Étiquette : noirceur

L’étoile de ma vie 🌠

Une étoile différente des autres brillait de mille feux dans le ciel noir d’encre…

Elle ne pouvait s’arrêter de scintiller tant elle voulait qu’on puisse l’admirer sans jamais la perdre de vue…

La nuit lui permettait d’être distinguée, unique au monde,

Et de voyager dans les airs sans aucune limite, ni aucune frontière…

La nuit l’enveloppait de sa profonde noirceur mais sans jamais la voiler…

Bien au contraire,

Elle la propulsait toujours au devant de la scène telle une reine ou encore une star au sommet de sa gloire…

La nuit était sa plus fidèle alliée…

Grâce à elle, elle n’éteindrait jamais son incandescente flamme dans la noirceur de son opacité…

La nuit ne lui faisait plus peur…

Elle lui faisait battre à nouveau son cœur dans un rythme régulier ou effréné,

Selon l’intensité de la voluptueuse noirceur de son encrier…

La rendant alors beaucoup plus vibrante et pétillante…

Ainsi, celle-çi lui permettait de ne jamais sombrer dans l’oubli…

Pourtant, au tout début de l’histoire, ce fut bien différent…

Puisque durant fort longtemps, elle avait toujours craint sa noirceur infinie…

Mais ce n’était plus le cas aujourd’hui…

Et chaque soir, elle aimait bien revêtir son costume de lumière brillantissime pour aller danser,

Au bal masqué de sa bien-aimée,

La mystérieuse nuit opaque si attirante et troublante…

Un plaisir immense que celui de danser avec elle toutes les nuits sans oublier le fougueux baiser de minuit…

Lui faisant alors tourner la tête et pousser des ailes dans le dos pour s’envoler toujours plus haut…

Ce qu’elle pouvait se sentir sereine dans les bras de son ciel !

Blottie à l’intérieur de son long manteau noir opaque si douillet…

Mettant bien en valeur ses contours pyramidales ainsi que sa jolie robe dorée pailletée.

Elle avait alors l’impression suprême de se révéler,

D’être au firmament de son apogée…

Et de pouvoir enfin tendre la main à son prochain,

Pouvoir ainsi effacer tous les chagrins,

En éclairant de mille feux leur chemin,

De sa vive et lumineuse clarté…

De sa bienveillante bonté,

Toutes ces âmes esseulées,

Perdues dans le désert,

Essayant de lutter tant bien que mal,

Dans les profondeurs abyssales,

Mais à qui on avait fait tant de mal,

Qu’une certaine belle étoile,

N’avait pas hésité à tenir l’ultime promesse de tous les sauver…

De les libérer un à un de leur prison de tristesse…

Tout en chassant leur mal-être…

Et en leur offrant protection et consolation…

Grâce à la puissance de son infinie clarté,

Permettant ainsi de guider chacune de ces personnes désespérées vers les chemins de la lumière et de la liberté…

La belle étoile apparaissait alors toute radieuse et lumineuse dans le si vaste ciel,

Tel un arc en ciel aux mille couleurs,

Réduisant ainsi au silence toutes ces affreuses souffrances…

« Ô nuit ! Reste toujours mon amie ! »

« Mais il en sera toujours ainsi ma chère petite étoile chérie car vois-tu, je t’apprécie tant qu’il ne pourrait en être autrement »

« Oh merci infiniment ! Douce et tendre nuit de ma vie »

La nuit lui avait ainsi promis de toujours bien veiller sur elle…

Puis ajouta ceci dans le creux de son oreille :

« Tu es si belle, merveilleuse étoile de ma vie ! Désormais, tu seras pour toujours et à jamais sous ma protection. Aucune malveillance ne pourra donc t’atteindre car vois-tu, tu fais désormais partie de mon univers ; un univers qu’aucun homme sur terre n’oserait défier tant il me craindrait… »

Et si jamais un jour on te pointait du doigt ; sache que ce ne serait que pour l’irradiance de ton intense clarté…

Voilà pourquoi, tu es devenue depuis quelque peu, mon étoile scintillante préférée…

Celle que j’aime tant chôyer parmi toutes celles de mon ciel noir de jais…

Et sais-tu petite étoile adorée que certaines personnes en quête d’espoir ou d’amour ne manqueront pas de te demander d’exaucer leur unique vœu tout en admirant la magnificence de tes traits lumineux ?

Sais-tu aussi que certaines d’entre elles voudront que tu guides leur pas incertains à travers l’obscurité de la forêt enchantée ?

Je pense que tu le sais déjà fort bien ma chère petite étoile…

Et connaissant ton côté protecteur ; tu te réjouiras sans doute à l’avance de toutes ces missions à entreprendre vu que tu as le cœur sur la main…

Ah ! Petite étoile de ma vie ! tu as tant de choses à offrir à ton prochain…

Tu es si merveilleuse et fabuleuse dans mon univers de noirceur,

Que seule ta présence suffit à rendre mon coeur infiniment heureux…

Et surtout, n’oublie pas que dans mon ciel, tu seras toujours éternellement chez toi…

« Ah ! Petite étoile de ma vie ! Ne cesse surtout pas de briller de mille feux dans mon paradis noir afin que je puisse toujours t’admirer…»

« Car, comme tu le sais, je ne cesserai jamais de t’aimer… »

Cécile Vidal, La Suricate 🐾🐾

La dernière danse de la lune : Chapitre 4 : La faille

la derniere danse de la lune

 

« Oups ! ça devait arriver ! Attendez je vais en allumer une autre » s’empressa de dire Tamara.

En effet, les bougies n’avaient eu de cesse de se consumer et on voyait à présent un amas de cire blanche biscornu qui s’était formé sur chacun des deux socles.

C’était le témoignage du temps qui avait passé se dit Elisa en regardant Tamara qui était déjà en train d’allumer la mèche d’une autre bougie à l’aide de son fameux briquet provenant de l’Hôtel Paradise Beach.

Elle venait de prendre une autre bougie à l’intérieur d’un des tiroirs du bas de l’armoire et avait bien précisé qu’il y en avait encore tout un stock entier et que si jamais l’une d’elles venait à nouveau à s’éteindre, elles n’auraient aucun souci à se faire de ce côté là.

« Tant mieux ! » s’était dit Elisa dans son for intérieur car les bougies lui procuraient un certain réconfort qu’elle n’était pas encore prête à voir disparaître et surtout pas en cette longue nuit interminable.

Elle aimait bien sentir cette odeur de bougie qui brûle. Cette effluve si particulière qui envahissait toute la pièce, lui rappelant de lointains souvenirs de son enfance.

Oui, de biens jolis instants qu’elle aurait bien aimé pouvoir un jour raconter à l’homme de sa vie ainsi qu’à ses futurs enfants car elle comptait bien se sortir de cette impasse…

A force d’attendre dans cette cabane, elle avait retrouvé en elle un nouvel espoir ; sans doute grâce à la présence de Tamara qui avait réussi à détendre l’atmosphère par ses multiples et diverses questions.

Et plus que jamais, elle voulait retourner à sa vie d’avant et vivre sa continuité.

En tous les cas, il était hors de question que son destin ne se termine de manière tragique et qui plus est dans une île perdue, éloignée de tout.

Non, pas question ! et même si cet individu était là, tapi quelque part dans le noir de cette forêt lugubre, elle était fermement décidée à tout faire pour déjouer ses pièges car elle avait en elle cette rage de vivre !
Et même si le pire devait arriver, elle ne flancherait pas car son maître mot était inlassablement le même « VIVRE ».

« Vivre ou survivre » se dit-elle tout en regardant les deux longues flammes des bougies qui dansaient gaiement au moindre mouvement de l’air, faisant apparaître leurs ombres chinoises démesurées sur un pan du mur en bois de la cabane.

****

21H00. A l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes tuaient le temps en discutant de tout et de rien.

Soudain, le hululement strident d’une chouette vint troubler leurs conversations.

Et à en juger le son qui était tout proche, le rapace nocturne devait probablement se trouver non loin de la cabane, juché sur une des branches des nombreux arbres qui l’entouraient.

C’était bien la première fois qu’Elisa entendait ce type de son en direct. Biensûr, comme tout le monde elle l’avait déjà entendu à la télévision, dans certains films d’angoisse mais de là à l’entendre d’aussi près et si clairement, c’était totalement différent.

Dans d’autres circonstances, sa curiosité l’aurait emportée et elle n’aurait pas hésité une seule seconde à sortir dehors et ce, même en pleine nuit pour aller voir la fameuse chouette ou le hibou.

Tiens, c’est vrai ça ! se demanda t-elle subitement. S’agissait-il d’une chouette ou d’un hibou ? Elle n’avait jamais su les distinguer tant ils se ressemblaient beaucoup en apparence. Pourtant, en regardant un jour un documentaire télévisé sur ces étranges oiseaux, elle avait appris qu’on pouvait les reconnaître grâce à la spécificité de leur tête.

En effet, le hibou avait de petites touffes de plumes de chaque côté de celle-çi que l’on appelait « aigrettes » tandis que la chouette n’avait rien de semblable.
Elisa se massa la tempe droite. Comment pouvait-elle songer à ce documentaire à l’heure actuelle ?

Soudain, comme pour la rappeler à l’ordre, le rapace nocturne se mit à nouveau à hululer.

Nerveusement, elle se mordit la lèvre inférieure pendant que Tamara, elle de son côté, semblait être la recherche du fameux cri d’oiseau, en tournant lentement sa tête de gauche à droite.
Elisa ferma les paupières pour humecter ses yeux tellement ils étaient secs et les rouvrit presque aussitôt lorsqu’elle entendit une troisième fois le hululement strident de la chouette.

D’un geste machinal, elle regarda sa montre : il était exactement 21H30.

On aurait dit que le temps faisait exprès de se rallonger se dit-elle tout en se mordillant l’ongle de son pouce droit. Elle commençait sérieusement à en avoir marre de cette attente interminable et souhaitait déjà être au lendemain.

« Vous entendez la chouette qui hulule ? » dit subitement Tamara en la fixant de ses grands yeux noirs brillants.

« Oui » répondit Elisa.

« J’ai toujours trouvé cet oiseau fascinant »

« Fascinant ? et en quoi ? »

« Eh bien, déjà il est nocturne, un peu comme la chauve-souris et il ne chasse que la nuit. Ensuite, j’aime bien lorsqu’il hulule. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve que ces oiseaux ont un côté mystérieux. En fin de compte, ce sont des solitaires. Par contre, je n’ai jamais su différencier la chouette du hibou. Et vous ? Vous connaissez leurs différences ? »

Elisa n’avait pas trop envie d’aborder le sujet de ces volatiles qui contrairement à Tamara, ne les trouvait pas autant fascinants que ça, alors pour couper court à la conversation, elle lui répondit :

« Non, je n’en sais rien du tout »

« Vous semblez agacée Elisa. A moins que je ne me trompe ? » dit-elle en la scrutant avec un petit sourire en coin.

« Oui désolée, je suis un peu énervée par le temps qui passe mais ne faites pas attention à mon humeur, c’est passager »

« Vous en avez marre d’attendre ? » questionna Tamara en accentuant davantage son demi-sourire qui semblait moqueur.

« Oui. J’aurais préféré qu’il fasse déjà jour. C’est tellement insupportable d’attendre comme ça »

« Pour combien de temps déjà deviez vous séjourner dans cette île ? » demanda Tamara en lissant sa longue queue de cheval brune.

« Justement, c’est pourquoi je suis tant impatiente. Je ne devais rester ici que deux jours et une nuit. Normalement, demain après-midi j’étais censée quitter Diamond dans les alentours de 15H00 »

« Mais c’est une bonne nouvelle ça ! s’écria Tamara dans un large sourire.

« Oui, c’est vrai. Mais je trouve que c’est encore trop loin »

« Oui, certes. Mais lorsqu’ils s’aperçevront que vous ne reviendrez toujours pas ; enfin je veux parler de l’hôtel où vous séjourniez. Je suis certaine qu’ils enverront des secours. Vous ne pensez pas ? »

Elisa n’avait eu de cesse de penser déjà à ce scénario mais le temps semblait se rallonger avant d’en arriver à un tel cas de figure.

« Oui, vous avez sans doute raison » dit-elle. « De plus, je dois obligatoirement figurée dans leurs registres ainsi que dans leurs bases de données informatiques »

« Eh oui ! » s’empressa de rajouter Tamara. « Il faut donc toujours garder espoir et se dire que ça aboutira forcément dans ce sens. Ils viendront donc nous chercher ! »

« Et nous quitterons enfin cet endroit de malheur ! » s’exclama Elisa en tapant du poing sur la table.

« Exactement ! » renchérit Tamara en souriant. « Vous voyez bien. Tout finira par s’arranger »

« J’aimerais tant revoir ma famille. Mes chers parents » dit Elisa en soupirant.

« En ce qui vous concerne, l’avenir est devant vous ma chère Elisa. Vous avez de la chance d’avoir une famille qui attendra votre retour. Moi, je ne sais pas ce que je deviendrai. Je n’ai aucune famille. J’ai perdu mon mari. On venait à peine de se marier. A croire que cela ne devait pas durer… » dit-elle mélancoliquement.

C’était un fait indéniable, le retour de Tamara à Epicéa serait bien différent du sien. Sa situation était beaucoup plus à plaindre…

« Je suis vraiment désolée Tamara »

« Non c’est moi. Je ne devrais pas parler comme ça. Ce n’est pas de votre faute. C’est juste que je suis devenue amère » dit-elle, les yeux dans le vague, en regardant les flammes danser avec frénésie.

Subitement, Tamara venait de changer de comportement et semblait ailleurs comme si elle était perdue dans de lointains souvenirs si bien qu’Elisa se demanda si elle n’avait pas commis une maladresse en lui faisant part de son souhait de revoir sa famille.

Tamara avait perdu l’homme de sa vie et vu la manière touchante dont elle en avait parlé lors de leurs nombreuses conversations ; il était certain qu’elle resterait longtemps inconsolable. En plus, selon ses dires, elle n’avait plus aucune famille pour l’aider lorsqu’elle reviendrait à Epicéa. Elisa voulut la questionner à ce sujet.

« Tamara ? ça va aller ? » demanda t-elle avec inquiétude.

« Oui ça ira Elisa. C’est juste un petit passage à vide »

« Vous m’avez dit tout à l’heure que vous n’aviez plus de famille. Je me demandais si vous vouliez un peu en parler. A moins que… »

« Non, ça ne me dérange pas d’en parler. J’ai perdu mes parents lorsque j’avais 25 ans. Ils sont morts dans un grave accident de voiture. J’étais leur seule enfant et ils n’avaient aucun liens familiaux de leurs côtés. Heureusement, lorsque ce drame était arrivé, j’étais déjà indépendante et j’habitais dans un petit appartement du centre-ville avec un travail bien rémunéré alors ce ne fut pas si difficile pour moi de m’en sortir toute seule question finances. Par contre, j’étais rongée de l’intérieur à cause de leur disparition si brutale et longtemps j’étais restée inconsolable. Et à un tel point que je fus obligée d’aller voir une psychologue 6 mois après leur mort »

« Oh ! je suis vraiment navrée Tamara. La perte tragique de vos parents. Toute cette souffrance. Vous avez dû vivre un véritable calvaire. Et maintenant la mort de votre mari. Je suis tellement confuse. Vous auriez dû m’en parler avant… »

« Non, je n’aurais pas pu vous en parler avant Elisa. Je préfère bien mieux le faire maintenant. Je vous fais beaucoup plus confiance. C’est pourquoi j’ose me dévoiler davantage »

« Je comprends. Vous n’avez pas eu une vie facile… »

« Détrompez-vous. Deux ans après la mort de mes parents, je rencontrais Juanes, l’homme de ma vie. Puis vous connaissez la suite… »

« Mais lorsque vous avez rencontré votre mari, il n’avait pas de famille, lui non plus ?

« Mais si, il en avait une. Ses parents étaient si charmants et si gentils. Je me rappelle encore d’eux, lorsqu’ils m’avaient invitée dans leur grande et si belle maison à Epicéa. Ils m’appréciaient beaucoup vous savez et ils me considéraient comme leur fille. Mais hélas, quelques mois plus tard, le père de Juanes mourut brusquement d’une crise cardiaque. Juanes était effondré mais heureusement que j’étais là pour le soutenir. Puis vint le jour le plus important de ma vie : notre beau mariage du 15 décembre de l’année dernière. La mère de Juanes était présente lors de la cérémonie mais elle était déjà très malade. Quelques semaines après, elle mourut d’un cancer de la gorge. Mais avant de mourir, elle m’avait confié que son souhait avait été exaucé : celui d’avoir pu assister au mariage de son unique enfant et qui plus est avec une femme telle que moi car elle me disait souvent que son fils avait enfin trouvé la perle rare. Je n’oublierai jamais ces paroles qu’elle m’avait adressées avant de s’éteindre. Ce fut pour moi, l’un des plus beaux témoignages d’amour qu’elle ait pu me faire » dit-elle d’un air triste en étant accoudée sur la table, sa joue droite reposant dans le creux de sa main.

Quelques secondes après, elle ajouta dans un profond soupir :

« Ah oui ! et j’allais oublier de vous dire aussi que les parents de mon mari n’avaient pas de liens familiaux tout comme les miens »

« C’est vraiment triste tout ce que vous venez de me raconter Tamara… »

« Oui c’est vrai. Mais que voulez-vous ? C’était mon destin de ne jamais être heureuse bien longtemps. Par contre, je n’aurais jamais cru qu’on m’aurait arraché le coeur en tuant mon mari alors que nous étions en voyage de noces. Il était tellement tout pour moi. J’avais vécu de si belles choses avec lui. Mais là encore, cela ne devait pas durer. Je pense que je dois être maudite par ce fichu destin » dit-elle en ayant peu à peu les yeux qui s’embuèrent de larmes.

« Je suis tellement désolée Tamara. Vous n’êtes pas maudite. Il ne faut pas que vous pensiez ça »

« Pourtant, c’est ce qu… »

Tamara ne pu terminer sa phrase. A présent, les larmes coulaient abondamment sur ses joues sans qu’elles puissent les arrêter.

Elisa était impuissante face à son immense chagrin. Elle la regardait avec beaucoup de compassion ne sachant quoi lui dire pour pouvoir soulager sa peine. Cette femme avait vécu tellement de drames dans sa vie. Et maintenant, l’assassinat de son mari. Plus d’une personne aurait sombrer à sa place…

Comment aider une personne dans le désarroi qui a tout perdu dans sa vie ? Quel espoir lui redonner ? Elisa hésita un instant puis se lança :

« Vous savez, c’est normal ce que vous ressentez. Vous avez le contrecoup à présent. Mais n’oubliez pas que nous sommes devenues amies. Et dès que nous serons de retour à Epicéa, croyez-moi, vous ne serez pas seule. Je serais là pour vous »

Tamara releva la tête et regarda Elisa. Ses grands yeux noirs en amande étaient rougi à force d’avoir pleuré. Elle essuya ses larmes avec le dos de sa main.

« Vous serez là pour moi ? » dit-elle la voix un peu enrouée.

« Oui. Et c’est tout à fait normal. Nous sommes amies maintenant et je vous aiderai »

« Merci Elisa. Vous êtes si gentille avec moi »

« Et je vous le répète encore. Vous ne serez pas seule. Je vous le promets » dit Elisa dans un large sourire afin de lui remonter le moral.

A présent, Tamara semblait un peu plus apaisée alors Elisa en profita pour changer de sujet.

« Heu…Je saute un peu du coq à l’âne mais n’auriez-vous pas une petite faim ? ça pourrait peut-être vous faire du bien de manger quelque-chose. Il me reste encore quelques pains aux raisins dans mon sac, si vous voulez »

« Oui je veux bien, merci » dit Tamara en se frottant les yeux. « Auriez-vous aussi un peu d’eau ? Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la gorge très sèche » ajouta t-elle.

« Oui, attendez. Je vais chercher tout ça dans mon sac »

Elisa se leva de table et commença à fouiller à l’intérieur de son sac de plage qui reposait sur le plancher, juste en dessous de la petite fenêtre à un ventail.

Quelques secondes après, elle revint et déposa sur la table le paquet de petits pains aux raisins entamé. Avant de se rasseoir, elle tendit à Tamara la canette de jus d’orange Minute Maid qu’elle avait jusqu’alors, bien conservée dans son sac.

« Tenez, j’ai cette canette de jus d’orange si vous voulez, sauf qu’elle est chaude maintenant. On pourrait se la partager. ça nous donnerait un peu de tonus. A moins que vous préférez boire de l’eau pour accompagner vos pains aux raisins ? »

« Vous aviez cette canette de jus d’orange dans votre sac ? » s’exclama Tamara quelque peu interloquée. « Wahou ! J’avoue que vous m’impressionnez vraiment Elisa ! Eh bien ce sera avec grand plaisir que je boirai ce jus d’orange avec vous. Et peu importe qu’il soit chaud ! En tout cas, je vois que vous avez beaucoup de choses intéressantes à l’intérieur de votre sac de plage. C’est une vraie mine d’or ! »

Soudain, elle se mit à rire aux éclats. Elle essaya tant bien que mal de se contrôler en plaquant sa main droite sur la bouche afin d’étouffer son rire nerveux mais n’y arriva pas. Il devenait de plus en plus tonitruant et filtrait aisément à travers ses doigts.

« Ah ! Ah ! Ah ! » pouffa t-elle sans pouvoir s’arrêter. « Excusez-moi Ah ! Ah ! Ah ! Elisa ! Ah ! Ah ! Mais je dois bien…Hi Hi…avouer que…Ah ! Ah! Ah !… »

Le rire de Tamara était très communicatif alors Elisa n’y résista pas plus longtemps et commença à rire à son tour. Elle se surprit même à s’amuser de la situation en imitant la voix d’une personne très snob.

« Que voulez-vous ma chère. J’ai absolument tout dans mon sac. Une vraie caverne d’Ali Baba.D’ailleurs, il est assez lourd et quelque peu encombrant mais il est vraiment indispensable ! Si, si, je vous assure. Je dirais même que c’est un sac essentiel qu’il faudrait toujours avoir avec soi » dit-elle d’une voix moqueuse et enjouée.

Sur sa chaise, Tamara continuait toujours à se tordre de rire, en se tenant le ventre et en pointant du doigt le fameux sac qui la rendait si hilare.

Elisa riait également. Elle relâchait enfin la pression et cela lui faisait le plus grand bien.

Il est vrai que c’était une chose qu’elle n’avait plus jamais fait depuis un certain temps. Depuis qu’elle était tombée sur Tamara…

****

22H30. Il faisait nuit noire dans la forêt de Diamond et l’apparition d’un petit vent frais fit frémir les feuilles des hauts arbres environnants.

La chouette qui était juchée sur la plus haute des branches de l’un d’eux, tourna la tête en direction de la cabane puis secoua ses ailes un instant avant de rester totalement immobile, les paupières closes.

Pendant ce temps là, à l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes ne dormaient toujours pas. Sans doute dû à la vitamine C du jus d’orange qu’elles venaient de boire goulûment il y a à peine une heure et ce, jusqu’à la dernière goutte.

Elisa soupira fortement. C’était une véritable torture d’attendre inlassablement. Oui une vraie goutte chinoise qui commençait à lui vriller à nouveau le cerveau.

Rire, lui avait fait peut-être le plus grand bien tout à l’heure mais à présent, la ritournelle de l’attente interminable faisait à nouveau son apparition, la tuant à petit feu.

Soudain, Tamara brisa le silence tel un couperet.

« J’ai une envie pressante » annonça t-elle. « Il faut absolument que j’aille au petit coin »

Elisa fronça les sourcils et fut prise de panique à l’idée de devoir réouvrir la porte de la cabane. Finalement, elle regrettait déjà de s’être plainte de l’attente interminable.

« Mais il fait nuit noire dehors ! » s’écria t-elle sur le ton de la défensive. « Comment allez-vous faire ? Et le cinglé qui est peut-être là à nous observer et à attendre justement qu’on lui ouvre la porte »

« Je le sais bien Elisa. Mais je ne pourrais vraiment pas attendre. Je dois absolument y aller… »

« Mais vous ne pouvez pas aller dehors. Ce ne serait vraiment pas prudent. Ni pour vous, ni pour moi » rétorqua t-elle. « Attendez, il doit sûrement y avoir un seau où v… »

« Non ! » coupa brutalement Tamara. Il n’y a aucun seau ici et pas même à l’intérieur de cette armoire. Et je sais de quoi je parle »

« Ok ! ne vous énervez pas ! » dit Elisa un peu surprise par le ton que venait d’employer Tamara.

« Désolée Elisa » dit-elle en se radoucissant aussitôt.

« C’est rien. De toute façon, ce genre de désagrément nous serait tôt où tard arrivé, n’est-ce pas ? »

« Oui. De toute façon je ne pourrais jamais me retenir et faire ça ici. Jusqu’à présent, on s’en est plutôt bien sorti vous et moi. Alors voilà. Ecoutez-moi bien. Dehors, il y a une cabine de toilette qui se trouve juste derrière la deuxième cabane et qui peut se fermer à clef. Il suffit que j’y aille vite en faisant attention puis je reviendrai sans tarder. Je suis certaine que j’y arriverai »

Elisa était perplexe mais finit par acquiescer.

« Ne vous inquiétez pas Elisa. Tout ira bien »

« Mais alors, il faudrait vous munir de quelque-chose pour pouvoir vous défendre au cas où cet individu serait dans les parages ! » ajouta t-elle.

« Oui vous avez raison. Attendez que je réfléchisse »

Tamara regarda autour d’elle puis s’attarda sur le balai brosse qui était appuyé contre le mur de gauche de la cabane.

« Voilà ! j’ai trouvé ce qui pourrait convenir » s’exclama t-elle. « Je dévisserai le manche de ce balai brosse et comme ça le tour sera joué. Il deviendra alors une arme pour pouvoir me défendre si jamais l’autre cinglé voulait m’attaquer »

****

Quelques minutes plus tard, Tamara détenait un manche à balai qui ferait office d’arme si jamais Philippo venait l’agresser au moment où elle se retrouverait dehors.

« Vous pensez que ça suffira ? » dit Elisa à nouveau perplexe.

« Oui, ça ira. Le manche a l’air très costaud. C’est du solide ! Il est en bois. Par contre il me faudrait votre lampe de poche sinon je n’y verrai strictement rien dans le noir »

L’espace d’un instant, Elisa hésita à lui prêter sa lampe de poche mais se dit que Tamara en aurait bien plus besoin qu’elle surtout dans cette forêt lugubre…

Sans plus attendre, elle se précipita pour aller la chercher à l’intérieur de son sac.

Tout en fouillant dans ses affaires, elle aperçut au fond du sac, le mouchoir en tissu fleuri qui dissimulait à l’intérieur, le fameux couteau Suisse que son père lui avait offert pour son anniversaire.

En une fraction de seconde, elle fut tentée de le dire à Tamara mais se ravisa aussitôt.

En effet, en lui donnant sa lampe de poche, il fallait bien qu’elle ait au moins avec elle de quoi se défendre si jamais elle aurait un éventuel problème durant son absence. En réfléchissant à ce cas de figure, Elisa préféra donc se taire et cacher l’existence de son arme à Tamara même si au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas très honnête de sa part…

Vite, elle prit alors la lampe de poche puis referma le clip de son sac.

« Tenez, prenez ma lampe de poche Tamara ! et surtout ne tardez pas pour revenir »

« Oui, je ferai vite ! Ne vous en faites pas ! Et surtout, il faudra bien refermer la porte à clef derrière moi lorsque je sortirai »

« Oui, compris » dit Elisa avec contrariété.

Tamara était en train de refaire sa queue de cheval tout en souriant à Elisa.

« Je vois bien que vous êtes très inquiète Elisa mais je reviendrai » dit-elle en terminant de nouer sa longue chevelure brune. « Vous savez, je ne suis pas une personne qui se laissera faire si jamais cette ordure s’en prenait à moi. Je me battrai, croyez-moi ! »

« Oui, je le sais bien mais… » balbutia Elisa en se tenant nerveusement les deux mains.

« Tout se passera bien. Faites moi confiance » ajouta t-elle d’un ton rassurant.

Subitement Elisa réalisa qu’elle allait se retrouver toute seule ici. Et si jamais le tueur s’en prenait à Tamara. Mon Dieu, elle s’en voudrait de ne pas lui avoir dit qu’elle détenait une arme à l’intérieur de son sac.

Soudain, elle eut honte de son comportement…

Pourtant, elle avait encore la possibilité de se rattraper mais les mots ne sortirent pas de sa bouche au moment où Tamara lui tournait déjà le dos en marchant d’un pas décidé vers la porte…

****

Tamara se tenait à présent devant la porte d’entrée, armée de son manche à balai à la main droite et munie de la lampe de poche d’Elisa à la main gauche.

« Ouvrez-moi s’il vous plaît ! Allez ! J’y vais maintenant Elisa ! Et surtout fermez bien la porte derrière moi ! »

Lorsqu’Elisa lui ouvrit la porte, il faisait tellement nuit noire dehors que c’était pratiquement impossible de distinguer quoi que ce soit mais dès lors où Tamara enclencha la lampe de poche, tout le devant de l’épaisse forêt fut si bien éclairée, qu’on pouvait aperçevoir les branchages des hauts arbres se pencher machiavéliquement vers l’avant de la cabane, telles de grandes griffes acérées, rendant encore plus terrifiante la végétation qui les entourait.

Tamara se retourna et lui jeta un bref regard accompagné d’un petit sourire qui voulait dire qu’elle reviendrait au plus vite.

La lourde porte en bois se referma alors derrière elle, laissant place à un vent léger et froid qui vint s’engouffrer sournoisement à l’intérieur de la cabane et à travers le fin tissu de la tunique que portait Elisa, la faisant aussitôt frissonner de tout son corps.

Vite, sans plus attendre elle tourna deux tours de clef dans la serrure et resta debout figée à regarder fixement la porte d’entrée.

Pourvu que tout aille bien se dit-elle avec beaucoup d’anxiété, tout en froissant avec nervosité le pan de sa tunique…

****

La dernière danse de la lune : Chapitre 3 : Confessions

la derniere danse de la lune

 

Elisa fouilla rapidement dans son grand sac qu’elle portait toujours en bandoulière et trouva enfin sa fameuse lampe de poche étanche.

Dès lors qu’elle l’enclencha, la lumière fut tellement puissante qu’elle suffit à éclairer tout l’ensemble de l’unique grande pièce de la cabane qui devait bien faire dans les 20 m².

A l’intérieur, tout était rustique et entièrement en bois : de l’habillage des murs, sol et plafond jusqu’au mobilier.
Au milieu du mur du fond, une petite fenêtre à un ventail sans rideau avait son volet fermé ; ce qui expliquait pourquoi il faisait si sombre ici. A sa droite, tronaît une grande et haute armoire en bois massif à trois portes avec deux tiroirs côte à côte au niveau du bas.

Au dessus de celle-çi, on pouvait aperçevoir un amoncellement de diverses choses indéfinissables ainsi que deux grands chandeliers à plusieurs branches, accompagnés de leurs bougies.
Contre le mur de gauche, à côté d’un balai brosse, étaient appuyés l’un sur l’autre deux lits de camp pliables qui prenaient pas mal de place tant ils étaient grands.

Au centre de la pièce se trouvait une grande table rectangulaire habillée d’une nappe en tissu à petites fleurs, entourée de quatre chaises en bois avec assises en paille. Et au milieu de celle-çi reposait le fameux sac à dos de Batisto.

Tamara s’en rapprocha et commença à ouvrir l’une des deux petites poches extérieures mais n’y trouva rien. Elle ouvrit alors la deuxième poche puis s’exclama :

« Elle est là ! Je l’ai trouvée ! On va pouvoir enfin s’enfermer à clef ! »

****

Elisa était à présent en train d’éclairer la serrure de la porte d’entrée afin que Tamara puisse y insérer la fameuse clef.
Une fois que celle-çi l’eut fermée à double tour, elles se retrouvèrent enfin dans un espace clos et à l’abri de tout danger en attendant la suite des évènements…

« Voilà c’est fait Elisa ! On est en sécurité maintenant ! Du moins, pour l’instant mais c’est bien mieux que si on était dehors… »

Le seul inconvénient restait toutefois l’éclairage qui était assez faible et ce malgré le puissant faisceau lumineux de la lampe de poche d’Elisa qui de toute façon ne pourrait pas marcher indéfiniment étant donné que celle-çi fonctionnait avec des piles.

« Je ne pourrai pas laisser allumée ma lampe de poche trop longtemps sinon les piles finiront par s’épuiser » fit-elle remarquer. « Il faudrait nous éclairer avec autre chose. J’ai vu qu’il y avait deux chandeliers au dessus de l’armoire » ajouta t-elle en éclairant le sommet du meuble.

« Oui, vous avez raison mais il y a mieux que ça ! Vous pouvez m’éclairer la troisième porte de l’armoire s’il vous plaît ? Normalement, ils doivent toujours y être…Du moins, je l’espère… »

Elisa s’exécuta tandis que Tamara était déjà en train d’ouvrir la porte en question puis commençait à balayer de sa main droite le dessus de la première étagère du haut, à la recherche des objets qu’elle avait en tête.

« Voilà ce qu’il nous faut ! je viens de les retrouver ! » s’écria t-elle.

Tamara venait d’attraper par leur anses deux lanternes en métal ajouré. Elle les porta jusqu’à la table puis les déposa au milieu de celle-çi près du sac à dos de Batisto. L’intérieur de chacune d’elles comportait une grosse bougie fixée sur un socle.

« Vous pouvez encore m’éclairer Elisa ? Je me souviens qu’il y avait un briquet rangé ici » dit-elle en désignant du doigt le tiroir de droite du bas de l’armoire.

Pendant qu’Elisa l’éclairait à nouveau, Tamara ouvrit le tiroir et commença à chercher des yeux le dit briquet. Au bout de quelques instants, elle finit par le trouver.

« Ah le voici ! Je me disais bien qu’il se trouvait là. Voilà Elisa ! on va pouvoir enfin allumer nos lanternes ! »

Mais la joie de Tamara fut de courte durée lorsqu’elle s’aperçut que le réservoir de celui-çi était vide.

« Mince alors ! c’est vraiment pas de chance ! il n’y a plus de gaz dans le réservoir. Il est complètement à sec ! et en plus il n’y en a pas d’autres, à part celui-là ! Oh noonn ! dit-elle en pestant.

« Moi j’ai un briquet ! » s’empressa de dire Elisa. « Il est à l’intérieur de mon sac de plage. Enfin, normalement…Attendez, je vais le chercher »

« C’est pas vrai ? Incroyable ! Vous avez un briquet dans votre sac ? En tout cas, si vous l’aviez vraiment, vous nous sauveriez une fois de plus la vie, ma chère Elisa ! » dit-elle en lui pressant gentiment l’épaule.

Alléluia ! se dit Elisa avec un petit sourire de satisfaction lorsqu’elle mit enfin la main sur son fameux briquet qu’elle venait de retrouver parmi toutes ses affaires. C’était un cadeau publicitaire de l’hôtel « Paradise Beach » où elle avait séjourné et qu’elle avait trouvé posé sur une des tables basses de sa chambre. Elle se souvenait encore avoir hésité à le prendre avec elle, lors de son périple en catamaran.

A présent, elle pouvait encore se féliciter de l’avoir entre ses mains étant donné qu’à cet instant précis, il lui serait très utile.
Comme quoi, un simple petit briquet très ordinaire fut-il ; pouvait bien faire des miracles en redonnant un peu d’espoir et de la lumière à deux jeunes femmes en détresse…

****

Grâce aux deux lanternes, la pièce baignait dans un halo de lumière et semblait beaucoup plus chaleureuse qu’auparavant.

Elisa, assise sur une des chaises, observait Tamara debout, face à la table, en train de fouiller à l’intérieur du sac à dos de Batisto.

Que pouvait bien t-elle chercher ? se demanda t’elle. Sans doute une arme quelconque ou encore un objet qui leur serait utile.
Au bout d’un instant, Tamara finit par dire d’un air dépité :

« Il n’y a vraiment rien d’intéressant dans ce sac ! »

Cela se voyait qu’elle fulminait intérieurement mais qu’elle essayait de garder son calme. Elle fusillait du regard le sac à dos et semblait ne plus pouvoir supporter sa vue. Nerveusement elle se gratta la tête puis décida de le déposer sur le plancher à côté des deux lits de camps. Elle lui jeta un dernier coup d’oeil sans doute en le maudissant de tous les noms puis vint s’asseoir à son tour, juste en face d’Elisa.

« J’ai perdu mon temps. Je n’ai rien trouvé dans le sac de cette ordure à part quelques babioles inutiles » ajouta t-elle.

« Oui, j’ai vu. On se débrouillera autrement… » dit Elisa en baillant.

« Vous êtes fatiguée ? Vous voulez peut-être un peu vous allonger ? ils sont très confortables, vous savez » dit Tamara en regardant en direction des lits.

« Non, merci mais c’est gentil de me l’avoir proposé. Je pense que je n’arriverai pas à fermer l’oeil. Je suis beaucoup trop angoissée pour dormir »

« C’est pareil pour moi et même si je me sens tout de même assez fatiguée. Je dois bien avouer que cette marche dans la forêt m’a littéralement épuisée »

« Oui, moi aussi. D’ailleurs, j’ai détesté marcher dans cette fichue forêt » dit Elisa avec mépris.

« Oui, vous avez bien raison. Une fichue forêt ! comme vous dîtes. Des bestioles de partout avec une chaleur suffocante et insupportable. Et puis sans oublier cette moiteur qui n’en finissait pas…Oui, c’est certain, c’était loin d’être une promenade des plus agréables »

Elisa repensa soudainement à la grande araignée noire qui avait failli lui tomber dessus. Brrr…, rien que d’y penser, elle fut parcourue de frissons. Mais la scène la plus horrible était bien celle du cadavre au fond du précipice. Elle le revoyait encore très clairement avec cet étrange pique qui lui transperçait le dos. L’auréole de sang qui maculait son t-shirt.Tout ce sang autour de lui et les débris éparpillés un peu partout…

Les images sordides ne cessaient de lui envahir l’esprit, lui donnant le tournis tel un manège qui n’en finirait pas de tournoyer sans fin…

Et puis il y avait aussi ce type qui était caché là, quelque-part en train de sûrement les épier tout en attendant le bon moment pour s’en prendre à elles…

Elisa se massa la tempe droite. Elle commençait à avoir un début de mal de tête. Cela ne lui était plus jamais arrivé et ce depuis pas mal de temps déjà, si ce n’est lorsqu’un jour elle avait reçu un coup de téléphone de sa meilleure amie de l’époque qui avait osé lui annoncer tout bonnement qu’elle ne voulait plus de leur amitié en inventant un prétexte des plus médiocres. Un mauvais jour qui avait particulièrement marqué au fer rouge Elisa. Mais avec le temps, elle avait réussi à effaçer cette infâme trahison.

Aujourd’hui, le mal de tête qui s’insinuait lentement et douloureusement tel un poison violent à l’intérieur de sa boîte crânienne ne ressemblait en rien à celui qu’elle avait subi à l’époque à cause de sa fausse amie. Non, il était bien pire…

Et il ne faisait qu’empirer, s’amplifier davantage au fur et à mesure qu’elle s’inquiétait de sa situation. Une situation que personne ne voudrait vivre. Oui, la pire des situations…et qui surpassait de loin ce fameux jour de trahison. Une trahison qui à ses yeux devenait à l’heure d’aujourd’hui totalement anodine, ridicule et même risible.

Par contre ce qu’elle était en train de vivre à Diamond était un véritable cauchemar… Oui, un cauchemar qui n’en finissait pas…

****

Elisa ne pouvait s’empêcher de ressasser en boucle toutes ces images. Elles martelaient sa tête sans répit ; jaillissant par intermittence tels des éclairs qui zèbreraient un ciel d’un noir intense…Oui, noir comme les yeux de Tamara…

« Comment vous sentez-vous Elisa ? ça n’a pas l’air d’aller ? »

La voix de Tamara l’empêcha d’aller plus loin dans sa réflexion tel un rappel à l’ordre qui la fit immédiatement revenir à la réalité.

Une réalité qui ne présageait rien de bon d’ailleurs, puisqu’elles étaient enfermées à l’intérieur d’une cabane, certes éclairée par deux bougies mais qui était perdue au milieu d’une forêt épaisse avec un maniaque caché quelque part pour noircir le tableau.

Qu’allaient-elles devenir en fin de compte ? Elisa ne cessait d’angoisser. Reprenant peu à peu ses esprits, elle essaya tant bien que mal de masquer ses craintes et finit par répondre à Tamara :

« Je vais bien. Ne vous inquiétez pas. Je repensais juste à tous ces évènements que nous venions de vivre »

« Je suis vraiment désolée Elisa… »

Tamara semblait réellement confuse et observait Elisa avec inquiétude.
Elisa massait à présent sa tempe gauche en espérant que ce fichu mal de tête finirait bien par se dissiper. Elle souffrait mais ne voulait surtout pas l’avouer à Tamara car elle en avait assez de se plaindre. D’ailleurs, elle cessa immédiatement de se masser les tempes car cela ne servait strictement à rien.

Tamara l’observait toujours. Alors, pour ne pas éveiller sa curiosité concernant le mal de tête qui la rongeait, elle répliqua :

« Non, Tamara, ne vous excusez pas. Arrêtez de le faire, s’il vous plaît. C’est vous qui êtes plus à plaindre que moi. Je voudrais tellement qu’on puisse se sortir de cet enfer. Je me sens juste désemparée et impuissante. Je me demande aussi combien de temps nous allons devoir rester ici et c’est vrai que je ne cesse de penser à cet individu mais ça va aller, rassurez-vous. J’ai juste peur qu’il s’en prenne à nous. C’est tout »

« Oui, moi aussi j’ai peur de ce sale type mais cette cabane a l’air très solide. Il ne pourra pas s’en prendre à nous comme ça ! et puis nous sommes deux ! Il faudra donc rester ici toute la nuit jusqu’au lever du jour puis on verra bien ce qu’on pourra faire demain »

« Oui, vous avez raison. Faisons comme ça… »

« Au fait, quelle heure est-il s’il vous plaît ? »

Elisa regarda sa montre dont les aiguilles étaient devenues phosphorescentes.

« Il est 19H15 »

« Je pensais qu’il était beaucoup plus tard que ça. On devra donc attendre longtemps ici mais que voulez-vous, c’est bien mieux que d’être dehors »

« Oui, vous avez raison et même si je ne peux m’empêcher d’avoir peur, je vais essayer de faire la part des choses. Après tout, nous n’avons pas le choix. J’espère seulement que tout se passera bien et qu’on s’en sortira »

« Oui, il faut y croire ma chère Elisa. Vous verrez, on s’en sortira »

Elisa l’a regarda quelque peu perplexe ne sachant quoi ajouter de plus. Elle trouvait que Tamara ne manquait pas de courage étant donné qu’elle avait perdu son mari de la manière la plus épouvantable qu’il soit. Mais où pouvait bien t-elle trouver encore cette énergie d’y croire encore et de penser qu’elles se sortiraient de cette galère ? Elle semblait si sûre d’elle.

Elisa constata que par rapport à sa compagne d’infortune, elle avait tendance à trop vite se laisser abattre.

« Oui, et on fera tout pour ça Elisa ! Croyez moi ! » ajouta Tamara. « Vous savez, ces ordures m’ont détruite de l’intérieur en tuant mon mari mais je vous promets que la crapule qui est toujours en vie ou pas d’ailleurs, n’arrivera pas à avoir notre âme. Non, il ne fera rien de tel car on l’en empêchera vous et moi. N’est-ce pas Elisa ? Et on se battra pour ça »

« Oui, je suis d’accord avec vous Tamara »

Elisa essayait d’y croire mais elle avait encore quelques doutes à ce sujet. Comment feraient-elles pour s’en sortir face à cet individu qui avait tué de sang froid un homme. Et comment feraient-elles pour quitter cette île ? Que de questions et cet horrible mal de tête qui n’en finissait pas…

Soudain, Tamara la brusqua dans ses pensées :

« Et sinon, pour parler un peu d’autre chose, comment trouvez-vous cette cabane, Elisa ? Elle n’est pas trop mal, je trouve. Mon mari et moi l’adorions. Et vous ? qu’en pensez-vous ? » demanda t-elle tout en dessinant avec son index des cercles imaginaires sur la nappe de la table.

Elisa ne lui répondit pas tout de suite tant elle fut surprise par sa question quelque peu incongrue. Certes, cette cabane avait un certain charme mais elle n’était pas du tout disposée à parler de ses qualités ou inconvénients vu les circonstances actuelles.

Non ! Elle, tout ce dont elle avait envie, c’était de fuir cet endroit de malheur au plus vite et que ce fichu mal de crâne s’arrête définitivement.
Tamara voulait certainement détendre l’atmosphère en abordant un tel sujet mais elle n’était vraiment pas d’humeur à entrer dans ce genre de conversation.

Décidément, les deux jeunes femmes ne se ressemblaient pas du tout, point de vue caractère. L’une était forte et déterminée avec un mental d’acier alors que l’autre doutait toujours et restait perpétuellement sur ses gardes.

Elisa finit par lui répondre :

« Eh bien dans d’autres circonstances, j’aurais sans doute apprécié de séjourner ici mais là, je reste inquiète. Désolée de me répéter… »

« Non, vous n’avez pas à vous excuser Elisa. Vous avez toutes les raisons de l’être. C’est certain que nous ne sommes pas sereines vu les circonstances mais au moins on est en sécurité ici. Dehors, il doit faire nuit noire. Rien que d’y penser je me dis qu’on a bien fait de s’enfermer dans cette cabane. Pas vous ? »

« Si, je suis tout à fait d’accord avec vous »

Elisa décida de ne plus partager ses inquiétudes avec Tamara. Cela ne servait à rien de propager son angoisse et de l’attiser davantage par des paroles négatives.

« Je peux vous poser une question Elisa ? »

« Oui, biensûr »

« Pourquoi êtes-vous venue ici à Diamond et toute seule ? »

« Je ne suis pas venue seule. J’étais accompagnée de mon Guide touristique »

« Oui certes, mais pourquoi venir ici sans être accompagnée d’un ami ou d’une amie par exemple ? »

« Tout simplement parce que je voulais faire ce voyage en solitaire. C’était mon rêve de jouer en quelque sorte les Robinson Crusoé durant deux jours dans une petite île déserte et éloignée de tout. Et je dois bien avouer que Diamond était parfaite pour ça mis à part les affreux drames qui s’y sont déroulés. Le Guide m’en parlait tellement comme si c’était un joyau de la nature que je n’ai pas hésité et que je me suis lancée. Mais jamais je n’aurais cru un seul instant qu’il y aurait eu un meurtre ici, ni que mon guide en aurait été l’instigateur. J’étais loin de m’imaginer tout ça sinon il est clair que je serais restée bien tranquillement dans mon hôtel à continuer mes vacances »

Les grands yeux noirs en amande de Tamara ne cessaient de la fixer comme si elle essayait de trouver une vérité au fin fond de son esprit. Mais laquelle au juste ?

« Je vous comprends Elisa. Je suis navrée encore pour tout ça »

« Non, ne le soyez pas. Vous et moi ne pouvions pas savoir que ces guides étaient des meurtriers… »

« Oui, c’est juste. Mais je vous ai tout de même entraîné dans cette galère »

« N’y pensez plus. Ce n’est pas de votre faute Tamara »

Tamara se mordit la lèvre inférieure en signe d’acquiescement puis baissa les yeux comme si elle avait honte.

Elisa essayait de la rassurer mais elle savait aussi au fond d’elle même qu’elle n’aurait jamais voulu rencontrer Tamara sur son chemin vu tous les problèmes qu’il y avait autour de cette femme et quand bien même qu’elle soit une innocente victime.

Etait-ce humain de penser de la sorte ? Pourquoi est-ce que subitement elle avait de telles pensées envers cette femme ? était-ce à cause de ce terrible mal de tête qui la mettait à fleur de peau ? ou tout simplement parce qu’elle se sentait prise au piège et qu’elle aurait bien voulu que tout ce cauchemar se volatilise comme par magie. Mais malheureusement, elle ne pouvait pas remonter dans le temps et gommer en un claquement de doigt cette rencontre…C’était son destin d’être tombée sur Tamara.

Elle ne pouvait pas non plus lui avouer cette vérité. Elle ne pouvait que la cacher au fin fond de son esprit et se taire. En somme, il ne lui restait plus que la résignation et la fatalité.

« J’aurai une autre question à vous poser Elisa »

Tamara venait de relever les yeux et à présent elle la regardait intensément comme si elle essayait de sonder son esprit. Ce qui perturba quelque peu Elisa.

« Allez-y, je vous écoute »

« Je me rappelle que vous m’aviez dit que vous aviez fait de la plongée sous-marine avec ce Philippo avant de débarquer à Diamond »

« Oui c’est vrai » dit Elisa en se demandant où elle voulait bien en venir.

« Voilà, je voulais juste savoir si vous aviez remarqué quelque chose chez lui qui ne tournait pas rond. Un élément quelconque qui aurait permis d’en déduire qu’il était une personne bizarre »

« Non, je suis vraiment désolée de vous dire ça Tamara mais il n’y avait rien de tel chez lui qui aurait pu présager quoi que ce soit de bizarre. Il semblait tout à fait normal. Il n’avait pas un comportement étrange, bien au contraire. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment il a pu faire toutes ces atrocités. C’est vrai que ça restera toujours un mystère pour moi »

« Oui, moi aussi je me le demande encore, vous savez. C’est pareil en ce qui concerne cette ordure de Batisto. Jamais je n’aurais cru qu’il était un tueur. Je me rappelle encore de lui. Il semblait être une personne honnête et gentille mais je me trompais. Il était tout le contraire. Je suis tellement dégoûtée. Et dire que j’étais venue ici avec mon mari pour notre voyage de noces. Je ne peux m’empêcher de penser que tout ce qui est arrivé est de ma faute… »

« Mais pourquoi dîtes-vous ça ? rien n’est de votre faute Tamara. Encore une fois, vous ne pouviez pas prévoir tout ce qui allait se passer ici. En aucun cas vous ne devez vous sentir coupable, je vous assure »

« Si justement, puisque c’est moi qui ait eu l’idée de faire cette escapade à Diamond. Je regrette tellement maintenant… » dit-elle les larmes aux yeux.

En regardant les larmes qui coulaient le long de ses joues, Elisa regretta subitement d’avoir eu de mauvaises pensées envers elle. Les yeux noirs en amande semblaient si tristes à cet instant là qu’elle en éprouva une profonde compassion.

« Je vous en prie Tamara, ne pleurez pas. Je trouve que vous êtes une personne tellement courageuse. C’est grâce à vous si on se retrouve dans cette cabane et en sécurité. Vous avez eu raison de nous emmener jusqu’ici ! et je suis certaine que votre mari aurait été fier de vous. Je le pense très sincèrement… »

« Merci Elisa de me réconforter comme vous le faîtes. Vous êtes si gentille avec moi. Moi aussi je trouve que vous êtes courageuse. Vous m’avez fait confiance. Vous savez, ce n’est pas tout le monde qui aurait pu s’aventurer dans cette forêt tout en sachant qu’il y a un tueur qui s’y cache quelque part. Vous m’avez beaucoup soutenu depuis que je vous ai rencontrée sur la plage et je ne l’oublierai jamais. Merci pour tout ça » dit-elle tout en reniflant.

Elisa lui adressa un large sourire. Un sourire sincère qui se voulait être réconfortant. Oui, un sourire d’espoir destiné à une jeune femme qui avait vécu un horrible drame.

Elisa ne s’en était pas aperçu mais son terrible mal de tête s’était totalement dissipé. Sans doute parce qu’elle avait un peu relâché la pression et qu’elle reprenait peu à peu confiance en elle.
Elle avait à nouveau un espoir qui semblait germer dans son esprit si torturé.
Oui, un ultime espoir de se sortir de cet enfer. Et pour ce faire elle aurait besoin de l’aide de Tamara alors autant s’en faire une alliée et chasser toutes ces idées noires qui ne menaient à rien.

A présent, elle se sentait un peu plus forte et voulait encore croire à sa bonne étoile qui ne l’avait jamais abandonnée en cas de coup dur…

« Tamara ? »

« Oui ? » répondit Tamara en essuyant ses larmes avec ses doigts.

« J’aimerais moi aussi vous remercier et vous dire que vous êtes une personne bien »

« Vous le pensez réellement ? »

« Oui, très sincèrement. Et je tenais à vous dire également que je vous apprécie et que je suis certaine qu’on s’en sortira » dit-elle dans un large sourire.

« Moi aussi, je vous apprécie Elisa. Merci de me dire ça. Je suis très touchée. Oui, on fera tout pour s’en sortir » lui répondit Tamara en lui rendant le sien.

****

En pleine nuit, au coeur de la forêt de Diamond.
A l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes étaient toujours en train de discuter en attendant le lever du jour.

Le cadran de la montre d’Elisa indiquait qu’il était exactement 20H00. Comme le temps était long ! se dit-elle. Elle était fatiguée et commençait à avoir un peu sommeil mais heureusement que Tamara était là pour alimenter la conversation.

« Elisa ? Je pourrais vous poser une question un peu plus personnelle ? »

« Oui, biensûr »

« Vous n’avez pas de petit ami ? Je vous pose cette question un peu indiscrète par rapport à ce que vous m’avez dit tout à l’heure. Vous savez, que vous souhaitiez faire ce voyage en solitaire… »

« Oui, vous avez raison. Si, j’en avais un avant mais je l’ai quitté. C’était il y environ 1 an. On n’était plus du tout sur la même longueur d’onde lui et moi. Disons qu’on n’était pas faits l’un pour l’autre, tout simplement. Mais c’est de l’histoire ancienne à présent. Et puis je n’ai aucun regret et c’est ce qui compte finalement. Et vous ? si je puis me permettre, avec Juanes ? Vous vous connaissiez depuis longtemps avant de vous être mariés ? »

« Oui, depuis déjà cinq ans. C’est lui qui un beau jour, m’a dit qu’il voulait se marier avec moi. Je ne courrais pas après le mariage mais à force qu’il m’en persuade, je me suis dit pourquoi pas ? Et puis il y tenait tellement alors on s’est marié le 15 décembre dernier. La cérémonie s’était déroulée dans une magnifique cathédrale en plein centre-ville d’Epicéa. Et pour cette grande occasion, je portais une jolie robe blanche toute en dentelle. J’étais très belle et lui tellement élégant dans son beau costume tout neuf. Oui, ce fut un très beau mariage. Un véritable conte de fée que je n’oublierai jamais… » dit-elle avec beaucoup d’émotion dans la voix.

« Je n’en doute pas. Vous deviez former un bien joli couple »

« Oui un très beau couple… » soupira t-elle en regardant les yeux dans le vague, les deux flammes des bougies qui ne cessaient de danser.

En voyant sa tristesse, Elisa préféra changer de sujet.

« Je voulais savoir Tamara, vous habitez à Epicéa ? »

« Oui depuis ma plus tendre enfance. D’ailleurs c’est là-bas que j’avais rencontré mon mari. Et vous ? »

« Je ne vis pas à Epicéa, c’est pourquoi j’y suis venue en vacances. J’habite à Antinéa, là ou vit ma famille. Vous connaissez cette province ? »

« Oui très bien. C’est agréable de vivre là-bas. Mais il est vrai que je préfère la côte. J’aime l’océan »

« Moi aussi j’aime la mer… » dit Elisa en repensant à sa promenade sur l’immense plage de sable blanc de Diamond.

Soudain, une des deux bougies s’éteignit faisant apparaître une fine volute de fumée blanchâtre qui s’éleva en serpentin dans l’air…

**** 

Le papillon de la vie

Chrysiridia ripheus 1

Dans l’allée d’un jardin d’éden,
Une roseraie m’émerveille,
Si belle, si odorante,
Aux couleurs chatoyantes.

Un univers floral merveilleux,
Où j’aime m’y noyer les yeux.

Belle aquarelle aux tons pastels,
Doux papillon vagabondant,
Conscient de sa métamorphose,
Et qui ose,
Défier le temps et ses tourments,
Dans le sillage hasardeux du vent.

Petit insouciant, virevoltant,
Dans ce royaume de fleurs et de fées,
Jonché de pétales de roses et d’orchidées,
Tu es avide de liberté,
Et tu te moques de toutes ces épines acérées.

Tu ressembles à cette envolée d’hirondelles,
Quittant leurs nids, vers l’infini,
Où seule, la nature serait Reine.
Et toi, Roi de la vie !

Je suis guidée par le battement de tes ailes,
Douce magie éternelle,
Sans contraintes ni querelles,
Où tous les rêves sont exaucés,
Comme dans les contes de fées.

O doux papillon de la vie !
Petit Prince insolent,
Comme je t’envie !
Tu suis ton chemin,
Sans tracas ni tourments,
Sans peur ni noirceur,
Tu suis tout simplement ton coeur.

Semblable au lever du jour,
Auréolé d’amour,
Tu joues avec le temps,
Avec plaisir et délectation,
telle une rose des vents.

Urania_ripheus
Poème écrit et inventé par : Cécile