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Son plus beau cadeau sur Terre 🎁

Mira s’était endormie dans le large fauteuil en velours si doux et si confortable qui se trouvait tout près de la grande baie vitrée.

À travers celle-ci, on pouvait voir un immense et magnifique jardin dont la pelouse venait tout juste d’être tondue il y a à peine deux jours et qui était à présent toute imbibée d’eau à cause de l’interminable pluie.

Tout était redevenu calme dehors et peu à peu les petits moineaux revenaient se poser gaiement sur les branches dénudées des grands amandiers.
En haut de leurs cimes et par certaines ramifications de leurs branchages ; on pouvait remarquer quelques nids détruits.

Il faut dire que la tempête avait été d’une rare violence… Elle n’avait rien épargné…

Pourtant, à voir les moineaux sautiller de branches en branches tout en piaffant entre eux ; ils ne semblaient guère rancuniers au saccage de leurs petites demeures.

Sans doute que dans leurs langages d’oiseaux, ils prévoyaient déjà d’en reconstruire de nouvelles.

Par moment, ils venaient s’abreuvoir ou encore s’amuser dans les quelques flaques d’eau un peu boueuses qui s’étaient formées tels des petits cratères dans les zones clairsemées de la pelouse.

Finalement, la pluie tant méprisée leur avait apportée de l’eau pour se désaltérer mais aussi la joie de pouvoir faire la toilette de leurs plumages.

Et c’était un spectacle des plus merveilleux que celui de pouvoir les observer en train de déployer leurs petites ailes et secouer avec frénésie leurs plumes faisant alors jaillir d’innombrables gouttelettes d’eau autour d’eux.

Les moineaux avaient enfin retrouvé leur joie de vivre comme si la tempête n’était jamais apparue…

Mais ce n’était hélas pas le cas le cas pour tout le monde…

Au centre du jardin, à l’intérieur d’un pourtour de galets blancs ; de hauts rosiers buissons de couleur rouge-Bordeaux avaient perdu de leurs splendeurs à cause des incessantes bourrasques de vent qui sans vergogne, les avaient entièrement dépouillées de leurs si jolies et gracieuses pétales.

Elles s’étaient envolées de part et d’autre du jardin et reposaient de-ci de-là sur l’immense pelouse telles de belles endormies.

Elles avaient été arrachées de force à leur mère nourricière et ne tarderaient pas à s’abîmer puis à se flétrir au fil des heures.

Mais pour l’instant, leur couleur rouge si profonde offrait un contraste des plus ravissant et romantique sur la vaste pelouse verte pomme.

La rageuse tempête n’avait pas réussi à détruire la magnificence de ce lieu habituellement si charmant par temps radieux…

Les oiseaux tout comme les végétaux semblaient vouloir oublier ses terribles affres en continuant leur vie bien paisible tout en attendant avec une certaine impatience la venue de « Monsieur Soleil » qui les réchaufferait de bon cœur de ses ardents et lumineux rayons.

****

La pluie s’était arrêtée de tomber depuis déjà quelques bonnes heures mais toujours pas de Monsieur soleil à l’horizon…

Pourtant à cet instant même, le ciel venait de changer de nuance et sa couleur si grise de tout à l’heure s’était alors transformée en un joli bleu gris parsemé de gros nuages effilochés.

Des nuages qui n’allaient pas tarder à s’évaporer selon les dires de l’annonce météorologique diffusée hier soir à la télévision.

Cependant, Monsieur Soleil se faisait encore attendre et ne daignait toujours pas pointer le bout de son nez…

Que Diable attendait-il pour faire son entrée ?

Soudain, ô Miracle ! les premiers rayons apparurent et commencèrent à traverser les vitres des deux grandes fenêtres du salon ainsi que celle de la baie vitrée ; caressant au passage, la tête de Mira qui reposait sur l’un des accoudoirs moelleux du fauteuil.

La douce lumière s’insinua davantage à l’intérieur de la pièce, la rendant alors beaucoup plus spacieuse et conviviale.

Elle finit ensuite par se projeter avec fougue sur les jolies courbes anatomiques de Mira et s’y attarda longuement en y faisant une jolie danse d’ondulation.

Elle explorait ainsi ce corps endormi en ne cessant d’y dessiner à l’infini de douces vagues tels des tatouages éphémères.

Elle aimait jouer avec les sens de Mira mais que cherchait-elle exactement ?

Mira ne le savait que trop bien et faisait semblant de ne pas comprendre…

Elle ressentait les chaudes caresses des rayons du soleil lui réchauffer le corps mais elle ne voulait pas encore lui céder… Pas tout de suite… Pas maintenant…

De son côté Mademoiselle Lumière mettait du cœur à l’ouvrage en se faisant de plus en plus pressante et insistante…

Elle jouait de plus belle avec Mira…

Brusquement, comme si une mouche venait de la piquer ; elle fini par se lasser de ce petit jeu et décida de terminer son incessante danse lumineuse en s’installant sur le bout de son nez ; obligeant ainsi cette dernière à ouvrir peu à peu ses grands yeux verts en amande.

La lumière fut si forte que Mira dut les plisser afin de les accoutumer à son intense luminosité…

Il faut dire que depuis pas mal d’heures déjà, il avait fait très sombre dans cette pièce.

Elle se souvenait encore des myriades de gouttelettes de pluie qui n’avaient eu de cesse de se projeter avec fracas contre les vitres des deux fenêtres ainsi que sur celle de la baie vitrée lui donnant alors un léger mal de tête suivi d’une irrésistible envie de dormir et de rejoindre sans plus tarder son cher fauteuil si douillet.

Mais le soleil venait à présent la déranger juste pour la réveiller alors qu’elle ; elle voulait encore et encore dormir telle une Belle au bois dormant.

« Soleil ! va-t’en ! Tu aurais dû venir avant… C’est trop tard maintenant ! Je ne veux plus sortir de mon fauteuil si doux et si moelleux… Et puis tu as beau être le maître de l’univers que cela n’y changerait rien alors laisse-moi tranquille »

Mais Mademoiselle Lumière lui chuchota à l’oreille :

« Tu dois te lever Mira ! Tu as des choses à faire. Et puis, tu as suffisamment dormi, ne trouves-tu pas petite flemmarde ? »

« Non, non… Pourquoi viens-tu me réveiller ? Va-t’en ! J’étais en train de faire un merveilleux rêve… Oh ! Et puis tu m’énerves ! OK ! Tu as encore gagné ! »

Sortant enfin de sa léthargie, Mira finit par ouvrir en grand ses jolis yeux verts irisés de constellations ambrées qui se voyaient davantage avec la lumière du soleil.

Elle se leva de son fauteuil et s’étira longuement à cause des courbatures qu’elle avait attrapées à force d’être restée trop longtemps endormie dans la même position.

À chaque fin de repas, elle avait pour habitude de faire une sieste.

C’était pour ainsi dire, le meilleur moment de toutes ses journées mais aujourd’hui, son sommeil n’avait pas été réparateur à cause du vacarme de cette fichue pluie qui lui avait donné un terrible mal de tête avant de s’endormir.

Et le comble de tout, c’est que celle-ci n’avait eu de cesse de tomber depuis 11 heures du matin jusqu’à 15H30 ; de quoi la mettre de très mauvaise humeur…

Mais fort heureusement, elle ne le resterait pas bien longtemps vu qu’elle était d’une nature toujours très gaie et optimiste.

Elle fit un long bâillement à s’en défaire la mâchoire mais c’était beaucoup plus pour exprimer son agacement que celui d’une fatigue quelconque puisqu’elle n’avait point sommeil à cet instant-là.

Monsieur soleil avait osé lui envoyer une de ses fidèles servitrices pour la réveiller.

Et bien entendu, Mademoiselle Lumière n’avait pas hésité la moindre seconde à s’exécuter illico presto…

Elle, toujours présente et si dévouée à son poste depuis des millions et des millions d’années devait très certainement trouver un certain plaisir non dissimulé à vouloir réveiller le monde entier.

Sa tâche quotidienne d’illuminer de mille feux notre planète lui tenait tant à cœur qu’il ne valait mieux pas lui résister…

Et puis, de toute façon, elle avait l’art et la manière de savoir se faire respecter…

C’est pourquoi Mira ne lui en voulut plus du tout et quand bien même son sommeil n’avait pas été réparateur ; eh bien, elle ferait avec…

Monsieur Soleil n’avait donc pas eu si tort que ça de lui envoyer sa fidèle compère pour la déloger de son fauteuil sinon qui d’autre l’aurait fait ?

Décidément, ces deux-là étaient très complémentaires ! Et il savaient remplir leur rôle à la perfection : lui, de tourner autour de notre bonne vieille planète terre et elle, de nous propager de ses intenses faisceaux lumineux.

Ainsi, grâce à l’éclat de leur rayonnement, le monde s’en trouvait heureux.

En conclusion, nous ne ferions pas grand-chose sans eux…

C’est pourquoi Mira se sentit à présent d’humeur plus guillerette et prête à affronter cette fin d’après-midi.

Elle s’étira encore tout en regardant le salon qui était devenu nettement plus lumineux ; semblant alors reprendre enfin vie.

****

Mira avait toujours aimé cette pièce qui ne manquait jamais de luminosité par temps radieux.

Par contre, par temps de pluie, le salon s’habillait alors d’une lugubre et austère apparence qu’elle détestait au plus haut point ; lui faisant un tantinet peur et sursauter au moindre bruit.

Elle avait toujours eu une sainte horreur de la pluie et ce, depuis sa plus tendre enfance !

Mira s’étira une dernière fois puis regarda par la baie vitrée l’immense pelouse qui était toujours autant imbibée d’eau.

Elle leva les yeux au ciel et constata qu’il avait pris une jolie teinte d’un bleu limpide, sans le moindre nuages.

« Quel bien joli ciel ! » se dit-elle en ne se lassant pas de l’admirer.

Le fameux proverbe : « Après la pluie vient le beau temps » était bien vrai.

La preuve était devant ses yeux ébahis.

Elle l’admira encore quelques instants puis décida de s’extirper avec hâte de son fauteuil. Elle avait des tas de choses à faire…

Finalement, cette fin de journée ne serait pas si morose que ça se dit-elle tout en marchant et en regardant autour d’elle.

Elle repensa alors à Laura qui lui avait dit juste après le repas de ce midi, qu’elle irait faire des courses mais qu’elle ne tarderait pas pour revenir.

Elle se souvenait également que celle-çi lui avait promis une petite surprise dès son retour. Mais laquelle au juste ?

Mira n’aimait pas trop les surprises et elle bouillonnait déjà d’impatience de revoir au plus vite sa maman.

Mais en attendant celle-çi, que pourrait t-elle bien faire d’intéressant ?

Elle l’ignorait encore mais trouverait bien une idée d’ici là…

****

Mira avait toujours aimé cette grande et belle demeure située en pleine campagne.

Elle était certes assez éloignée de la ville mais pas si isolée que ça par rapport au voisinage bienveillant qui l’entourait.

Oui, Mira était vraiment heureuse de vivre ici.

Et parmi toutes les pièces de la maison ; elle avait une nette préférence pour le grand salon.

C’était son endroit favori.

Il faut dire que sa Maman Laura l’avait décoré avec beaucoup de goût en agrémentant chaque pan de mur, de jolis tableaux d’aquarelles.

Ses propres œuvres qu’elle aimait peindre durant ses heures de loisir car oui ; en dehors de son métier de professeure de Français, Laura était aussi une artiste peintre extrêmement douée.

Mira ne se lassait jamais de regarder ses toiles tant elles étaient belles.

Soudain, elle fut prise d’émotion lorsque son regard s’attarda sur l’une d’entre elles.

Celle qu’elle préférait le plus…

Celle qui la représentait et dont elle était si admirative…

Il s’agissait de son propre portrait.

Mira se souvenait encore de ce merveilleux jour où Laura était devenue sa mère adoptive.

Il y avait 5 ans de ça.

5 ans de pur bonheur se dit-elle en admirant le tableau.

Une toile que sa douce et si belle Maman avait peint en son honneur pour lui dire à quel point elle l’aimait de tout son cœur et de toute son âme.

La toile était si bien réussie que Mira avait l’impression de se voir dedans comme dans un miroir tant la ressemblance était frappante.

Sa Maman avait su la dessiner et l’immortaliser telle qu’elle était…

Oui, elle était vraiment fière de ce tableau…

Elle avait eu beaucoup de chance de tomber sur une Maman telle que Laura…

Et pour tout l’or du monde, elle n’en aurait souhaité une autre car oui, sa Laura était un être unique et à part…

Cinq belles années qu’elle grandissait et évoluait à ses côtés, entourée de plein d’amour.

Un amour pur et sincère dont elle avait cruellement manqué autrefois mais qui aujourd’hui comblait son cœur.

Un amour si profond qu’elle avait fini par oublier les maltraitances subies dans son passé…

Un passé désormais révolu car aujourd’hui, elle était pleinement heureuse et épanouie…

****

Mira sentit une agréable odeur de fraîcheur vivifiante.

Elle provenait du mobilier en bois de pin massif qui se trouvait dans le salon.

Il sentait agréablement bon l’odeur des pins comme si on se retrouvait à l’intérieur de l’une de ces forêts enivrantes et revigorantes capables de libérer votre esprit.

Une odeur certes piquante et quelque peu entêtante mais que Mira aimait respirer à pleins poumons.

D’ailleurs, il n’y avait pas qu’elle qui appréciait ces effluves mentholées.

Les rares convives qui passaient à la maison aimaient aussi l’humer tout en faisant quelques remarques agréable à son sujet :

« Hum, quelle agréable senteur Laura ! On se croirait dans une forêt de pins tellement c’est vivifiant ! »

Ils pensaient alors que cette forte odeur de résine devait sans aucun doute provenir de bougies d’ambiance alors qu’il n’en était absolument rien.

Et c’est là que quelque peu amusée, Laura leur répondait toujours invariablement ceci :

« Il s’agit de mes meubles et non de bougies parfumées. Ils sont tous en bois de pin »

S’ensuivait alors un petit silence d’étonnement rapidement rompu par quelques exclamations :

« Mais ce n’est pas possible !! Tu plaisantes ? Ça sent tellement bon. Tu en es certaine ? »

Et à son tour, elle leur rétorquait de son joli sourire un brin moqueur :

« C’est pourtant bien vrai. Et pour faire perdurer leur odeur si plaisante ; j’utilise une cire d’abeille liquide à base d’huile essentielle de pin pour bien les nourrir et les faire briller. Voilà le secret. Ni plus ni moins »

Mira aimait alors voir l’expression de leurs visages dubitatifs comme s’ils ne croyaient pas du tout à ce que venait de leur révéler sa Maman.

Et cela l’amusait d’autant plus lorsque venait le moment fatidique où ils se rapprochaient du grand buffet en pin pour pouvoir le renifler de très près ; histoire de vérifier ses dires…

Oui, cela l’amusait toujours beaucoup…

****

Mira s’approcha du grand buffet en pin et commença à l’humer intensément.

Elle ne pouvait s’empêcher de faire ce petit rituel à chaque fois qu’elle passait par ici, avant de franchir le seuil de la cuisine.

Elle le respira de très près et très longuement.

Cette effluve lui rappelait toujours celle de la forêt qui se trouvait à quelques mètres de leur demeure.

Quelques fois et lorsque Laura n’était pas là ; elle aimait bien s’y aventurer tout en sachant que c’était un lieu qui lui était interdit.

En effet, Laura l’avait souvent mise en garde à ce sujet, lui répétant inlassablement les même paroles :

« Je te préviens encore Mira ! Tu ne dois pas aller dans cette forêt ! C’est bien trop dangereux et tu pourrais t’y perdre. Pourtant, je suis certaine que tu me désobéiras encore. Mais, tu ne devrais pas faire ça. J’espère que tu ne le feras plus et que tu resteras bien sagement ici chez nous sinon je dirais à Madame Sanchez de te garder chez elle »

Oh non ! Surtout pas Madame Sanchez !

Mira n’aimait pas du tout cette vieille dame avec sa grosse voix éraillée d’ancienne fumeuse qui la faisait toujours peur.

Mais ce qu’elle détestait par-dessus tout était bien lorsqu’elle celle-ci la prenait dans ses bras pour lui faire des câlins…

Elle avait alors l’impression de littéralement étouffer sous ces innombrables baisers baveux…

Berk ! Elle n’aimait pas ça du tout !

Non, par pitié ! Surtout pas Madame Sanchez qui était à son goût bien trop débordante d’amour envers elle…

Certes, elle était très gentille mais elle n’aimait pas son côté envahissant et disons-le trop étouffant.

Madame Sanchez était une vieille dame âgée de 90 ans qui vivait seule dans une grande demeure qui se trouvait non loin de la leur.

Elle n’avait plus aucune famille mais fort heureusement pas mal d’amis du voisinage y compris sa Maman venaient régulièrement lui rendre quelques petites visites pour lui changer les idées et prendre de ses nouvelles.

À ces moments là, elle semblait alors beaucoup plus gaie.

Cependant, la solitude devait parfois la peser et c’est pourquoi elle avait autant besoin de transmettre son amour à tous ceux qui la côtoyaient…

Mira compatissait et avait de la peine pour elle alors elle acceptait sans trop rechigner ses bisous baveux ainsi que ses petites mignardises bien trop sucrés.

Elle savait aussi que Madame Sanchez adorait s’occuper d’elle…

Néanmoins, elle n’aimait pas du tout rester en sa compagnie car elle s’ennuyait à mourir dans sa vieille maison et ce malgré la distrayante balançoire qui se trouvait dans son jardin.

Non ! Rien n’y faisait ! C’était comme ça…

Et Laura ne le savait que trop bien alors pourquoi lui infliger un tel chantage à chaque fois qu’elle s’absentait de la maison ?

Certes, la forêt lui était interdite mais pourquoi en faire toute une histoire surtout qu’elle était très dégourdie pour son âge et pas du tout du genre à se laisser influencer par n’importe qui et n’importe quoi…

Alors pourquoi ne pas lui faire tout simplement confiance ?

De toute façon, elle persisterait à aller dans sa forêt et ce malgré les nombreuses recommandations de Laura.

Ce n’était sans doute pas très prudent de sa part, mais elle aimait le goût du risque et de l’aventure alors pourquoi s’en priverait-elle ?

Et puis c’était aussi de son âge de faire des petites bêtises, non ? !

Elle ne voulait surtout pas vieillir sans les avoir commises sinon elle le regretterai très certainement…

Et puis cela lui faisait le plus grand bien de s’éloigner de temps en temps de cette maison et de son jardin, si immense soit-il.

Car oui ! Mira aimait se sentir libre !

Libre comme l’était le vent ou encore ces moineaux qui piaffaient gaiement entre eux sur les branches des grands amandiers…

Elle avait besoin de cette liberté pour se sentir exister…

Et la forêt exaltait tous ses sens. Elle s’y sentait bien.

Elle aimait s’y balader mais toujours avec une certaine prudence car elle était peut-être une grande aventureuse mais pas non plus une irresponsable inconsciente…

Elle savait fort bien que sa douce Maman était une personne très inquiète alors elle ne tenterait jamais le diable car elle l’aimait bien trop pour agir inconsidérément…

Mais Laura ne lui faisait pas encore entièrement confiance. Elle l’a traitée toujours comme un bébé…

Son « petit bébé » comme elle aimait l’appeler affectueusement…

Mira aimait bien ce petit surnom mais elle ne le trouvait pas en accord avec sa personnalité intrépide.

De toute façon, personne ne pouvait lui mettre d’entraves pas même sa bien-aimée Maman…

C’est pourquoi, elle agirait toujours derrière son dos durant ses absences pour pouvoir enfin partir en vadrouille.

Ben quoi ? Avait-elle le choix ?

Et il fallait qu’elle en profita encore car l’automne ne tarderait plus à arriver…

Elle s’en était bien rendue compte avec l’interminable pluie d’aujourd’hui.

Elle savait alors qu’elle serait bien obligée de ralentir ses cadences d’aventurière dans sa forêt ô combien si captivante car le temps hivernal deviendrait aussitôt un obstacle avec son incessante et perpétuelle humidité.

L’insidieux froid que Mira détestait tant l’empêcherait de faire ses petites escapades…

Comme le temps deviendrait alors trop long durant cette période !

Mais elle finit par se rassurer en se souvenant d’une belle image qui lui revint en mémoire.

LA SUITE…

La dernière danse de la lune : Chapitre 1 : Elisa

la derniere danse de la lune

 

Elisa marchait le long de la plage de sable fin tout en chantonnant son air préféré : « Wonderful life » du chanteur Black.
Une bien jolie chanson qui était tout à fait en adéquation avec ce moment de pur bonheur qu’elle était en train de savourer sans se soucier du temps qui passe.

Ce fameux temps qui nous fait tant défaut dans notre monde moderne actuel et qui nous empêche d’apprécier les joies simples de la vie.
Elisa avait conscience qu’elle avait beaucoup de chance d’être ici ; seule au monde (enfin presque) et loin de tout.

Elle avait enfin réalisé son rêve : celui de se promener bien tranquillement sur cette immense plage déserte car jamais, auparavant elle n’aurait cru cela possible et pourtant c’était bel et bien réel et ce pour son plus grand plaisir.
Et comme le disait si bien la chanson : la vie est merveilleuse !

****

Elle se souvenait encore de son inoubliable périple en catamaran avant de débarquer ici sur cette jolie petite île qui portait le nom de « Diamond » en raison de la pureté de son lagon et de son sable si blanc.

La veille, elle se trouvait à Bambousya (un village touristique et balnéaire de la côte ouest de l’île Epicéa) dans un charmant hôtel-restaurant, le « Paradise Beach » situé en bordure de mer avec un accès direct sur une plage privée.

L’hôtel disposait de 40 chambres équipées de la climatisation, minibar, téléphone, ect, sans oublier l’accès gratuit à internet, ce qui n’était pas négligeable étant donné qu’Elisa avait du mal à vivre sans son smartphone ou sa tablette.
Mais pas pour aujourd’hui où elle avait bien volontiers ranger toutes ces technologies modernes dans le placard de sa chambre afin de profiter pleinement de ce moment de liberté et d’évasion !

Et puis de toute façon, la petite île « Diamond » était située dans une zone blanche donc il n’y avait pas de réseau internet et encore moins de wifi.

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Le « Paradise Beach » proposait diverses activités tels que : Golf, bodyboard, Planche à voile, Kayak , Voile, Sentier de randonnée à pied ou à bicyclette, Parachutisme ascensionnel, Cours de golf y compris des excursions en bateau (catamaran ou grands voiliers) tout autour de la côte, vers de magnifiques îlots.

Son Guide touristique qui s’appelait Philippo lui avait décrit qu’il y avait près d’une centaine de petits îlots dont certains étaient proches de la côte et d’autres plus loin et plus difficiles d’accès et que quelques-uns d’entre eux seulement étaient des réserves naturelles avec une faune endémique exceptionnelle où l’on pouvait y croiser quelques spécimens d’animaux tout en se baladant.

Leurs eaux cristallines étaient idéales pour y faire de la plongée en apnée ou encore du scooter sous-marin avait-il précisé. Plusieurs activités s’offraient aux touristes s’ils le désiraient car tout était possible selon lui si l’on souhaitait réaliser un rêve bien précis.

D’ailleurs, il lui avait fortement conseillé de visiter l’un d’entre eux : « Diamond », réputé pour être plus au calme car moins fréquenté et qui d’après lui était un véritable paradis terrestre qu’elle ne serait pas près d’oublier et que l’occasion ne se présenterait pas deux fois si elle voulait en avoir plein la vue et vivre enfin une aventure extraordinaire à la Robinson Crusoé.
En effet, un bien joli programme en perspective…

Elisa avait donc fait son choix : elle avait opté pour deux jours et une nuit à Diamond en incluant les déjeuners/dîners, pique-niques, barbecues y compris quelques activités telles que : Kayak, plongée sous-marine dans l’océan Pacifique, farnientes et balades dans l’îlot inhabité.

Le périple s’effectuerait en catamaran de croisière privée en compagnie de son Guide Philippo qui serait le navigateur.
Mais ce qui l’enthousiasmait le plus dans toute cette expédition de rêve était de dormir une nuit dans une cabane qui se trouvait en haut d’une montagne, au coeur de la forêt luxuriante de Diamond et à quelques mètres d’une chute d’eau qui portait le nom du « Voile de la Mariée » et qui d’après son Guide était d’une beauté exceptionnelle à couper le souffle.

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Et voici qu’elle était en train de marcher sur cette magnifique plage de sable fin qui ressemblait à de la poudre de diamant tellement son éclat était intense et d’un blanc immaculé.
Diamond portait vraiment bien son nom ! Tout était sublime ici. Un vrai paysage de carte postale et d’un calme olympien…

Le soleil était à son zénith, il lui mordait la peau mais qu’importe puisqu’elle avait pris le soin de bien s’enduir le corps et le visage de protection solaire qui sentait agréablement bon la fleur de Tiaré.
De plus, elle portait une casquette et par dessus son maillot de bain deux pièces, une tunique de plage en voile soyeux de couleur bleue ciel, agrémentée de manches courtes chauve-souris joliment fendues sur les épaules.

Cette tenue fluide et aérienne était bien appropriée à la chaleur intense d’aujourd’hui.
Et pour ne pas déplaire, il y avait même une légère brise qui venait lui caresser le visage, les cheveux ; ce qui rendait agréable sa marche, sous le soleil ardent de cette belle matinée de ce samedi 26 Août 2015.

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Cela faisait déjà une bonne vingtaine de minutes qu’elle se promenait tranquillement sur cette plage et pas un seul chat à l’horizon.
Son Guide Philippo ne lui avait pas menti ; cette petite île était encore méconnue des touristes car difficile d’accès et seuls les insulaires et les guides expérimentés tel que lui pouvaient connaître cet endroit béni des Dieux !

Elisa ne regrettait vraiment pas cette excursion ; elle se sentait bien ici, elle était heureuse et parfaitement en osmose avec la nature.

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Philippo ne tarderait pas à la rejoindre, il était resté sur le catamaran qui était amarré non loin d’ici afin d’y prendre quelques équipements pour cette nuit et ramener le repas et les boissons pour le déjeuner de ce midi.

Le menu prévu par le restaurant de l’Hôtel était des plus alléchants :

– Salade de crudités variées et sambos au poisson,
– Langoustes grillées au beurre d’ail accompagnées de riz blanc, de curry de courgettes et d’aubergines avec du bon pili-pili (piment). Et pour terminer ce repas, en guise de dessert : Des bananes flambées au Rhum des îles avec boules de glace au coco. Un vrai festin !

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Elisa avait hâte de déjeuner car elle commençait à avoir faim.
Elle regarda sa montre bracelet waterproof qui avait été d’une très grande étanchéité lorsqu’elle avait fait de la plongée sous-marine il y a une heure de temps déjà, en compagnie de son Guide.

Il était 10H55.
Elle s’arrêta un instant, se retourna, mit sa main en visière à cause du soleil éblouissant et regarda au loin.
Elle avait dû beaucoup marcher car elle ne voyait plus du tout le catamaran. Mais que pouvait bien faire Philippo ? Il n’était toujours pas revenu la rejoindre.

Sans doute qu’elle s’inquiétait pour rien. Il n’allait plus tarder à présent alors en attendant son retour, Elisa décida de faire une petite halte ici.
Elle déposa son sac de plage qu’elle portait en bandoulière puis en extirpa une grande serviette qu’elle étala sur le sable chaud.
Avant de s’allonger dessus, elle fouilla à nouveau dans celui-çi et en sortit une petite bouteille d’eau dont elle but quelques gorgées qui la désaltérèrent aussitôt tellement c’était bien frais.

Jamais elle n’aurait pu faire ce petit voyage sans son fidèle sac de plage. En effet, il y avait pas mal de choses qu’elle avait transportées à l’intérieur : une petite glacière isotherme souple contenant trois petites bouteilles d’eau glacées et une canette de jus d’orange Minute Maid, un paquet d’une dizaine de petits pains aux raisins qu’elle avait acheté ce matin à la pâtisserie de l’Hôtel, ses tennis pour la promenade de tout à l’heure dans la forêt tropicale de Diamond pour y voir « le voile de la mariée », sa grande serviette éponge et une autre plus petite pour s’essuyer après ses baignades, un maillot de bain une pièce de couleur bleu marine, des vêtements de rechange, un gros tube de crème solaire, une trousse de toilette et sans oublier sa grosse lampe de poche étanche pour ce soir.

Et pour je ne sais quelle raison, elle avait aussi prévu d’emmener avec elle, un briquet offert par l’hôtel (non pas qu’elle fumait, bien au contraire mais juste au cas où) ainsi que son couteau Suisse 21 pièces multifonctions ultra compact que son père lui avait offert pour son anniversaire, il y a 6 mois de ça et qu’elle avait dissimulé dans un mouchoir en tissu fleuri afin de le protéger des intempéries. Un accessoire idéal pour les déplacements en extérieur lui avait-il souligné. Elle le revoyait encore en train de lui rabâcher, dans un large sourire :

« Et surtout ne te déplace jamais sans lui, il pourrait t’être utile et ce à n’importe quelle occasion. C’est un couteau magique qui te simplifiera la vie…Je t’assure Elisa ! Prends en bien soin »

Et elle lui répondait invariablement :

« Oui, d’accord Papa c’est noté ! Je le garderai bien précieusement avec moi et je l’emmènerai partout où j’irais… »

Et c’est ce qu’elle avait fait aujourd’hui.
De toute façon ses parents lui avaient appris à devenir une personne très prévoyante et ce depuis sa plus tendre enfance alors disons que c’était presque inné chez elle de se déplacer avec pas mal de choses dans son sac afin de ne rien manquer.

Et comme disait un certain proverbe : « Mieux vaut trop que pas assez ».
C’est pourquoi, même si son guide était chevronné dans son domaine et qu’il avait tout prévu pour ces deux jours, elle préférait faire confiance à son instinct.

Quoique pour l’instant tout allait pour le mieux ; pas le moindre nuage en vu, au sens propre comme au sens figuré.
Tout s’était parfaitement bien déroulé jusqu’à présent ; alors aucune inquiétude à avoir se dit Elisa en esquissant un demi-sourire.

****

Allongée sur sa serviette, sa casquette à visière lui couvrant le visage ; Elisa ferma les paupières et commença à s’endormir tout en écoutant paisiblement le doux murmure du vent et le ressac incessant de la mer.
Et le temps s’écoula, s’égrena…
Elisa venait de s’assoupir et n’avait pas vu le temps passer…

Il était déjà 12H15.

****

Soudain, des petites gouttes d’eau froides lui tombèrent sur la jambe et le pied droit.
Oh non ! Se pourrait-il qu’il pleuve ?? Pourtant il faisait un temps si radieux !
Que c’était désagréable ! Si bien qu’Elisa commença à se réveiller peu à peu.

Elle retira sa casquette qui lui bouchait la vue puis avec effroi et stupéfaction vit une jeune femme qui se tenait là, debout juste à côté d’elle, le dos légèrement courbé en avant avec de longs cheveux noirs éparses et dégoulinants d’eau…

La jeune femme grelottait de froid ; sans doute dû à cause de l’humidité de ses vêtements qui lui collaient à la peau.
Elle avait le visage tuméfié avec un énorme bleu violacé sur le front et des traces de griffures sur la joue gauche.
Un petit filet de sang lui coulait le long de la narine droite jusqu’au menton et ses grands yeux noirs étaient rougis par des larmes incessantes.

Elle portait un t-shirt blanc cassé, déchiré à l’encolure et tâché d’auréoles de sang délavé au niveau du ventre. Son bermuda bleu ciel était maculé de traces de sang comme si elle s’était essuyé les mains dessus quant à ses baskets, on ne distinguait plus vraiment leurs couleurs tellement elles étaient sales.

Elle était vraiment dans un piteux état et n’arrêtait pas de pleurer.
Elisa se redressa rapidement à l’aide de ses coudes et se mit debout face à la jeune femme puis lui demanda :

« Que vous est-il arrivée ? vous êtes blessée…qui vous a fait ça ? »

« J’étais dans la montagne là-bas, avec mon mari et… »

La jeune femme renifla puis d’un revers de main essuya le petit écoulement de sang qui lui sortait de sa narine droite. Les mots ne sortaient plus de sa bouche et elle semblait tétanisée alors Elisa s’approcha davantage d’elle et lui pressa gentiment l’épaule pour l’encourager à parler.

« Continuez, je vous prie…Que s’est-il passé ? »

La jeune femme cessa de pleurer et dit d’une voix éteinte :

« On était dans cette forêt là-bas… »

Elle désigna du doigt une étendue de verdure luxuriante qui se trouvait au loin, juste après la plage.

« J’étais en train de préparer des sandwichs. On se trouvait près de notre cabane. Mon mari discutait avec notre Guide Batisto et je coupai du pain. Soudain, j’ai vu un homme qui venait vers nous. Il était sorti de nulle part et il avait l’air très menaçant. J’ai crié très fort pour avertir mon mari et Batisto mais subitement je ne sais pas pourquoi notre Guide s’en ait pris à mon mari. Il le battait tellement fort qu’il s’est retrouvé par terre. Batisto n’arrêtait pas de lui taper dessus sans fin. Oh mon Dieu ! mon pauvre mari ! Je le voyais qu’il souffrait mais j’étais impuissante, incapable de l’aider. J’étais terrifiée. Subitement, l’autre homme s’est retrouvé près de moi. Je ne l’avais pas vu venir car j’étais préoccupée par mon mari. J’ai tenté de m’enfuir mais il m’a rattrapé. Ensuite, il n’a pas arrêté de me battre ; il me donnait de violent coups sur tout le corps mais le pire fut lorsqu’il me donna un violent coup de poing au front. Je pense que j’ai dû m’évanouir car je ne me souviens plus de rien. je ne sais plus ce qui s’est passé en ce qui concerne mon mari. Et je…. »

La jeune femme s’arrêta de parler. Des larmes lui coulaient à nouveau le long de ses joues et tout son corps était secoué de tremblements tellement elle devait avoir froid mais malgré le choc qu’elle avait subi, elle continua son histoire :

« Lorsque j’ai repris connaissance et que je me suis relevé, j’ai vu à nouveau cet inconnu qui m’avait frappé. Il riait avec notre Guide mais par contre je ne voyais plus nulle part mon mari. J’avais très mal à la tête. Je titubais puis à un moment donné j’ai vu par terre mon couteau de cuisine alors je m’en suis vite emparé et je l’ai caché derrière mon dos. C’est alors que Batisto s’est avancé vers moi. Il n’arrêtait pas de rire puis il m’a dit qu’il avait tué mon mari et qu’il avait adoré lui faire du mal. Il me disait que mon Mari avait crié comme une gonzesse. Ce sont ses propres mots. Cette ordure me débitait ça avec le plus grand mépris alors comme j’avais beaucoup de haine à ce moment là et qu’il se rapprochait de plus en plus de moi, je n’ai pas hésité, je me suis jetée sur lui et je lui ai enfoncé le couteau dans le ventre, au plus profond que j’ai pu puis je l’ai vite retiré pour le garder avec moi. Il a crié très fort et ensuite il est tombé par terre. L’autre type a vu son acolyte au sol et il a couru vers moi. J’étais effrayée. J’ai tenté de me sauver mais il a finit par me rattraper et il m’a donné une grande gifle. J’avais très mal mais je ne sais comment et par quel miracle j’ai réussi à lui donner un coup de pied dans les parties. C’est à ce moment là que j’ai vite ramassé le couteau que j’avais perdu et lorsqu’il s’est approché à nouveau de moi, je le lui ai enfoncé dans la poitrine. L’homme criait de rage et il m’insultait en me regardant d’un air menaçant. Puis il a retiré le couteau qui était toujours planté dans sa poitrine et l’a jeté par terre. Il y avait une grosse tâche de sang sur son t-shirt. Je me souviens ensuite qu’il m’avait menacé en me disant qu’il reviendrait me tuer puis il a couru et a disparu dans la forêt. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu. Je ne sais pas ce qu’il est devenu mais j’aurais voulu qu’il meurt … »

Elisa en avait la chair de poule. Ce que venait de vivre cette jeune femme était insoutenable.

« Mon Dieu ! Mais c’est terrible ce que vous venez de vivre ! C’est inimaginable ! Je suis vraiment désolée. Et qu’est devenu votre Mari ? Et ce guide qui l’avait battu ? »

La jeune femme continua son histoire :

« Lorsque cet homme qui m’avait frappé s’est sauvé, j’ai essayé de rechercher Batisto car je ne le voyais plus nulle part alors je suis allée vers la chute d’eau qui se trouve à quelques mètres des deux cabanes. C’est là que je l’ai revu. Il rampait tout près du bassin de la cascade. Je l’ai vu se redresser et marcher avec difficulté vers l’avant de la forêt ; il voulait sans doute s’enfuir lui aussi comme l’avait fait son acolyte, alors sans hésiter, je me suis précipité vers lui et je l’ai violemment poussé dans le bassin. Il est tombé dedans et lorsque je me suis rapproché, j’ai vu qu’il se débattait dans l’eau pendant un certain temps puis plus rien. J’ai constaté alors qu’il était mort. »

Elisa n’en revenait toujours pas. Quelle épouvantable histoire !!

« Et donc ce Batisto s’est noyé dans ce bassin. Mais en ce qui concerne votre mari ? qu’est-il devenu ? »

« Mon mari est mort et je… »

« Mon Dieu ! ce n’est pas possible ! Mais où l’avez-vous retrouvé ? » dit Elisa totalement affarée.

« Je l’ai cherché partout et j’ai fini par tomber sur une de ses baskets que j’ai trouvé à côté d’un ravin, pas très loin de notre cabane. C’est là que j’ai revu mon mari au fond de ce précipice. Il y avait plein de sang autour de lui…
« Mon Dieu ! mais c’est abominable ! Je suis tellement désolée que vous ayez perdu votre mari… »

Elisa était abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Elle commençait à avoir de plus en plus peur mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre son sang-froid face à cette jeune femme qui était en état de choc et de détresse. Alors elle se ressaisit et lui demanda :

« Comment vous appelez-vous ? »

« Tamara »

« Moi c’est Elisa. Encore désolée Tamara de vous rencontrer ainsi, en de telles circonstances. C’est si triste pour votre mari. Vous étiez ici en excursion ? »

« Oui, mon mari Juanes et moi étions venus ici pour notre voyage de noces. Je ne comprends pas pourquoi il y a eu tout ça. J’ai tout perdu à cause de ces deux hommes. Ces monstres… »

Elisa n’avait plus de mots et ne savait comment consoler la jeune femme qui avait tellement subi alors elle fouilla dans son sac de plage et en sorti une petite serviette qu’elle tendit à la jeune femme.

« Tenez, vous devriez vous essuyer. Vous êtes trempée. Vous devez avoir froid. J’ai aussi des vêtements de rechange. Vous devriez retirer les vôtres et enfiler ceci. Je pense qu’elle vous ira »

« Merci. C’est vrai que j’ai froid… »

La jeune femme s’exécuta. Elle retira son t-shirt tâché de sang ainsi que son bermuda qu’elle jeta en boule, à ses pieds. Elle était en petite tenue mais ne semblait pas trop être gênée devant Elisa. Elle commença à s’essuyer frénétiquement le corps puis les cheveux.

En la regardant faire, Elisa remarqua qu’elle avait quelques bleus au niveau de la poitrine et des épaules. Ces individus avaient dû beaucoup la brutaliser d’où l’apparition de ces marques. Cette femme avait vraiment beaucoup souffert mais elle avait réussi à se défendre face à ces deux tortionnaires et Elisa trouvait qu’elle avait eu beaucoup de cran et de courage pour se sortir de cet enfer.

Lorsque Tamara eut terminé de se sécher, elle enfila la tunique en voile imprimée de couleur fushia qui ressemblait à celle que portait Elisa à la seule différence du coloris.
En les voyant habillées ainsi, on aurait dit deux soeurs jumelles à part que l’une était blonde à la peau claire et l’autre brune à la peau ambrée.

« Vous êtes plus au sec ainsi et la tunique vous va bien » lui dit Elisa. Elle s’approcha de Tamara et lui toucha doucement le front.

« Est-ce que c’est encore douloureux ? »

« Un peu, mais ça va. Et je me sens beaucoup mieux dans ce vêtement. Merci beaucoup Elisa »

« De rien. Et votre nez ? J’ai vu que vous saigniez tout à l’heure… »

« Non, ce n’est rien. J’ai parfois des saignements de nez et ce depuis mon enfance mais ça n’a rien à voir avec ces sales brutes. Mais ça va maintenant, je ne saigne plus du tout »

« Alors je suis rassurée »

Elisa avait remarqué que les cheveux de Tamara étaient très emmêlés alors elle lui proposa son peigne à larges dents pour les discipliner.

« Auriez-vous aussi un élastique pour que je puisse les attacher ? Je ne les supporte plus comme ça » demanda Tamara, tout en coiffant sa longue chevelure ébène.

« Oui, biensûr »

Elisa fouilla dans sa trousse de toilette et en sorti un chouchou en velours noir.

« Tenez, c’est un chouchou. Je n’ai pas d’élastique »

« ça ira très bien. Merci Elisa »

Tamara était en train de nouer ses cheveux en une haute queue de cheval. Coiffée ainsi, elle était complètement différente. Cela lui donnait un air dynamique et encore plus combatif que jamais, prête à affronter n’importe quel adversaire. Du moins, c’est l’apparence que lui donnait cette nouvelle coiffure. En l’observant dans les détails, Elisa avait encore une question qui lui brûlait les lèvres ; un élément qu’elle n’arrivait pas à comprendre, alors elle se lança :

« Je me posais une question Tamara… »

« Oui, allez-y »

« Pourquoi étiez-vous toute trempée lorsque vous êtes venue vers moi ? »

« Heu…Oui c’est vrai, j’ai oublié de vous dire. Lorsque j’ai vu mon mari en bas dans le précipice avec tout ce sang autour de lui, je ne pouvais plus supporter d’avoir le sang de ces sales types sur les mains alors j’ai décidé d’aller me les laver à la cascade. En marchant, j’ai aperçu mon couteau de cuisine par terre qui était plein de sang alors je l’ai ramassé puis je me suis dirigé à la source de la cascade. Je me suis d’abord lavé les mains puis j’ai commencé à rincer la lame du couteau. Mais c’est à ce moment là que je n’ai pas fait attention et que j’ai glissé. J’ai perdu l’équilibre et je suis tombée dans le bassin où se trouvait le cadavre de cette ordure de Batisto. Heureusement, j’ai réussi à me sortir de là tant bien que mal car le bassin est très profond. J’étais entièrement mouillée et je venais de perdre mon couteau alors j’ai voulu quitter cet endroit de malheur au plus vite. Au cours de mon trajet pour retourner à la plage, j’avais beaucoup transpiré et je me sentais toute poisseuse et sale, alors lorsque je me suis retrouvé face à la mer, j’ai vite retiré mes baskets et sans réfléchir je me suis jeté à l’eau. Je voulais me laver de toute cette crasse. Et c’est vrai qu’à un moment donné, lorsque je nageais sous l’eau, j’ai repensé à mon mari. J’étais à nouveau bouleversée et très en colère. Alors j’ai voulu mourir…mais… »

Les yeux de Tamara étaient embués de larmes qu’elle ne pouvait réfréner. Emue par ce qu’elle venait de lui révéler, Elisa eut un geste de tendresse envers elle. Elle lui prit les mains et les enserra tout doucement dans les siennes puis constatant qu’elle ne portait pas d’alliance, elle ne pu s’empêcher de lui dire :

« Je viens de remarquer que vous ne portez pas d’alliance à votre doigt ? »

Tamara regarda un instant sa main gauche qui était effectivement dénudée. Elle resta un instant sans voix comme si elle se sentait fautive puis se remit à pleurer si bien qu’Elisa regrettait déjà de lui avoir posé cette question.

« Vous allez trouver ça complètement idiot de ma part mais je vous assure que c’est la vérité. Lorsque je prends ma douche, j’ai pour habitude de retirer ma bague pour ne pas l’abîmer. Mais cette fois-çi j’ai dû oublier de la remettre à mon doigt. La bague est donc restée chez nous dans notre maison à Antinéa. Biensûr lorsque mon mari et moi sommes venus à Diamond, je m’en suis aperçu mais c’était déjà trop tard. Vous pensez que c’était un mauvais présage ? C’est vrai maintenant que j’y pense. Comment ai-je pu oublier mon alliance… » dit-elle les yeux noyés de larmes.

« Non, Tamara. Ne vous méprenez pas. Si je vous ai posé cette question, ce n’est pas pour vous accabler. Vous ne devez pas vous sentir coupable par rapport à cette bague, cela n’a rien à voir du tout ! C’était juste un oubli. Rien de plus. Ce n’était en aucun cas un mauvais présage comme vous venez de le dire. Non, rien de cela. Et puis, vous ne pouviez pas prévoir ce qui allait se passer sur cette île »

« Je ne sais pas mais tout ce que je sais, c’est que j’ai perdu mon mari… »

« Oui et c’est vraiment tragique ce que vous avez vécu mais je vous en prie Tamara, chassez de votre esprit cette histoire de mauvais présage. Vous n’y êtes absolument pour rien. Et moi, je suis là avec vous. Et je voulais vous dire aussi que lorsque vous m’avez raconté tout à l’heure que vous vouliez vous suicider, eh bien, j’ai été très émue d’apprendre cela. Je suis sincère Tamara. Et sachez une chose, votre mari n’aurait jamais voulu que vous fassiez ce geste. Vous êtes en vie et c’est tout ce qui compte. Vous m’avez entendu ? Vous êtes une personne très forte. Et vous avez tout mon soutien »

« Merci Elisa. Vous êtes si gentille avec moi. Mais vous savez, c’est grâce à vous si je ne suis pas passée à l’acte »

« Grâce à moi ? »

« Oui, grâce à vous. Lorsque je nageais sous l’eau et que je suis remontée à la surface pour reprendre une dernière fois mon souffle, j’ai remarqué au loin une petite tâche bleue sur la plage. Je n’en croyais pas mes yeux alors je suis vite sortie de l’eau, j’ai enfilé mes baskets et j’ai couru sans m’arrêter vers cette tâche. Puis au fur et à mesure que je m’en rapprochai, j’ai constaté que c’était bien une personne qui était allongée sur une serviette. Et à partir de ce moment là, vous ne pouvez pas savoir à quel point ce fut une véritable délivrance pour moi lorsque je suis tombée sur vous et qui plus est une femme. Je n’aurais sans doute pas eu confiance si j’étais tombée sur un homme. C’est pourquoi je tenais à vous remercier Elisa. Encore merci d’être là et de me soutenir »

« Mais c’est tout à fait normal Tamara. Et je vous soutiendrai encore jusqu’au bout »

****

Elisa jeta un bref coup d’oeil à sa montre. Il était déjà 13H20.

Les sourcils froncés, elle regarda au loin l’imposante montagne qui se dressait juste après la plage puis avec une certaine anxiété dans la voix, s’empressa de dire à Tamara :

« Je voulais vous demander. En ce qui concerne l’homme qui s’est enfui. Il pourrait revenir ici pour nous faire du mal ? Il doit sans doute nous épier au moment même où nous parlons. Vous ne pensez pas ? Et si jamais il vous avez suivi ? »

« Non, il ne m’a pas suivi et j’en suis certaine car je n’ai eu de cesse de regarder autour de moi avant de venir sur cette plage »

Pourtant, il y avait quelque-chose qui clochait se dit Elisa dans son for intérieur. Une chose qui la tracassait encore. Mais quoi donc ? Soudain elle fut prise de panique. Elle l’avait complètement oublié. C’était son Guide Philippo. Mais qu’était-il devenu depuis tout ce temps ??

Avec affolement, elle fit part de son inquiétude à Tamara et sans plus attendre commença à lui raconter le début de son histoire :
« Moi aussi j’étais en excursion sur cette île. Mais avant de me retrouver ici à Diamond, j’étais en catamaran avec mon Guide.

C’est lui qui naviguait le bateau et au cours de notre périple, on avait fait de la plongée sous-marine ensemble. Ensuite on a débarqué sur cette plage, il a amarré le bateau puis il m’a dit que je pouvais aller me promener un peu plus loin si je le souhaitai pendant qu’il déchargerait nos affaires. Je me suis donc baladé puis j’ai décidé de m’allonger un peu en l’attendant. Je me suis endormie et vous êtes apparu. Et depuis notre rencontre, je n’ai plus jamais revu mon Guide qui s’appelle Philippo…Je me dema.. »

Soudain Tamara lui coupa la parole.

« Vous dîtes qu’il s’appelait Philippo ? Ce prénom me dit vaguement quelque-chose. C’est encore flou mais il me semble que j’ai entendu ce prénom lorsque j’étais évanouie. J’entendais des bribes de voix. Oui, j’en suis certaine maintenant. Je me souviens de ce prénom… »

Elisa n’osait y croire. L’idée même de penser que Philippo pouvait avoir un lien avec toute cette sordide histoire lui fit dresser les cheveux sur la tête. Pour en avoir le coeur net elle posa la question cruciale qui éclairerait enfin sa lanterne :

« Vous souvenez-vous des vêtements que cet homme portait ? »

« oui, je m’en souviens clairement » s’empressa de dire Tamara. « Il portait un t-shirt jaune avec une inscription dessus. Attendez, ça va me revenir. Oui voilà, c’était écrit : Black and White »

Mon Dieu ! c’était donc son Guide Philippo. Elle n’en croyait toujours pas ses oreilles et pourtant c’était bien lui. Il n’y avait plus aucun doute là-dessus. Elisa en avait la nausée.

« C’est bien lui » dit-elle avec dégoût. « C’est mon Guide. Il portait effectivement un t-shirt de cette couleur avec l’inscription que vous venez de mentionner : Black and White. Mon Dieu, et dire que j’avais fait de la plongée avec lui. Il semblait si gentil. C’est totalement insensé ! Mais pourquoi aurait-il fait tout ça ? »

« Je ne sais pas. Mais en tous cas, il avait l’air de bien connaître notre guide Batisto. Je me rappelle encore de leurs satanés rires !! Moi aussi je n’aurais jamais cru que notre Guide nous aurait fait du mal. Et comme vous dîtes, lui aussi il paraissait être très gentil. Les apparences sont parfois trompeuses. On croit connaître une personne mais c’est tout l’inverse et j’en sais quelque-chose. A cause de ces deux hommes, j’ai tout perdu. Finalement, mon mari et moi n’aurions jamais dû venir sur cette fichue île de malheur. Il serait encore en vie maintenant. Je regrette tellement qu’on soit venus ici ! »

« Vous avez raison Tamara. A cause d’eux, vous avez perdu votre mari. C’est tellement horrible ce que vous avez vécu ! Qu’allons nous faire maintenant ? On se retrouve toutes les deux seules sur cette île perdue. Qu’allons-nous devenir ? Qui va venir nous sortir de là ? »

« Je ne sais pas Elisa mais on va tout faire pour pouvoir s’en sortir. Et puis heureusement nous sommes deux »

« Oui, c’est vrai mais ce n’est pas rassurant avec ce sale type qui est dans les parages. J’ai quand même peur. Vous auriez un plan en tête pour se sortir de cette galère ? »

« Oui j’ai un plan qui pourrait être possible. Dîtes-moi, quelle heure est-il ? »

Elisa regarda sa montre. Et dire qu’en venant sur cette île, elle se disait qu’elle oublierait les heures qui passent ; eh bien ce n’était plus le cas à présent, au contraire le temps était compté plus que jamais…

« Il est exactement 14H00 »

« Il faudrait quitter cet endroit au plus vite » dit Tamara.

« Mais pour aller où ? »

Tamara regarda la forêt luxuriante qui était à environ 3 kilomètres de là où elles se trouvaient puis elle dit :

« Je pense qu’on devrait aller là-bas dans la forêt. Ici on est trop en vue. Et la nuit va vite tomber. En haut de cette montagne, il y a deux cabanes qui se trouvent l’une à côté de l’autre. La deuxième qui était juste derrière la première était fermée à clef car elle était inoccupée. Mon mari et moi dormions dans la première cabane. Ces cabanes sont des sortes de refuge pour les rares touristes qui séjournent ici. On pourrait vous et moi, s’enfermer à clef dans la cabane que je connais. Je me souviens que la porte d’entrée était restée entrouverte avant que les deux hommes nous attaquent mon mari et moi. Je le sais car j’étais en train de préparer des sandwichs et que je faisais des allées et venues entre la cabane et l’extérieur. Moi, je ne vois que cette solution pour nous protéger de cet homme »

« Mais où se trouve cette clef pour pouvoir s’enfermer dans cette cabane ? »

« Lorsque mon mari et moi dormions dans la cabane, nous nous y enfermions à clef pendant que Batisto de son côté dormait sous sa tente à quelques mètres de nous. Je me rappelle que tous les matins, il avait pour habitude de nous réclamer à chaque fois la clef de notre cabane et j’avais remarqué qu’il la rangeait toujours dans l’une des poches extérieures de son sac à dos. Et quand votre guide nous avait agressé, le sac se trouvait à l’intérieur de notre cabane. Il était posé sur la table à manger. Et je suis certaine qu’il doit toujours y être. Il faudrait absolument mettre la main dessus et récupérer la fameuse clef. Et à ce moment là, on serait sauvées vous et moi ! Du moins, on serait beaucoup plus en sécurité qu’à l’extérieur. Je ne vois que cette solution pour l’instant. Ensuite, on verra bien ce qu’on pourra faire pour la suite des évènements »

« Mais, vous oubliez un détail Tamara ? Et si jamais ce Philippo était revenu sur ses pas pendant que vous êtes venue sur cette plage ? Il pourrait alors se trouver dans cette cabane et avoir la fameuse clef avec lui ! C’est vraiment trop dangereux et risqué d’aller là-bas ! »

« Oui c’est vrai que c’est risqué ! Mais nous n’avons pas le choix ! On ne peut pas rester ici indéfiniment. Personne ne viendra nous chercher. Mon mari et moi avions opté pour 4 jours d’excursion à Diamond et depuis notre arrivée ici, nous n’y avons dormi que 2 nuits. Alors vous comprendrez que dans l’immédiat, personne ne viendra s’inquiéter de notre sort. Et en ce qui vous concerne, c’est pareil puisque vous venez à peine de débarquer aujourd’hui sur cette île. Rappelez-moi Elisa, vous deviez séjourner ici durant combien de jours ? »

« 2 jours et 1 nuit » dit-elle avec amertume.

« Vous voyez bien ! Personne ne viendra nous sauver avant ! Croyez-moi Elisa, il faut absolument rejoindre cette cabane si on veut s’en sortir ! »

Elisa constata avec effroi, qu’effectivement personne ne viendrait les secourir tant que ces jours d’excursions n’auraient pas été écoulés. Et donc cette nuit promettait d’être longue et angoissante…

« Qu’en pensez-vous Elisa ? Il faut se décider maintenant. Le temps est compté ! »

« Vous avez sans doute raison mais c’est effrayant de savoir que ce type est toujours là quelque part… »

« Oui, c’est vrai. Mais il est blessé à la poitrine et il perdait déjà beaucoup de sang lorsque je l’ai vu s’enfuir. Il est donc en état de faiblesse. Et n’oubliez pas, nous sommes deux ! On a un avantage sur lui ! on pourra mieux se défendre si jamais ça tournait mal »

Elisa était tout de même perplexe mais ce que disait Tamara n’était pas dénué de sens, bien au contraire. En effet, comme elle venait de le souligner à l’instant, Philippo était blessé mais elle ne savait pas pourquoi, elle avait tout de même peur de devoir s’aventurer dans cette forêt.

« Et si on tentait d’aller plutôt là où le catamaran est amarré ? » dit-elle.

« Surtout pas ! et pour y faire quoi ? Il pourrait même déjà y être pendant que nous discutons. De plus on n’y serait pas à l’abri vous et moi. Il faut au contraire partir d’ici et se diriger vers la cabane où l’on pourrait s’y enfermer à clef. On y serait beaucoup plus en sécurité. Je vous assure. Et comme je vous l’ai déjà dit, je connais bien l’endroit »

« D’accord, vous devez sans doute avoir raison. Il vaut mieux s’en tenir à votre plan. Je pense effectivement qu’on serait beaucoup plus en sécurité à l’intérieur de la cabane »

« Oui, je le pense aussi. Il vaut mieux se dépêcher Elisa car la nuit tombe vite ici. Ne perdons plus un instant. Allons-y »

Sur les conseils de Tamara, Elisa échangea sa paire de tongues par ses tennis puis ramassa le reste de ses affaires qu’elle rangea à l’intérieur de son sac de plage. Elle était fin prête mais elle avait peur. Pourtant, il fallait bien qu’elle fasse confiance à Tamara qui avait l’air d’être une personne combative et très déterminée. Ce qui était rassurant en un sens mais voilà elle doutait encore et ne pouvait s’empêcher d’avoir de l’appréhension.

****

Et voici que les deux jeunes femmes couraient vers la grande étendue de forêt verdoyante qui se trouvait droit devant elles.

Tamara avait prévenu Elisa que la cabane se trouvait tout de même assez loin et qu’il faudrait accélérer le pas afin de ne pas se faire prendre par la nuit.
Et c’est ce qu’elles faisaient à cet instant là. Courir sans s’arrêter.

****

Enfin arrivées à l’orée de la forêt, toutes deux s’immobilisèrent.

Elles étaient essoufflées par leur course alors avant de continuer leur chemin, Elisa proposa à Tamara de boire un peu d’eau afin de reprendre des forces.
Une fois après avoir étanché leur soif, elles étaient prêtes à se remettre en route.

« Allons-y Elisa !! et surtout faites attention où vous mettrez les pieds. C’est assez caillouteux par certains endroits… »

« OK. Merci Tamara. Je ferai attention »

****