L’hypnotisant et chaleureux feu de cheminée avec ses braises crépitantes et rougeoyantes dans son âtre.
Oh ! Rien que d’y penser, elle avait presque hâte !
Oui, un bon feu de cheminée qui lui réchaufferait le cœur et l’âme durant l’hiver.
Entendre le doux son du bois craquer au contact des flammes dansantes et lumineuses lui ferait très certainement oublier sa forêt enchantée…
L’oublier un temps soit peu, c’est vrai, mais pas dans ses rêves nocturnes pendant que la neige se mettrait à tomber dehors et finirait par la recouvrir intégralement d’un joli manteau d’une blancheur immaculée…
Voilà tout ce dont à quoi ce buffet en pin massif lui faisait penser…
À toutes ces belles choses qui la rendaient infiniment heureuse…
Ah ! qu’elle aurait aimé, à cet instant précis, se retrouver dans sa merveilleuse forêt !
Mais cela n’aurait pas été raisonnable, étant donné qu’il avait bien trop plu.
Tout ne serait donc qu’humidité et rien que d’y penser Mira en fut écœurée !
Non, il était plus sage d’attendre que celle-ci redevienne bien sèche comme elle l’était il n’y a pas si longtemps.
« Peut-être après demain et biensûr à condition que Maman ne soit pas là » se dit-elle tout en baillant.
****
Mira attendait toujours bien sagement que sa Maman revienne mais elle trouvait que le temps était de plus en plus long et commençait sérieusement à s’inquiéter de son absence prolongée.
Soudain, elle sursauta en entendant :
« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »
Le bruit provenait de l’horloge en bois qui se trouvait juste au-dessus de la porte de la cuisine.
Centrée au beau milieu de celle-ci ; une petite porte arrondie venait à peine de s’ouvrir laissant surgir un oiseau qu’elle connaissait fort bien et qui avait le don de l’horripiler.
Il s’agissait de « Canari », le fameux oiseau de malheur qui se cachait à l’intérieur et qui réapparaissait de temps en temps quand cela lui chantait.
Et là, il était en train de siffloter gaiement dans un son particulièrement aigu qui l’agaçait :
« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »
Elle le regarda d’un air mauvais et méprisant :
« Mais tais-toi donc le Canari ! Pfff ! Oh la la ! On a compris le message ! Il est telle heure ! Et alors ? C’est pas la fin du monde que je sache ! » lui lança t-elle rageuse avec cette irrésistible envie de lui arracher le bec en deux temps trois mouvements pour qu’il puisse se taire une bonne fois pour toutes.
« Cou-cou ! Cou-cou ! » continua de chanter le petit oiseau sans vergogne.
Il venait d’annoncer qu’il était exactement 17H00.
Mira avait toujours aimé cette bonne vieille horloge en bois qui devait très certainement dater de l’avant guerre.
Les jolies arabesques qui y étaient gravées lui donnaient une allure des plus singulière et d’une rare authenticité.
C’était vraiment une magnifique horloge !
Par contre, le petit être arrogant qui se renfermait dans ses entrailles n’avait pas le moins du monde sa grâce.
À dire vrai, elle le détestait.
Certes, c’était peut-être un bel oiseau avec son plumage jaune poussin des plus rayonnant mais elle n’arrivait plus à supporter son sempiternel « Cou-cou » lui sortant de son minuscule bec orange vif.
Deux couleurs des plus criardes qui se voyaient à des kilomètres à la ronde !
C’est pourquoi elle aimait bien se moquer de lui en l’appelant : Canari.
Quant à ses petits yeux noirs vifs et malicieux ; ils semblaient toujours la narguer lorsqu’il jaillissait subrepticement de son antre fermée à double tour.
Sans doute qu’il se sentait à l’abri, là haut, à l’intérieur de son refuge et qu’il savait fort bien que Mira n’aurait pas pu lui faire quoi que ce soit…
Ah ! Comme elle aurait voulu l’attraper pour lui régler enfin son compte !
Oui ! Pour toutes ces fois où il avait eu l’audace de la faire sursauter en lui chantant à tue tête ses infernales coucous répétitifs…
« Cou-cou ! Cou-cou ! »
Mais il ne perdait rien pour attendre celui-là…
Un beau jour, elle se vengerait. Elle ne savait pas encore par quel moyen mais elle finirait bien par trouver…
Elle l’observa encore. C’est fou comme il avait l’air vivant, là haut sur son perchoir en train de lui chanter la sérénade !
C’en était presque bluffant !
Monsieur Canari faisait son intéressant. Son grand show. Il devait très certainement se prendre pour Monsieur Rossignol alors qu’il avait une voix stridente de crécelle !
Mira ne le détestait pas tant que ça…
Non, c’était bien pire. Elle le haïssait !
Elle était pourtant habituée à le voir quotidiennement et ce depuis pas mal d’années déjà mais bizarrement, elle ne s’était point faites à son chant.
Non, celui-là, elle n’arrivait toujours pas à l’ingurgiter…
Cependant, elle reconnaissait qu’il accomplissait fort bien son travail d’annonceur…
Ah ça oui ! Et ce durant ces 5 années où elle avait habité ici.
Et d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, jamais encore il n’avait eu la moindre extinction de voix…
Non ! Une vraie machine de guerre ce Canari là ! Et biensûr n’ayant pas la moindre pitié pour ses oreilles fines et si délicates.
Elle avait bien essayé de se faire à son chant où encore de contrôler ses sursauts lorsqu’il entonnait ses horribles coucou mais elle avait fini par jeter l’éponge…
C’était tout bonnement impossible !
Résultat des courses : elle détestait toujours autant sa voix et continuait à tressaillir lorsque le volatile en bois sortait de sa cachette tel un clown machiavélique.
Dieu qu’elle le méprisait !
Mira l’observait encore lorsque soudain la petite porte en bois se referma enfin sur lui.
« Pfff, il était temps ! » soupira t-elle en regardant les grandes aiguilles noires de l’horloge.
Elles annonçaient qu’il était déjà 17H15.
« Mais que pouvait bien faire Laura ? Elle n’était toujours pas revenue » s’inquiéta t-elle en tournant la tête vers la porte d’entrée du salon.
****
Mira commençait à avoir une petite faim alors elle franchit le seuil de la cuisine dont la porte était restée grande ouverte.
Immédiatement, elle remarqua au loin une petite assiette garnie de madeleines dorées qui reposait sur la table centrale.
Juste à côté de celle-ci se trouvait un bol à anse accompagné d’une petite cuillère à café.
Mira n’aimait pas trop les madeleines car elles avaient tendance à lui coller au palais et puis il faut dire aussi que ce n’était pas trop sa tasse de thé.
Son intérêt se porta donc sur le bol en porcelaine blanc à gros pois rouges.
Que pouvait bien t-il contenir ? se demanda t-elle en ne le quittant pas de ses yeux perçants.
Sa curiosité grandissait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de la grande table.
Ses narines sentirent les effluves d’un parfum vanillé.
Se pourrait-il que Laura lui ai préparé son dessert préféré ?
Une bonne et onctueuse crème dessert à la vanille ?
Hum ! Rien que d’y songer, Mira était déjà toute excitée à l’idée qu’elle le dégusterait dans quelques secondes.
Un exquis dessert lacté rien que pour elle ! Elle en avait de la chance !
Et sa Maman avait bien veillé à le sortir du frigo à l’avance car elle savait que Mira aimait le manger à température ambiante et non glacée.
Le goût s’en trouvait bien meilleur.
Décidément, elle avait vraiment une Maman en or.
C’était donc ça la fameuse surprise que Laura lui avait concoctée ?
Pourtant, elle aurait juré que sa Maman lui avait bien dit qu’elle lui ramènerait un cadeau en revenant de ses courses.
Mira plissa les yeux de contentement.
Se pourrait-il alors qu’il y ait une deuxième surprise ?
Elle s’apprêtait à déguster sa gourmandise lorsque soudain, elle entendit un drôle de bruit qui provenait du salon.
Ah ! Non ! Personne n’avait le droit de la déranger lorsqu’elle était à table !
« Fichu bruit ! Va t’en ! Et laisse moi savourer ce délicieux met »
Mira se pourlécha les babines, prête à attaquer son savoureux dessert.
« Crrr, crrr, crrr »
Oh non ! Le bruit de tout à l’heure venait encore de recommencer et cette fois-çi il ne s’arrêtait plus.
« Ah ! Mais c’est pas vrai ça ! Je ne peux vraiment pas être tranquille aujourd’hui ! »
À contre cœur elle laissa son assiette de côté et retourna vite sur ses pas.
Du seuil de la cuisine elle inspecta de ses yeux d’aigle le vaste salon.
« Crrr, crrr, crrr »
Le bruit s’intensifiait davantage. C’était un peu comme un grattement à une porte mais elle n’arrivait pas à déceler de quoi il s’agissait exactement.
À l’affût et aux aguets, elle avança à pas de loup à l’intérieur du salon tout en scrutant les alentours mais ce n’était pas si évident que ça vu qu’il faisait à nouveau sombre ici.
Nous étions en plein mois d’octobre et le soleil se couchait beaucoup plus tôt.
Bientôt il ne tarderait plus à faire nuit noire.
« Crrr, crrr, crrr »
Les sens en alerte, Mira épiait les moindres recoins de la pièce.
« Crrrr, crrr, crrr »
Par moment, le grattement s’interrompait, rendant alors difficile la recherche de sa provenance.
« Crrr, crrr, crrr »
« Ah la la ! Fichu bruit ! Mais où te caches tu ? » s’agaça Mira.
Soudain Alléluia ! Elle cru voir quelque chose bouger là-bas, là où était placé son fauteuil.
Vite, sans plus attendre, elle couru en sa direction puis au dernier moment décida de se positionner juste derrière lui afin de mieux épier la chose qui remuait.
Ses yeux verts n’étaient plus que deux fentes extrêmement étrécis à force de scruter dans la pénombre les contours de cette étrangeté.
Une étrangeté qui avait dû ressentir sa présence car à cet instant précis, elle ne bougea plus du tout.
Sans doute, avait-elle entendu Mira…
« Mince alors ! Allez ! Gratte encore saleté ! Pourquoi tu bouges plus ? » marmonna t-elle entre ses dents.
Soudain, la bestiole recommença innocemment sa petite besogne sans prêter attention à Mira qui était à présent juste derrière elle.
Les yeux toujours étrécis à l’extrême, Mira reconnut enfin le petit animal.
« Quoi ! ? Ce n’était qu’une vulgaire souris ! ? » s’indigna t-elle courroucée et prête à lui bondir dessus.
Tout ce raffut n’était dû qu’à une insignifiante petite souris ?
Une souris blanche qui était en train de gratter frénétiquement avec ses pattes avant un coin fissuré de la plinthe en bois du mur de droite. Celui-là même où se trouvait à quelques centimètres son fauteuil en velours.
À l’attaaaaaque !!
Toutes griffes dehors, Mira bondit en avant tel un boulet de canon mais au moment où elle allait se jeter sur le rongeur ; celui-ci se faufila aussi vite que l’éclair par un petit trou attenant à l’étroite fissure qu’il n’avait pas eu le temps d’élargir.
« Oh non ! Saleté va ! T’as réussi à être plus rapide que moi ! » pesta t-elle dépitée d’avoir pu manquer son coup.
Et dire qu’elle avait été à deux doigts de lui régler son compte !
« Une vraie Speedy Gonzales ! celle-là ! » admit-elle avec une certaine fascination.
« Mais tu ne perds rien pour attendre ! » souffla t-elle sournoisement.
« En plus tu as osé faire ta petite cachette juste à côté de mon fauteuil. Ah la la ! Grave erreur, vilaine souris ! » s’insurgea t-elle en regardant d’un œil l’intérieur du trou par lequel le rongeur s’était introduit si lâchement.
Mais hélas, celui-ci semblait totalement vide.
Speedy Gonzales s’était bel et bien volatilisée.
Elle avait dû très certainement emprunter une des nombreuses galeries creusées par elle où ses congénères.
Car s’il y en avait une ; il devait alors y en avoir plusieurs…
Elle prendrait alors son temps et un malin plaisir à les pourchasser l’une après l’autre…
En tous cas, à l’avenir, elle resterait vigilante car elle détestait que des intrus envahissent son territoire.
Speedy Gonzales et le Canari ne perdaient rien pour attendre…
Mira regarda autour d’elle.
Avec la venue impromptue de cette souris, elle ne s’était pas aperçu que le salon était à présent plongé dans le noir.
Elle ne craignait point la nuit mais elle commençait à se faire du mauvais sang pour sa Maman.
Elle jeta un œil à la porte d’entrée qui était toujours obstinément fermée…
Mais que pouvait bien faire Laura à cette heure si tardive ?
Pour passer le temps, elle décida de rester encore quelques instants devant le trou de la plinthe, histoire de voir si la souris finirait bien par en ressortir.
Mais Speedy Gonzales était loin d’être bête.
Ce soir, il était évident qu’elle ne montrerait plus le bout de son museau.
Mira devait se résigner.
Elle commença à bâiller d’ennui et repensa à nouveau aux douces paroles de sa Maman :
« Je te ramènerai une petite surprise ma Mira ! Sois bien sage surtout ! »
Les répéter inlassablement dans sa tête lui permettaient de se rassurer et même si elle commençait à redouter le pire.
« Pourvu que sa Maman n’ait pas eu un accident sur la route » se demanda t-elle très inquiète.
Mais il ne fallait surtout pas qu’elle perde les pédales.
Et pour cela, il valait mieux qu’elle resta positive en se disant que Laura ne tarderait plus à revenir.
Soudain, elle repensa à son onctueuse crème dessert qu’elle avait bien failli oublier à cause de la satanée Speedy Gonzales.
Celle-ci lui redonnerait du baume au cœur concernant son inquiétude pour sa Maman et lui permettrait également d’oublier le fâcheux petit incident qu’elle avait eu avec le rongeur.
****
Mira venait à peine de terminer sa délicieuse crème dessert à la vanille lorsqu’elle repensa encore aux paroles de Laura :
« Je reviendrai avec une petite surprise pour toi ma Chérie. Sois bien sage surtout ! »
Voilà ce qu’elle lui avait dit avant de refermer derrière elle, la lourde porte d’entrée en bois massif.
Elle ne pouvait s’empêcher de se la ressasser en boucle.
Elle revoyait aussi l’image de son doux visage souriant avec ce joli foulard rose pastel noué autour de son cou délicatement parfumé.
Un parfum aux notes florales emporté dans le sillage du vent frais de cet après-midi là et que Mira n’avait point oublié.
À cette pensée, elle eut une boule dans la gorge. Sa Maman lui manquait…
Soudainement, elle entendit le Canari chanter :
« Cou-cou ! Cou-cou ! »
Elle sursauta mais bizarrement ne lui en voulut pas.
Cet oiseau de malheur rompait le silence de plomb qui régnait dans la vaste maison et cela la rassurait.
Et même si son « Cou-cou » était détestable ; elle lui en était quand même reconnaissante…
Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle mourait d’envie de lui arracher le bec !
Ce n’était plus le cas maintenant. Le Canari était devenu son ami.
Il venait d’annoncer qu’il était exactement 19H00.
Son inquiétude redoubla.
Jamais encore sa Maman n’était arrivée en retard. Elle respectait toujours ses promesses…
Mais que faisait-elle alors ?
Elle regarda par la baie vitrée. Le jardin était dans l’obscurité totale et il n’y avait pas âme qui vive.
Sa Maman ne donnait pas de cours le samedi au lycée et c’est pour cela qu’elle profitait toujours de ce jour pour faire ses courses.
« Maman ! Reviens moi ! S’il te plaît ! »
Elle faisait cet ultime vœu tout en regardant le ciel noir opaque dénué d’étoiles…
Soudain, elle entendit un cliquetis à la porte.
Incroyable mais vrai ! Sa demande avait-elle été exaucée ? !
Vite, le cœur battant et sans plus attendre, elle courut vers la porte et attendit.
Son impatience la rendait fébrile et très nerveuse.
Subitement, la porte s’ouvrit enfin en grand, laissant apparaître sa douce et belle Maman qui lui lança :
« Coucou ma chérie ! Oui, je sais, je suis très en retard. Attends, je vais allumer. On n’y voit strictement rien ici ! »
Le grand lustre du salon s’illumina immédiatement, éclairant toute la pièce d’une intense lumière qui faisait plaisir à voir.
Ainsi, le salon retrouvait enfin son côté chaleureux et sécurisant.
« Oh ma Chérie ! Tu as dû avoir peur toute seule ici dans le noir. Je suis vraiment désolée »
Laura déposa son gros sac de provisions sur le carrelage puis s’empressa de fermer à clef la lourde porte en bois.
Elle se retourna et regarda Mira avec une extrême douceur dans le regard.
« Tu sais, je m’inquiétais pour toi ma Mira. Te savoir toute seule ici me tracassait. Mais je suis heureuse de te retrouver enfin. Allez, viens me faire un câlin »
Tout en s’accroupissant, elle tendit les bras vers elle mais Mira ne broncha pas.
Elle restait immobile sans ciller.
« Que se passe-t-il ma Chérie ? Tu me boudes ? »
Le regard vert de Mira était réprobateur.
« Ah ! Je vois ! Tu m’en veux toujours. Mais tu sais ce n’est pas entièrement de ma faute. Il y avait beaucoup de monde au supermarché et lorsque je conduisais sur la route qui mène chez nous ; j’ai dû faire un détour à cause d’un grave accident »
Les yeux verts de Mira s’arrondirent d’étonnement.
Mais alors l’absence prolongée de sa Maman était donc dû à cause de toutes ces choses ?
« Tu m’en veux toujours ? » questionna Laura avec un petit sourire enjôleur.
Avec de tels arguments ! Grand Dieu ! Biensûr que non ! Alors, contre toute attente, elle se précipita avec hâte vers sa Maman puis se caressa immédiatement tout contre elle en faisant ses pattes de velours.
« Oooh ! Ma jolie Mira ! » s’exclama Laura avec une certaine émotion dans la voix.
Mira ronronnait de plaisir en ne cessant de se caresser contre elle.
« Mais toi aussi Maman ! Tu m’as manquée » miaula t-elle d’une petite voix en la dévorant des yeux.
« Oh ! J’aime quand tu me fais des câlins comme ça ma Mira ! »
Laura lui caressa affectueusement la tête puis passa sa main sous son ventre tout blanc et si soyeux. Elle savait que Mira aimait bien qu’on le lui caresse en faisant de grands vas et vient.
Mira ronronnait de plus belle. Elle était vraiment au septième ciel.
Laura lui fit ensuite un petit bisou sur le bout du nez.
« Ah ! mais j’allais oublier ta surprise ! » s’écria t-elle subitement.
« Attends, je vais la chercher dans le sac » ajouta t-elle en se relevant.
Quelques secondes plus tard, elle tenait dans sa main droite un sachet brillant qui ressemblait à un gros paquet de chips.
Mira le reconnut immédiatement avec son logo si particulier qui représentait l’empreinte d’un coussinet félin.
« Tiens ! Regarde ! C’est pour toi ma Mira ! » s’enthousiasma Laura en commençant à l’agiter de haut en bas.
« Tu reconnais ce bruit ? »
Bien évidement qu’elle le reconnaissait !
Et quand bien même il y aurait eu tout un tas de vacarme autour ; elle l’aurait encore reconnu entre mille…
Mira ne cessa de le fixer de ses grands yeux verts en amande pendant que sa Maman continuait de le lui agiter sous le nez.
« Quel son merveilleux ! » miaula t-elle en ne le quittant pas des yeux.
Sa Maman venait de lui offrir un très joli cadeau : ses croquettes favorites d’après le coussinet doré qui était dessiné dessus.
Sa marque préférée ! Les savoureuses et fondantes croquettes de bœuf aux légumes verts dont elle raffolait tant.
Mira ronronna de plus belle à l’idée de bientôt les croquer…
Mais elle ne ronronnait pas que pour elles…
Est-ce que Laura s’était aperçu qu’elle s’était beaucoup inquiété pour elle ?
Et se doutait-elle un seul instant de l’immense amour qu’elle lui portait ?
Un amour qui surpassait tout le confort dont elle bénéficiait ici dans cette maison.
Un amour débordant qui ne pouvait être comblé et rassasié juste par des croquettes aussi affriolantes soient-elles.
Un amour qu’elle avait besoin de transmettre car elle n’était peut-être qu’une chatte de gouttière, un félin ronronnant à la moindre caresse ou victuaille ; elle n’en restait pas moins un être vivant avec un cœur rempli de sentiments à l’intérieur.
Un cœur qui n’oublierait jamais ce jour ou Laura l’avait adoptée un certain mois de juillet de l’année 2013 à la SPA ; juste en étant attirée par ses miaulements de désespoir, sans même la voir !
Ce jour où elle était encore tenue prisonnière dans l’une de ces cages, enfermée à double tour avec cinq autres amies comme elle qui attendaient en vain de se faire adopter mais sans aucun succès.
Ce jour où pourtant une certaine Laura avait su remarquer la détresse dans sa voix éraillée, à force de miauler.
Ce jour qui avait changé irrémédiablement sa vie…
Une complainte que Laura avait su écouter et qui l’avait alors guidée et menée jusqu’à elle.
Elle, la chatte de gouttière aux yeux verts…
Et le coup de cœur fut réciproque. Aussi bien pour l’une que pour l’autre…
Une rencontre qui était sans doute écrite…
Le plus beau jour de sa vie…
Un jour à jamais gravé dans son petit cœur de félin.
Un cœur qui avait enfin trouvé sa Maman.
Une merveilleuse Maman qui l’avait sauvée et aimée de toute ses forces d’un amour inconditionnel…
Mira s’était endormie dans le large fauteuil en velours si doux et si confortable qui se trouvait tout près de la grande baie vitrée.
À travers celle-ci, on pouvait voir un immense et magnifique jardin dont la pelouse venait tout juste d’être tondue il y a à peine deux jours et qui était à présent toute imbibée d’eau à cause de l’interminable pluie.
Tout était redevenu calme dehors et peu à peu les petits moineaux revenaient se poser gaiement sur les branches dénudées des grands amandiers.
En haut de leurs cimes et par certaines ramifications de leurs branchages ; on pouvait remarquer quelques nids détruits.
Il faut dire que la tempête avait été d’une rare violence… Elle n’avait rien épargné…
Pourtant, à voir les moineaux sautiller de branches en branches tout en piaffant entre eux ; ils ne semblaient guère rancuniers au saccage de leurs petites demeures.
Sans doute que dans leurs langages d’oiseaux, ils prévoyaient déjà d’en reconstruire de nouvelles.
Par moment, ils venaient s’abreuvoir ou encore s’amuser dans les quelques flaques d’eau un peu boueuses qui s’étaient formées tels des petits cratères dans les zones clairsemées de la pelouse.
Finalement, la pluie tant méprisée leur avait apportée de l’eau pour se désaltérer mais aussi la joie de pouvoir faire la toilette de leurs plumages.
Et c’était un spectacle des plus merveilleux que celui de pouvoir les observer en train de déployer leurs petites ailes et secouer avec frénésie leurs plumes faisant alors jaillir d’innombrables gouttelettes d’eau autour d’eux.
Les moineaux avaient enfin retrouvé leur joie de vivre comme si la tempête n’était jamais apparue…
Mais ce n’était hélas pas le cas le cas pour tout le monde…
Au centre du jardin, à l’intérieur d’un pourtour de galets blancs ; de hauts rosiers buissons de couleur rouge-Bordeaux avaient perdu de leurs splendeurs à cause des incessantes bourrasques de vent qui sans vergogne, les avaient entièrement dépouillées de leurs si jolies et gracieuses pétales.
Elles s’étaient envolées de part et d’autre du jardin et reposaient de-ci de-là sur l’immense pelouse telles de belles endormies.
Elles avaient été arrachées de force à leur mère nourricière et ne tarderaient pas à s’abîmer puis à se flétrir au fil des heures.
Mais pour l’instant, leur couleur rouge si profonde offrait un contraste des plus ravissant et romantique sur la vaste pelouse verte pomme.
La rageuse tempête n’avait pas réussi à détruire la magnificence de ce lieu habituellement si charmant par temps radieux…
Les oiseaux tout comme les végétaux semblaient vouloir oublier ses terribles affres en continuant leur vie bien paisible tout en attendant avec une certaine impatience la venue de « Monsieur Soleil » qui les réchaufferait de bon cœur de ses ardents et lumineux rayons.
****
La pluie s’était arrêtée de tomber depuis déjà quelques bonnes heures mais toujours pas de Monsieur soleil à l’horizon…
Pourtant à cet instant même, le ciel venait de changer de nuance et sa couleur si grise de tout à l’heure s’était alors transformée en un joli bleu gris parsemé de gros nuages effilochés.
Des nuages qui n’allaient pas tarder à s’évaporer selon les dires de l’annonce météorologique diffusée hier soir à la télévision.
Cependant, Monsieur Soleil se faisait encore attendre et ne daignait toujours pas pointer le bout de son nez…
Que Diable attendait-il pour faire son entrée ?
Soudain, ô Miracle ! les premiers rayons apparurent et commencèrent à traverser les vitres des deux grandes fenêtres du salon ainsi que celle de la baie vitrée ; caressant au passage, la tête de Mira qui reposait sur l’un des accoudoirs moelleux du fauteuil.
La douce lumière s’insinua davantage à l’intérieur de la pièce, la rendant alors beaucoup plus spacieuse et conviviale.
Elle finit ensuite par se projeter avec fougue sur les jolies courbes anatomiques de Mira et s’y attarda longuement en y faisant une jolie danse d’ondulation.
Elle explorait ainsi ce corps endormi en ne cessant d’y dessiner à l’infini de douces vagues tels des tatouages éphémères.
Elle aimait jouer avec les sens de Mira mais que cherchait-elle exactement ?
Mira ne le savait que trop bien et faisait semblant de ne pas comprendre…
Elle ressentait les chaudes caresses des rayons du soleil lui réchauffer le corps mais elle ne voulait pas encore lui céder… Pas tout de suite… Pas maintenant…
De son côté Mademoiselle Lumière mettait du cœur à l’ouvrage en se faisant de plus en plus pressante et insistante…
Elle jouait de plus belle avec Mira…
Brusquement, comme si une mouche venait de la piquer ; elle fini par se lasser de ce petit jeu et décida de terminer son incessante danse lumineuse en s’installant sur le bout de son nez ; obligeant ainsi cette dernière à ouvrir peu à peu ses grands yeux verts en amande.
La lumière fut si forte que Mira dut les plisser afin de les accoutumer à son intense luminosité…
Il faut dire que depuis pas mal d’heures déjà, il avait fait très sombre dans cette pièce.
Elle se souvenait encore des myriades de gouttelettes de pluie qui n’avaient eu de cesse de se projeter avec fracas contre les vitres des deux fenêtres ainsi que sur celle de la baie vitrée lui donnant alors un léger mal de tête suivi d’une irrésistible envie de dormir et de rejoindre sans plus tarder son cher fauteuil si douillet.
Mais le soleil venait à présent la déranger juste pour la réveiller alors qu’elle ; elle voulait encore et encore dormir telle une Belle au bois dormant.
« Soleil ! va-t’en ! Tu aurais dû venir avant… C’est trop tard maintenant ! Je ne veux plus sortir de mon fauteuil si doux et si moelleux… Et puis tu as beau être le maître de l’univers que cela n’y changerait rien alors laisse-moi tranquille »
Mais Mademoiselle Lumière lui chuchota à l’oreille :
« Tu dois te lever Mira ! Tu as des choses à faire. Et puis, tu as suffisamment dormi, ne trouves-tu pas petite flemmarde ? »
« Non, non… Pourquoi viens-tu me réveiller ? Va-t’en ! J’étais en train de faire un merveilleux rêve… Oh ! Et puis tu m’énerves ! OK ! Tu as encore gagné ! »
Sortant enfin de sa léthargie, Mira finit par ouvrir en grand ses jolis yeux verts irisés de constellations ambrées qui se voyaient davantage avec la lumière du soleil.
Elle se leva de son fauteuil et s’étira longuement à cause des courbatures qu’elle avait attrapées à force d’être restée trop longtemps endormie dans la même position.
À chaque fin de repas, elle avait pour habitude de faire une sieste.
C’était pour ainsi dire, le meilleur moment de toutes ses journées mais aujourd’hui, son sommeil n’avait pas été réparateur à cause du vacarme de cette fichue pluie qui lui avait donné un terrible mal de tête avant de s’endormir.
Et le comble de tout, c’est que celle-ci n’avait eu de cesse de tomber depuis 11 heures du matin jusqu’à 15H30 ; de quoi la mettre de très mauvaise humeur…
Mais fort heureusement, elle ne le resterait pas bien longtemps vu qu’elle était d’une nature toujours très gaie et optimiste.
Elle fit un long bâillement à s’en défaire la mâchoire mais c’était beaucoup plus pour exprimer son agacement que celui d’une fatigue quelconque puisqu’elle n’avait point sommeil à cet instant-là.
Monsieur soleil avait osé lui envoyer une de ses fidèles servitrices pour la réveiller.
Et bien entendu, Mademoiselle Lumière n’avait pas hésité la moindre seconde à s’exécuter illico presto…
Elle, toujours présente et si dévouée à son poste depuis des millions et des millions d’années devait très certainement trouver un certain plaisir non dissimulé à vouloir réveiller le monde entier.
Sa tâche quotidienne d’illuminer de mille feux notre planète lui tenait tant à cœur qu’il ne valait mieux pas lui résister…
Et puis, de toute façon, elle avait l’art et la manière de savoir se faire respecter…
C’est pourquoi Mira ne lui en voulut plus du tout et quand bien même son sommeil n’avait pas été réparateur ; eh bien, elle ferait avec…
Monsieur Soleil n’avait donc pas eu si tort que ça de lui envoyer sa fidèle compère pour la déloger de son fauteuil sinon qui d’autre l’aurait fait ?
Décidément, ces deux-là étaient très complémentaires ! Et il savaient remplir leur rôle à la perfection : lui, de tourner autour de notre bonne vieille planète terre et elle, de nous propager de ses intenses faisceaux lumineux.
Ainsi, grâce à l’éclat de leur rayonnement, le monde s’en trouvait heureux.
En conclusion, nous ne ferions pas grand-chose sans eux…
C’est pourquoi Mira se sentit à présent d’humeur plus guillerette et prête à affronter cette fin d’après-midi.
Elle s’étira encore tout en regardant le salon qui était devenu nettement plus lumineux ; semblant alors reprendre enfin vie.
****
Mira avait toujours aimé cette pièce qui ne manquait jamais de luminosité par temps radieux.
Par contre, par temps de pluie, le salon s’habillait alors d’une lugubre et austère apparence qu’elle détestait au plus haut point ; lui faisant un tantinet peur et sursauter au moindre bruit.
Elle avait toujours eu une sainte horreur de la pluie et ce, depuis sa plus tendre enfance !
Mira s’étira une dernière fois puis regarda par la baie vitrée l’immense pelouse qui était toujours autant imbibée d’eau.
Elle leva les yeux au ciel et constata qu’il avait pris une jolie teinte d’un bleu limpide, sans le moindre nuages.
« Quel bien joli ciel ! » se dit-elle en ne se lassant pas de l’admirer.
Le fameux proverbe : « Après la pluie vient le beau temps » était bien vrai.
La preuve était devant ses yeux ébahis.
Elle l’admira encore quelques instants puis décida de s’extirper avec hâte de son fauteuil. Elle avait des tas de choses à faire…
Finalement, cette fin de journée ne serait pas si morose que ça se dit-elle tout en marchant et en regardant autour d’elle.
Elle repensa alors à Laura qui lui avait dit juste après le repas de ce midi, qu’elle irait faire des courses mais qu’elle ne tarderait pas pour revenir.
Elle se souvenait également que celle-çi lui avait promis une petite surprise dès son retour. Mais laquelle au juste ?
Mira n’aimait pas trop les surprises et elle bouillonnait déjà d’impatience de revoir au plus vite sa maman.
Mais en attendant celle-çi, que pourrait t-elle bien faire d’intéressant ?
Elle l’ignorait encore mais trouverait bien une idée d’ici là…
****
Mira avait toujours aimé cette grande et belle demeure située en pleine campagne.
Elle était certes assez éloignée de la ville mais pas si isolée que ça par rapport au voisinage bienveillant qui l’entourait.
Oui, Mira était vraiment heureuse de vivre ici.
Et parmi toutes les pièces de la maison ; elle avait une nette préférence pour le grand salon.
C’était son endroit favori.
Il faut dire que sa Maman Laura l’avait décoré avec beaucoup de goût en agrémentant chaque pan de mur, de jolis tableaux d’aquarelles.
Ses propres œuvres qu’elle aimait peindre durant ses heures de loisir car oui ; en dehors de son métier de professeure de Français, Laura était aussi une artiste peintre extrêmement douée.
Mira ne se lassait jamais de regarder ses toiles tant elles étaient belles.
Soudain, elle fut prise d’émotion lorsque son regard s’attarda sur l’une d’entre elles.
Celle qu’elle préférait le plus…
Celle qui la représentait et dont elle était si admirative…
Il s’agissait de son propre portrait.
Mira se souvenait encore de ce merveilleux jour où Laura était devenue sa mère adoptive.
Il y avait 5 ans de ça.
5 ans de pur bonheur se dit-elle en admirant le tableau.
Une toile que sa douce et si belle Maman avait peint en son honneur pour lui dire à quel point elle l’aimait de tout son cœur et de toute son âme.
La toile était si bien réussie que Mira avait l’impression de se voir dedans comme dans un miroir tant la ressemblance était frappante.
Sa Maman avait su la dessiner et l’immortaliser telle qu’elle était…
Oui, elle était vraiment fière de ce tableau…
Elle avait eu beaucoup de chance de tomber sur une Maman telle que Laura…
Et pour tout l’or du monde, elle n’en aurait souhaité une autre car oui, sa Laura était un être unique et à part…
Cinq belles années qu’elle grandissait et évoluait à ses côtés, entourée de plein d’amour.
Un amour pur et sincère dont elle avait cruellement manqué autrefois mais qui aujourd’hui comblait son cœur.
Un amour si profond qu’elle avait fini par oublier les maltraitances subies dans son passé…
Un passé désormais révolu car aujourd’hui, elle était pleinement heureuse et épanouie…
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Mira sentit une agréable odeur de fraîcheur vivifiante.
Elle provenait du mobilier en bois de pin massif qui se trouvait dans le salon.
Il sentait agréablement bon l’odeur des pins comme si on se retrouvait à l’intérieur de l’une de ces forêts enivrantes et revigorantes capables de libérer votre esprit.
Une odeur certes piquante et quelque peu entêtante mais que Mira aimait respirer à pleins poumons.
D’ailleurs, il n’y avait pas qu’elle qui appréciait ces effluves mentholées.
Les rares convives qui passaient à la maison aimaient aussi l’humer tout en faisant quelques remarques agréable à son sujet :
« Hum, quelle agréable senteur Laura ! On se croirait dans une forêt de pins tellement c’est vivifiant ! »
Ils pensaient alors que cette forte odeur de résine devait sans aucun doute provenir de bougies d’ambiance alors qu’il n’en était absolument rien.
Et c’est là que quelque peu amusée, Laura leur répondait toujours invariablement ceci :
« Il s’agit de mes meubles et non de bougies parfumées. Ils sont tous en bois de pin »
S’ensuivait alors un petit silence d’étonnement rapidement rompu par quelques exclamations :
« Mais ce n’est pas possible !! Tu plaisantes ? Ça sent tellement bon. Tu en es certaine ? »
Et à son tour, elle leur rétorquait de son joli sourire un brin moqueur :
« C’est pourtant bien vrai. Et pour faire perdurer leur odeur si plaisante ; j’utilise une cire d’abeille liquide à base d’huile essentielle de pin pour bien les nourrir et les faire briller. Voilà le secret. Ni plus ni moins »
Mira aimait alors voir l’expression de leurs visages dubitatifs comme s’ils ne croyaient pas du tout à ce que venait de leur révéler sa Maman.
Et cela l’amusait d’autant plus lorsque venait le moment fatidique où ils se rapprochaient du grand buffet en pin pour pouvoir le renifler de très près ; histoire de vérifier ses dires…
Oui, cela l’amusait toujours beaucoup…
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Mira s’approcha du grand buffet en pin et commença à l’humer intensément.
Elle ne pouvait s’empêcher de faire ce petit rituel à chaque fois qu’elle passait par ici, avant de franchir le seuil de la cuisine.
Elle le respira de très près et très longuement.
Cette effluve lui rappelait toujours celle de la forêt qui se trouvait à quelques mètres de leur demeure.
Quelques fois et lorsque Laura n’était pas là ; elle aimait bien s’y aventurer tout en sachant que c’était un lieu qui lui était interdit.
En effet, Laura l’avait souvent mise en garde à ce sujet, lui répétant inlassablement les même paroles :
« Je te préviens encore Mira ! Tu ne dois pas aller dans cette forêt ! C’est bien trop dangereux et tu pourrais t’y perdre. Pourtant, je suis certaine que tu me désobéiras encore. Mais, tu ne devrais pas faire ça. J’espère que tu ne le feras plus et que tu resteras bien sagement ici chez nous sinon je dirais à Madame Sanchez de te garder chez elle »
Oh non ! Surtout pas Madame Sanchez !
Mira n’aimait pas du tout cette vieille dame avec sa grosse voix éraillée d’ancienne fumeuse qui la faisait toujours peur.
Mais ce qu’elle détestait par-dessus tout était bien lorsqu’elle celle-ci la prenait dans ses bras pour lui faire des câlins…
Elle avait alors l’impression de littéralement étouffer sous ces innombrables baisers baveux…
Berk ! Elle n’aimait pas ça du tout !
Non, par pitié ! Surtout pas Madame Sanchez qui était à son goût bien trop débordante d’amour envers elle…
Certes, elle était très gentille mais elle n’aimait pas son côté envahissant et disons-le trop étouffant.
Madame Sanchez était une vieille dame âgée de 90 ans qui vivait seule dans une grande demeure qui se trouvait non loin de la leur.
Elle n’avait plus aucune famille mais fort heureusement pas mal d’amis du voisinage y compris sa Maman venaient régulièrement lui rendre quelques petites visites pour lui changer les idées et prendre de ses nouvelles.
À ces moments là, elle semblait alors beaucoup plus gaie.
Cependant, la solitude devait parfois la peser et c’est pourquoi elle avait autant besoin de transmettre son amour à tous ceux qui la côtoyaient…
Mira compatissait et avait de la peine pour elle alors elle acceptait sans trop rechigner ses bisous baveux ainsi que ses petites mignardises bien trop sucrés.
Elle savait aussi que Madame Sanchez adorait s’occuper d’elle…
Néanmoins, elle n’aimait pas du tout rester en sa compagnie car elle s’ennuyait à mourir dans sa vieille maison et ce malgré la distrayante balançoire qui se trouvait dans son jardin.
Non ! Rien n’y faisait ! C’était comme ça…
Et Laura ne le savait que trop bien alors pourquoi lui infliger un tel chantage à chaque fois qu’elle s’absentait de la maison ?
Certes, la forêt lui était interdite mais pourquoi en faire toute une histoire surtout qu’elle était très dégourdie pour son âge et pas du tout du genre à se laisser influencer par n’importe qui et n’importe quoi…
Alors pourquoi ne pas lui faire tout simplement confiance ?
De toute façon, elle persisterait à aller dans sa forêt et ce malgré les nombreuses recommandations de Laura.
Ce n’était sans doute pas très prudent de sa part, mais elle aimait le goût du risque et de l’aventure alors pourquoi s’en priverait-elle ?
Et puis c’était aussi de son âge de faire des petites bêtises, non ? !
Elle ne voulait surtout pas vieillir sans les avoir commises sinon elle le regretterai très certainement…
Et puis cela lui faisait le plus grand bien de s’éloigner de temps en temps de cette maison et de son jardin, si immense soit-il.
Car oui ! Mira aimait se sentir libre !
Libre comme l’était le vent ou encore ces moineaux qui piaffaient gaiement entre eux sur les branches des grands amandiers…
Elle avait besoin de cette liberté pour se sentir exister…
Et la forêt exaltait tous ses sens. Elle s’y sentait bien.
Elle aimait s’y balader mais toujours avec une certaine prudence car elle était peut-être une grande aventureuse mais pas non plus une irresponsable inconsciente…
Elle savait fort bien que sa douce Maman était une personne très inquiète alors elle ne tenterait jamais le diable car elle l’aimait bien trop pour agir inconsidérément…
Mais Laura ne lui faisait pas encore entièrement confiance. Elle l’a traitée toujours comme un bébé…
Son « petit bébé » comme elle aimait l’appeler affectueusement…
Mira aimait bien ce petit surnom mais elle ne le trouvait pas en accord avec sa personnalité intrépide.
De toute façon, personne ne pouvait lui mettre d’entraves pas même sa bien-aimée Maman…
C’est pourquoi, elle agirait toujours derrière son dos durant ses absences pour pouvoir enfin partir en vadrouille.
Ben quoi ? Avait-elle le choix ?
Et il fallait qu’elle en profita encore car l’automne ne tarderait plus à arriver…
Elle s’en était bien rendue compte avec l’interminable pluie d’aujourd’hui.
Elle savait alors qu’elle serait bien obligée de ralentir ses cadences d’aventurière dans sa forêt ô combien si captivante car le temps hivernal deviendrait aussitôt un obstacle avec son incessante et perpétuelle humidité.
L’insidieux froid que Mira détestait tant l’empêcherait de faire ses petites escapades…
Comme le temps deviendrait alors trop long durant cette période !
Mais elle finit par se rassurer en se souvenant d’une belle image qui lui revint en mémoire.
J’ai participé à un concours d’écriture qui avait été proposé par le site The Millennials stories et je dois bien avouer qu’au début j’étais un peu intimidée par ce genre de défi puis je me suis dis : « Pourquoi pas ? ».
J’ai déjà participé à des concours d’écriture mais pas avec des images comme support.
J’espère que j’aurai relevé le défi ! car j’ai vraiment apprécié y participer.
C’était un peu comme un jeu… Une envie de me dépasser…
Merci encore à toi Andy !
Voici les images que j’ai choisi d’utiliser pour construire mon histoire : elles m’ont beaucoup inspirées. Elles proviennent de l’article d’Andy qui parle de son fameux : Concours d’écriture
En espérant que vous apprécierez lire mon histoire qui porte le titre suivant :
LE MESSAGE :
23H45. Jessica dormait à poings fermés dans son lit. Elle était en train de rêver à son chat « Tootsy » qu’elle avait perdu tragiquement, il y a trois ans, écrasé sur la route, tout près de sa maison de campagne, par un de ces chauffards inconscients sans scrupules, avides de vitesses et se fichant bien d’ôter une vie animale…
Elle le revoyait avec une netteté précise dans diverses scènes qu’elle avait toujours gardé en mémoire et qu’elle n’avait jamais oublié malgré le temps passé.
Tantôt il était en train de se caresser contre ses jambes tout en faisant ses pattes de velours, tantôt il ronronnait très bruyamment lorsqu’elle lui caressait son ventre d’un blanc immaculé.
Toutes ces images ne cessaient de tourner en boucle et la rendaient infiniment heureuse comme si son chat n’avait jamais quitté cette terre, qu’il était toujours là, bien vivant, tout près d’elle, dans sa chambre, en train de dormir paisiblement dans le fameux fauteuil qui lui était attitré et qu’elle avait surnommé « Petit Prince » tant elle l’adorait.
Un fauteuil dont le revêtement de velours si doux et si moelleux avait le don de le rendre totalement dingue lorsqu’à peine, il s’y s’allongeait et qu’il se mettait alors dans sa position préférée : celle de l’escargot tout en mordillant avec délectation le tissu de velours bleu turquoise.
Et bien entendu comme tous les chats, il lui arrivait également d’y planter ses petites griffes acérées avec un certain plaisir non dissimulé tant il se sentait dans une totale plénitude.
Comme Tootsy lui manquait ! Et le revoir ainsi, allongé dans son fauteuil, en train de la regarder intensément avec ses si jolis yeux jaunes la faisaient littéralement fondre.
Elle s’avança vers lui et commença à lui caresser la tête tout en lui murmurant des mots doux.
Sous l’effet de ses caresses, Tootsy s’étira puis se mit soudainement à miauler trois fois. Habituellement, elle aurait fait semblant de comprendre ce qu’il pouvait bien vouloir lui dire mais là, dans son rêve, il n’était pas nécessaire de le faire puisque comme par magie, ses miaulements se traduisirent instantanément dans sa langue humaine. Et voici ce qu’elle entendit :
« Maman, tu me manques beaucoup… »
Jessica fut un peu surprise de l’entendre parler ainsi mais néanmoins ravie car ce n’est pas si fréquent de pouvoir enfin comprendre les miaulements de son chat. Sans plus attendre, elle lui répondit :
« Moi aussi, mon bébé, tu me manques énormément, j’espère que tu le sais… »
« Oui, je le sais Maman. C’est pourquoi, j’ai voulu te voir ce soir pour te dire aussi que je t’aimerai toujours… »
« Oh ! Comme tu es mignon ! Moi aussi, je t’aimerai toujours mon Tootsy… »
C’est alors qu’il rapprocha son museau tout blanc de ses longs cheveux cuivrés qui se balançaient juste devant sa truffe ; les renifla avec insistance un petit moment car il aimait bien sentir leurs parfums qui embaumaient le shampooing à la fleur de Tiaré puis commença à mordiller leurs pointes avec espièglerie.
Tootsy adorait jouer avec ses cheveux et Jessica le savait bien, c’est pourquoi, elle faisait exprès de les laisser tomber en cascade sur le sommet de son crâne tout en leur faisant faire des mouvements de va et vient à l’aide de sa main, lui balayant ainsi l’extrémité de son museau ; si bien, que cela avait tendance à le rendre complétement fou et plus joueur que jamais.
Ensuite, tout en ronronnant, il terminait son jeu de mâchouillage capillaire en léchant le bout de ses doigts avec sa petite langue rose si râpeuse et si chatouilleuse, qu’elle ne pouvait s’empêcher de rire aux éclats.
À ces moments-là, elle aurait voulu figer le temps et garder pour toujours son chat à ses côtés mais
elle savait bien que ce n’était pas possible…
Cependant, tout était possible dans son rêve alors elle en profitait au maximum tout en espérant que celui-ci durerait le plus longtemps possible.
Mais ne dit-on pas que jamais rien ne dure ici-bas ?
Subitement, la dernière image de son chat lui léchant le bout des doigts commença à se flouter puis à s’estomper de plus en plus jusqu’à totalement disparaître derrière un gros nuage sombre.
« Non, ne t’en va pas, reste encore près de moi Tootsy… » murmura-t-elle dans son rêve.
Mais le nuage noir venait de tout effacer laissant place à présent, à un vaste désert aride inondé d’une lumière blanche blafarde qui lui aveuglait les yeux.
Elle porta alors sa main droite en visière de façon à se les protéger des éblouissants rayons ardant du soleil puis se mit à regarder autour d’elle.
Il n’y avait pas la moindre végétation ; juste le désert sablonneux qui n’en finissait pas et elle, toute seule en train d’errer…
Le soleil tapait fort ; il lui brûlait la peau et l’air était lourd.
Fort heureusement, une légère brise venait de temps en temps lui caresser le visage, lui procurant ainsi un certain bien-être qui lui donnait la sensation de rester fraîche et de ne pas trop transpirer vu qu’il faisait une chaleur insoutenable ici.
Comme elle était pieds nus, elle pouvait ressentir la chaleur du sable chaud à chacun de ses pas mais ce n’était pas si désagréable vu qu’il n’était pas non plus brûlant.
Ici, il n’y avait pas âme qui vive. Tout était cruellement désertique. Le paysage ne se résumait qu’à une vaste terre sans limite, de couleur ocre, accompagnée de hautes dunes sablonneuses de-ci delà avec pour unique toile de fond un ciel bleu pâle sans nuages d’où irradiait un soleil d’un jaune vif beaucoup trop éclatant qui lui faisait mal aux yeux.
Et il faisait extrêmement chaud. Une chaleur exubérante mais supportable grâce aux quelques coups de vent intermittents qui au passage venaient lui ébouriffer les cheveux et lui faire le plus grand bien.
Pour l’instant, Jessica n’éprouvait pas encore l’envie de boire mais cela ne tarderait pas arriver vu les rayons persistants de ce soleil implacable.
Elle marchait tranquillement sans trop savoir où elle allait quand soudain le ciel commença à s’obscurcir.
« Tiens, que se passe-t-il ? » se demanda-t-elle en le scrutant des yeux.
Quelques secondes après, elle compris qu’il s’agissait d’une éclipse solaire. Tout en se protégeant les yeux, elle regarda en direct le soleil se voiler partiellement puis passer à l’état d’éclipse totale rendant alors ces lieux des plus lugubre ; ce qui déstabilisa Jessica qui avait une sainte horreur de la nuit.
Jusque-là, jamais encore elle n’avait assisté à ce type de phénomène, mais elle savait bien qu’il fallait éviter de regarder une éclipse sans lunettes de protection alors elle préféra baisser les yeux et attendre que le soleil revienne.
« Alors tu reviens ou pas ? » s’agaça t-elle tout en jetant furtivement un œil au ciel qui était toujours autant obscurci.
Mais au lieu que celui-ci réapparaisse ; Jessica remarqua qu’il venait subitement de se dissimuler derrière les dunes de sable ocre.
« Eh ! Mais qu’est-ce que ça veut dire ? » s’écria-t-elle toute décontenancée.
Normalement, ce genre de phénomène ne se produisait jamais après une éclipse et le soleil aurait dû revenir alors que là, il avait totalement disparu.
Quant au ciel obscur, il était à nouveau redevenu clair et avait repris sa couleur initiale bleue azur comme lors de son arrivée dans ce désert.
« Ce n’est pas possible que le ciel soit redevenu bleu ! puisque le soleil n’est plus là ! Et pourquoi s’est-il déjà couché ? Mais que se passe-t-il ici ? » s’exclama t-elle tout haut.
Mais ce qui la rendit encore plus perplexe, c’est qu’il ne faisait pas nuit. Or, la nuit aurait dû tomber depuis déjà longtemps puisque le soleil s’était couché. Tout ceci n’était vraiment pas normal.
Soudain, sous ses yeux ébahis, le ciel bleu azur changea brusquement de couleur et se métamorphosa en un ciel bleu violet pour se teindre finalement en une couleur mauve profonde.
Jamais encore, Jessica n’avait assisté à un tel spectacle et ce, en quelques fractions de secondes seulement…
« Comme tout est étrange ici ! » murmura-t-elle dans un souffle. « C’est à n’y rien comprendre mais je dois bien reconnaître que ce ciel est vraiment magnifique. Je n’en avais jamais vu de semblable sur terre…» s’extasia t-elle en admirant avec émerveillement ce ciel qui semblait sortir tout droit d’un film de science-fiction.
Le paysage semblait alors beaucoup plus insolite comme si elle se trouvait dans un autre monde. Une autre dimension. Un lieu irréel mais si beau qu’elle en était subjuguée et totalement fascinée au point même de ne plus craindre de se retrouver toute seule ici.
Les cheveux épars et vêtue d’une simple et longue tunique noire en satin qui volait au moindre coup de vent, Jessica marchait au hasard, sans trop savoir où elle allait mais elle ne se sentait plus autant perdue qu’auparavant.
Elle découvrait ce nouveau monde avec beaucoup de curiosité tout en se demandant où tout cela la mènerait.
Et de toute façon, maintenant qu’elle était ici, elle voulait aller jusqu’au bout de cette aventure incongrue et ne surtout pas retourner en arrière. Il fallait au contraire, qu’elle avance.
Elle regarda à nouveau le ciel. Il venait à l’instant même de changer de nuance. Il s’était à présent teinté d’une jolie couleur mauve claire dans lequel venait de s’incruster par myriades des étoiles multicolores qui commencèrent à briller par intermittence ; ce qui la fit immédiatement penser aux guirlandes lumineuses que l’on accrochait aux branches du sapin de Noël.
« Vraiment magnifique ! » s’émerveilla t-elle à haute voix.
Elle venait de s’arrêter de marcher et admirait toute la magnificence de ce ciel étoilé qui s’étendait à l’infini. Il était si spécial et tellement original, qu’elle en restait éblouie.
« Dieu, que c’est beau ! » s’exclama t-elle en ayant presque les larmes aux yeux.
Ce ciel teinté de mauve et envahit d’étoiles multicolores contrastait littéralement avec cet immense désert de couleur ocre et totalement dépouillé de végétations. Et s’il fallait choisir entre le ciel et la terre ; son choix était déjà fait. Il faut dire que ce désert n’était guère accueillant tant il était triste et fade…
Regarder ce ciel lui faisait le plus grand bien. Il lui permettait d’oublier le côté sinistre de ces lieux ternes, sans vie et sans couleurs.
Ce ciel portait en lui toute la lumière dont elle avait besoin et lui redonnait de l’espoir.
Quant à la nuit, elle ne semblait pas exister dans ce nouveau monde ; ce qui arrangeait bien Jessica qui la détestait au plus haut point. Elle avait toujours eu peur de la nuit. La nuit avait tendance à lui faire perdre ses points de repère. La nuit rendait tout différent. Et puis dans la nuit, on n’y voit strictement rien. Alors, qu’ici, le ciel restait perpétuellement inondé d’une douce lumière, lui permettant ainsi de voir tout ce qui l’entourait comme si elle était toujours en plein jour.
Cette lumière n’était ni jaune, ni blanche, ni blafarde ; elle restait d’une jolie couleur mauve tamisée rendant alors l’atmosphère bien plus chaleureuse. Un peu comme si on se retrouvait dans une bulle de protection ou encore à l’intérieur du ventre de sa mère.
Et au milieu de ce triste désert inconnu, Jessica évoluait tranquillement tout en admirant ce ciel mauve étoilé qui lui redonnait du courage.
Au fond d’elle, elle espérait que cette aventure la conduirait vers un heureux dénouement.
Mais le seul inconvénient perturbateur qui commença à se faire ressentir fut bien la soif. Elle lui brûlait et asséchait la gorge, l’empêchant ainsi de déglutir convenablement et finissant par lui provoquer de terribles quintes de toux assez fatigantes.
À cet instant-là, elle ne put s’empêcher d’imaginer une paisible oasis se dressant droit devant elle, avec, posé en son centre, sur une table basse, un grand verre de coca-cola bien glacé, agrémenté d’un zeste de citron vert car c’est ainsi qu’elle l’appréciait et qui n’attendait qu’elle. Elle prenait alors le verre tout enveloppé de condensation dégoulinante et se mettait à le boire goulument d’un trait. Et là, enfin ! Sa soif était étanchée.
Afin de réaliser son vœu de désaltération, elle se mit à fermer les yeux et attendit quelques instants avant de les rouvrir. Mais une fois les yeux ouverts, elle ne vit strictement rien. Pas le moindre verre d’eau ni de boisson gazeuse ne s’était matérialisée devant elle alors elle préféra oublier cette pensée et se concentrer plutôt sur sa marche.
Et le temps s’écoula, s’égrèna sous cette écrasante chaleur…
Elle marchait toujours sans but précis dans cet immense désert lorsque soudain elle crut apercevoir au loin une silhouette allongée qui semblait porter quelque chose de très brillant devant elle mais de là où elle se trouvait, elle n’arrivait pas à voir clairement de quoi il s’agissait exactement.
Elle se frotta les yeux pour voir si elle n’avait pas été victime d’une hallucination à cause de sa fatigue mais quand elle regarda à nouveau au loin, la silhouette se profilait toujours. Ce n’était donc pas une hallucination…
Un peu interloquée et ne sachant quoi faire face à cette inopinée présence, elle se demanda avec une certaine inquiétude si elle devait attendre sa venue ou au contraire la fuir.
La panique s’insinua en elle, entraînant ainsi de multiples questions qui commencèrent à lui envahir l’esprit :
Est-ce que cette soudaine apparition venue de nulle part était humaine comme elle ? Et dans ce cas-là, était-ce un homme ou une femme ? Et le plus important de tout : est-ce qu’il ou elle lui voudrait du bien ou du mal ?
Mais à peine s’était-elle posée toutes ces questions que l’étrange silhouette allongée vola subitement dans les airs et se dirigea droit vers elle telle une fusée.
« Mon Dieu ! » s’écria Jessica en sursautant. Trop tard ! Désormais, elle ne pouvait plus fuir…
Instinctivement, elle ferma les yeux pensant ainsi qu’elle pourrait peut-être effacer cette vision et même si cela n’avait rien donné tout à l’heure concernant son souhait de désaltération. Elle se concentra et compta alors jusqu’à 10 dans sa tête et lorsqu’elle arriva enfin au chiffre fatidique, les rouvrit aussitôt s’attendant à voir un monstre en face d’elle…
À sa grande surprise, ce qu’elle vit ne ressembla en rien à un monstre mais plutôt à une étrange jeune femme souriante qui tenait entre ses mains un énorme globe terrestre tout illuminé qui lui mangeait pratiquement tout le devant du corps.
Comme elle venait d’atterrir tel un boulet de canon ; elle était encore toute auréolée d’un épais nuage de poussière de sable blanc mais peu à peu, il finit par se dissiper permettant ainsi à Jessica de pouvoir mieux distinguer ses traits.
La jeune femme accentua davantage son sourire comme pour lui faire montrer qu’elle n’était pas son ennemie ; ce qui la rassura grandement.
Cependant, il y avait quelque chose qui clochait chez elle. Elle ne semblait pas tout à fait humaine par rapport à quelques particularités physiques qu’elle venait de remarquer.
En effet, mis à part leurs formes en amande, ses grands yeux noirs frangés de cils épais ne ressemblaient pas à ceux d’un humain. Ils étaient d’un noir profond très opaque semblable à de l’encre de chine et totalement dénués d’iris, de pupilles ainsi que de sclère : la fameuse membrane qui forme le « blanc » de l’œil et que tout être humain bien constitué a à sa naissance. Mais là, en leur absence, le regard de cette jeune femme était des plus troublant et mystérieux ; voire presque rebutant tant leur noirceur profonde était énigmatique.
Quant à ses doigts démesurés qui maintenaient l’énorme globe terrestre à hauteur de sa poitrine ; ils étaient palmés avec de longs ongles noirs recourbés si pointus qu’ils faisaient penser aux griffes acérées des grands félins mais en beaucoup plus redoutables. C’était d’ailleurs, ce qu’il y a avait de plus effrayant chez elle ; si bien, que Jessica préféra ne pas trop s’y attarder sous peine de paniquer.
Jessica continua son inspection physique.
La jeune femme avait de longs cheveux raides de couleur mauve striés de jolis reflets violet qui lui tombaient de chaque côtés du visage jusqu’aux épaules ainsi qu’une épaisse frange lisse qui lui arrivait au ras des sourcils. Une chevelure des plus originale que Jessica n’avait encore jamais vu sur terre et qu’elle trouvait plutôt jolie. Toutefois, elle se demandait si leur texture ressemblait à celles des humains. Il lui semblait que oui mais elle n’en était pas sûr.
Enfin, son visage poudré de blanc à outrance et rehaussé de rose à joues nacré bien prononcé ressemblait au maquillage si particulier des Geisha tandis que ses lèvres pulpeuses étaient peintes d’un rouge vif brillant qui jurait avec la blancheur de son teint.
À force de l’observer, Jessica finit par en déduire que cette étrange jeune femme devait être une extra-terrestre vu les traits physiques quelque peu hétéroclites qui la caractérisait.
Quant au reste de son anatomie : bras, jambes et pieds ; ils étaient comme ceux des humains.
Ses bras étaient revêtus de longues manches chauve-souris de couleur noir qui lui retombaient le long des coudes à cause du globe qu’elle portait.
Sa jupe noire moulante qui lui arrivait au-dessous des genoux laissait apparaître de jolies jambes fuselées avec des pieds nus dont les ongles avaient la même couleur que celles de ses mains.
Par contre, elle ne pouvait pas encore voir l’ensemble de son corps à cause de l’énormissime globe terrestre qu’elle tenait toujours contre elle, entre ses mains et qui lui cachait tout le devant de la poitrine jusqu’à la taille.
Mis à part les yeux d’un noir opaque sans sclère ainsi que les doigts démesurés aux longs ongles noirs crochus ; Jessica n’était pas trop effrayée par cette jeune femme venue d’ailleurs ; sans doute parce qu’elle arborait constamment un sourire sur son visage impassible et qu’elle semblait être pacifiste envers elle.
Alors, pour briser la glace, elle décida de lui rendre le sien puis lui demanda :
« Comment vous appelez-vous ? »
La jeune femme ne cilla pas. Elle restait imperturbable et sans aucune réaction. Ses grands yeux noirs vides d’expression ne cessaient de la fixer et pas un seul mot ne sortit de sa bouche. Elle semblait ailleurs…
Soudain, Jessica ouvrit les yeux grands comme des soucoupes.
Les longs cheveux raides et mauves de la jeune femme venaient subitement de se soulever tout seuls et commencèrent à s’onduler tels des serpents, dans un mouvement régulier, tout autour de son visage.
« Eh ! Mais comment faites-vous ça ? » s’écria Jessica, les yeux écarquillés.
Toujours en apesanteur, les longs cheveux ne cessaient de s’onduler et de s’entremêler entre eux lorsque soudain ils s’élevèrent dans leurs totalités au-dessus de sa tête et restèrent ainsi suspendus dans les airs tout en continuant leurs jolies danses d’ondulation.
Hypnotisée et sans voix devant ce phénomène capillaire des plus insolite, Jessica n’en revenait pas de ce qu’elle voyait : les cheveux bougeaient réellement tout seuls.
La chevelure mauve semblait être vivante.
Quel étrange phénomène ! se dit-elle intérieurement, totalement subjuguée.
Les cheveux continuaient toujours de s’onduler en apesanteur lorsque brusquement ils se figèrent et restèrent ainsi immobiles durant quelques minutes avant de finir par retomber lentement, mèches après mèches avec délicatesse sur les fines épaules drapées de noir de la jeune femme.
Comme par enchantement, ils avaient repris leur apparence de raideur bien lisse et encadraient à nouveau le contour de son visage comme si aucune manifestation ne s’était passée.
« Mais comment avez-vous fait ça ?? » s’écria à nouveau Jessica en espérant que la jeune femme finirait bien par lui répondre.
Mais la jeune femme restait toujours autant imperturbable comme si elle n’entendait pas Jessica. Elle gardait ce même sourire figé qui ne l’avait jamais quitté depuis qu’elles s’étaient rencontrées.
« Répondez-moi s’il vous plaît… » insista-t-elle.
Mais la jeune femme ne daignait toujours pas ouvrir les lèvres.
Mais pourquoi diable ne voulait-elle pas lui répondre ? Était-elle muette ? Et pourquoi ce sourire perpétuel sur son visage ? s’interrogea t-elle.
« Vous êtes muette ? C’est pour ça que vous ne me parlez pas ? » questionna Jessica avec une pointe d’agacement dans la voix.
Brusquement, le globe que tenait la jeune femme entre ses mains se mit à vibrer et à briller plus intensément. La lumière jaune qui l’enveloppait devint alors beaucoup plus incandescente et irradiante tel un soleil brillant de mille feux.
Ce fut à ce moment-là que la jeune femme émit enfin son premier son tout en gardant son perpétuel sourire :
« Bonjour Jessica ! Je suis Cortana. Je suis venue de très loin pour vous dire un message »
« Me dire un message ? Mais de quoi me parlez-vous ? Et pourquoi ce globe bouge comme ça. Qu’est-ce qui se passe ? »
À présent, le globe tressautait vigoureusement comme s’il allait exploser d’une minute à l’autre. Manifestement, la jeune femme faisait beaucoup d’efforts pour pouvoir le maintenir tout contre elle afin qu’il ne lui échappa pas des mains. Ses longs doigts aux ongles noirs si pointus étaient tendus à l’excès et semblaient se distendre tellement ils luttaient et résistaient contre les tressautements violents.
Cependant, son visage n’exprimait aucune crispation d’effort et gardait toujours le même sourire figé comme si de rien n’était.
De son côté, Jessica ne quittait pas des yeux le globe qui semblait être enragé.
Soudain, son incandescente lumière devint brutalement aveuglante ; si bien qu’elle dû fermer les yeux.
C’est alors que la jeune femme sortit à nouveau de son mutisme :
« Ne vous inquiétez pas Jessica. Ce globe qui représente votre planète Terre n’explosera pas. Les violentes vibrations qui le secouent ainsi que la forte lumière aveuglante qui l’entoure ne sont que les manifestations d’un signe. Ce signe nous indique qu’il sera bientôt prêt à vous transmettre le message dont je vous parlais tout à l’heure. Moi, je ne suis que son intermédiaire. N’ayez crainte, Jessica ; les deux manifestations vont bientôt s’arrêter. Gardez les yeux fermés et attendez mon signal »
Quelque peu décontenancée, Jessica s’exécuta et attendit.
Entre les mains de la jeune femme, le globe continuait toujours de vibrer avec violence lorsque soudain il s’arrêta brutalement de bouger et resta totalement immobile.
Sa lumière aveuglante diminua peu à peu d’intensité jusqu’à s’éteindre complétement, laissant place à un globe qui était devenu tout terne.
Il ne semblait plus être en vie.
À présent, il avait pris une couleur grisâtre et on pouvait voir sur son pourtour, sculptés en relief, les différents continents de la planète Terre.
« Maintenant, Vous pouvez réouvrir les yeux Jessica. Les manifestations viennent de s’arrêter »
Jessica ouvrit aussitôt les yeux et revit la fameuse boule terrestre qui lui avait tant fait peur tout à l’heure et qui semblait s’être enfin calmée maintenant. Elle constata qu’elle n’était plus illuminée de son incandescente lumière si aveuglante et qu’elle avait pris une teinte grise.
« Le globe est devenu tout terne et il ne bouge plus du tout » dit-elle en regardant Cortana.
« Oui, comme je vous l’avais dit précédemment. Cette couleur grise est le processus normal qui fait suite aux deux manifestations. Et dans une trentaine de minutes, il vous annoncera enfin votre message »
« Mais de quel message s’agit-il ? »
« Je sais que tout cela doit vous paraître incongru mais je vous en prie, faites-moi confiance »
« Mais dans ce cas là, est-ce que je peux vous poser d’autres questions ? »
« Oui, si cela peut vous aider à vous mettre en confiance »
« Heu…. Tout d’abord, qui êtes-vous exactement ? Une sorte d’extra-terrestre ? »
« Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je m’appelle Cortana. Je suis effectivement une extra-terrestre mais je n’aime pas ce terme que je trouve péjoratif et galvaudé. Plus exactement, je suis une humanoïde mais là encore, je préfère dire que je suis une humaine tout comme vous mais avec quelques différences que vous avez dû remarquer par rapport à mes yeux, mes mains ainsi que mes cheveux. Toutes ces différences qui font que je suis un être exceptionnel, unique et à part » ajouta-t-elle fièrement dans un large sourire qui fit apparaître pour la première fois une rangée de dents d’une éclatante blancheur.
« Oui, j’ai vu tout à l’heure que vos cheveux volaient dans les airs ! Jamais encore, je n’avais assisté à un tel phénomène… »
« Oui, je sais. Je vous dois quelques explications à ce sujet. Tout à l’heure, mes cheveux étaient en apesanteur parce qu’ils étaient en connexion avec le globe. À ce moment-là, je ne pouvais pas encore vous parler car j’étais concentrée et en communion avec eux. Mes cheveux sont ultra sensibles et lorsqu’ils ressentent n’importe quelle manifestation ou évènement à venir, ils me l’annoncent en faisant des mouvement d’ondulation »
« Ils vous prédisent donc l’avenir ? »
« Oui, en quelque sorte mais juste en ce qui concerne les manifestations de la nature. Par exemple, si jamais il y avait un séisme ou encore un tsunami ; mes cheveux seraient capables de me l’annoncer deux ou trois jours à l’avance afin que je m’y attende et que je puisse trouver des solutions pour sauver l’humanité et même si malheureusement on ne peut jamais éviter les pertes »
« wahou ! En effet, des cheveux pareils, ce n’est pas courant ! Mais là, il me semble qu’ils bougeaient à cause de ce globe terrestre. Pourquoi ? »
« Ce globe représente la nature de votre planète Terre. Il n’est donc pas ordinaire car il est vivant. C’est un peu comme si vous aviez là, juste devant vos yeux votre propre planète en miniature et que vous pourriez enfin voir tout ce qu’il y a à l’intérieur »
« Ah d’accord, je comprends mieux… D’où ce mystérieux message qui m’est destiné ? »
« En effet, vous comprenez vite Jessica… Avez-vous d’autres questions ? »
« Heu… »
Jessica voulait connaître le mystère de ses yeux noirs mais elle n’osait pas lui poser la question. Ce fut Cortana qui la devança comme si elle lisait dans ses pensées telle une télépathe.
« N’avez-vous pas des questions au sujet de la particularité de mes yeux ? Ils doivent vous paraître affreux et effrayants. Sans parler de mes mains… »
Jessica fut surprise par les paroles négatives de la jeune femme mais soulagée que ce fut elle qui engagea la discussion à ce sujet…
« Eh bien, il est vrai qu’ils ne sont pas communs mais j’aimerais beaucoup que vous m’en parliez »
« Très bien, je vous remercie. Mes yeux sont entièrement colorés en noir parce qu’ils sont dotés d’un filtre protecteur qui me protègent des rayons ultraviolets nocifs du soleil ainsi que de toutes sources de lumières agressives ou aveuglantes tel que ce globe par exemple. Ce filtre est un véritable bouclier. Ainsi, je suis totalement immunisée du vieillissement oculaire ainsi que de toutes sortes de maladies de l’œil »
« Wahou ! En effet, vos yeux sont vraiment exceptionnels. Je comprends mieux à présent, leurs couleurs si noires. Et vos mains ? »
« Mes mains sont démesurées pour pouvoir porter toutes sortes de choses très lourdes ou très volumineuses et sans en subir les conséquences. Par exemple, je serais capable de porter une masse de 500 kg sans aucune difficulté et sans le moindre effort. Quant à mes longues griffes ; elles me permettent de pouvoir me défendre de toutes agressions physiques. Ainsi, grâce à elles, je ne crains strictement rien »
« Wahou ! Je suis vraiment bluffée ! Vous êtes vraiment exceptionnelle comme personne ! »
« Merci, Jessica. Je suis heureuse que vous pensiez cela. Avez-vous d’autres questions à me poser ? »
« Oui. Heu… Avant que l’on se rencontre tout à l’heure ; je vous avais vu voler dans le ciel comme si vous étiez une véritable fusée. Comment est-ce possible ? »
Cortana accentua davantage son sourire laissant apparaître à nouveau ses dents d’une extrême blancheur.
« Eh bien, mon espèce est capable de voler comme vos machines volantes ou encore comme un oiseau. J’ai également la possibilité de choisir ma vitesse de vol selon mes désirs. Tous les humains de mon espèce sont dotés de ce pouvoir surnaturel. C’est ainsi que nous sommes nés »
« wahou ! Vos pouvoirs sont vraiment extraordinaires ! Comme ça doit être merveilleux de pouvoir voler comme un oiseau… Mais, je voulais vous demander… Est-ce que vous êtes nombreux dans votre espèce ? »
« Oui, mais pas suffisamment. Actuellement, nous avons atteint le nombre de 5000 Uranusiens. Comme vous pouvez le constater, nous ne sommes pas aussi nombreux que votre planète Terre »
« Uranusien ?? » questionna Jessica, les sourcils froncés.
« Oui, Uranusien. Là aussi, je vous dois quelques explications. Alors tout d’abord, je ne viens pas de ce désert qui fait parti de la planète « Strangia ». Strangia est une planète inhabitée qui ne possède aucune ressource naturelle pour pouvoir y vivre. Moi, je viens d’une autre planète qui s’appelle « Uranus ». C’est une planète géante qui possède toutes les ressources naturelles dont nous avons besoin contrairement à Strangia »
« D’où le terme Uranusien » enchaîna Jessica. « Vous êtes donc originaire d’Uranus ? »
« Oui, c’est bien ça. Et nous avons aussi des clans au sein de notre espèce. Moi, je fais partie du clan des Verseau. C’est une communauté révolutionnaire qui mène le combat de protéger les Humains de toutes les catastrophes naturelles qui menaceraient votre planète Terre comme par exemple : les inondations, les feux de forêts, les séismes, ect… C’est notre principale cause. Et biensûr, nous avons aussi la faculté de pouvoir vous annoncer des messages par le biais de notre globe terrestre »
« Wahou ! Vraiment impressionnant ! Et ces messages que vous transmettez, sont-ils bons ou mauvais ? »
« Ils sont toujours porteurs d’espoir et embellissent en général votre vie de terriens car nous sommes infiniment respectueux de votre espèce. Nous sommes des idéalistes ouverts d’esprits qui acceptons la différence. Nous sommes totalement dénués de méchanceté. D’ailleurs, dans notre planète, il n’y a ni meurtres ni corruptions »
« Vous en avez de la chance ! Hélas, ce n’est pas le cas, pour nous les terriens. Notre humanité a pas mal de défauts… »
« C’est vrai, mais il y a aussi des exceptions et vous en faîtes partie »
« Merci de me dire ça, Cortana mais je pense ne pas être parfaite non plus… »
« Tout un chacun a ses défauts. Personne n’est parfait mais je sais lire en vous comme dans un livre ouvert. Vous avez beaucoup de qualités que vous ignorez »
« Ah bon ? Je ne sais pas… Peut-être… »
« Si, croyez-moi… »
Jessica trouvait que les paroles de cette étrange jeune femme étaient sages et pleines d’esprit. Elle commençait à lui faire davantage confiance et même à l’apprécier…
Peut-être qu’en fin de compte, elle lui ouvrirait l’esprit sur certaines choses de la vie et que c’était écrit dans son destin de tomber sur elle, dans ce désert…
Cependant, il y avait encore une question qui la turlupinait à son sujet…
« Tout à l’heure, vous avez mentionné que dans votre planète, vous ne connaissiez ni le meurtre, ni la corruption… »
« Oui, c’est vrai »
« Mais alors pourquoi est-ce que vous avez de telles griffes aux doigts ? »
Cortana regarda une de ses mains qui maintenait le globe. Son regard semblait lointain comme si cette question l’avait dérangée..
« Excusez-moi Cortana. Je n’aurais jamais dû vous poser cette question et… »
« Mais non, pas du tout » coupa t-elle aussitôt en la fixant à nouveau de ses grands yeux noirs opaques.
« Votre question est très pertinente et je vais y répondre. Il est vrai que ces ongles sont assez effrayants mais c’est ainsi que nous sommes nés. Nous ne pouvons pas les couper ni même les raccourcir car ils sont en acier. Ces griffes nous servent à nous protéger des terriens qui nous voudraient du mal et uniquement dans ce cas-là »
« Je vois… Désolée pour cette question… Je comprends mieux à présent… »
« Il n’y a pas de mal Jessica. C’est bien que vous m’ayez posé cette question. Au moins, vous arriverez à mieux connaître mon espèce. Avez-vous d’autres questions ? »
« Heu… Que va-t-il se passer maintenant ? Il s’est déjà écoulé 30 minutes, je pense… »
« Oui, c’est exact. Le globe va bientôt vous annoncer votre message. Mais avant tout, pourriez-vous vous rapprocher un peu plus près de lui ? Rassurez-vous, il ne vous fera aucun mal »
Jessica hésita quelques secondes puis finit par se rapprocher du globe terrestre qui se mit subitement à clignoter d’une incandescente lumière rouge.
« Que se passe-t-il !! » s’écria-t-elle paniquée.
« Ne vous inquiétez pas. C’est tout à fait normal. À présent, regardez bien le globe et ne dîtes plus un mot. C’est important que vous suiviez mes consignes. Entendu ? »
« Entendu »
Entre les mains de Cortana, le globe terrestre clignota encore 3 fois de suite de la même incandescente lumière rouge puis se mit soudainement à vibrer. À ce moment-là, Cortana retira ses mains de celui-ci et fit un pas en arrière tout en ne le quittant pas des yeux.
Comme par magie, le globe resta suspendu en apesanteur et totalement immobile.
L’instant d’après, il se mit à tourner lentement sur lui-même dans le sens des aiguilles d’une montre sous le regard hypnotisée de Jessica qui n’en loupait pas une miette…
Incroyable ! se dit-elle tout en se demandant comment il pouvait rester ainsi en apesanteur et pourquoi s’était-il mis soudainement à tournoyer…
Cortana observait également la rotation du globe. Elle semblait concentrée.
Brusquement, le globe s’arrêta de tournoyer et s’immobilisa net. Qu’allait-il bien se passer maintenant ? s’inquiéta Jessica qui n’en pouvait plus de ce suspens.
Soudainement, un phénomène des plus étrange commença à se produire devant ses yeux ébahis.
Les continents sculptés en relief venaient de se surélever simultanément et s’étaient ainsi détaché de leurs océans respectifs.
Toujours tenue en haleine, Jessica ne quittait pas des yeux le globe.
Brusquement, le continent africain se suréleva davantage et prit alors une hauteur bien plus élevée que tous les autres continents avant de commencer à s’illuminer progressivement d’une douce lumière verte qui devint finalement verte fluo.
Ainsi, L’Afrique et la grande île de Madagascar se différenciaient de tous les autres continents qui avaient gardé leur même couleur grisâtre.
Encore un phénomène des plus étrange se dit intérieurement Jessica mais néanmoins très beau.
Cortana et elle suivaient des yeux l’évolution de ce globe qui n’était vraiment pas ordinaire.
Soudainement, L’Afrique qui était tout illuminée de vert fluo se détacha complétement de la boule terrestre telle une pièce de puzzle que l’on retirerait de son support et tomba sur le sable, juste aux pieds de Jessica.
En touchant le sol sablonneux, la pièce de puzzle de L’Afrique quitta aussitôt sa lumière verte fluo et repris sa couleur grisâtre du début.
Interloquée, Jessica la regarda quelques secondes avant de jeter un regard interrogateur à Cortana qui n’avait pas quitté son sourire légendaire.
« Il s’agit de la première interprétation de votre message » lui dit-elle en pointant du doigt la pièce de puzzle qui reposait sur le sable. « Il vous en reste encore une » ajouta t-elle.
« Encore une ?? » s’exclama Jessica.
« Oui. Ensuite, vous devrez rassembler les 2 interprétations pour pouvoir composer votre message »
« Mais je ne comprends pas. Je devrais donc deviner de quel message il s’agit ? »
« Oui, c’est tout à fait ça. Je n’ai pas voulu vous en faire part tout à l’heure car je savais que cela vous aurait tracassé. Mais ne vous inquiétez pas Jessica, je suis certaine que vous finirez par trouver de quoi il s’agit »
« C’est donc un jeu de rébus ? Mais pourquoi tant de mystère et ne pas tout simplement me révéler directement ce fameux message ? »
« Tout ceci ne vient pas de moi Jessica mais du globe terrestre. Il vous suffit de jouer le jeu et tout se passera bien. Toute chose ne vient pas toujours à vous d’un seul claquement de doigt. Parfois les difficultés ont leurs avantages. Elles vous permettent de vous révéler. Je suis certaine que tout se passera bien. Croyez moi et ayez confiance »
Jessica fit la moue puis fini par acquiescer d’un signe de tête.
« Alors, pour l’instant, ne vous occupez pas de la pièce de puzzle de L’Afrique » dit Cortana. « Laissez-la, telle qu’elle est, posée sur le sable et venez plutôt regarder d’un peu plus près le globe terrestre »
Jessica s’exécuta sans rechigner.
À présent, elle se trouvait très proche du globe qui était toujours en apesanteur.
En l’observant, elle remarqua du premier coup d’œil, sur son pourtour, la présence d’une ouverture assez profonde qui avait la forme et les contours de L’Afrique. Elle compris aussitôt qu’il s’agissait de l’emplacement où était positionnée la pièce de puzzle qui s’était brusquement éjectée tout à l’heure. À sa place, il y avait un trou assez large dans lequel on pourrait aisément y plonger une main.
En ne le quittant pas des yeux, elle demanda à Cortana :
« Il y a une ouverture à l’emplacement de L’Afrique et je voudrais savoir si je peux y plonger ma main… »
« Oui, allez-y Jessica. Vous êtes sur la bonne voie »
Sans plus attendre, Jessica plongea sa main droite à l’intérieur du large trou. Ses doigts rencontrèrent alors quelque chose de plus ou moins dur mais elle ne savait pas trop de quoi il s’agissait. À force de le triturer du bout des doigts, elle en déduisit que cela pouvait être sans doute une petite carte plastifiée. Pour en avoir le cœur net, elle essaya d’attraper l’objet entre son index et son majeur mais à chaque fois il lui glissait des doigts. Elle souffla d’agacement. Décidément, ce satané message était sacrément coriace. Elle ne se découragea pas et se concentra à nouveau. Quelques minutes s’écoulèrent.
« Alléluia !! Je l’ai enfin !!! » s’écria-t-elle de joie.
« Ravie de l’entendre Jessica. Vous devrez garder pour vous ce qu’il y a d’écrit sur cette carte et en aucun cas me le divulguer. C’est une des règles du jeu du globe terrestre »
« OK, j’ai bien compris »
Avec hâte, Jessica regarda la petite carte qu’elle tenait dans sa main. Il s’agissait d’une carte de visite plastifiée de couleur bleue ciel. Sur le recto était représentée l’image d’un trèfle à 4 feuilles tandis que sur le verso, on pouvait lire en lettres majuscules et caractère gras le mot suivant : « RUOSIS »
Jessica répéta plusieurs fois le mot « RUOSIS » dans sa tête pour voir si quelque chose lui reviendrait à l’esprit mais pour l’instant, il n’y avait rien de bien concluant.
« Je verrai ça plus tard » murmura t-elle entre ses dents. « Et je finirai bien par trouver… » ajouta t-elle dans son for intérieur tout en retournant la carte entre ses doigts.
Cortana s’avança doucement vers elle avec cet éternel sourire sur les lèvres. Jessica la regarda en coin.
Visiblement, elle avait l’air de vouloir lui dire quelque chose alors elle déposa prestement la carte de visite sur le sable juste à coté de la pièce de puzzle de L’Afrique et attendit que Cortana se rapprocha d’elle.
Sans son énormissime globe terrestre qui lui mangeait entièrement le buste jusqu’à la taille ; Jessica pouvait enfin voir l’ensemble de son corps qui était revêtu d’un haut noir tout simple ainsi que d’une jupe noire moulante qui lui allait fort bien. Habillée ainsi, elle avait une certaine allure et ressemblait beaucoup à une humaine. C’était vraiment une jolie jeune femme se dit-elle mis à part ses grandes mains démesurées armées de griffes. Mais depuis leur rencontre, elle avait fini par s’y habituer.
« Vous vouliez me dire quelque chose ? » s’empressa t-elle de lui demander avec un petit sourire.
« Oui, en effet Jessica. Ma mission auprès de vous est terminée et à présent je dois rejoindre ma planète où les miens m’attendent »
« Vous devez déjà partir ? Mais que ferais-je ici sans vous, dans ce désert ? »
« Vous ne serez pas longtemps seule. Une autre personne se manifestera une fois que je serai partie et une surprise vous attendra »
« Une autre personne ?? Et une surprise ?? » s’exclama Jessica.
« Oui. Je vous en parlerai avant mon départ. Mais avant cela, je voulais vous remercier Jessica »
« Me remercier ? »
« Oui. Parce que vous êtes quelqu’un de bien et que vous avez su me faire confiance. Vous vous êtes intéressée à mes origines, à mon peuple… Tout ceci m’a beaucoup touchée… C’est pourquoi, je tenais à vous remercier »
« Merci de me dire ça. Moi aussi, je tenais à vous remercier car vous m’avez appris beaucoup de choses que je n’oublierai jamais. Vous êtes également quelqu’un de bien »
« Merci Jessica »
« Merci à vous »
« À présent Jessica, si vous le voulez bien, je dois vous informer de ce qui se passera après mon départ. Vous êtes prête à écouter bien attentivement mes consignes ? »
« Oui, je vous écoute »
« Lorsque je quitterai ces lieux, un homme tombera du ciel. Ce sera un Android ou si vous voulez un robot humanoïde. Il viendra à vous et vous demandera de lui remettre les interprétations que vous avez en votre possession : la pièce de puzzle de L’Afrique ainsi que la carte que vous avez trouvé à l’intérieur du globe terrestre. Vous devrez les lui remettre. Ensuite, concernant ces 2 interprétations, il vous posera quelques questions dont j’ignore totalement. Une fois que vous y aurez répondu, il se passera un phénomène et à partir de ce moment là, vous découvrirez enfin votre surprise. Voilà, je vous ai tout dit »
« Mais de quel phénomène s’agit-il ? »
« Je ne peux vous le dire Jessica. Je suis désolée. Mais ne vous inquiétez pas, tout se passera bien »
« Alors, je vous fais confiance… Heu, j’aurai une dernière question s’il vous plaît »
« Allez-y. Je vous écoute »
« Voilà, ne le prenez surtout pas mal mais je voudrais savoir pourquoi vous avez constamment un sourire sur votre visage depuis que l’on s’est rencontrées ? »
« Vous êtes très observatrice Jessica. Cela vous a-t-il ennuyée ou agacée ? »
« Non, pas du tout mais je dois bien avoué que cela m’avait un peu déroutée au début. Un sourire est plutôt agréable à regarder. Mais c’est juste, que vous n’aviez que cette expression sur le visage depuis notre rencontre alors cela a fini par attiser ma curiosité ; d’où ma question »
« Et c’est une question très pertinente. Je vais vous en donner la raison. J’ai toujours ce sourire parce que dans ma communauté, nous ne connaissons ni la tristesse, ni la souffrance. Ainsi, nous sommes toujours heureux et c’est pourquoi nous souhaitons faire montrer cette belle image de nous vis-à-vis de vous les Terriens. D’où ce sourire constant sur notre visage. C’est une conception que nous avons adoptée et que nous souhaitons perdurer »
« C’est une belle conception, je trouve. Merci pour cette explication Cortana »
« Merci à vous Jessica. À présent, je dois vous quitter. J’ai été très heureuse de faire votre connaissance. Je comprends tout à fait qu’au début, vous ayez eu peur de moi lors de notre rencontre. Surtout ne changez rien, Jessica. Vous êtes quelqu’un de bien et de bien belles choses vous attendent encore sur votre Terre, sachez-le »
« Merci Cortana »
« Merci à vous. Je suis navrée mais il est temps que je m’en aille maintenant. Je vous dis donc au-revoir et peut-être à bientôt. Et n’oubliez pas tout ce que je viens de vous dire »
« Promis. Au-revoir Cortana ! »
Dans le désert inondé d’une douce lumière mauve, les deux jeunes femmes étaient en train de se dire au-revoir. À proximité d’elles, le globe terrestre était toujours en apesanteur et totalement immobile.
L’instant était très émouvant, si bien que Jessica ne put s’empêcher d’avoir quelques larmes aux yeux.
Elle n’aurait jamais crû dans sa vie pouvoir tomber sur une telle personne dans ce désert immense.
Une personne qui au prime abord lui avait fait peur mais qui par la suite lui avait donné une belle leçon de vie.
Une personne venue d’ailleurs qui avait de bien belles valeurs. Une rencontre unique et des plus improbable qu’elle n’oublierai jamais.
« Au-revoir Cortana ! Et merci pour tout »
« Au-revoir Jessica »
Suite à ces mots, Cortana s’avança vers le globe terrestre et le prit à nouveau entre ses si grandes mains puis tourna la tête en direction de Jessica pour lui adresser un dernier au-revoir avec le plus beau des sourires.
Jessica lui rendit le sien avec une certaine émotion…
À cet instant précis, elle pensa qu’elle n’oublierai jamais ce visage si souriant…
Leurs regards se croisèrent pour la dernière fois…
À présent, Cortana était en train de se concentrer tout en regardant le ciel mauve étoilé. Ça y est, elle était fin prête à partir pour rejoindre sa planète Uranus où tous ses congénères l’attendaient.
L’air triste, Jessica la suivait du regard. Une larme venait de couler sur sa joue.
Le globe terrestre entre ses mains ; les pieds de Cortana commencèrent à se surélever lentement du sol sablonneux jusqu’à ne plus le toucher puis se retrouvèrent en apesanteur, à quelques mètre au-dessus de Jessica.
Elle se concentra quelques secondes avant de subitement se propulser vers le haut telle une fusée et fendre les airs à une vitesse vertigineuse.
En un clignement d’œil, elle venait de totalement disparaître…
Dans le ciel mauve étoilé, seule la trace d’une longue traînée blanche et vaporeuse pouvait encore témoigner de son passage éclair mais dans quelques minutes, elle aussi ne tarderait pas à s’effacer…
Cortana était bel et bien partie et Jessica se retrouverait à nouveau seule dans ce vaste désert aride.
Elle détourna son regard du ciel puis ramassa sur le sable la pièce de puzzle ainsi que la carte de visite qu’elle rangea directement à l’intérieur de la grande poche avant de sa longue tunique. Comme la pièce du puzzle était beaucoup trop grande ; elle dépassa légèrement de sa poche.
À cet instant précis, elle ne savait pas trop quoi faire alors elle décida de marcher comme elle l’avait fait au début de son aventure.
Le temps s’écoula sans que rien ne se passa.
Les rayons ardents du soleil étaient peut-être absents mais la chaleur, elle ; était toujours autant omniprésente…
Les coups de vents s’étaient atténué et se faisaient de plus en plus rare.
Tout en marchant, Jessica jetait de temps en temps un regard furtif au ciel mais aucun homme robot ne semblait vouloir en tomber…
Lorsqu’elle était en compagnie de Cortana elle n’avait plus du tout éprouvé cette soif qui l’avait tant gênée lors de sa marche à travers ce désert mais voilà qu’à présent, cela lui reprenait… Mais pourquoi donc ?
Elle avait de nouveau cette folle envie de boire un grand verre de coca-cola bien glacé tellement son gosier était sec alors qu’en la présence de Cortana, pas du tout…
Comme tout cela était étrange et incompréhensible…
C’était un point dont elle n’arrivait pas encore à éclaircir et qui l’agaçait car cette soif l’empêchait de bien terminer son aventure…
Elle commençait à se décourager lorsque soudain elle entendit un son qui provenait du ciel. Le son s’amplifia de plus en plus. Il s’agissait d’une mélodie. Une musique qu’elle connaissait bien et qu’elle aimait particulièrement. Elle l’écouta tout en scrutant le ciel mauve étoilé.
Comme cette musique était belle ! Mais comment diable avait-t-elle pu surgir de ce ciel ? Il n’y avait point d’appareils pour pouvoir la transmettre. Encore une fois, une bizarrerie de ce désert…
Elle s’était arrêté de marcher et écoutait la douce mélodie en ne cessant de scruter les moindres recoins du ciel. Toujours pas d’homme robot…
Elle avait parlé trop vite. Soudain la musique s’arrêta. Au milieu du ciel, surgi comme par enchantement, le fameux Android. Mais ce qui était encore plus bizarre, c’est qu’il n’avait pas de tête.
Elle ne s’attendait vraiment pas à ça et fut quelque peu décontenancée. Encore une fois, il faudrait qu’elle fasse avec et qu’elle accepta cette bizarrerie hétéroclite… De toute façon, elle n’avait guère le choix…
L’homme android tenait à la main droite un grand parapluie ouvert de couleur rouge qui lui permettait de voler et de descendre du ciel avec plus ou moins de rapidité selon les caprices du vent.
Ainsi, il évoluait tranquillement dans les airs telle la célèbre Mary Poppins et n’allait plus tarder à atterrir.
Au fur et à mesure qu’il se rapprochait davantage d’elle et du sol sablonneux ; Jessica lui trouva une allure des plus austère mais néanmoins très élégante. Il portait un costume trois pièces de couleur sombre avec une cravate qui semblait être grise ainsi que des chaussures noires.
Elle avait vraiment hâte de se retrouver enfin face à lui mais avait tout de même une certaine appréhension vu qu’il n’avait pas de tête.
De toute façon, elle le saurait bien assez vite vu que dans une poignée de quelques secondes il toucherait bientôt le sol…
Ce qui fut le cas…
L’homme Android venait d’atterrir en douceur dans un nuage de poussière sous le regard quelque peu inquiet de Jessica.
Soudain, les rebords du tissu de son parapluie se mirent étrangement à brûler.
« Votre parapluie est en train de brûler ! » lui cria t-elle affolée.
L’Android qui tenait toujours dans sa main droite la poignée de son parapluie, ne réagissa pas. Il faut dire qu’il n’avait ni tête, ni oreilles… La communication promettait d’être compliquée…
« Votre parapluie ! Il est train de brûler ! » répéta-t-elle en criant un peu plus fort.
À présent, les petites flammèches étaient devenue de grandes flammes et elles léchaient dangereusement une large moitié du tissu du parapluie. Bientôt elles finiraient par l’envahir totalement.
Prise de panique, Jessica allait de nouveau crier très fort lorsque soudainement, L’homme Android lança à quelques mètres de lui le parapluie en flamme.
L’avait-il entendu ? Un peu abasourdie, Jessica regarda cet étrange homme sans tête qui à présent, marchait d’un pas décidé vers elle.
Pendant ce temps là, non loin d’eux, le parapluie continuait toujours de se consumer et au bout de quelques secondes, il ne resta de lui qu’une carcasse noircie et fumante qui reposait sur le sable ocre.
L’Homme se retrouva maintenant face à elle.
« Je vous avais bien entendu Jessica » dit-il subitement. « Je savais parfaitement que mon parapluie était en train de brûler et je l’aurai évidemment jeté. C’est toujours ainsi, lorsque nous venons à Strangia. Les parapluies finissent par s’enflammer » continua-t-il dans une voix qui semblait sourire.
Un Android qui fait maintenant de l’humour se dit Jessica en virant les yeux au ciel. J’aurai vraiment tout vu dans ce désert…
Un peu perplexe, Jessica regarda l’homme sans tête en se demandant d’où pouvait bien sortir le son de sa voix. En l’observant, elle remarqua que son cou était fermé à l’horizontal d’un couvercle rond qui semblait être de l’acier.
« Vous me paraissez un peu perdue et inquiète » dit L’Android d’un ton amusé. « Mais rassurez-vous, tout se passera bien » ajouta t-il.
Jessica ne savait quoi lui répondre.
Voyant qu’elle restait sans voix, L’Android continua sur le même ton :
« Avant que vous ne me posiez la question qui vous taraude l’esprit ma chère Jessica, je préfère anticiper. Voilà, en ce qui concerne ma voix ; elle provient de l’intérieur de mon cou. C’est une sorte de boîtier électronique implantée sur la paroi de ma gorge et qui me permet de parler mais aussi d’entendre. Ainsi je peux engager une conversation et écouter tous types de sons. Maintenant, en ce qui concerne mes yeux, vous ne pourrez pas les voir non plus. Ils se trouvent sur ma gorge et non à l’intérieur de celle-ci. Ce sont des lentilles oculaires ultra perfectionnées et invisibles à l’œil nu qui me permettent de voir mais aussi de mémoriser tout ce que je regarde par des images photographiques que j’ai la possibilité d’enregistrer via mon disque dur interne qui se situe à l’intérieur de mon corps »
« wahou !! J’avoue que je n’en reviens pas ! Et donc vous m’entendez et vous me voyez ? »
« Oui, tout à fait. Et je peux vous dire que ma vue est excellente et que mon ouïe est très fine. Tout à l’heure, je vous ai vu virer les yeux au ciel »
« Wahou !! Tout à fait surprenant ! Je suis désolée pour tout à l’heure… »
« Il n’y a pas de souci. Il faut dire que vous ne vous attendiez pas à tomber sur un Android sans tête »
« Oui, c’est vrai. Mais en ce qui concerne votre adorat ? Vu que vous n’avez pas de nez. Comment avez-vous su que votre parapluie brûlait ? »
« Il est vrai que je n’ai pas de nez et donc aucun sens de l’odorat mais je possède un détecteur de fumées à l’intérieur de mon cou qui me prévient en cas d’éventuelles fumées d’incendie ou encore chimiques. Le détecteur me renseigne également sur la nature de l’incendie. C’est pourquoi, tout à l’heure, je savais que c’était mon parapluie qui brûlait. De toute façon, à chaque fois que je viens ici, c’est comme ça à cause de l’air qui est trop chaud… »
« Ah, d’accord… Je comprends mieux. Votre créateur vous a bien conçu »
« Oui, c’est vrai. Et vous savez, j’éprouve également certaines émotions comme les humains. Je peux faire de l’humour, être triste ou encore avoir peur. Pas mal d’émotions en somme qui font parti de ma base de donnée informatisée mais par contre je ne connais pas le sentiment amoureux. Cela n’a pas été inclus dans ma programmation lors de ma création. Ce qui veut dire, que je ne serai jamais totalement comme vous ou encore Cortana »
« Vous connaissez Cortana ? Elle m’a parlé de vous avant son départ »
« Oui, je la connais. Mais que depuis une trentaine de minutes seulement »
« Comment ça ? Je ne comprends pas »
« Eh bien, je l’ai rencontré dans le ciel lors de mon voyage en parapluie. J’avais pour mission de visiter une planète inconnue lorsque je suis tombée sur elle par hasard. Nous nous sommes alors entretenu ensembles durant quelques instants. Et au cours de cet entretien, elle m’a donné quelques instructions à votre sujet puis nous nous sommes quitté. Et me voici ici, maintenant avec vous »
« Et donc, elle vous a transmis ses instructions. Quelles sont-elles ? »
« Avant d’en arriver là, je tiens tout d’abord à me présenter. Je me nomme Titanium. Je suis un Android homme, entièrement conçu et créé par les Uranusiens. Ma fonction principale est de visiter les planètes inexplorées et inhabitées afin d’y découvrir éventuellement des vies extra-terrestre différentes de celle du peuple Uranusien et dans le même temps, d’y découvrir également des ressources naturelles qui y seraient cachées. J’ai pour instruction ensuite de rapporter sur la planète Uranus mes prélèvements d’échantillons organiques afin de les faire analyser ainsi que toutes mes recherches effectuées sous forme de films vidéos et de photographies. En quelque sorte, on peut dire que je suis un explorateur du futur »
« C’est un travail passionnant que vous avez. Mais ce n’est pas trop risqué d’aller explorer tout seul ces planètes inconnues ? Vous pourriez tomber sur un alien dangereux par exemple »
« Eh bien, cela dépend des planètes biensûr. Mais pour l’instant je ne suis jamais tombé sur un alien. Et puis je n’y vais pas toujours seul. Parfois, je peux y aller en binôme selon les directives de mes créateurs et le type de mission. Mais je dois avouer que j’aime effectuer mon travail en solitaire ; cela ne me pose aucun problème »
« Et il y en a beaucoup des comme vous ? »
« Non, nous ne sommes que 4 sur la planète Uranus »
« Mais sans tête ? Avec les même particularités physique que vous ? »
« Oui, exactement pareil et du même sexe. Nous sommes également habillés de la même façon »
« Et vous êtes construit à partir de quelle matière ? »
« De l’acier, du verre, du métal et des fils électroniques. On ressemble un peu à des ordinateurs hybrides »
« Mais pourquoi avez-vous été conçu sans tête ? »
En entendant la question, Titanium se mit à rire.
« Eh bien… Je savais que vous finiriez par me poser cette question et c’est bien normal, d’ailleurs. Nous avons été conçu ainsi pour créer un effet de surprise où encore attiser la curiosité. En n’ayant pas de tête, nous déstabilisons tout être vivant et forcément nos adversaires où ennemis si jamais nous en croisions sur notre route lors de nos explorations dans les planètes inconnues. De cette manière, nous nous protégeons et nous anticipons tous les mauvais coups. N’avoir pas de tête comme vous les humains ou encore les Uranusiens est en quelque sorte notre force et notre différence »
« Je comprends et je dois bien reconnaître que cette différence n’est vraiment pas commune. Bravo à votre concepteur qui a eu une idée très originale »
« Merci Jessica. Cortana ne s’était pas trompé sur vous en me disant que vous étiez une personne tolérante et ouverte d’esprit »
« Elle vous a dit ça ? »
« Oui et elle a rajouté également que vous étiez une personne bien »
« J’en suis touchée et je dirais la même chose sur elle. C’est une personne qui a beaucoup de sagesse. Mais dites-moi, jamais encore vous ne l’aviez rencontré sur la planète Uranus ? »
« Non, jamais. Mais vous savez, on ne se connaît pas tous à Uranus. C’est une grande planète »
« Oui, c’est vrai, vous avez raison… »
« À présent Jessica, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, j’aimerais passer à la mission « MESSAGE » à laquelle je suis chargé. C’est ainsi que Cortana l’a nommée. Peut-on commencer ? »
« Oui, biensûr… Allez-y »
« Très bien. Voici les instructions : Premièrement, vous devez me remettre les 2 interprétations et une fois que ce sera fait, en deuxième étape, je vous poserai quelques questions à ce sujet. Vous êtes prête ? »
« Oui, je suis prête »
« Pouvez-vous me remettre les 2 interprétations s’il vous plaît ? »
« Oui, attendez »
Jessica sortit les 2 interprétations de la grande poche de sa tunique puis les tendit à Titanium qui les prit l’une après l’autre.
Ainsi la pièce de puzzle de L’Afrique se retrouva dans sa main droite tandis que l’autre maintenait la carte de visite.
Soudain, la plaque d’acier ronde qui recouvrait le dessus de son cou à l’horizontal s’ouvrit telles les portes d’un ascenseur et laissa apparaître un véritable trou béant qui ressemblait à un gros tuyau ouvert à son embout.
Comme elle était à sa hauteur et juste en face de lui ; elle put voir aisément ce qu’il y avait à l’intérieur de ce gros tuyau. Sur les parois, il y avait tout un tas d’enchevêtrement de fils électroniques tandis qu’au centre, il n’y avait rien du tout.
Soudain, sous ses yeux ébahis, elle vit les deux mains de Titanium se lever au-dessus de son cou et jeter simultanément la pièce de puzzle ainsi que la carte de visite à l’intérieur de celui-ci.
Les 2 interprétations venaient d’être engouffrées comme si elles avaient été littéralement avalées…
« Voici, c’est fait » dit Titanium. « À présent, je vais vous poser quelques questions. Vous êtes prête Jessica ? »
Jessica se remit un peu de ses émotions. Ce n’était pas si évident de devoir revenir à la réalité après ce qu’elle venait de voir…
« Oui, je… Enfin, oui, je suis prête » balbutia t-elle.
L’Android, lui, semblait imperturbable et continuait sa mission.
« Pouvez-vous me dire tout ce qui vous vient en tête concernant l’une de ces interprétations s’il vous plaît ? Vous commencez par celle que vous voulez »
« Heu… Oui… Eh bien… Je vous parlerai de la pièce de puzzle qui représente l’Afrique. Je ne sais pas si cela a un rapport quelconque mais bon je me lance. Autrefois, je faisais pas mal d’expatriations à l’étranger et notamment en Afrique. Peut-être que cela a un lien avec le message que je dois recevoir. Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire à ce sujet »
« Très bien. Pour l’instant, vous vous en sortez plutôt bien Jessica. Bon, maintenant, parlez moi de la seconde interprétation. Dites-moi tout ce qui vous passe par la tête. Je vous écoute »
« Eh bien… Il s’agit d’une carte de visite de couleur bleue ciel. Sur le recto, je me souviens qu’il y avait le dessin d’un trèfle à 4 feuilles. Pour moi, le trèfle est synonyme de chance et de porte bonheur. Sinon, je ne vois vraiment pas ce que je pourrais dire de plus à ce sujet. Par contre, je me souviens que sur le verso de la carte, il y avait écrit en lettre majuscules et caractère gras le mot : RUOSIS. Mais que vous dire là-dessus ? Pendant que je marchais dans le désert, je me suis beaucoup trituré le cerveau en ce qui concernait cet étrange mot et à force de chercher en inversant les lettres de leur place, j’ai réussi à trouver le nom d’un animal et je pens… »
« Stooop !! Arrêtez-vous !! Ne me dîtes pas le nom de cet animal ! » cria subitement L’Android comme si une mouche venait de le piquer.
« Mais pourquoi ? » s’écria Jessica. « Je ne sais même pas si j’ai trouvé le mot juste » ajouta t-elle.
« Je peux vous affirmez que vous avez trouvé le mot juste. Maintenant, ma mission est presque terminée. Écoutez bien la suite des instructions. Vous êtes prête ? »
« Oui, je crois »
« Très bien. Allons y. Dans un premier temps, vous devrez bien fermer vos yeux puis dans un deuxième temps, vous devrez crier très fort le mot : RUOSIS en le répétant 3 fois d’affilée tout en pensant dans votre tête au nom de cet animal que vous m’avez dit avoir trouvé. Une fois que vous aurez fait à la lettre toutes ces instructions ; il se passera un phénomène et à partir de ce moment-là, vous découvrirez enfin votre surprise comme vous l’avait annoncé Cortana »
« Heu… Excusez-moi. Avant de faire tout ceci ; il y a un point sur lequel j’aimerais revenir. Il s’agit du message. Au cours de mon aventure, le globe terrestre m’avait transmis 2 interprétations que je devais décoder pour trouver le message qui m’était destiné mais le problème c’est que je n’ai toujours pas trouvé de quoi il s’agissait. J’ai eu beau chercher mais en vain. Connaissez-vous ce fameux message qui m’est destiné ? »
« Non, je ne connais pas ce message Jessica. C’est à vous de le découvrir. Soyez certaine que je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir vous aider mais ce sont les règles du globe terrestre »
« Bon, tanpis… Ce n’est pas grave. Je me débrouillerai. Désolée de vous avoir retardé »
« Il n’y a pas de mal Jessica. Je suis certain que vous trouverez bientôt la réponse à cette énigme »
« Je l’espère aussi »
« Pouvons-nous continuer la mission ? »
« Oui. Alors je récapitule pour ne pas me tromper. Je dois bien fermer les yeux et crier fort le mot : RUOSIS en le répétant 3 fois d’affilée tout en pensant au nom de l’animal que j’ai trouvé. C’est bien ça ? »
« Oui, c’est bien ça Jessica. Et ne trichez pas au moment de fermer les yeux. Vous devrez les garder bien fermés. C’est très important, sinon vous gâcheriez tout. D’accord ? »
« Je ne tricherai pas. Je vous le promet »
« Très bien, je suis heureux de l’entendre. Avant de poursuivre, je voulais vous dire que j’ai été très heureux de faire votre connaissance Jessica. Et enfin, j’espère que votre surprise vous plaira »
« Merci beaucoup. Moi aussi j’ai été contente de vous connaître. Et en ce qui concerne la surprise, j’ai hâte de la découvrir »
« Alors, ne tardons plus ! Lorsque je crierai TOP ! Vous y allez. Compris ? »
« OK, j’ai bien compris »
Quelques secondes s’écoulèrent lorsque soudain elle entendit le fameux TOP ! Vite, elle ferma bien les yeux et suivi les instructions à la lettre.
Les paupières toujours closes, elle se demandait à quel moment elle pourrait enfin les rouvrir. Pour plus de sécurité, elle préféra attendre quelques instants. Son cœur battait la chamade et sa respiration était saccadée. Qu’allait-il bien se passer ?
N’y tenant plus et estimant qu’elle avait suffisamment laissé de temps s’écouler, elle ouvrit aussitôt les yeux. Et ce qu’elle vit la stupéfia…
« Oh Mon Dieu ! »s’écria t-elle, une main recouvrant sa bouche tellement son émotion était forte.
L’homme robot avait totalement disparu. À sa place, sur le sable, se trouvait une petite boule blanche qui remuait un peu. C’était un petit chaton tout blanc qui était dressé sur ses quatre pattes et qui semblait un peu perdu.
Rapidement, elle s’approcha de lui, se pencha et le prit avec douceur dans ses bras.
« Comme tu es beau ! Fais-moi voir tes jolis yeux » s’extasia t-elle en rapprochant son visage de sa petite tête blanche.
Le chaton avait des yeux d’un bleu magnifique à faire fondre n’importe quel être humain y compris ceux qui n’aimaient pas les chats.
Quant à son pelage à poils courts, il était d’un blanc immaculé.
Soudain, il fit un petit miaulement si faible que Jessica aurait pu ne pas l’entendre si elle n’avait pas rapproché son visage tout près de son museau.
Visiblement, il avait un peu peur d’elle alors pour le rassurer, elle lui caressa sa petite tête toute blanche tout en lui murmurant des mots doux.
« Ne t’inquiète pas mon joli chaton. N’ai pas peur, maman est là pour te protéger »
« Miaou, miaou » miaula le chaton qui à présent la fixait de ses petits yeux bleus en amande.
« Tu es si mignon. Je ne m’attendais pas du tout à toi. Quelle Belle surprise »
Elle fit un petit bisou sur le bout de sa petite truffe rose qui était bien fraîche et un peu humide ; signe qu’il se portait bien et qu’il était en bonne santé.
« Oh ! Je t’aime déjà, toi »
« Miaou » miaula à nouveau le chaton qui avait à présent appuyé sa tête dans le creux de son avant bras replié. Il avait trouvé une place confortable et semblait beaucoup plus apaisé.
Ses petits yeux étaient fermés et il commençait à s’assoupir paisiblement.
Avec tendresse, elle regarda ce petit être qui ne tarderait pas à s’endormir. Il faut dire que c’était encore un bébé et qu’à cet âge-là, les chatons dormaient beaucoup.
Son ventre doux et soyeux reposant sur son avant bras ; elle pouvait ressentir toute sa chaleur corporelle ainsi que les battements réguliers de son cœur.
À ce moment-là, elle ne put s’empêcher de penser au passé et revit son chat Tootsy lorsqu’il n’était qu’un bébé et qu’il s’endormait alors dans ses bras tout comme celui-ci.
Elle souria puis caressa légèrement de son index le sommet de sa petite tête blanche qui était toujours enfouie dans le creux de son avant bras. Il dormait déjà à poing fermés.
****
La chanson du réveil de son smartphone entonna bruyamment « MYTH » de Beach House suivi quelques secondes après, de la douce voix robotisée féminine qui annonça : Il est 7H00.
La chanson reprit alors son cours. Cet air la mettait généralement toujours de bonne humeur et lui donnait l’envie de croquer la vie à pleine dent.
Assise sur le rebord de son lit, elle attendit de retrouver ses esprits puis prit son smartphone qui reposait sur sa table de nuit. Elle ouvrit son étui portefeuille puis toucha de son index la croix qui s’affichait sur l’écran pour éteindre la musique.
Au même moment, elle aperçu tout à fait en haut de l’écran les dernières notifications qui s’affichaient. Elle soupira. Il y avait encore de nombreux messages. Trop de messages. Elle prendrait le temps de les lire plus tard. Pour l’instant, elle immergeait de son réveil matinal…
Elle bailla longuement tout en s’étirant les bras et regarda à travers les persiennes, le soleil qui brillait déjà. Elle aimait la saison de l’été car le soleil se levait toujours tôt contrairement à l’hiver qui retardait son arrivée. De toute façon, elle avait toujours détesté l’hiver car la nuit tombait beaucoup trop vite à cette période de l’année ; ne laissant alors pas beaucoup de temps au soleil de pouvoir illuminer notre terre.
Le soleil lui rappelait son passé d’expatriation à l’étranger. Il lui faisait du bien et la réconciliait avec sa nouvelle vie en France. Il était tout simplement sa source lumineuse dont elle ne pouvait se passer.
Comme elle était en congés, elle profiterait encore de cette belle matinée.
Et aujourd’hui, elle avait prévu de s’occuper des fleurs de son jardin. Il fallait impérativement qu’elle arracha toutes les mauvaises herbes qui les avaient envahi et cela promettait d’être une tâche des plus laborieuse. Mais comme elle adorait ses rosiers, elle le ferait sans protester.
Tout en prenant son petit déjeuner elle repensa à son rêve d’hier soir. Elle se souvenait avoir rêvé à son chat Tootsy ainsi qu’à un immense désert.
Un désert dans lequel elle avait assisté à pas mal d’événements inattendus et quelque peu incongru. Un désert aride et si chaud qu’elle se souvenait avoir eu envie de boire à chaque fois, un grand verre de coca-cola tellement son gosier était sec.
Mais ce qu’elle avait le plus aimé dans son rêve avait bien été la séquence de la rencontre avec une jeune femme extra-terrestre qui avait su la mettre en confiance par sa grande gentillesse et son sourire permanent. Elle revoyait encore quelques bribes d’elle ainsi que du globe terrestre qu’elle tenait entre ses mains. Mais c’était à peu près tout ce dont elle se souvenait.
Il lui semblait aussi qu’il y avait une histoire qui tournait autour d’un certain message qu’on devait lui transmettre ; mais là aussi ça restait vague. Par contre, elle se souvenait très clairement de la fin de son rêve.
Il s’agissait d’un adorable chaton tout blanc avec de jolis yeux bleus qui ressemblait beaucoup à son chat Tootsy mis à part les yeux biensûr…
Le petit déjeuner terminé, Jessica sortit enfin dehors, une casquette de baseball sur la tête car les rayons du soleil promettaient de s’intensifier davantage au fur et à mesure que la matinée avancerait.
Soudain, elle se souvint qu’elle devait absolument jeter les 3 gros sacs de poubelle qu’elle avait laissé à l’intérieur de son garage. Et comme elle ne voulait pas s’en charger plus tard, elle décida de s’en occuper maintenant pour éviter de le faire après son travail de jardinage.
Sans plus attendre, elle s’empressa d’aller les chercher. Mais en en prenant un par son lien, elle trouva qu’il était déjà très lourd alors elle préféra abandonner les deux autres, le temps de jeter celui-ci.
Habituellement, elle était tout à fait capable d’en porter au moins deux à la fois pour s’éviter de faire trop d’aller et retour entre sa maison et l’emplacement des bennes à ordures mais là, elle était obligée de n’en porter qu’un à cause de la douleur de son poignet qu’elle s’était froissé il y a trois jours en élaguant ses cerisiers.
Elle soupira d’agacement car elle serait obligée de faire trois aller-retour ; ce qui ne l’arrangeait pas du tout.
Comme elle était têtue et quelque peu fainéante, elle essaya d’en porter deux à la fois à l’aide de sa main gauche mais constata très vite que ce n’était pas possible alors elle dû se résigner à n’en porter qu’un et devoir effectuer sans marmonner ses satanées aller-retour puisqu’elle n’avait guère le choix.
Les quatre bennes à ordures se trouvaient à plusieurs mètres de sa maison ; alignées en bordure de la route principale où son chat Tootsy s’était fait écrasé il y trois ans par un fichu chauffard qui n’avait même pas daigné s’arrêter pour au moins déplacer la petite dépouille et la mettre sur le bas-côté.
En regardant la route, elle se souvint encore du petit corps sans vie éclaboussé de sang qui se trouvait au milieu de la route et qu’elle venait à peine de découvrir en allant justement jeter ses poubelles aux alentours de 8H00 du matin. Un horrible matin d’hiver qu’elle n’avait pas pu oublier et qui par moment lui revenait encore à l’esprit.
Depuis, elle avait bien essayé d’oublier cet affreux épisode de sa vie mais de temps en temps, et très précisément lorsqu’elle allait jeter ses poubelles, elle y repensait.
Le chemin qui allait de sa maison aux bennes à ordures était relativement loin mais elle ne se découragea pas pour autant. Et puis le soleil était là pour lui réchauffer le cœur ainsi que les petits oiseaux qui chantaient gaiement dans les hauts arbres des jardins environnants.
Elle venait déjà de terminer de faire deux aller-retour et se réjouissait à l’avance d’en finir avec ce labeur qui n’était pas du tout sa tasse de thé.
« Ouf ! Ce sera bientôt terminé ! » soupira t-elle.
Le dernier sac de poubelle en main, elle marchait tranquillement sur le petit chemin de terre qui menait aux bennes à ordures lorsqu’elle aperçu au loin un homme qui venait à peine de sortir de sa voiture qui était garée sur le bas-côté de la route, tout près de la première benne.
Sa casquette de baseball lui cachait le visage et il semblait très pressé vu la manière dont il venait de se débarrasser en vitesse de la boîte en carton qu’il tenait entre ses mains.
D’ailleurs, à peine, Jessica venait d’arriver près des bennes qu’il était déjà reparti dans un crissement de pneu.
Encore un de ses fous qui devrait éviter de conduire se dit-elle en s’approchant de la première benne.
Elle souleva son couvercle d’où se dégagea une forte odeur nauséabonde.
« Berk ! Dieu que ça pue ! »
Vite, elle jeta rapidement son sac à l’intérieur. Mais avant de refermer le couvercle, elle cru entendre un petit bruit. Vu que la benne était trop haute, elle se hissa sur la pointe des pieds tout en maintenant de sa main gauche le couvercle ouvert. Elle bloqua sa respiration tant l’odeur était nauséabonde et commença à regarder à l’intérieur. Elle ne vit rien de particulier à part d’innombrables poubelles et une boîte de carton qui se trouvait juste au-dessus de toutes ces ordures. Elle attendit quelques secondes mais le fameux bruit qu’elle avait pourtant cru entendre ne réapparu plus.
Alors qu’elle s’apprêtait à fermer le couvercle, c’est alors qu’elle l’entendit à nouveau et cette fois-ci de manière plus distincte. Cela ressemblait fortement à un bruit étouffé d’un animal comme un râle et il semblait provenir de la boîte en carton…
Vite, sans plus attendre, elle tendit le bras pour pouvoir l’attraper tout en tenant de sa main gauche le couvercle de la benne.
Ce ne fut pas simple, surtout d’une seule main mais comme elle était tenace, elle finit par y arriver et réussit enfin à extirper la fameuse boîte de la benne à ordures.
À présent, elle la tenait bien fermement entre ses mains. Il s’agissait plus précisément d’une boîte à chaussures pour hommes vu la paire de mocassins qui était représentée dessus.
La boîte était enroulée de gros ruban adhésif marron et elle semblait très légère. Pourtant, il y avait bien un animal à l’intérieur vu qu’elle entendait par moment des bruits de frottements comme si celui-ci remuait. Par contre, elle n’entendit plus le râle de tout à l’heure..
Vite, elle s’accroupissa et déposa la boîte de carton sur le sol gravillonné puis à l’aide de ses ongles tenta de retirer une à une les bandes adhésives ; ce qui ne fut pas une tâche facile sans l’usage d’un objet coupant mais à force de persévérance, elle fini par y arriver.
Ça y est, elle venait de terminer de retirer tous les adhésifs.
Avec hâte, elle retira enfin le couvercle de la boîte à chaussures et ce qu’elle vit la fit presque tomber à la renverse tant elle ne s’y attendait pas.
Un petit chaton tout blanc et tout frêle aux yeux bleus la regardait. Il tremblait de tout son corps tellement il avait peur et son pelage était rempli d’une fine poussière qui ressemblait à de la terre.
Le contour de ses si jolis yeux étaient vraiment sales. Cela se voyait qu’on ne s’était pas du tout occupé de lui pendant un certain temps.
Elle déposa son index sur le bout de sa truffe. Fort heureusement, elle était humide et fraîche.
« Ouf… » soupira Jessica rassurée.
C’était déjà ça, vu que ce petit chaton était tout maigre. Quelqu’un s’était amusé à le maltraiter…
Soudain, elle se rappela le gars qui avait jeté la boîte de carton dans la benne.
Quel immonde fumier ! S’en prendre à un animal sans défense. Pourquoi, ne pas tout simplement le faire adopter plutôt que de le jeter comme une vieille chaussette. Les personnes de son espèce ne devraient pas exister. Ils devraient au contraire en finir avec eux-mêmes au lieu de s’acharner sur des animaux.
Vite, sans attendre une minute de plus, elle décida de ramener chez elle sa petite merveille à l’intérieur de cet immonde carton qui aurait pu l’étouffer et qu’elle piétinerait bien volontiers mais plus tard…
Tout le long de son trajet qui menait à sa maison, elle repensa à son rêve d’hier soir. Elle venait de se souvenir du fameux message que le globe terrestre devait lui transmettre.
S’agissait-il de cet adorable chat qu’elle venait de récupérer à l’intérieur de la benne à ordures ?
Il semblait que oui lorsqu’elle regarda les jolis yeux bleus qui ne cessaient de la fixer.
Soudain, elle se rappela de certains bribes de son rêve qu’elle avait oublié et qui venaient à l’instant de lui revenir en tête.
Les mots « RUOSIS », « AFRIQUE » et « TREFLE » clignotèrent dans son esprit tels les ampoules lumineuses de Noël.
« Mais biensûr ! » s’exclama t-elle tout haut.
Tout concordait parfaitement.
La pièce de puzzle de L’Afrique correspondait au premier chat qu’elle avait eu pour la première fois en Guinée à Conakry.
En ce qui concernait le trèfle qui était dessiné sur le recto de la carte de visite ; cela voulait dire qu’elle aurait bientôt eu la chance et le bonheur d’avoir un chat.
Quant au mot RUOSIS qui était écrit en lettre majuscules et caractères gras sur le verso de la carte ; il fallait tout simplement inverser les lettres et les mettre dans le bon ordre afin d’obtenir le nom d’un petit rongeur qui n’était autre que la souris.
Tout le monde sait très bien que les chats aiment bien leur courir après juste pour s’amuser ou encore dans le pire des cas, les attraper pour les manger….
C’est alors qu’un large sourire éclaira le visage de Jessica.
À présent, le soleil ne serait plus le seul à lui réchauffer le cœur.
Désormais, cette adorable merveille qui venait de lui tomber du ciel serait son plus grand bonheur…
Je me souviens encore d’un joli souvenir de mon enfance passée en Guinée à Conakry. C’était dans les années 88 et j’avais 11 ans. Mon petit frère, quant à lui était âgé de 10 ans.
Maman adorait nous faire découvrir tout ce qui était en relation avec la nature : aussi bien dans le domaine végétal qu’animal.
Depuis que nous vivions en Guinée, nous avions déjà appris pas mal de choses sur ces divers sujets et je dois bien avouer que nous aimions bien les découvrir au fur et à mesure car en matière de bestioles, la Guinée en regorgeait de toutes sortes.
Et il ne fallait pas aller bien loin pour pouvoir les observer.
En effet, le jardin de notre maison de fonction était un véritable sanctuaire pour dénicher diverses espèces d’insectes…
Mon frère et moi étions à un âge où nous voulions tout savoir sur le règne animal et végétal. Quoique pour ma part, je préférais de loin les végétaux…
Par contre, mon frère lui, aimait bien les deux (le monde végétal et animal) et en savait déjà un rayon par rapport à moi car il se documentait beaucoup concernant ces deux sujets qu’il affectionnait particulièrement.
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L’expérience :
Ce jour-là, je m’en souviens encore comme si c’était hier. Maman voulait nous faire montrer une petite expérience qu’elle avait faites déjà elle-même lorsqu’elle était enfant et qu’elle vivait à Madagascar à Namakia.
A cette époque là, elle avait à peu près le même âge que nous et aimait bien explorer la nature et ses insectes environnants.
Il fut donc primordial pour elle de nous faire montrer à son tour, ladite expérience et je dois bien avouer que nous étions déjà très excités et impatients, mon frère et moi, de pouvoir enfin la découvrir…
Avant de nous entraîner dehors, elle prit une grosse boîte d’allumettes vide qu’elle transporta avec elle et nous dit qu’elle en aurait besoin au moment voulu.
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Exploration dans notre jardin :
Maman, mon petit frère et moi sortîmes donc dehors et nous retrouvâmes dans notre charmant jardin puis elle nous dit sans plus attendre qu’elle était à la recherche d’une chenille à papillons pour pouvoir réaliser sa fameuse expérience.
Au bout de quelques instants, elle finit par en trouver une qui était collée à l’envers sur une des feuilles d’un petit arbuste.
Elle commença alors à la décoller tout doucement car elle était fragile et qu’il ne fallait pas trop la manipuler avec les doigts puis, une fois décollée de sa feuille, elle la déposa bien délicatement à l’intérieur de la boîte d’allumettes qu’elle tenait toujours dans sa main.
La chenille en question s’était déjà enroulée dans son cocon de soie et remuait encore légèrement à l’intérieur de celui-çi car elle n’était pas tout à fait arrivée au stade de sa transformation en chrysalide.
En effet, maman voulait tout d’abord nous faire découvrir l’évolution de celle-çi lorsqu’elle s’était à peine enturbannée dans son fil de soie.
C’est pourquoi, elle avait fait exprès de la choisir à ce stade de mutation afin que nous puissions observer par la suite, chaque détail de sa future transformation…
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Petite parenthèse : La chenille :
La chenille est la larve éruciforme des papillons. Certains hyménoptères dont les larves ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausse-chenille.
La chenille, une fois arrivée à son plein développement, s’enveloppe dans un cocon afin de se transformer en chrysalide qui va à son tour devenir l’insecte adulte.
Seules certaines espèces de chenille tissent autour d’elles un véritable cocon pour se mettre à l’abri en vue de leur nymphose (la nymphose étant le passage à l’état de nymphe, que l’on appelle chrysalide chez les papillons).
D’autres se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie, fil sécrété de la même manière, mais en faible quantité.
D’autres encore s’enterrent dans l’humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c’est le cas de la plupart des Sphinx.
Tête
Thorax
Abdomen
Segment
Corne post-abdominale
Fausses pattes
Stigmate
Pattes
Pièces buccales
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Observation de la bestiole :
En ce qui concernait notre petite expérience, notre chenille avait d’ores et déjà tissé autour d’elle son fameux cocon (pas dans son intégralité) si particulier qui était encore transparent et pas tout à fait opaque puisqu’on pouvait encore la voir à l’intérieur.
En effet, je pouvais aperçevoir son étrange petite tête ainsi que son corps de couleur vert clair qui continuait à se mouvoir dans sa fine enveloppe blanchâtre.
A l’intérieur de son fin cocon, la bestiole semblait tout droit venir de la planète Mars tellement elle avait un drôle d’aspect. On aurait dit un petit alien…
Cela me faisait bizarre de pouvoir l’observer ainsi en direct, sur toutes les coutures et non dans un documentaire animalier.
C’était bien plus intéressant et je dois bien avouer assez fascinant de la regarder et de la jauger dans les moindres détails.
Elle paraissait à la fois forte et fragile : d’une part à cause de son cocon dont elle était prisonnière mais d’autre part, bien vivace lorsque qu’elle remuait de temps en temps à l’intérieur de celui-çi.
En somme, ce petit être si bizarre et si petit soit-il avait déjà une certaine force de caractère qui ne nous laissait pas indifférent, mon frère et moi.
Elle avait réussi à attiser notre grande curiosité et nous étions déjà très impressionnés par elle…
Mais il n’empêche qu’elle me faisait également un peu peur étant donné que je n’aimais pas trop le monde des insectes…
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La bestiole dans sa boîte d’allumettes :
Notre petite trouvaille à l’intérieur de sa boîte d’allumettes légèrement entrouverte ; maman, mon petit frère et moi rentrâmes à nouveau à l’intérieur de notre maison.
Maman déposa la boîte sur l’une des étagères du grand buffet de notre salon. Ainsi, nous pourrions voir facilement l’évolution de la fameuse chenille lorsque nous le souhaiterions…
« Voilà les enfants. Vous avez vu que la chenille remuait encore à l’intérieur de son cocon. Ensuite, de plus en plus, elle va le consolider pour se transformer enfin en une chrysalide » dit-elle en nous souriant.
Olivier était beaucoup plus curieux que moi et lui demanda presque aussitôt :
« Maman ? Est-ce que la chenille va bien respirer ? »
« Mais oui Olivier. Regarde, j’ai laissé entrouverte la boîte pour justement qu’elle ait son oxygène. Ne t’inquiète pas. Tout ira bien pour elle jusqu’à ce qu’elle se transforme en chrysalide »
« Chouette ! On verra toute sa transformation alors ? » dit-il dans un large sourire.
« Eh oui mon Coco ! Toi et ta soeur pourrez voir toute son évolution en direct. Ce sera bien mieux qu’un documentaire télévisé ! »
En ce qui me concernait, je n’osais pas trop toucher la boîte où était logée cette étrange bestiole mais cela m’intéressait tout de même. Il est vrai que je n’aimais pas trop le monde des insectes mais en ce qui concernait celle-çi, j’avais envie de connaître son évolution.
Et puis maman m’avait assuré que la bestiole en question ne pourrait guère s’enfuir vu que la boîte d’allumettes n’était que légèrement entrouverte. D’ailleurs, en voyant mon air inquiet, maman se mit à rire.
« Mais ne t’inquiète pas Cécile ! Tu vois bien que cette chenille est enroulée dans son cocon. En plus, bientôt elle ne bougera plus du tout. Crois-moi, tu ne risques rien. Et lorsqu’elle commençera à sortir de son cocon, maman t’a déjà dit qu’on irait ensemble dehors pour qu’elle puisse déployer ses ailes. D’accord ? Tu es rassurée maintenant ma Poupoule ? »
« Oui, maman » dis-je dans un timide sourire quelque peu crispé.
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Olivier, contrairement à moi était fou de joie. De temps en temps il ne pouvait pas s’empêcher de regarder par l’ouverture de la boîte pour y observer notre petite chenille.
Une fois qu’il l’avait pour la énième fois observée sur toutes les coutures ; il revenait alors en sautillant vers moi qui était sagement installée dans le canapé du salon en train de jouer à un jeu vidéo puis invariablement il me disait avec beaucoup d’enthousiasme :
« Cécile ! J’ai encore regardé la chenille. Elle remue toujours un peu. J’ai hâte qu’elle devienne une chrysalide comme maman nous a dit »
Sachant qu’il affectionnait particulièrement le monde des insectes, je lui demandais alors :
« Et tu sais ce que c’est une chrysalide ? »
« Biensûr. Maman nous a déjà expliqué. Et puis j’ai aussi appris en lisant mon magazine « Sciences et vies Junior ». Tu sais, c’est trop incroyable ces bêtes là ! Moi, en tout cas je les aime bien. Et toi ? »
« Oui ça va. De toute façon, maman a dit que la chenille ne pouvait pas s’enfuir de la boîte… » dis-je avec une pointe d’appréhension dans la voix.
« Pfff ! N’importe quoi ! Tu vas pas avoir peur aussi de cette chenille ! Bientôt, elle ne pourra plus bouger du tout. Et puis maman nous a dit qu’elle ne voulait pas qu’elle sorte totalement de sa chrysalide lorsqu’elle deviendra un papillon. T’as rien à craindre du tout Cécile ! Je t’assure ! T’es trop inquiète toi ! Allez, viens la voir de plus près avec moi » dit-il en m’attrapant déjà par le bras.
« Oui ! Attends, j’éteins d’abord mon jeu vidéo puis je viens tout de suite la voir avec toi » dis-je un peu à contre-coeur.
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Quelques instants après, j’étais à ses côtés en train d’observer l’étrange bestiole qui n’était vraiment pas jolie…
Quant à mon frère, lui, il semblait totalement sous le charme de ladite bébête. Il en était littéralement fasciné.
J’aimais bien le regarder en train de s’extasier et s’exclamer au sujet de celle-çi. Il faut dire qu’il adorait tout ce qui se rapportait à la nature. Tout l’intriguait à ce sujet. Le monde des insecte l’émerveillait. A ce sujet, il ressemblait énormément à maman lorsqu’elle avait son âge. Il était d’ailleurs autant curieuse qu’elle et voulait toujours tout savoir et plus particulièrement sur ces chères insectes…
Oui, j’aimais bien le regarder en train d’observer notre chenille. C’est pourquoi il est tellement facile pour moi de vous raconter dans les moindres détails ce joli souvenir de mon enfance.
Pendant qu’il observait la bestiole, moi, j’immortalisais cet instant dans un coin de ma tête tout en ne sachant pas qu’un beau jour j’aurais souhaité le retranscrire à l’écrit et qui plus est dans le vaste monde du virtuel.
Et puis, comme je vous l’avais déjà dit dans un de mes nombreux articles de souvenirs, Olivier ne m’avait jamais fait un sale petit tour de gamin comme le font certains petits frères envers leurs soeurs.
Non, je dois bien avouer qu’il n’était pas du tout comme ça. Il savait que j’avais peur des insectes et que j’en avais une sainte horreur ; d’ailleurs il s’en moquait parfois mais jamais il n’allait plus loin que ça en m’en lançant une sur moi par exemple. Non, et fort heureusement d’ailleurs, sinon je n’aurais guère apprécié et cela aurait valu à mes yeux, d’être une trahison, ni plus, ni moins !
Bref, j’étais surtout intriguée par mon jeune frère.
Le voir autant passionné par ces étranges bestioles me sidérait quelque peu mais je finissais par m’y adapter. Sans doute était-ce déjà l’amour inconditionnel d’une soeur aînée envers son petit frère car il faut bien que je l’avoue, j’était totalement attendrie par lui.
C’était disons plutôt lui qui me fascinait autant que la petite bestiole.
Et vous me diriez alors pourquoi ? Tout simplement parce que d’une part je l’aimais et que d’autre part, je le trouvais très débrouillard pour son jeune âge et très vif d’esprit.
C’était déjà un véritable trombe de l’air qui adorait explorer, s’aventurer, trifouiller, fouiner sans peurs ni craintes dans à peu près tout et n’importe quoi… Un vrai petit aventurier qui était avide de savoir et de tout connaître sur notre belle et si vaste nature…
J’étais tout l’inverse, c’est pourquoi je l’admirais tant car contrairement à lui, je n’étais pas une fanatique de la nature et encore moins des insectes…
Non, moi c’était de grimper sur MON MANGUIER VOYAGEUR, de me jucher sur la plus haute des branches afin d’admirer le ciel, les nuages, les oiseaux, l’océan, les vagues, ressentir le vent, laisser les rayons du soleil me chauffer le visage et le corps et observer de temps en temps, mon cher petit frère en train de jouer en bas sur la terre ferme avec tous ces étranges insectes…
Je lui laissai bien volontiers ce plaisir et préférais le regarder du haut de mon arbre, en train de s’extasier sur telle ou telle espèce d’insecte qu’il venait de dénicher…
A le voir ainsi si débrouillard et si méticuleux avec ces bébêtes, je me disais souvent au plus profond de moi-même qu’il était l’aîné et que moi, j’étais sa petit soeur… Je ne ne sais pas pourquoi mais je le pensais réellement à cette époque là. Il semblait si sérieux et attentionné envers la nature qui l’entourait alors que moi j’en étais parfaitement désinvolte.
Ce n’était pas péjoratif pour moi de penser que j’étais sa petite soeur, bien au contraire puisque cela me réconfortait de le savoir différent de moi. De le savoir si audacieux et si aventureux…
Tout ceci pour vous dire que notre chenille était certes une formidable découverte mais découvrir le côté explorateur de mon jeune frère l’était tout autant…
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Quelques jours après (disons 5 jours plus tard), notre fameuse chenille ne bougeait plus du tout comme si celle-çi était morte mais ce n’était pas du tout le cas.
En fait, son enveloppe corporelle avait totalement changée d’aspect et de couleur. Elle semblait plus solide qu’avant et sa teinte était entre le marron et le beige clair.
Olivier en était davantage fasciné car il savait que bientôt la chrysalide deviendrait un majestueux papillon.
Il trépignait d’impatience et ne cessait de me répéter :
« T’as vu Cécile ! ça y est ! c’est comme maman nous a dit ! Bientôt, elle va déchirer sa chrysalide. J’ai trop hâte ! et toi ? »
« Moi aussi » dis-je dans un petit sourire.
Je ne sais pas pourquoi mais à cet instant précis où je lui parlais, j’étais vraiment sincère. J’avais hâte également de voir enfin l’envolée de cette bestiole.
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Petite parenthèse : La chrysalide :
Chez les insectes holométaboles (c’est-à-dire aux métamorphoses complètes, par exemple les papillons et les abeilles), qui effectuent deux mues de métamorphose, la chrysalide est le stade de développement intermédiaire entre la larve et l’adulte.
Les chrysalides durcissent et changent de couleur. Les papillons selon les espèces se métamorphosent au bout d’une semaine.
Quelques heures avant l’émergence du papillon, l’enveloppe de la chrysalide devient transparente chez certaines espèces et laisse apparaître les couleurs des papillons.
Lorsque les segments abdominaux se distendent, l’émergence est imminente. Un autre nom pour désigner ce stade intermédiaire est la nymphe.
Une des caractéristiques de la nymphe est qu’elle ne se nourrit pas (ses pièces buccales et son tube digestif subissent aussi une métamorphose importante) et qu’elle vit sur ses réserves.
La nymphe des lépidoptères est souvent appelée chrysalide. La nymphe peut, selon les espèces, être protégée par un cocon.
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La métamorphose :
Voici une vidéo intéressante sur la mutation d’une chenille à papillon : ici, il s’agit du Papillon Monarque.
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Deux jours plus tard, maman s’écria :
« Regardez les enfants ! Venez voir ! Vite ! La bête est en train de crever son enveloppe. Vous voyez, regardez bien »
Je n’en revenais pas et je dois bien avouer que j’en fus littéralement subjuguée.
En effet, l’étrange bête semblait pousser avec sa tête la fibre du cocon dans lequel elle était enfermée.
De nouveau (comme au tout début, où maman l’avait décollée de sa feuille), l’insecte bougeait à l’intérieur de son enveloppe qui était très épaisse et opaque.
Sous nos yeux d’enfants émerveillés et fascinés, la vie naissait.
Un petit être voulait sortir de sa prison qui l’avait pourtant protégée jusqu’alors car il était tout simplement désireux de connaître la liberté…
Du coin de l’oeil, j’observais également mon petit frère et j’étais heureuse de le voir heureux…
« Regarde maman, il vient de passer sa trompe. Il va pas tarder à sortir de sa chrysalide. Hein, pas vrai maman ? »
« Oui, mon Coco ! Effectivement. D’ailleurs, nous allons vite aller dehors, maintenant. Venez, suivez-moi. Vite, il va pas tarder à sortir entièrement de son cocon »
Maman transporta avec elle la boîte d’allumettes dont elle avait retiré complètement le couvercle et sortit rapidement dehors avec nous, à ses côtés.
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L’envolée majestueuse :
A présent, le papillon dont les ailes étaient froissées et fripées ne tarderait plus à sortir de son épais cocon.
Il se débattait tant bien que mal mais s’arrêtait de temps en temps car il était encore faible.
Il se tortillait dans tous les sens et ne cessait de fissurer son cocon à force de se débattre.
Les antennes de sa tête étaient d’ores et déjà sorties à l’extérieur ainsi que ses ailes et bientôt la coque si épaisse de son enveloppe ne tarderait pas à se détacher de son abdomen.
« Maman ! Cécile ! Regardez ! ça y est ! il vient de sortir totalement de son cocon ! Vous avez vu ?? Wahou ! Il est trop beau ! T’as vu les couleurs de ses ailes Cécile ? » s’exclama Olivier en me les montrant du doigt.
« Oui. Ses ailes sont jolies » répondis-je tout bas, sous le coup de l’émotion et de la fascination.
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Maman était vraiment heureuse de nous faire découvrir en direct ce qu’elle même avait vécu des années auparavant lorsqu’elle n’était qu’une enfant.
« Vous voyez les enfants. Voilà ce que Maman avait vu lorsqu’elle était petite fille à Madagascar et dont je vous parlais à chaque fois à Sausset-Les-Pins. C’est beau, non ? »
« Oh oui Maman ! » répondit aussitôt mon petit frère qui ne cessait de sourire tellement il était émerveillé.
« Il va bientôt s’envoler Maman ? »demandais-je un peu intriguée.
« Oui, ma Poupoule. Il ne va plus tarder »
J’étais aux anges de voir ma mère et mon petit frère si complices vu qu’ils aimaient bien les papillons puis spontanément je fis une bise à Maman comme pour la remercier de cet instant, de ce partage qu’elle venait de nous faire vivre.
« Voilà ! il va s’envoler ! » s’exclama Olivier en tapant dans ses mains.
« Oui, mon Coco ! Il va s’envoler, maintenant » dit Maman, les yeux brillants de joie.
A cet instant précis, Olivier ne put s’empêcher d’effleurer les ailes du papillon.
« Ses ailes sont douces » chuchota t-il.
Et à peine eut-il prononcé cette phrase, que le papillon étira ses ailes et commença à voleter maladroitement vers la branche la plus basse d’un arbuste.
Il s’y posa dessus puis commença à se faire une petite toilette à l’aide de ses longues pattes qu’il ne cessait de mouvoir vers sa petite tête.
Au bout de quelques instants, il quitta sa branche puis vola davantage plus haut jusqu’à ce qu’on ne puisse plus l’aperçevoir du tout.
En effet, il venait de voler par dessus le haut mur de clôture alvéolé qui faisait face à la mer.
Sans doute avait-il été attiré par l’océan. Nul ne le saura jamais.
Quoi qu’il en soit, nous avions assisté en direct, mon frère et moi à sa majestueuse envolée vers le vaste monde.
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Un spectacle magnifique de la nature que je tenais à vous décrire dans les moindres détails à travers cet article et que je n’oublierai jamais.
Je me souviens encore d’un très joli souvenir de la Guinée lorsque nous habitions encore, ma famille et moi dans notre charmante villa située en bord de mer, à l’avenue Madina Corniche, dans la Capitale de la Guinée, à Conakry…
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Mon frère « Olivier » aimait beaucoup s’amuser à explorer notre jardin car je dois dire qu’il y avait une multitude de toutes sortes d’insectes très insolites et étant donné qu’il avait une passion certaine pour les fourmis ; il aimait bien également observer d’autres spécimens d’insectes pour son plus grand plaisir !
Pour ma part, je n’aimais pas du tout le monde des insectes mais alors pas du tout, à part peut-être pour les fourmis ou encore les coccinelles mais c’est tout !
Un jour, pendant que je jouais avec nos deux chiens Urs et Biciline ainsi que nos 3 chats, Olivier m’interpella et me demanda de le suivre car il avait quelque-chose à me faire montrer.
Je le suivis avec pas mal d’inquiétude, non pas que je me méfiais de lui car je dois bien avouer que jamais il ne m’avait joué un sale petit tour comme certains petits frères osent le faire par sadisme envers leurs soeurs.
Non, bien au contraire, Olivier ne m’avait jamais fait quoi que ce soit pour m’effrayer en me lançant un insecte sur moi par exemple, non jamais et tant mieux d’ailleurs !
Par contre, le seul inconvénient chez lui, était que si jamais je voulais qu’il écrabouille vite fait bien fait une mante religieuse (j’ai horreur de ces sales bestioles) qui osait se mettre en travers de mon chemin, il ne le faisait jamais car il estimait que chaque insecte méritait de vivre et donc il prenait l’insecte en question et le jetait un peu plus loin afin que celui-çi puisse continuer sa petite vie…
Eh oui ! il était très respectueux de la nature et du monde des insectes, pour mon plus grand malheur ! (Je veux parler des insectes bien entendu)
Ce fut donc avec une légère appréhension que je suivis mon petit frère en me demandant tout de même ce qu’il allait bien me faire montrer ; sans doute le fameux QG de ces chères fourmis…
Enfin arrivés sur le fameux lieu où se trouvait ladite chose, Olivier me dit :
« Viens avec moi Cécile. Allez viens. Suis-moi et accroupis toi derrière ce petit arbuste. Regarde là-bas… Tu as vu ?? »
Une fois m’être accroupie, je regardai dans la direction qu’il me désignait du doigt.
Et ce fut à ce moment là que j’aperçus une bien étrange bestiole que je n’avais jusqu’alors pas encore remarquée dans notre jardin car cela ne faisait pas très longtemps que nous vivions en Guinée. Et donc, nous n’avions pas encore fait suffisamment le tour de toutes ces charmantes bébêtes…
Cette bestiole là, semblait venir tout droit de l’ère préhistorique tellement elle était différente de tous les insectes que j’avais jusque là déjà vu dans ma vie d’enfant. Et il se trouvait que cet extraordinaire animal était là, juste devant mes yeux, à quelques mètres seulement de moi…
Vraiment incroyable une telle découverte ! et qui plus est dans notre jardin…
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Puis, avec un petit sourire en coin, Olivier me dit :
« T’as vu ?? C’est la première fois que je vois un tel spécimen. Il est beau, non ? Tu as vu ses pattes ? Et sa tête ? Trop bizarre, hein ?? »
« Oui c’est vrai, tu as raison » lui répondis-je. « J’avais jamais vu une telle bestiole ! Elle fait un peu peur. Mais qu’est-ce qu’il fait là ?? » ajoutai-je avec curiosité.
Le grand lézard venait de boire une petite lampée d’eau d’une petite flaque boueuse (la veille, il y avait eu une forte pluie) puis il enfouit sa drôle de tête préhistorique dans un petit trou qui devait être assez profond car à présent, je ne voyais plus que ses deux pattes arrières griffues ainsi que sa si longue queue…
C’est alors que mon frère me dit :
« ça fait un moment que je l’observe et j’ai vu qu’il n’arrêtait pas de sortir des trucs ronds et blancs du petit trou ; sans doute des oeufs et qu’il les crevait ensuite avec ses pattes de devant pour manger ce qu’il y a dedans. Je pense que ce doit être un mâle sinon il aurait pas manger ses propres oeufs si c’étaient les siens… »
« Mais à qui sont les oeufs alors ? demandai-je. « Berk, il est dégueulasse en tout cas. Pourquoi il mange ça ?? Il est méchant, je trouve. Il tue des bébés »
« Mais c’est la nature Cécile ! Tu peux pas empêcher ça. Je pense que les oeufs appartiennent à la femelle lézard qui lui ressemble un peu, sauf que j’ai remarqué qu’elle est beaucoup plus petite que lui. Je l’ai vu tout à l’heure avant de voir le grand mâle et elle mettait souvent sa tête à l’intérieur du petit trou mais je sais pas trop ce qu’elle y faisait. Puis ensuite, j’ai vu le grand lézard qui venait tout près du trou pendant que la femelle était partie. Et c’est là que j’ai mieux observé le manège du mâle et que j’ai voulu que tu vois ça. Depuis tout à l’heure, il a déjà mangé 3 oeufs »
« Mais tu le laisses faire ? Pourquoi ?? Et la femelle ?? Qu’est-ce qu’elle fait ?? pourquoi elle revient pas ?? »
« Mais elle était revenue tout à l’heure. Sauf que le mâle lui barrait la route qui mène à ses oeufs et il avait l’air de la menacer alors elle s’est enfuit quelque part et depuis elle n’est plus revenue. Mais je voulais faire quelque-chose, c’est pour ça que je t’ai appelé. Tu veux que je te dise mon plan ? »
« Mais c’est quoi comme plan ?? Qu’est-ce que tu veux faire ? Dis-moi… »
Avec de nouveau ce petit sourire que je lui connaissais si bien ; il me dit :
« Voilà, j’aimerais l’attraper et le placer à l’intérieur de la gloriette. Ensuite, on pourrait lui donner à manger, prendre soin de lui et mieux l’observer. Tu sais, c’est rare une bête comme ça ! Moi, en tout cas, j’aimerais bien le faire et toi ?? »
« Eh bien, je sais pas trop… Il fait un peu peur quand même. Comment on ferait pour l’attraper ? En plus, il a des griffes. Je sais pas trop… Tu crois vraiment qu’il faudrait faire ça ?? »
« Mais oui, pourquoi pas ?? Allez Cécile ! N’aie pas peur. Je suis là. Regarde, j’ai déjà cette ficelle en raphia que je viens de faire un noeud coulant pour pouvoir l’attraper. Toi, tu prendras ce bâton pour l’empêcher de fuir et alors il sera pris au piège ici même. C’est le lieu idéal pour l’attraper, je trouve… »
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En effet, nous nous trouvions dans l’allée principale qui menait à notre jardin avec des murs en vis à vis.
Il y avait le haut mur de clôture qui se trouvait à notre gauche et dont le dessus était parsemé de bris de verres (pour dissuader les voleurs de le franchir) ; quant à notre droite, il y avait le mur de notre propre maison qui longeait notre allée ; où se trouvait très précisément notre « Grand Lézard »…
Aussitôt dit, aussitôt fait, nous décidâmes de mettre à exécution notre plan machiavélique…
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Mon frère réussit tant bien que mal à capturer l’étrange animal en lui passant la corde au cou pendant que moi je tapais très fort sur le sol de l’allée avec mon bâton afin qu’il ne puisse pas se frayer un passage et s’enfuir entre nos jambes.
Acculé au mur de notre maison, le lézard était bel et bien pris au piège tandis que mon frère était en train de bien lui nouer le collier autour de son cou tout en veillant à ne pas trop le lui serrer trop fortement afin que celui-çi n’en soit pas gêné.
Enfin capturé, notre trophée se trouvait à présent à l’intérieur de notre gloriette, en train de ne cesser de glisser sur le carrelage à cause de ses pattes griffues qui n’adhéraient pas bien à la surface trop lisse de celui-çi. Il essayait en vain de courir pour pouvoir s’enfuir mais sans succès…
Le grand lézard était attaché de manière à ce qu’il ne puisse pas s’enfuir de la gloriette pour aller dans le jardin mais il avait assez de laisse et suffisamment d’espace pour pouvoir marcher et se dégourdir les pattes.
Quelques temps plus tard, à force de glisser sur le carrelage, il commençait à se fatiguer et sûrement à réaliser qu’il n’arriverait pas à se sauver.
C’est alors qu’il finit par se calmer et donc à ne plus se rebeller ; ce qui nous permîmes à mon frère et à moi de pouvoir faire enfin, plus ample connaissance avec notre nouvel hôte que nous avions décidé de baptiser : « Léon ».
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Léon, le lézard géant :
Petite parenthèse : « Le Crotaphytus collaris » :
Le Crotaphytus collaris est une espèce de sauriens de la famille des Crotaphytidae.
Ce lézard atteint environ 30 centimètres (queue comprise). Il a une large tête, des membres bien développés avec des doigts longs et pourvus de griffes. Le corps est assez aplati et large.
Le Crotaphytus collaris possède un collier noir autour du cou, caractéristique. La tête du mâle peut être jaune ou orange vif. Le reste de la livrée est colorée, avec une dominance de bleu azur, vert – gris, parsemée de taches jaunes ou grisâtres. Cette livrée peut être assez variée selon les sous-espèces.
La femelle présente en général des couleurs plus ternes dans les bruns, sauf lorsqu’elle est en période de ponte, où apparaissent des tâches et des traits rouge-orangé sur la gorge et le flanc.
Cela faisait déjà pas mal de jours que Léon vivait chez nous dans notre gloriette et je dois bien avouer que mon frère et moi avions commencé à nous y attacher très fortement…
Pour ainsi dire, il était devenu la mascotte de la maison et même si au début nos parents n’étaient pas tout à fait d’accord sur le principe de sa captivité, ils finirent par nous laisser faire, vu que Maman connaissait parfaitement ce genre de jeu qu’elle avait pratiquait elle-même durant sa jeunesse, sauf qu’à la seule différence près, c’est qu’elle n’avait encore jamais gardé en captivité un lézard mais plutôt jouer avec eux…
Au fil des jours qui passaient, Léon était devenu très gentil et il aimait bien qu’on lui donne toutes sortes de nourritures : Des petits insectes tels que des vers de terre, des sauterelles, des mantes religieuses géantes (cela ne lui faisait pas peur de gober de très gros insectes vu que sa gueule était démesurée) que je chargeais bien volontiers mon petit frère de les lui donner, vu que j’avais une trouille bleue de tous ces insectes et encore plus des mantes religieuses ! Quelle horreur !
Pour ma part, j’aimais bien lui donner des petites feuilles de salade que Maman me donnait lorsqu’elle faisait de la salade verte pour ses repas…
Bref, mon frère et moi, nous occupions fort bien de notre petit Léon…
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Et comme on l’avait attrapé durant nos congés de scolarité, on prenait bien soin de lui dès le lever du matin jusqu’en fin d’après-midi. On adorait jouer avec lui, le nourrir ou encore le caresser…
Il est vrai qu’en ce qui me concernait, je n’avais jamais osé lui caresser la tête ou encore le ventre et je préférais de loin que ce soit mon petit frère qui lui fasse ce genre de soin.
Mais ça n’empêchait pas que je l’aimais bien notre lézard même si celui-çi avait une tête un peu étrange et qu’il ressemblait quelque peu à un tyrannosaure rex de la préhistoire, certes en version miniature et en beaucoup moins féroce ou effrayant que l’original… Je le trouvais tout de même assez mignon !
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Et ce fut donc durant près de 2 semaines que nous gardâmes en captivité notre petit Léon que nous aimions tant…
Mais un jour, mon frère et moi décidâmes qu’il fallait le remettre en liberté car nous avions remarqué que de plus en plus, il y avait d’autres lézards de son espèce qui venaient lui rendre visite par curiosité ou qui venaient lui chercher querelle…
Et comme il était attaché par une corde, il ne pouvait pas bien se défendre face à ses détracteurs qui n’hésitaient pas à s’attaquer à lui en le mordant, lui laissant au passage quelques vilaines petites cicatrices sur le corps…
De plus, mon frère et moi n’étions pas non plus 24 h/24 à le protéger car nous avions aussi d’autres occupations et ce fut donc en parti à cause de toutes ces raisons, que nous décidâmes un beau jour, de le relâcher afin qu’il redevienne libre comme il l’était autrefois…
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La liberté de Léon :
Ce jour là, chose très rarissime dans le domaine de nos amis les lézard, Monsieur Léon ne voulait plus du tout nous quitter et ce malgré que mon frère lui eut retiré son collier…
Il s’était trop habitué à nous et il restait planté là, à nous regarder de ses petits yeux noirs en amande, comme s’il nous disait :
« Mais je ne veux pas partir ! Je veux rester avec vous ! S’il vous plaît, laissez-moi avec vous ! Je vous aime bien, moi… »
Mon frère et moi étions très tristes de le laisser partir mais on voulait vraiment qu’il retrouve sa liberté…
Alors d’un geste de la main, on lui faisait signe de s’en aller et on lui disait :
« Allez Léon ! Il faut que tu partes maintenant. Tu verras, tu seras très heureux en liberté. Allez, vas-y petit Léon. Va retrouver ta liberté. On ne t’oubliera jamais gentil petit Léon…On t’aime, tu sais… »
Au bout d’un certain temps, il inclina la tête comme s’il avait compris notre message puis il nous regarda pour la dernière fois de ses étranges petits yeux malicieux puis s’enfuya à toutes pattes à travers une des alvéoles de notre mur de clôture qui donnait sur la plage…
Et hop ! en un rien de temps, il s’était retrouvé à l’extérieur de notre jardin, côté plage ; l’endroit même où tous ses amis les lézards de son espèce, aimaient bien réchauffer leur corps au soleil et qui devaient très certainement l’attendre à ce moment-là…
Et voilà que notre ami Léon était bel et bien parti pour de nouvelles aventures.
Des aventures qui n’appartiendraient qu’à lui…
Désormais, nous n’aurions plus jamais le plaisir et le privilège de pouvoir observer notre petit lézard…
Mais c’était notre souhait ! alors nous n’avions aucun regret à ce sujet !
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Léon fut donc le seul et dernier des lézards de son espèce à être resté en captivité chez nous et également le seul à être observé de très près durant plusieurs jours…
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Pour toutes celles ou tous ceux qui se demanderaient si un jour, mon frère et moi étions tombés par hasard sur notre petit Léon ; la réponse sera négative…
Léon avait quelques particularités physiques telles que de longues balafres sur ses flancs ainsi qu’une tête bien spécifique que l’on aurait pu reconnaître entre mille parmi tous ses congénères…
Non, notre Léon ne revint plus jamais chez nous mais cela ne nous attristâmes pas ; bien au contraire, puisque nous nous disions qu’il devait sans doute couler des jours heureux ailleurs, avec ses amis(es) les lézards de son espèce…
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C’était l’histoire de Léon, notre lézard géant que je voulais absolument vous raconter car il faisait parti de l’un de mes plus beaux souvenirs passés en Guinée lorsque j’avais 10 ans. Un âge où l’on est intrépide et que la découverte est très enrichissante…
Par un beau jour de semaine ; mes parents, mon frère et moi étions allés au restaurant « Chez Papy »… Et comme à notre accoutumée, mon frère et moi avions commandé le même menu dont nous raffolions particulièrement…. Alors que nous mangions tranquillement ; le neveu de « Papy » vint nous annoncer que sa chatte venait d’avoir une portée de 6 chatons (les chatons avaient 2 semaines) et qu’il souhaitait en faire adopter quelques uns….
Ma Maman fut très intéréssée par cette proposition et demanda au Neveu, qu’elle souhaitait juste en adopter 3, si c’était possible… Le Neveu lui dit que c’était tout à fait possible et qu’il suffisait juste qu’elle choisisse les coloris des pelages des 3 chatons… En effet sur les 6 chatons ; le Neveu nous dit qu’ils y en avaient 3 qui étaient particulièrement beaux ; dont 1 mâle qui était tout blanc, 1 autre mâle qui était tout noir avec les 4 pattes blanches (comme si il avait enfilé des chaussettes) et enfin une femelle qui avait une robe de couleur tigrée rouquine… Le Neveu insista beaucoup sur le fait que ces 3 chatons étaient vraiment très mignons (par rapport aux autres chatons de la portée) et que chacun avaient une très belle robe… Il ne pouvait pas nous les faire montrer car ils étaient chez lui, dans sa maison, mais il promit à ma mère qu’elle n’en serait vraiment pas déçue, bien au contraire…. Ma mère qui aimait déjà beaucoup les chats, lui fit entièrement confiance… Puis le Neveu lui dit : « Vous verrez Madame, vos enfants aimeront beaucoup ces petits chatons…ils sont si mignons…Vous pourrez par exemple les prendre demain si vous le souhaitez… » Mon frère et moi étions tous les deux tout excités et nous regardâmes Maman en lui disant : « Oh oui, Maman !!! ce serait bien pour demain !!! » Maman nous regarda à son tour, en souriant et nous dit : « Mais oui pourquoi pas !!!… » Puis Maman s’adressa à nouveau au Neveu de « Papy » et lui dit : »Oui, ce serait parfait pour demain…On pourrait faire venir notre chauffeur le matin par exemple…et il viendrait ici au restaurant pour récupérer les chatons…qu’en pensez-vous ? » Le Neveu lui dit : »Mais biensûr, pas de problème…Vous ferez donc venir votre chauffeur, le matin vers 10 heures car je serais là en cuisine avec mon oncle…Je mettrai donc les 3 chatons dans un carton afin qu’ils ne s’échappent pas et je remettrai le carton à votre chauffeur…Voilà Madame….en tout cas je vous remercie de bien vouloir les adopter…et je suis sûr qu’ils seront très heureux chez vous et que vos enfants s’occuperont bien d’eux…N’est-ce pas les enfants ? » Le Neveu nous regarda avec un large sourire puis mon frère et moi, on s’empressa de lui dire en choeur : « Oui !!! merci beaucoup Monsieur… » « Mais de rien les enfants, c’est un plaisir pour moi… » dit-il en souriant… Et inutile de vous dire que mon frère et moi étions vraiment très impatient d’arriver déjà au lendemain…
L’arrivée de la boîte en carton : Momo, notre chauffeur, tapa à la porte fenêtre du salon et nous dit à travers la baie vitrée : « Les enfants, vous pouvez dire à Madame, que j’ai la boîte en carton avec les chats à l’intérieur ?…Merci… » Je lui répondis avec excitation : « Oui, oui, attends je vais vite aller lui dire… » Je courus et me précipitai vers la chambre de mes parents car Maman s’y trouvait à l’intérieur…. J’ouvris la porte de la chambre et lui dit : « Maman, Maman, ça y est, Momo vient de revenir avec les chatons !!! on va vite les voir, tu viens ? » Maman me dit « Mais biensûr, attends, je viens tout de suite…. »
Les 3 adorables chatons : Le carton était posé à même le sol (de la véranda abritée de notre maison) et on pouvait y entendre, à l’intérieur, des petits miaulements… Maman dit à mon frère et à moi : « Allez, les enfants…Ouvrez le carton, maintenant… » Nous ouvrîmes le carton et subitement, un petit chaton tout blanc sauta dans mes bras…
Je m’en souviens encore comme si c’était hier… Ce chaton s’était littérallement jeté dans mes bras comme s’il me disait : « Je veux être ton chat, Cécile… » Je le soulevai et le serrai tout contre moi en disant à ma mère et à mon petit frère : « Je voudrais qu’il soit mon chat, il est trop beau…Il est tout blanc et sa queue est toute noire….Maman, Olivier…il sera mon chat, hein ? » Mon frère ne m’écoutait pas du tout…et il tenait lui aussi dans ses bras, le second chaton noir et blanc dont le nez était tout noir…
Au bout d’un instant, mon petit frère dit à ma mère et à moi : »Maman, Cécile, j’aime beaucoup ce chaton…Ses pattes sont toutes blanches comme s’ils portaient des chaussettes et en plus son nez est très spécial…Il est tout noir… » Ma mère ne fit pas attention à ce que disait mon petit frère car elle avait entendu un petit miaulement qui provenait de la boîte en carton… Elle s’approcha de la boîte et se pencha en avant afin de regarder à l’intérieur… En effet, à l’intérieur, se trouvait encore caché, dans un coin du carton ; le dernier chaton qui n’était autre qu’une petite femelle toute tigrée couleur rouquine… Cette petite dernière était la plus sage des trois chatons et elle paraissait plus intimidée que les deux autres ; si bien que lorsque ma mère la prit dans ses bras, elle nous dit à moi et à mon frère : « Les enfants, cette petite tigrée sera à moi…J’aime beaucoup sa robe…elle est vraiment très belle… » Puis ma mère nous dit : « Alors toi Cécile, le chaton blanc sera à toi et toi, Olivier, le chat noir et blanc sera à toi…Quant à moi, voici ma petite tigrée toute mignonne… » Et ce fut donc, par cette belle matinée que nous reçûmes, ma mère, mon petit frère et moi, de bien jolis présents, tels que ces 3 adorables chatons… Les jour suivant, ma mère nous aida à trouver des prénoms à nos chatons… Elle finit d’ailleurs, par nous trouver de bien jolis prénoms qui allaient parfaitement avec ces adorables petites boules de poils…
Nos 3 chats : Pussy-Cat, Mitsou et Minith :
Et ce fut ainsi que « Pussy-Cat » (mon chat), Mitsou (le chat de mon frère) et Minith (la chatte de ma Maman) furent partis de notre vie durant plusieurs années, pour notre plus grand bonheur…
Arrivée à Conakry : Lorsque nous nous retrouvâmes moi et ma famille à l’intérieur de l’aéroport de Conakry ; mon père cherchait des yeux notre chauffeur de voiture qui s’appelle « Momo »…
Petite parenthèse : Auparavent, mon père avait déjà effectué une période de travail (période d’essai de 4 mois) en tant que contrôleur de gestion dans la société « SOGUICOM » (une société commerciale de transport qui était chargée de fret aérien et de fret maritime) et c’est pourquoi il connaissait déjà assez bien la ville de Conakry et ses alentours (restaurants, hôtels, ect…)
Durant sa période d’essai, mon père habitait donc dans une maison de fonction située en plein centre-ville de Conakry… Dans cette maison, mon père avait du personnel dont notamment : – un cuisinier et un « boy » (un boy désigne en Afrique francophone, tout employé salarié de maison) et en ce qui concerne l’extérieur de celle-çi, il avait également : 1 chauffeur de voiture, 1 gardien de jour et 1 gardien de nuit…
Découverte de Conakry : Parmi la foule qui se trouvait à l’intérieur de l’aéroport ; mon père cherchait des yeux notre chauffeur « Momo »…. Puis soudain mon père s’écria en désignant une personne qui se tenait près de la porte de sortie de l’aéroport : « Voici, notre chauffeur, vite allons vers lui… » Nous allâmes donc vers « Momo » qui venait de nous aperçevoir et qui nous souriait au loin… Mon père dit : « Bonjour Momo, tu vas bien ? Nous venons à peine d’arriver…C’est bien que tu sois déjà là…je te cherchai…Je te présente ma famille ; voici mon épouse et mes enfants… » Ma mère, mon petit frère et moi le saluèrent puis Momo nous dit : « Bienvenue à vous et bienvenue à Conakry…Je suis content de connaître la petite famille de Monsieur et j’espère que vous vous plairez dans notre pays, en Guinée… » Puis après ces paroles chaleureuses, Momo nous aida à ranger nos valises ainsi que nos bagages à main dans le coffre de notre voiture puis nous commençâmes à entreprendre notre trajet direction notre maison de fonction… Durant le trajet, je ne cessai de regarder tous ces beaux paysages que je n’avais jamais encore vu… Nous étions en période de saison des pluies ; et le temps était très nuageux ; ce qui rendait encore plus belle toute cette atmosphère africaine…
On aurait dit un magifique tableau enchanteur !!! Puis à un moment donné, ma mère aperçu au bord de la route, des étalages de fruits et de légumes qui étaient disposés sur de grandes nattes à même le sol, tels que : Mangues, ananas, goyaves, papailles, bananes, ect… Ma mère s’écria : « Regardez les enfants ; vous avez vu les mangues, les avocats ? et regardez, il y a même des maîs grillés ; hum, les bons maîs grillés… » C’est alors que Momo lui répondit : « Ah oui Madame, je vois que vous connaissez bien. Monsieur m’a dit que vous étiez née à l’étranger… Ici, en Guinée, il y a beaucoup de marchands sur le bord des routes, qui vendent souvent des maîs grillés et toutes sortes de fruits… » Maman lui dit : « Eh oui…effectivement, je connais bien car je suis née à Madagascar. Momo, ton pays est vraiment très beau et de plus quand je vois tous ces fruits et légumes exotiques ; ça me rappelle vraiment mon pays natal. Momo, tu pourrais t’arrêter ici, s’il te plaît ; j’aimerai acheter quelques maîs grillés pour les faire goûter aux enfants… » Momo dit : « Mais biensûr Madame, pas de problème ; j’allais vous le proposer… »
Une fois la voiture arrêtée devant l’étalage de maîs grillés ; ma mère ouvrit sa portière et une marchande Guinéenne vint à elle en lui disant : « Bonjour Madame, tu veux maîs grillés ? Tu veux combien ? j’ai d’autres fruits aussi si tu veux…C’est pas cher… » Ma mère dit à la marchande : « Je voudrais juste 3 maîs grillés, s’il te plaît… » puis la marchande enroula alors dans du papier journal, 3 maîs grillés et les tendit à ma mère avec un large sourire. Puis ma mère régla la marchande en lui donnant les premiers billets de banque Guinéen, (le franc CFA) qu’elle découvrait pour la première fois… Une fois après avoir acheté les maîs ; Maman nous les donna et nous continuâmes à nouveau notre trajet vers notre maison ; direction Madina Corniche, tout en mangeant tranquillement nos fameux maîs qui étaient vraiment très bons… Notre maison située à Madina Corniche :
Arrivés devant le haut portail de notre maison, Momo klaxonna 3 fois (c’était un code pour le gardien) et le gardien de jour nous ouvrit… Une fois la voiture garée dans l’allée ; mon père nous présenta le gardien de jour qui s’appellait « Bah » et qui avait l’air très sympathique… Puis nous entreprîmes enfin de faire le tour du propriétaire… C’était vraiment une maison magnifique et n’en parlons pas du jardin qui se trouvait en bordure de mer… D’ailleurs, de là ou je me trouvais, je pouvais entendre le ressac… Le jardin était clôturé par de hauts murs infranchissables… En effet, par dessus ces murs, on pouvait aperçevoir des rangées de verres de bouteilles incrustés à même le ciment afin de pouvoir dissuader les voleurs. Le seul mur qui était ajouré et qui se trouvait être en façade de notre maison, donnait sur la mer… Je décidai alors, de m’en approcher et à travers les alvéoles, j’aperçu toute l’immensité de l’océan Atlantique… Quelle merveille !!! quel plaisir de regarder cette superbe vue et de sentir tous ces embruns…
J’étais tout simplement sous le charme de ce magnifique spectacle et je me disais en mon fort intérieur, que j’avais énormément de chance de me retrouver ici, en famille et qui plus est dans un très beau pays tel que la Guinée… Dans ce jardin, il y avait également, 3 immenses manguiers et une charmante gloriette qui se trouvait non loin de la véranda extérieure de notre maison. Tout était si beau et si parfait que j’avais l’impression de rêver mais pourtant j’étais bel et bien en train de vivre ce joli rêve… Après avoir fait le tour du propriétaire, nous visitâmes enfin l’intérieur de la maison… Tout ce que je peux en dire en me souvenant de cette visite intérieure, c’est que je trouvai une fois de plus que tout était parfait. En effet, mon frère et moi avions chacun notre chambre et notre salle de bain… Alors que demander de plus ? La chambre de mes parents se trouvait non loin de la nôtre et ils avaient eux aussi leur propre salle de bain, attennante à leur chambre. Le salon était immense et la salle à manger se trouvait près de la cuisine… La maison était vraiment bien agencée et très agréable… Bref tout était parfait à part quelques rénovations qui étaient déjà prévus tels que : peinture des murs du salon et des chambres ou encore changement du carrelage de la salle à manger et de la cuisine puis pose de la moquette dans les 3 chambres… La visite de notre maison terminée, et pour nous remmettre de notre long voyage, mon père décida de nous emmener déjeuner dans un restaurant qui était très réputé à Conakry et qui s’appellait : « Chez Papy »…
Un repos bien mérité : Arrivés au restaurant, mon père nous présenta « Papy », une figure de Conakry et qui avait la réputation de faire de la bonne cuisine… Et je peux vous dire que cette halte au restaurant fût de très bonne augure étant donné que nous étions tous les 4 très fatigués de notre voyage… La cuisine était vraiment excellente… Je me rappelle encore de ce fameux steak à cheval (un oeuf sur le plat posé dessus) accompagné de savoureuses frites faîtes maison… Un pur régal des papilles !!! « Papy » méritait vraiment sa réputation de bon cuisiner à Conakry… Et ce fût donc, le ventre bien rempli que nous quittâmes ce si bon restaurant, direction notre maison… Arrivés chez nous ; Maman dû nettoyer rapidement la partie de nos chambre afin que nous puissions vite nous reposer…
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Les jours suivants débutèrent les premiers travaux puis ainsi de suite jusqu’à ce que notre maison soit totalement habitable… Il est vrai que lorsque les travaux furent terminés ; nous vécurent, tous les 4 ; vraiment très heureux dans cette si belle et vaste maison… J’ai gardé de très bons souvenirs de notre vie passée en Guinée à Conakry…
Dans les années 87, nous partîmes de nouveau en Afrique ; direction : La Guinée, à Conakry (La Capitale)…
A cette époque là, j’avais 10 ans et je peux vous dire que ce fût pour moi le plus beau et le plus mémorable des voyages africains… En effet, étant donné que je n’avais gardé pratiquement aucuns souvenirs de la Côte d’Ivoire ; ce fut donc avec délèctation que je profitai pleinement de mon premier voyage Africain et disons-le ; de mon premier baptème de l’air et ce ; même si j’avais déjà pris plusieurs fois l’avion avec mes parents lorsque j’étais encore un bébé… Mon premier baptème de l’air :
J’ai eu vraiment beaucoup de chance de pouvoir découvrir la Guinée à l’âge de 10 ans !!! et d’y vivre en famille, durant 2 belles années !!! Mais je dois avouer que l’un de mes plus beaux souvenirs restera tout d’abord et avant tout, mon voyage en avion… L’un de mes très grands moments à mes yeux…
A présent, je vais vous raconter mon histoire :
A l’intérieur de l’aéroport de Paris, Roissy Charles de Gaulle ; mes parents, mon petit frère et moi attendions notre tour dans la file d’attente des passagers en partance pour la Guinée… Lorsque vint enfin notre tour de remettre nos billets d’avion à l’hôtesse d’accueil ; ce fût dans une démarche assez rapide que nous commençâmes à marcher dans l’interminable couloir d’embarquement qui menait à l’entrée de notre boeing… Et je dois dire qu’à partir de ce moment-là très précis, je commençai à me dire : « Cécile !!, ça y est, tu vas bientôt te retrouver à l’intérieur de l’avion et ce ; dans à peine quelques minutes… »
A l’intérieur de l’avion :
La première fois que je suis monté dans un boeing ; ce fut pour moi une véritable découverte… Je reviens donc à mon histoire ou je me retrouvai enfin à l’intérieur de l’avion… Il devait bien être 21h00 du soir…(C’était en juillet et donc il faisait encore jour…) Lorsque nous entrâmes enfin, à l’intérieur de l’avion ; ma famille et moi, fûmes accueillis par 2 hôtesses de l’air et 1 stewart qui nous dirent : « Bienvenue à bord de notre Compagnie « Air Sabena ». Nous vous souhaitons un agréable voyage Madame, Mademoiselle et Messieurs… » Pendant que je suivai mes parents et mon petit frère dans l’étroit couloir, j’observai aux alentours tous ces gens qui rangeaient leur affaires dans des compartiments qui se trouvaient au dessus leurs fauteuils ou encore des passagers qui commençaient à s’installer dans leur sièges respectifs… J’adorai déjà toute cette effervescence…
Puis mon père s’arrêta de marcher et nous dit : « Voici nos places et vous les enfants, vous êtes placés juste devant nous ; donnez-moi vos sacs, je vais les ranger en haut dans les compartiments… » Une fois débarrassée de mon sac je m’installai dans mon fauteuil et je commençai à découvrir avec mes yeux d’enfant émerveillés tout l’intérieur de l’avion tels que : les sièges, les hublots, le personnel naviguant, ect… J’étais totalement fascinée par toute cette ambiance… Il faut dire que c’était vraiment une première pour moi…. Mon petit frère aussi était aux anges car il découvrait tout comme moi, l’intérieur de l’avion. Mais ce qui lui plaisait le plus, vraisemblablement ; c’était de regarder à travers le hublot, la piste de l’aéroport…
D’ailleurs, lorsque nous étions rentré à l’intérieur de l’avion ; mon frère m’avait dit d’emblée : « Cécile, je voudrais être placé près du hublot, s’il te plaît… » Et comme je suis d’une nature généreuse ; je lui disais que je n’y voyais aucun inconvénient…bien au contraire puisque je souhaitai moi-même, être placée près du couloir afin de mieux regarder les allées et venues du personnel naviguant….(à cette époque là, c’était un métier qui me plaisait beaucoup : ça me faisait rêver…)
Décollage de l’avion : Je parlai tranquillement avec mon frère, lorsque soudain je ressenti des vibrations sous mes pieds… En effet, l’avion commençait à rouler doucement sur la piste… Puis il se mit peu à peu, à accélérer sa vitesse… A présent, l’avion roulait tellement vite que je ne distinguai même plus l’aéroport à travers le hublot… Puis ce fût à partir de ce moment que l’avion décolla… Et je ressentis alors, comme une drôle de sensation : C’était comme si une lourde pesanteur s’abattait sur mon corps ; avec cette impression étrange de m’enfoncer littéralement dans mon fauteuil…
La tête dans les nuages : Mon petit frère me regarda et me dit : « Wahou !!! t’as vu Cécile…ça y est on est dans le ciel…. » Et je lui répondis aussitôt : « Oui, ça fait bizarre…mon dieu, ça fait peur…t’as vu…regarde par ton hublot…on ne voit presque plus la terre…on est vraiment très haut dans le ciel…maintenant… » Olivier me répondit : « Oui c’est vrai…je ne vois plus la terre…ça y est…regarde les nuages…Wahou !!! c’est beau…t’as vu ? » Je me penchais davantage pour pouvoir aperçevoir à travers le hublot ; les jolis nuages qui ressemblaient à du coton très vaporeux…
Puis je dis à mon frère : « C’est beau…on dirait des morceaux de coton géants… » Puis je sentis une main qui me touchait l’épaule : C’était ma Maman qui était juste installée derrière moi … Je me retournai et aperçu son sourire… Puis elle me dit : « T’as vu Cécile…on est dans les nuages maintenant…t’as vu par le hublot ? » « Oui, j’ai vu Maman…C’est vraiment trop beau…et je suis contente d’être dans cet avion… »
Et Maman me dit « Je savais que tu aurais aimé prendre l’avion…et tout à l’heure on mangera le repas…tu verras comment c’est…surtout profite bien de ce voyage ma poupoule… » et je lui répondis : « Merci Maman…bisous » Les hôtesses de l’air :
Alors que je discutais avec animation avec mon frère, j’entendis une voix, à ma droite me dire : « Bonsoir les enfants, vous pouvez détacher votre ceinture à présent… » C’était une hôtesse de l’air qui s’adressait à nous avec un large sourire et qui avait stoppé devant elle un gros chariot dans lequel je pouvais aperçevoir des boissons et des petits sachets de cacahuètes apéritifs… Puis, elle nous dit : » Les enfants, vous désirez boire quelque-chose ? » Je lui répondis timidement : « heu oui… » L’hôtesse de l’air dit : « Il y a du jus d’orange ou du jus de pomme ? » Je lui dis : « Je voudrais un jus d’orange s’il vous plaît » L’hôtesse dit : « Et vous jeune homme ? » Mon frère répondit : « moi je prendrais aussi un jus d’orange s’il vous plaît… » Aussitôt dit et aussitôt fait, l’hôtesse nous donna nos boissons accompagnés de petits sachets de biscuits apéritifs… J’adorai vraiment toute cette ambiance et je me sentais très bien dans ma peau… Bref, j’étais heureuse !!! Quelques instants plus tard, une autre hôtesse de l’air nous donnait à moi et à mon frère des trousses de toilette (de la Compagnie aérienne « Sabena »), des couvertures pour dormir, des masques de nuit, des jeux pour enfants (puzzle représentant l’avion « Sabena » ; jeu de l’oie, et jeux de dames) ainsi que des casques d’écouteurs pour pouvoir écouter de la musique ou encore écouter le son du film que la Compagnie « Sabena » diffuserait ce soir… Inutile de vous dire que mon frère et moi étions ravis d’avoir reçu des jeux pour s’amuser… Et sans plus attendre, on commença à jouer au jeu de dames…ce qui nous permettait de passer un peu le temps… Visite du cockpit :
Durant ce voyage, mon frère et moi avions eu l’opportunité de visiter le cockpit …. Mon frère et moi regardions avec des yeux émerveillés, tous ces boutons (certains étaient lumineux et d’autres pas) et ces petites loupiotes qui n’en finissaient pas…..si bien que je m’étais demandé comment pouvaient bien faire le pilote et le copilote pour ne pas s’y perdre… Je me souviens même que j’avais dis à haute voix : « Il y a beaucoup de boutons !!! »
Et le commandant de bord m’avait dit en souriant : « Eh oui, vous avez vu les enfants !!! c’est vrai qu’il y a beaucoup de boutons mais mon collègue et moi ; on est très habitués alors ça ne nous fait pas peur du tout…et peut-être qu’un jour le métier de pilote de ligne vous plaira à votre tour et qui c’est vous serez vous aussi peut-être amenés à conduire des avions ? » Et Olivier lui avait répondu sans grande conviction : « Peut-être, je sais pas encore…en tout cas ça a l’air difficile… » Puis ce fut sur ces dernières phrases prononcées ; que notre visite du cockpit s’acheva… Et inutile de vous dire que ce fut une très belle expérience pour moi et sans aucun doute, également pour mon petit frère…
Le dîner : Je me souviens encore du repas qui n’était pas si mal que ça puisque je l’avais apprécié :
– Carottes râpés, oeufs mimosas et petits canapés de pâté, – Cuisse de poulet accompagné de coquillettes au beurre, – Une petite assiette de fromages, – un bol de salades de fruits.
Je me souviens encore de ce menu car je l’avais noté dans mon journal intime de l’époque… Diffusion d’un film : Je me rappelle que j’avais regardé un bout de film ( je ne me souviens plus du tout du titre de ce film) mais qu’ensuite je m’étais endormie devant… Puis je me souviens que mon père m’avait réveillé et chuchotai : « Tiens, Cécile, Mets ton masque de nuit, tu seras mieux avec…et comme il fait froid, tiens ta couverture…. » Puis mon père déploya la couverture et me la déposa sur les épaules car il est vrai qu’il faisait légèrement frisquet à l’intérieur de l’avion… Il fit de même avec mon frère puis nous souhaita une douce nuit et de beaux rêves car à partir de demain matin on se retrouverait tous les 4 en Afrique : En Guinée… Le lendemain matin : Ma Maman nous réveilla et nous dit d’aller faire rapidement un brin de toilette avant qu’il n’y ait trop de monde… Ce que l’on fît…. Et je peux vous dire que je garde un souvenir mémorable des toilettes… En effet, ils sont extrêmements petits et ce ne fût pas si évident que ça de me laver le visage, de me brosser les dents ou encore de me coiffer les cheveux…. Mais bon…il fallait bien faire avec… Quelques instants après, mon frère et moi prenions un petit déjeuner à base : de lait, de biscottes, de confitures et de jus d’orange… Puis le temps passa et soudain on entendit dans un micro ; la voix du Commandant de Bord qui annonçait à tous les passagers : « Bonjour, je suis le Commandant de bord « X » ; et je vous annonçe que nous approchons des côtes Guinéennes et que nous allons entamer notre descente vers Conakry, la capitale ; dans quelques minutes… Veuillez donc regagner votre siège et attachez votre ceinture… La température extérieure est de 28 degrés celsus et il exactement 6h00, heure locale de Conakry et à Paris il est exactement 8h00… J’espère que votre vol aura été agréable auprès de notre Compagnie « air Sabena » et espérons vous revoir très prochainement à bord de notre ligne. Merci à vous et très bon séjour à Conakry. » L’atterissage :
Ce fut au moment de l’atterissage que je découvrai pour la première fois que j’avais « le mal de l’air »… Et je peux vous dire que durant quelques minutes ; (pour moi, cauchemardesques) j’étais devenue toute verte car j’essayai de me contrôler afin de ne pas vomir… Mais dès lors ou les roues de l’avion touchèrent le sol Guinéen ; je me senti de plus en plus mal…. Et ce qui devait arriver ; arriva… (si vous voyez ce que je veux dire) Mais heureusement qu’il y avait le fameux sac en plastique, destiné spécialement, pour ce genre de désagrément ; et qui était plaçé, juste là, devant moi ; à l’intérieur de la housse, au dos du fauteuil avant… Mais tout de même ; quelle plaie, que celui d’avoir le mal de l’air !!! surtout si on aime les voyages en avion… Mis à part ce désagrément ; je garderai toute ma vie au fond de mon coeur, un très bon souvenir de ce merveilleux voyage en destination de la Guinée… car c’était mon premier baptème de l’air en quelque sorte ; même si j’avais déjà voyagé en avion étant tout bébé…