elle un nouvel espoir ; sans doute grâce à la présence de Tamara qui avait réussi à détendre l’atmosphère par ses multiples et diverses questions.

Et plus que jamais, elle voulait retourner à sa vie d’avant et vivre sa continuité.

En tous les cas, il était hors de question que son destin ne se termine de manière tragique et qui plus est dans une île perdue, éloignée de tout.

Non, pas question ! et même si cet individu était là, tapi quelque part dans le noir de cette forêt lugubre, elle était fermement décidée à tout faire pour déjouer ses pièges car elle avait en elle cette rage de vivre !
Et même si le pire devait arriver, elle ne flancherait pas car son maître mot était inlassablement le même « VIVRE ».

« Vivre ou survivre » se dit-elle tout en regardant les deux longues flammes des bougies qui dansaient gaiement au moindre mouvement de l’air, faisant apparaître leurs ombres chinoises démesurées sur un pan du mur en bois de la cabane.

****

21H00. A l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes tuaient le temps en discutant de tout et de rien.

Soudain, le hululement strident d’une chouette vint troubler leurs conversations.

Et à en juger le son qui était tout proche, le rapace nocturne devait probablement se trouver non loin de la cabane, juché sur une des branches des nombreux arbres qui l’entouraient.

C’était bien la première fois qu’Elisa entendait ce type de son en direct. Biensûr, comme tout le monde elle l’avait déjà entendu à la télévision, dans certains films d’angoisse mais de là à l’entendre d’aussi près et si clairement, c’était totalement différent.

Dans d’autres circonstances, sa curiosité l’aurait emportée et elle n’aurait pas hésité une seule seconde à sortir dehors et ce, même en pleine nuit pour aller voir la fameuse chouette ou le hibou.

Tiens, c’est vrai ça ! se demanda t-elle subitement. S’agissait-il d’une chouette ou d’un hibou ? Elle n’avait jamais su les distinguer tant ils se ressemblaient beaucoup en apparence. Pourtant, en regardant un jour un documentaire télévisé sur ces étranges oiseaux, elle avait appris qu’on pouvait les reconnaître grâce à la spécificité de leur tête.

En effet, le hibou avait de petites touffes de plumes de chaque côté de celle-çi que l’on appelait « aigrettes » tandis que la chouette n’avait rien de semblable.
Elisa se massa la tempe droite. Comment pouvait-elle songer à ce documentaire à l’heure actuelle ?

Soudain, comme pour la rappeler à l’ordre, le rapace nocturne se mit à nouveau à hululer.

Nerveusement, elle se mordit la lèvre inférieure pendant que Tamara, elle de son côté, semblait être la recherche du fameux cri d’oiseau, en tournant lentement sa tête de gauche à droite.
Elisa ferma les paupières pour humecter ses yeux tellement ils étaient secs et les rouvrit presque aussitôt lorsqu’elle entendit une troisième fois le hululement strident de la chouette.

D’un geste machinal, elle regarda sa montre : il était exactement 21H30.

On aurait dit que le temps faisait exprès de se rallonger se dit-elle tout en se mordillant l’ongle de son pouce droit. Elle commençait sérieusement à en avoir marre de cette attente interminable et souhaitait déjà être au lendemain.

« Vous entendez la chouette qui hulule ? » dit subitement Tamara en la fixant de ses grands yeux noirs brillants.

« Oui » répondit Elisa.

« J’ai toujours trouvé cet oiseau fascinant »

« Fascinant ? et en quoi ? »

« Eh bien, déjà il est nocturne, un peu comme la chauve-souris et il ne chasse que la nuit. Ensuite, j’aime bien lorsqu’il hulule. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve que ces oiseaux ont un côté mystérieux. En fin de compte, ce sont des solitaires. Par contre, je n’ai jamais su différencier la chouette du hibou. Et vous ? Vous connaissez leurs différences ? »

Elisa n’avait pas trop envie d’aborder le sujet de ces volatiles qui contrairement à Tamara, ne les trouvait pas autant fascinants que ça, alors pour couper court à la conversation, elle lui répondit :

« Non, je n’en sais rien du tout »

« Vous semblez agacée Elisa. A moins que je ne me trompe ? » dit-elle en la scrutant avec un petit sourire en coin.

« Oui désolée, je suis un peu énervée par le temps qui passe mais ne faites pas attention à mon humeur, c’est passager »

« Vous en avez marre d’attendre ? » questionna Tamara en accentuant davantage son demi-sourire qui semblait moqueur.

« Oui. J’aurais préféré qu’il fasse déjà jour. C’est tellement insupportable d’attendre comme ça »

« Pour combien de temps déjà deviez vous séjourner dans cette île ? » demanda Tamara en lissant sa longue queue de cheval brune.

« Justement, c’est pourquoi je suis tant impatiente. Je ne devais rester ici que deux jours et une nuit. Normalement, demain après-midi j’étais censée quitter Diamond dans les alentours de 15H00 »

« Mais c’est une bonne nouvelle ça ! s’écria Tamara dans un large sourire.

« Oui, c’est vrai. Mais je trouve que c’est encore trop loin »

« Oui, certes. Mais lorsqu’ils s’aperçevront que vous ne reviendrez toujours pas ; enfin je veux parler de l’hôtel où vous séjourniez. Je suis certaine qu’ils enverront des secours. Vous ne pensez pas ? »

Elisa n’avait eu de cesse de penser déjà à ce scénario mais le temps semblait se rallonger avant d’en arriver à un tel cas de figure.

« Oui, vous avez sans doute raison » dit-elle. « De plus, je dois obligatoirement figurée dans leurs registres ainsi que dans leurs bases de données informatiques »

« Eh oui ! » s’empressa de rajouter Tamara. « Il faut donc toujours garder espoir et se dire que ça aboutira forcément dans ce sens. Ils viendront donc nous chercher ! »

« Et nous quitterons enfin cet endroit de malheur ! » s’exclama Elisa en tapant du poing sur la table.

« Exactement ! » renchérit Tamara en souriant. « Vous voyez bien. Tout finira par s’arranger »

« J’aimerais tant revoir ma famille. Mes chers parents » dit Elisa en soupirant.

« En ce qui vous concerne, l’avenir est devant vous ma chère Elisa. Vous avez de la chance d’avoir une famille qui attendra votre retour. Moi, je ne sais pas ce que je deviendrai. Je n’ai aucune famille. J’ai perdu mon mari. On venait à peine de se marier. A croire que cela ne devait pas durer… » dit-elle mélancoliquement.

C’était un fait indéniable, le retour de Tamara à Epicéa serait bien différent du sien. Sa situation était beaucoup plus à plaindre…

« Je suis vraiment désolée Tamara »

« Non c’est moi. Je ne devrais pas parler comme ça. Ce n’est pas de votre faute. C’est juste que je suis devenue amère » dit-elle, les yeux dans le vague, en regardant les flammes danser avec frénésie.

Subitement, Tamara venait de changer de comportement et semblait ailleurs comme si elle était perdue dans de lointains souvenirs si bien qu’Elisa se demanda si elle n’avait pas commis une maladresse en lui faisant part de son souhait de revoir sa famille.

Tamara avait perdu l’homme de sa vie et vu la manière touchante dont elle en avait parlé lors de leurs nombreuses conversations ; il était certain qu’elle resterait longtemps inconsolable. En plus, selon ses dires, elle n’avait plus aucune famille pour l’aider lorsqu’elle reviendrait à Epicéa. Elisa voulut la questionner à ce sujet.

« Tamara ? ça va aller ? » demanda t-elle avec inquiétude.

« Oui ça ira Elisa. C’est juste un petit passage à vide »

« Vous m’avez dit tout à l’heure que vous n’aviez plus de famille. Je me demandais si vous vouliez un peu en parler. A moins que… »

« Non, ça ne me dérange pas d’en parler. J’ai perdu mes parents lorsque j’avais 25 ans. Ils sont morts dans un grave accident de voiture. J’étais leur seule enfant et ils n’avaient aucun liens familiaux de leurs côtés. Heureusement, lorsque ce drame était arrivé, j’étais déjà indépendante et j’habitais dans un petit appartement du centre-ville avec un travail bien rémunéré alors ce ne fut pas si difficile pour moi de m’en sortir toute seule question finances. Par contre, j’étais rongée de l’intérieur à cause de leur disparition si brutale et longtemps j’étais restée inconsolable. Et à un tel point que je fus obligée d’aller voir une psychologue 6 mois après leur mort »

« Oh ! je suis vraiment navrée Tamara. La perte tragique de vos parents. Toute cette souffrance. Vous avez dû vivre un véritable calvaire. Et maintenant la mort de votre mari. Je suis tellement confuse. Vous auriez dû m’en parler avant… »

« Non, je n’aurais pas pu vous en parler avant Elisa. Je préfère bien mieux le faire maintenant. Je vous fais beaucoup plus confiance. C’est pourquoi j’ose me dévoiler davantage »

« Je comprends. Vous n’avez pas eu une vie facile… »

« Détrompez-vous. Deux ans après la mort de mes parents, je rencontrais Juanes, l’homme de ma vie. Puis vous connaissez la suite… »

« Mais lorsque vous avez rencontré votre mari, il n’avait pas de famille, lui non plus ?

« Mais si, il en avait une. Ses parents étaient si charmants et si gentils. Je me rappelle encore d’eux, lorsqu’ils m’avaient invitée dans leur grande et si belle maison à Epicéa. Ils m’appréciaient beaucoup vous savez et ils me considéraient comme leur fille. Mais hélas, quelques mois plus tard, le père de Juanes mourut brusquement d’une crise cardiaque. Juanes était effondré mais heureusement que j’étais là pour le soutenir. Puis vint le jour le plus important de ma vie : notre beau mariage du 15 décembre de l’année dernière. La mère de Juanes était présente lors de la cérémonie mais elle était déjà très malade. Quelques semaines après, elle mourut d’un cancer de la gorge. Mais avant de mourir, elle m’avait confié que son souhait avait été exaucé : celui d’avoir pu assister au mariage de son unique enfant et qui plus est avec une femme telle que moi car elle me disait souvent que son fils avait enfin trouvé la perle rare. Je n’oublierai jamais ces paroles qu’elle m’avait adressées avant de s’éteindre. Ce fut pour moi, l’un des plus beaux témoignages d’amour qu’elle ait pu me faire » dit-elle d’un air triste en étant accoudée sur la table, sa joue droite reposant dans le creux de sa main.

Quelques secondes après, elle ajouta dans un profond soupir :

« Ah oui ! et j’allais oublier de vous dire aussi que les parents de mon mari n’avaient pas de liens familiaux tout comme les miens »

« C’est vraiment triste tout ce que vous venez de me raconter Tamara… »

« Oui c’est vrai. Mais que voulez-vous ? C’était mon destin de ne jamais être heureuse bien longtemps. Par contre, je n’aurais jamais cru qu’on m’aurait arraché le coeur en tuant mon mari alors que nous étions en voyage de noces. Il était tellement tout pour moi. J’avais vécu de si belles choses avec lui. Mais là encore, cela ne devait pas durer. Je pense que je dois être maudite par ce fichu destin » dit-elle en ayant peu à peu les yeux qui s’embuèrent de larmes.

« Je suis tellement désolée Tamara. Vous n’êtes pas maudite. Il ne faut pas que vous pensiez ça »

« Pourtant, c’est ce qu… »

Tamara ne pu terminer sa phrase. A présent, les larmes coulaient abondamment sur ses joues sans qu’elles puissent les arrêter.

Elisa était impuissante face à son immense chagrin. Elle la regardait avec beaucoup de compassion ne sachant quoi lui dire pour pouvoir soulager sa peine. Cette femme avait vécu tellement de drames dans sa vie. Et maintenant, l’assassinat de son mari. Plus d’une personne aurait sombrer à sa place…

Comment aider une personne dans le désarroi qui a tout perdu dans sa vie ? Quel espoir lui redonner ? Elisa hésita un instant puis se lança :

« Vous savez, c’est normal ce que vous ressentez. Vous avez le contrecoup à présent. Mais n’oubliez pas que nous sommes devenues amies. Et dès que nous serons de retour à Epicéa, croyez-moi, vous ne serez pas seule. Je serais là pour vous »

Tamara releva la tête et regarda Elisa. Ses grands yeux noirs en amande étaient rougi à force d’avoir pleuré. Elle essuya ses larmes avec le dos de sa main.

« Vous serez là pour moi ? » dit-elle la voix un peu enrouée.

« Oui. Et c’est tout à fait normal. Nous sommes amies maintenant et je vous aiderai »

« Merci Elisa. Vous êtes si gentille avec moi »

« Et je vous le répète encore. Vous ne serez pas seule. Je vous le promets » dit Elisa dans un large sourire afin de lui remonter le moral.

A présent, Tamara semblait un peu plus apaisée alors Elisa en profita pour changer de sujet.

« Heu…Je saute un peu du coq à l’âne mais n’auriez-vous pas une petite faim ? ça pourrait peut-être vous faire du bien de manger quelque-chose. Il me reste encore quelques pains aux raisins dans mon sac, si vous voulez »

« Oui je veux bien, merci » dit Tamara en se frottant les yeux. « Auriez-vous aussi un peu d’eau ? Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la gorge très sèche » ajouta t-elle.

« Oui, attendez. Je vais chercher tout ça dans mon sac »

Elisa se leva de table et commença à fouiller à l’intérieur de son sac de plage qui reposait sur le plancher, juste en dessous de la petite fenêtre à un ventail.

Quelques secondes après, elle revint et déposa sur la table le paquet de petits pains aux raisins entamé. Avant de se rasseoir, elle tendit à Tamara la canette de jus d’orange Minute Maid qu’elle avait jusqu’alors, bien conservée dans son sac.

« Tenez, j’ai cette canette de jus d’orange si vous voulez, sauf qu’elle est chaude maintenant. On pourrait se la partager. ça nous donnerait un peu de tonus. A moins que vous préférez boire de l’eau pour accompagner vos pains aux raisins ? »

« Vous aviez cette canette de jus d’orange dans votre sac ? » s’exclama Tamara quelque peu interloquée. « Wahou ! J’avoue que vous m’impressionnez vraiment Elisa ! Eh bien ce sera avec grand plaisir que je boirai ce jus d’orange avec vous. Et peu importe qu’il soit chaud ! En tout cas, je vois que vous avez beaucoup de choses intéressantes à l’intérieur de votre sac de plage. C’est une vraie mine d’or ! »

Soudain, elle se mit à rire aux éclats. Elle essaya tant bien que mal de se contrôler en plaquant sa main droite sur la bouche afin d’étouffer son rire nerveux mais n’y arriva pas. Il devenait de plus en plus tonitruant et filtrait aisément à travers ses doigts.

« Ah ! Ah ! Ah ! » pouffa t-elle sans pouvoir s’arrêter. « Excusez-moi Ah ! Ah ! Ah ! Elisa ! Ah ! Ah ! Mais je dois bien…Hi Hi…avouer que…Ah ! Ah! Ah !… »

Le rire de Tamara était très communicatif alors Elisa n’y résista pas plus longtemps et commença à rire à son tour. Elle se surprit même à s’amuser de la situation en imitant la voix d’une personne très snob.

« Que voulez-vous ma chère. J’ai absolument tout dans mon sac. Une vraie caverne d’Ali Baba.D’ailleurs, il est assez lourd et quelque peu encombrant mais il est vraiment indispensable ! Si, si, je vous assure. Je dirais même que c’est un sac essentiel qu’il faudrait toujours avoir avec soi » dit-elle d’une voix moqueuse et enjouée.

Sur sa chaise, Tamara continuait toujours à se tordre de rire, en se tenant le ventre et en pointant du doigt le fameux sac qui la rendait si hilare.

Elisa riait également. Elle relâchait enfin la pression et cela lui faisait le plus grand bien.

Il est vrai que c’était une chose qu’elle n’avait plus jamais fait depuis un certain temps. Depuis qu’elle était tombée sur Tamara…

****

22H30. Il faisait nuit noire dans la forêt de Diamond et l’apparition d’un petit vent frais fit frémir les feuilles des hauts arbres environnants.

La chouette qui était juchée sur la plus haute des branches de l’un d’eux, tourna la tête en direction de la cabane puis secoua ses ailes un instant avant de rester totalement immobile, les paupières closes.

Pendant ce temps là, à l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes ne dormaient toujours pas. Sans doute dû à la vitamine C du jus d’orange qu’elles venaient de boire goulûment il y a à peine une heure et ce, jusqu’à la dernière goutte.

Elisa soupira fortement. C’était une véritable torture d’attendre inlassablement. Oui une vraie goutte chinoise qui commençait à lui vriller à nouveau le cerveau.

Rire, lui avait fait peut-être le plus grand bien tout à l’heure mais à présent, la ritournelle de l’attente interminable faisait à nouveau son apparition, la tuant à petit feu.

Soudain, Tamara brisa le silence tel un couperet.

« J’ai une envie pressante » annonça t-elle. « Il faut absolument que j’aille au petit coin »

Elisa fronça les sourcils et fut prise de panique à l’idée de devoir réouvrir la porte de la cabane. Finalement, elle regrettait déjà de s’être plainte de l’attente interminable.

« Mais il fait nuit noire dehors ! » s’écria t-elle sur le ton de la défensive. « Comment allez-vous faire ? Et le cinglé qui est peut-être là à nous observer et à attendre justement qu’on lui ouvre la porte »

« Je le sais bien Elisa. Mais je ne pourrais vraiment pas attendre. Je dois absolument y aller… »

« Mais vous ne pouvez pas aller dehors. Ce ne serait vraiment pas prudent. Ni pour vous, ni pour moi » rétorqua t-elle. « Attendez, il doit sûrement y avoir un seau où v… »

« Non ! » coupa brutalement Tamara. Il n’y a aucun seau ici et pas même à l’intérieur de cette armoire. Et je sais de quoi je parle »

« Ok ! ne vous énervez pas ! » dit Elisa un peu surprise par le ton que venait d’employer Tamara.

« Désolée Elisa » dit-elle en se radoucissant aussitôt.

« C’est rien. De toute façon, ce genre de désagrément nous serait tôt où tard arrivé, n’est-ce pas ? »

« Oui. De toute façon je ne pourrais jamais me retenir et faire ça ici. Jusqu’à présent, on s’en est plutôt bien sorti vous et moi. Alors voilà. Ecoutez-moi bien. Dehors, il y a une cabine de toilette qui se trouve juste derrière la deuxième cabane et qui peut se fermer à clef. Il suffit que j’y aille vite en faisant attention puis je reviendrai sans tarder. Je suis certaine que j’y arriverai »

Elisa était perplexe mais finit par acquiescer.

« Ne vous inquiétez pas Elisa. Tout ira bien »

« Mais alors, il faudrait vous munir de quelque-chose pour pouvoir vous défendre au cas où cet individu serait dans les parages ! » ajouta t-elle.

« Oui vous avez raison. Attendez que je réfléchisse »

Tamara regarda autour d’elle puis s’attarda sur le balai brosse qui était appuyé contre le mur de gauche de la cabane.

« Voilà ! j’ai trouvé ce qui pourrait convenir » s’exclama t-elle. « Je dévisserai le manche de ce balai brosse et comme ça le tour sera joué. Il deviendra alors une arme pour pouvoir me défendre si jamais l’autre cinglé voulait m’attaquer »

****

Quelques minutes plus tard, Tamara détenait un manche à balai qui ferait office d’arme si jamais Philippo venait l’agresser au moment où elle se retrouverait dehors.

« Vous pensez que ça suffira ? » dit Elisa à nouveau perplexe.

« Oui, ça ira. Le manche a l’air très costaud. C’est du solide ! Il est en bois. Par contre il me faudrait votre lampe de poche sinon je n’y verrai strictement rien dans le noir »

L’espace d’un instant, Elisa hésita à lui prêter sa lampe de poche mais se dit que Tamara en aurait bien plus besoin qu’elle surtout dans cette forêt lugubre…

Sans plus attendre, elle se précipita pour aller la chercher à l’intérieur de son sac.

Tout en fouillant dans ses affaires, elle aperçut au fond du sac, le mouchoir en tissu fleuri qui dissimulait à l’intérieur, le fameux couteau Suisse que son père lui avait offert pour son anniversaire.

En une fraction de seconde, elle fut tentée de le dire à Tamara mais se ravisa aussitôt.

En effet, en lui donnant sa lampe de poche, il fallait bien qu’elle ait au moins avec elle de quoi se défendre si jamais elle aurait un éventuel problème durant son absence. En réfléchissant à ce cas de figure, Elisa préféra donc se taire et cacher l’existence de son arme à Tamara même si au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas très honnête de sa part…

Vite, elle prit alors la lampe de poche puis referma le clip de son sac.

« Tenez, prenez ma lampe de poche Tamara ! et surtout ne tardez pas pour revenir »

« Oui, je ferai vite ! Ne vous en faites pas ! Et surtout, il faudra bien refermer la porte à clef derrière moi lorsque je sortirai »

« Oui, compris » dit Elisa avec contrariété.

Tamara était en train de refaire sa queue de cheval tout en souriant à Elisa.

« Je vois bien que vous êtes très inquiète Elisa mais je reviendrai » dit-elle en terminant de nouer sa longue chevelure brune. « Vous savez, je ne suis pas une personne qui se laissera faire si jamais cette ordure s’en prenait à moi. Je me battrai, croyez-moi ! »

« Oui, je le sais bien mais… » balbutia Elisa en se tenant nerveusement les deux mains.

« Tout se passera bien. Faites moi confiance » ajouta t-elle d’un ton rassurant.

Subitement Elisa réalisa qu’elle allait se retrouver toute seule ici. Et si jamais le tueur s’en prenait à Tamara. Mon Dieu, elle s’en voudrait de ne pas lui avoir dit qu’elle détenait une arme à l’intérieur de son sac.

Soudain, elle eut honte de son comportement…

Pourtant, elle avait encore la possibilité de se rattraper mais les mots ne sortirent pas de sa bouche au moment où Tamara lui tournait déjà le dos en marchant d’un pas décidé vers la porte…

****

Tamara se tenait à présent devant la porte d’entrée, armée de son manche à balai à la main droite et munie de la lampe de poche d’Elisa à la main gauche.

« Ouvrez-moi s’il vous plaît ! Allez ! J’y vais maintenant Elisa ! Et surtout fermez bien la porte derrière moi ! »

Lorsqu’Elisa lui ouvrit la porte, il faisait tellement nuit noire dehors que c’était pratiquement impossible de distinguer quoi que ce soit mais dès lors où Tamara enclencha la lampe de poche, tout le devant de l’épaisse forêt fut si bien éclairée, qu’on pouvait aperçevoir les branchages des hauts arbres se pencher machiavéliquement vers l’avant de la cabane, telles de grandes griffes acérées, rendant encore plus terrifiante la végétation qui les entourait.

Tamara se retourna et lui jeta un bref regard accompagné d’un petit sourire qui voulait dire qu’elle reviendrait au plus vite.

La lourde porte en bois se referma alors derrière elle, laissant place à un vent léger et froid qui vint s’engouffrer sournoisement à l’intérieur de la cabane et à travers le fin tissu de la tunique que portait Elisa, la faisant aussitôt frissonner de tout son corps.

Vite, sans plus attendre elle tourna deux tours de clef dans la serrure et resta debout figée à regarder fixement la porte d’entrée.

Pourvu que tout aille bien se dit-elle avec beaucoup d’anxiété, tout en froissant avec nervosité le pan de sa tunique…

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