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Son plus beau cadeau sur Terre 🎁

Mira s’était endormie dans le large fauteuil en velours si doux et si confortable qui se trouvait tout près de la grande baie vitrée.

À travers celle-ci, on pouvait voir un immense et magnifique jardin dont la pelouse venait tout juste d’être tondue il y a à peine deux jours et qui était à présent toute imbibée d’eau à cause de l’interminable pluie.

Tout était redevenu calme dehors et peu à peu les petits moineaux revenaient se poser gaiement sur les branches dénudées des grands amandiers.
En haut de leurs cimes et par certaines ramifications de leurs branchages ; on pouvait remarquer quelques nids détruits.

Il faut dire que la tempête avait été d’une rare violence… Elle n’avait rien épargné…

Pourtant, à voir les moineaux sautiller de branches en branches tout en piaffant entre eux ; ils ne semblaient guère rancuniers au saccage de leurs petites demeures.

Sans doute que dans leurs langages d’oiseaux, ils prévoyaient déjà d’en reconstruire de nouvelles.

Par moment, ils venaient s’abreuvoir ou encore s’amuser dans les quelques flaques d’eau un peu boueuses qui s’étaient formées tels des petits cratères dans les zones clairsemées de la pelouse.

Finalement, la pluie tant méprisée leur avait apportée de l’eau pour se désaltérer mais aussi la joie de pouvoir faire la toilette de leurs plumages.

Et c’était un spectacle des plus merveilleux que celui de pouvoir les observer en train de déployer leurs petites ailes et secouer avec frénésie leurs plumes faisant alors jaillir d’innombrables gouttelettes d’eau autour d’eux.

Les moineaux avaient enfin retrouvé leur joie de vivre comme si la tempête n’était jamais apparue…

Mais ce n’était hélas pas le cas le cas pour tout le monde…

Au centre du jardin, à l’intérieur d’un pourtour de galets blancs ; de hauts rosiers buissons de couleur rouge-Bordeaux avaient perdu de leurs splendeurs à cause des incessantes bourrasques de vent qui sans vergogne, les avaient entièrement dépouillées de leurs si jolies et gracieuses pétales.

Elles s’étaient envolées de part et d’autre du jardin et reposaient de-ci de-là sur l’immense pelouse telles de belles endormies.

Elles avaient été arrachées de force à leur mère nourricière et ne tarderaient pas à s’abîmer puis à se flétrir au fil des heures.

Mais pour l’instant, leur couleur rouge si profonde offrait un contraste des plus ravissant et romantique sur la vaste pelouse verte pomme.

La rageuse tempête n’avait pas réussi à détruire la magnificence de ce lieu habituellement si charmant par temps radieux…

Les oiseaux tout comme les végétaux semblaient vouloir oublier ses terribles affres en continuant leur vie bien paisible tout en attendant avec une certaine impatience la venue de « Monsieur Soleil » qui les réchaufferait de bon cœur de ses ardents et lumineux rayons.

****

La pluie s’était arrêtée de tomber depuis déjà quelques bonnes heures mais toujours pas de Monsieur soleil à l’horizon…

Pourtant à cet instant même, le ciel venait de changer de nuance et sa couleur si grise de tout à l’heure s’était alors transformée en un joli bleu gris parsemé de gros nuages effilochés.

Des nuages qui n’allaient pas tarder à s’évaporer selon les dires de l’annonce météorologique diffusée hier soir à la télévision.

Cependant, Monsieur Soleil se faisait encore attendre et ne daignait toujours pas pointer le bout de son nez…

Que Diable attendait-il pour faire son entrée ?

Soudain, ô Miracle ! les premiers rayons apparurent et commencèrent à traverser les vitres des deux grandes fenêtres du salon ainsi que celle de la baie vitrée ; caressant au passage, la tête de Mira qui reposait sur l’un des accoudoirs moelleux du fauteuil.

La douce lumière s’insinua davantage à l’intérieur de la pièce, la rendant alors beaucoup plus spacieuse et conviviale.

Elle finit ensuite par se projeter avec fougue sur les jolies courbes anatomiques de Mira et s’y attarda longuement en y faisant une jolie danse d’ondulation.

Elle explorait ainsi ce corps endormi en ne cessant d’y dessiner à l’infini de douces vagues tels des tatouages éphémères.

Elle aimait jouer avec les sens de Mira mais que cherchait-elle exactement ?

Mira ne le savait que trop bien et faisait semblant de ne pas comprendre…

Elle ressentait les chaudes caresses des rayons du soleil lui réchauffer le corps mais elle ne voulait pas encore lui céder… Pas tout de suite… Pas maintenant…

De son côté Mademoiselle Lumière mettait du cœur à l’ouvrage en se faisant de plus en plus pressante et insistante…

Elle jouait de plus belle avec Mira…

Brusquement, comme si une mouche venait de la piquer ; elle fini par se lasser de ce petit jeu et décida de terminer son incessante danse lumineuse en s’installant sur le bout de son nez ; obligeant ainsi cette dernière à ouvrir peu à peu ses grands yeux verts en amande.

La lumière fut si forte que Mira dut les plisser afin de les accoutumer à son intense luminosité…

Il faut dire que depuis pas mal d’heures déjà, il avait fait très sombre dans cette pièce.

Elle se souvenait encore des myriades de gouttelettes de pluie qui n’avaient eu de cesse de se projeter avec fracas contre les vitres des deux fenêtres ainsi que sur celle de la baie vitrée lui donnant alors un léger mal de tête suivi d’une irrésistible envie de dormir et de rejoindre sans plus tarder son cher fauteuil si douillet.

Mais le soleil venait à présent la déranger juste pour la réveiller alors qu’elle ; elle voulait encore et encore dormir telle une Belle au bois dormant.

« Soleil ! va-t’en ! Tu aurais dû venir avant… C’est trop tard maintenant ! Je ne veux plus sortir de mon fauteuil si doux et si moelleux… Et puis tu as beau être le maître de l’univers que cela n’y changerait rien alors laisse-moi tranquille »

Mais Mademoiselle Lumière lui chuchota à l’oreille :

« Tu dois te lever Mira ! Tu as des choses à faire. Et puis, tu as suffisamment dormi, ne trouves-tu pas petite flemmarde ? »

« Non, non… Pourquoi viens-tu me réveiller ? Va-t’en ! J’étais en train de faire un merveilleux rêve… Oh ! Et puis tu m’énerves ! OK ! Tu as encore gagné ! »

Sortant enfin de sa léthargie, Mira finit par ouvrir en grand ses jolis yeux verts irisés de constellations ambrées qui se voyaient davantage avec la lumière du soleil.

Elle se leva de son fauteuil et s’étira longuement à cause des courbatures qu’elle avait attrapées à force d’être restée trop longtemps endormie dans la même position.

À chaque fin de repas, elle avait pour habitude de faire une sieste.

C’était pour ainsi dire, le meilleur moment de toutes ses journées mais aujourd’hui, son sommeil n’avait pas été réparateur à cause du vacarme de cette fichue pluie qui lui avait donné un terrible mal de tête avant de s’endormir.

Et le comble de tout, c’est que celle-ci n’avait eu de cesse de tomber depuis 11 heures du matin jusqu’à 15H30 ; de quoi la mettre de très mauvaise humeur…

Mais fort heureusement, elle ne le resterait pas bien longtemps vu qu’elle était d’une nature toujours très gaie et optimiste.

Elle fit un long bâillement à s’en défaire la mâchoire mais c’était beaucoup plus pour exprimer son agacement que celui d’une fatigue quelconque puisqu’elle n’avait point sommeil à cet instant-là.

Monsieur soleil avait osé lui envoyer une de ses fidèles servitrices pour la réveiller.

Et bien entendu, Mademoiselle Lumière n’avait pas hésité la moindre seconde à s’exécuter illico presto…

Elle, toujours présente et si dévouée à son poste depuis des millions et des millions d’années devait très certainement trouver un certain plaisir non dissimulé à vouloir réveiller le monde entier.

Sa tâche quotidienne d’illuminer de mille feux notre planète lui tenait tant à cœur qu’il ne valait mieux pas lui résister…

Et puis, de toute façon, elle avait l’art et la manière de savoir se faire respecter…

C’est pourquoi Mira ne lui en voulut plus du tout et quand bien même son sommeil n’avait pas été réparateur ; eh bien, elle ferait avec…

Monsieur Soleil n’avait donc pas eu si tort que ça de lui envoyer sa fidèle compère pour la déloger de son fauteuil sinon qui d’autre l’aurait fait ?

Décidément, ces deux-là étaient très complémentaires ! Et il savaient remplir leur rôle à la perfection : lui, de tourner autour de notre bonne vieille planète terre et elle, de nous propager de ses intenses faisceaux lumineux.

Ainsi, grâce à l’éclat de leur rayonnement, le monde s’en trouvait heureux.

En conclusion, nous ne ferions pas grand-chose sans eux…

C’est pourquoi Mira se sentit à présent d’humeur plus guillerette et prête à affronter cette fin d’après-midi.

Elle s’étira encore tout en regardant le salon qui était devenu nettement plus lumineux ; semblant alors reprendre enfin vie.

****

Mira avait toujours aimé cette pièce qui ne manquait jamais de luminosité par temps radieux.

Par contre, par temps de pluie, le salon s’habillait alors d’une lugubre et austère apparence qu’elle détestait au plus haut point ; lui faisant un tantinet peur et sursauter au moindre bruit.

Elle avait toujours eu une sainte horreur de la pluie et ce, depuis sa plus tendre enfance !

Mira s’étira une dernière fois puis regarda par la baie vitrée l’immense pelouse qui était toujours autant imbibée d’eau.

Elle leva les yeux au ciel et constata qu’il avait pris une jolie teinte d’un bleu limpide, sans le moindre nuages.

« Quel bien joli ciel ! » se dit-elle en ne se lassant pas de l’admirer.

Le fameux proverbe : « Après la pluie vient le beau temps » était bien vrai.

La preuve était devant ses yeux ébahis.

Elle l’admira encore quelques instants puis décida de s’extirper avec hâte de son fauteuil. Elle avait des tas de choses à faire…

Finalement, cette fin de journée ne serait pas si morose que ça se dit-elle tout en marchant et en regardant autour d’elle.

Elle repensa alors à Laura qui lui avait dit juste après le repas de ce midi, qu’elle irait faire des courses mais qu’elle ne tarderait pas pour revenir.

Elle se souvenait également que celle-çi lui avait promis une petite surprise dès son retour. Mais laquelle au juste ?

Mira n’aimait pas trop les surprises et elle bouillonnait déjà d’impatience de revoir au plus vite sa maman.

Mais en attendant celle-çi, que pourrait t-elle bien faire d’intéressant ?

Elle l’ignorait encore mais trouverait bien une idée d’ici là…

****

Mira avait toujours aimé cette grande et belle demeure située en pleine campagne.

Elle était certes assez éloignée de la ville mais pas si isolée que ça par rapport au voisinage bienveillant qui l’entourait.

Oui, Mira était vraiment heureuse de vivre ici.

Et parmi toutes les pièces de la maison ; elle avait une nette préférence pour le grand salon.

C’était son endroit favori.

Il faut dire que sa Maman Laura l’avait décoré avec beaucoup de goût en agrémentant chaque pan de mur, de jolis tableaux d’aquarelles.

Ses propres œuvres qu’elle aimait peindre durant ses heures de loisir car oui ; en dehors de son métier de professeure de Français, Laura était aussi une artiste peintre extrêmement douée.

Mira ne se lassait jamais de regarder ses toiles tant elles étaient belles.

Soudain, elle fut prise d’émotion lorsque son regard s’attarda sur l’une d’entre elles.

Celle qu’elle préférait le plus…

Celle qui la représentait et dont elle était si admirative…

Il s’agissait de son propre portrait.

Mira se souvenait encore de ce merveilleux jour où Laura était devenue sa mère adoptive.

Il y avait 5 ans de ça.

5 ans de pur bonheur se dit-elle en admirant le tableau.

Une toile que sa douce et si belle Maman avait peint en son honneur pour lui dire à quel point elle l’aimait de tout son cœur et de toute son âme.

La toile était si bien réussie que Mira avait l’impression de se voir dedans comme dans un miroir tant la ressemblance était frappante.

Sa Maman avait su la dessiner et l’immortaliser telle qu’elle était…

Oui, elle était vraiment fière de ce tableau…

Elle avait eu beaucoup de chance de tomber sur une Maman telle que Laura…

Et pour tout l’or du monde, elle n’en aurait souhaité une autre car oui, sa Laura était un être unique et à part…

Cinq belles années qu’elle grandissait et évoluait à ses côtés, entourée de plein d’amour.

Un amour pur et sincère dont elle avait cruellement manqué autrefois mais qui aujourd’hui comblait son cœur.

Un amour si profond qu’elle avait fini par oublier les maltraitances subies dans son passé…

Un passé désormais révolu car aujourd’hui, elle était pleinement heureuse et épanouie…

****

Mira sentit une agréable odeur de fraîcheur vivifiante.

Elle provenait du mobilier en bois de pin massif qui se trouvait dans le salon.

Il sentait agréablement bon l’odeur des pins comme si on se retrouvait à l’intérieur de l’une de ces forêts enivrantes et revigorantes capables de libérer votre esprit.

Une odeur certes piquante et quelque peu entêtante mais que Mira aimait respirer à pleins poumons.

D’ailleurs, il n’y avait pas qu’elle qui appréciait ces effluves mentholées.

Les rares convives qui passaient à la maison aimaient aussi l’humer tout en faisant quelques remarques agréable à son sujet :

« Hum, quelle agréable senteur Laura ! On se croirait dans une forêt de pins tellement c’est vivifiant ! »

Ils pensaient alors que cette forte odeur de résine devait sans aucun doute provenir de bougies d’ambiance alors qu’il n’en était absolument rien.

Et c’est là que quelque peu amusée, Laura leur répondait toujours invariablement ceci :

« Il s’agit de mes meubles et non de bougies parfumées. Ils sont tous en bois de pin »

S’ensuivait alors un petit silence d’étonnement rapidement rompu par quelques exclamations :

« Mais ce n’est pas possible !! Tu plaisantes ? Ça sent tellement bon. Tu en es certaine ? »

Et à son tour, elle leur rétorquait de son joli sourire un brin moqueur :

« C’est pourtant bien vrai. Et pour faire perdurer leur odeur si plaisante ; j’utilise une cire d’abeille liquide à base d’huile essentielle de pin pour bien les nourrir et les faire briller. Voilà le secret. Ni plus ni moins »

Mira aimait alors voir l’expression de leurs visages dubitatifs comme s’ils ne croyaient pas du tout à ce que venait de leur révéler sa Maman.

Et cela l’amusait d’autant plus lorsque venait le moment fatidique où ils se rapprochaient du grand buffet en pin pour pouvoir le renifler de très près ; histoire de vérifier ses dires…

Oui, cela l’amusait toujours beaucoup…

****

Mira s’approcha du grand buffet en pin et commença à l’humer intensément.

Elle ne pouvait s’empêcher de faire ce petit rituel à chaque fois qu’elle passait par ici, avant de franchir le seuil de la cuisine.

Elle le respira de très près et très longuement.

Cette effluve lui rappelait toujours celle de la forêt qui se trouvait à quelques mètres de leur demeure.

Quelques fois et lorsque Laura n’était pas là ; elle aimait bien s’y aventurer tout en sachant que c’était un lieu qui lui était interdit.

En effet, Laura l’avait souvent mise en garde à ce sujet, lui répétant inlassablement les même paroles :

« Je te préviens encore Mira ! Tu ne dois pas aller dans cette forêt ! C’est bien trop dangereux et tu pourrais t’y perdre. Pourtant, je suis certaine que tu me désobéiras encore. Mais, tu ne devrais pas faire ça. J’espère que tu ne le feras plus et que tu resteras bien sagement ici chez nous sinon je dirais à Madame Sanchez de te garder chez elle »

Oh non ! Surtout pas Madame Sanchez !

Mira n’aimait pas du tout cette vieille dame avec sa grosse voix éraillée d’ancienne fumeuse qui la faisait toujours peur.

Mais ce qu’elle détestait par-dessus tout était bien lorsqu’elle celle-ci la prenait dans ses bras pour lui faire des câlins…

Elle avait alors l’impression de littéralement étouffer sous ces innombrables baisers baveux…

Berk ! Elle n’aimait pas ça du tout !

Non, par pitié ! Surtout pas Madame Sanchez qui était à son goût bien trop débordante d’amour envers elle…

Certes, elle était très gentille mais elle n’aimait pas son côté envahissant et disons-le trop étouffant.

Madame Sanchez était une vieille dame âgée de 90 ans qui vivait seule dans une grande demeure qui se trouvait non loin de la leur.

Elle n’avait plus aucune famille mais fort heureusement pas mal d’amis du voisinage y compris sa Maman venaient régulièrement lui rendre quelques petites visites pour lui changer les idées et prendre de ses nouvelles.

À ces moments là, elle semblait alors beaucoup plus gaie.

Cependant, la solitude devait parfois la peser et c’est pourquoi elle avait autant besoin de transmettre son amour à tous ceux qui la côtoyaient…

Mira compatissait et avait de la peine pour elle alors elle acceptait sans trop rechigner ses bisous baveux ainsi que ses petites mignardises bien trop sucrés.

Elle savait aussi que Madame Sanchez adorait s’occuper d’elle…

Néanmoins, elle n’aimait pas du tout rester en sa compagnie car elle s’ennuyait à mourir dans sa vieille maison et ce malgré la distrayante balançoire qui se trouvait dans son jardin.

Non ! Rien n’y faisait ! C’était comme ça…

Et Laura ne le savait que trop bien alors pourquoi lui infliger un tel chantage à chaque fois qu’elle s’absentait de la maison ?

Certes, la forêt lui était interdite mais pourquoi en faire toute une histoire surtout qu’elle était très dégourdie pour son âge et pas du tout du genre à se laisser influencer par n’importe qui et n’importe quoi…

Alors pourquoi ne pas lui faire tout simplement confiance ?

De toute façon, elle persisterait à aller dans sa forêt et ce malgré les nombreuses recommandations de Laura.

Ce n’était sans doute pas très prudent de sa part, mais elle aimait le goût du risque et de l’aventure alors pourquoi s’en priverait-elle ?

Et puis c’était aussi de son âge de faire des petites bêtises, non ? !

Elle ne voulait surtout pas vieillir sans les avoir commises sinon elle le regretterai très certainement…

Et puis cela lui faisait le plus grand bien de s’éloigner de temps en temps de cette maison et de son jardin, si immense soit-il.

Car oui ! Mira aimait se sentir libre !

Libre comme l’était le vent ou encore ces moineaux qui piaffaient gaiement entre eux sur les branches des grands amandiers…

Elle avait besoin de cette liberté pour se sentir exister…

Et la forêt exaltait tous ses sens. Elle s’y sentait bien.

Elle aimait s’y balader mais toujours avec une certaine prudence car elle était peut-être une grande aventureuse mais pas non plus une irresponsable inconsciente…

Elle savait fort bien que sa douce Maman était une personne très inquiète alors elle ne tenterait jamais le diable car elle l’aimait bien trop pour agir inconsidérément…

Mais Laura ne lui faisait pas encore entièrement confiance. Elle l’a traitée toujours comme un bébé…

Son « petit bébé » comme elle aimait l’appeler affectueusement…

Mira aimait bien ce petit surnom mais elle ne le trouvait pas en accord avec sa personnalité intrépide.

De toute façon, personne ne pouvait lui mettre d’entraves pas même sa bien-aimée Maman…

C’est pourquoi, elle agirait toujours derrière son dos durant ses absences pour pouvoir enfin partir en vadrouille.

Ben quoi ? Avait-elle le choix ?

Et il fallait qu’elle en profita encore car l’automne ne tarderait plus à arriver…

Elle s’en était bien rendue compte avec l’interminable pluie d’aujourd’hui.

Elle savait alors qu’elle serait bien obligée de ralentir ses cadences d’aventurière dans sa forêt ô combien si captivante car le temps hivernal deviendrait aussitôt un obstacle avec son incessante et perpétuelle humidité.

L’insidieux froid que Mira détestait tant l’empêcherait de faire ses petites escapades…

Comme le temps deviendrait alors trop long durant cette période !

Mais elle finit par se rassurer en se souvenant d’une belle image qui lui revint en mémoire.

LA SUITE…

La dernière danse de la lune : Chapitre 2 : La forêt de Diamond

la derniere danse de la lune

 

A l’orée de la forêt de Diamond : 14H10.

Elisa regarda une dernière fois derrière elle. Elle posa ses yeux sur le sable si blanc puis les attarda sur le ciel d’un bleu intense parsemé de quelques nuages. Il faisait tellement beau ! On aurait dit un jour ordinaire. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle se promenait tranquillement sur cette plage en chantonnant son air préféré sans s’imaginer un seul instant que tout ce merveilleux rêve se transformerait en un horrible cauchemar. C’était presque irréaliste et insensé.

Un bref instant elle eut une pensée pour ses parents en regardant la progression de deux gros nuages blancs qui se suivaient l’un derrière l’autre. Se pourrait-il qu’elle ne s’en sorte pas et qu’elle ne les reverrait plus jamais ? Cette idée la fit frémir. Pourtant, il ne fallait pas qu’elle baisse les bras mais alors quel serait son destin ici à Diamond ?

Soudain elle trouva que le nom de cette île était ironique. Son séjour ici n’avait rien d’éclatant ni de lumineux, bien au contraire. Mais alors, quel en serait le dénouement ? La noirceur ou la lumière ? Elisa l’ignorait encore…

A contre coeur, elle détourna son regard de cette si jolie plage puis avec force et détermination suivit Tamara sans davantage se poser de questions.

****

Toutes les deux venaient de pénétrer dans les profondeurs de la jungle de « Diamond » qui paraissait être inhospitalière tant il y faisait sombre.
Impénétrable, infranchissable et épaisse : tels fut les adjectifs péjoratifs qu’Elisa eut en tête lorsqu’elle se retrouva au coeur de cet enfer verdoyant qui était envahi de lianes et de toutes sortes de végétations luxuriantes.

Il faisait si chaud et lourd que l’air était suffocant, presque irrespirable si bien qu’Elisa commençait à beaucoup transpirer et que sa tunique certes très légère lui collait déjà à la peau. Quelle sensation désagréable que de se sentir toute poisseuse ! se dit-elle en pestant.

Quelques moustiques virulents venaient de lui piquer les bras et les jambes et n’avaient de cesse de lui tournoyer tout autour en faisant de perpétuels bruits de « bzz » aigus à ses oreilles ; ce qui devenait de plus en plus horripilant.
Elle tentait à chaque fois de les chasser de la main mais en vain, ils revenaient toujours…

Décidément rien n’allait sur cette île !

Depuis qu’elle marchait dans cette forêt, elle avait l’impression que le poids de son sac avait augmenté de volume alors qu’il n’en était rien.

Le frottement de la bandoulière en nylon lui lacérait littéralement l’épaule droite lui causant d’affreuses douleurs qui l’épuisaient mais elle tenait bon car il était hors de question qu’elle abandonna son sac. Il y avait à l’intérieur bien trop de choses importantes qui lui seraient sans doute indispensables pour la suite des évènements alors elle se devait d’être courageuse et de ne surtout pas baisser les bras.

Oui, elle détestait au plus haut point cette forêt car elle s’y sentait oppressée et mal à l’aise mais hélas elle n’avait pas d’autre choix que d’avançer sans se plaindre.

Cela faisait déjà un certain temps qu’elle et Tamara marchaient inlassablement et pourtant elles n’avaient toujours pas atteint leur objectif : celui de se rendre à la fameuse cabane.

Il était 14H45.

****

Par certains endroits, il y avait des raies de lumières qui filtraient à travers les branchages des hauts arbres, rendant une ambiance un peu plus rassurante à ce lieu qui n’était guère accueillant.

Mais malgré ces rares éclaboussures lumineuses, Elisa trouvait encore que cette forêt était bien trop sombre et elle regrettait déjà d’avoir quitté la plage.

De temps à autre, le silence de la jungle était troublé par le bruissement des feuilles, le craquement des branches sous leurs pas ainsi que par toutes sortes de bruits d’animaux : cris d’oiseaux, coassements d’amphibiens, insectes volants, ect..

Soudain Elisa sentit le chatouillement de quelque chose qui venait de se coller sur son avant-bras gauche.

En regardant d’un peu plus près, elle constata que c’était une toile d’araignée alors d’un revers de main et à plusieurs reprises, elle essaya tant bien que mal de retirer les fils de soie qui étaient à la fois très résistants et fortement élastiques.

Lorsqu’elle y arriva enfin et qu’elle pensait en avoir fini avec cette malencontreuse rencontre, subitement elle aperçut une grande araignée noire à la forme allongée avec de très longues pattes en train de descendre de son fil provenant d’une immense toile circulaire qui devait bien atteindre dans les 2m de diamètre. La toile ressemblait à s’y méprendre à un hamac.

En voyant l’araignée qui pendait toujours sur son fil, Elisa ne pu s’empêcher de pousser un petit cri d’effroi puis un second lorsque celle-çi tomba juste à ses pieds. Pour éviter qu’elle ne lui grimpa dessus, elle eut un mouvement de recul puis s’écria avec dégoût « Quelle horreur ! »

Elisa connaissait bien cette espèce d’araignée qu’elle avait déjà vu dans le jardin de sa maison à Antinéa et dont elle en avait une peur bleue. C’était une Néphile dorée. Une araignée qui était certes passive et inoffensive mais dont la morsure pouvait être douloureuse.

Et dire qu’elle aurait pu me tomber dessus ! se dit-elle dans son for intérieur mais heureusement il y eut plus de peur que de mal.
Alertée par les cris d’Elisa, Tamara venait de se retourner et lui demanda avec inquiétude :

« Que se passe t-il Elisa ? »

« Désolée, je suis tombée sur une araignée et j’ai eu peur. Mais tout va bien à présent »

Entre-temps, la Nephile dorée s’était éloignée en courant à toutes pattes vers un immense arbre entouré de lianes et venait de totalement disparaître sous des feuillages.
Après ce petit incident, les deux jeunes femmes continuèrent leur ascension vers le sommet de la montagne.

Il était 15H10.

****

Elisa se demandait encore si elles avaient eu raison de pénétrer dans cette forêt. Et si tout cela les menait au contraire vers le tueur ?
De plus, la situation ne ferait qu’empirer avec la tombée de la nuit ; ce qui ne la rassura pas du tout et amplifia davantage sa peur.

Elle regarda devant elle, la longue queue de cheval noire qui se balançait de droite à gauche.
Tamara marchait d’un pas décidé et ne semblait pas autant perturbée qu’elle. Elle suivait son chemin et rien ne semblait pouvoir l’arrêter.

D’ailleurs, pas une seule fois, mis à part l’épisode de l’araignée, elle ne s’était retournée pour lui demander si tout allait bien.
Etrange jeune femme se dit-elle mais elle ne pouvait pas non plus lui porter un jugement trop hâtif étant donné qu’elle venait de perdre son mari dans d’affreuses circonstances.

Elisa était exténuée et commençait à entendre les gargouillis de son estomac. Elle avait très faim. Et dire que pour le repas de ce midi, elle devait déguster de délicieuses langoustes au beurre d’ail et au lieu de cela, elle se retrouvait ici à marcher sans fin. Et pour noircir le tableau, un homme dangereux se cachait quelque-part, sans doute en train de les épier à cet instant même.

Et de son côté, Tamara ne lui avait plus jamais adressé la parole. Elle continait sa route sans se retourner alors n’en pouvant plus, Elisa décida de briser le silence et cria à son attention :

« Tamara ! Tamara ! Vous pouvez vous arrêter un instant s’il vous plaît ! »

La jeune femme s’arrêta aussitôt puis fit volte face.

« Que se passe-t-il encore ? » demanda t-elle avec une pointe d’agacement.

Elisa fut surprise par le ton de sa voix mais ne lui en tenu pas rigueur.

« On pourrait faire une petite pause ? Je suis morte de fatigue et j’ai faim pas vous ? J’ai des petits pains aux raisins dans mon sac. Cela ne nous prendra que quelques minutes pour les manger »

Tamara changea immédiatement d’attitude en lui faisant un petit sourire ; sans doute pour se rattraper du ton qu’elle avait employé envers elle.

« Désolé Elisa. Oui, biensûr on va s’arrêter un peu. Vous avez raison, moi aussi j’ai faim. Et puis ce ne sont pas ces quelques minutes de repos qui vont nous faire perdre du temps. On a déjà bien avancées »

Elisa s’empressa de fouiller dans son sac de plage et en extirpa un paquet de petits pains aux raisins.

Avec hâte, elle retira l’attache du sachet puis commença à en prendre un à l’intérieur qu’elle tendit à Tamara. Elle en reprit un autre pour elle puis sans plus attendre commença à le dévorer tellement elle avait faim. Tamara n’était pas en reste elle non plus, et à peine eut-elle terminé le sien, qu’elle en réclama un second. Elisa l’imita. A toutes les deux, elles avaient mangé trois petits pains chacune tout en buvant quelques gorgées d’eau.

« C’était très bon Elisa, merci beaucoup. Au moins, nous avons pu reprendre des forces. En plus nous ne sommes plus très loin des cabanes. Remettons nous vite en route si vous le voulez bien ! »

Sur ces mots, elle continuèrent à nouveau leur marche dans l’épaisse forêt de Diamond.
A travers les branchages des hauts arbres, on pouvait aperçevoir que le ciel changeait légèrement de nuances.

Elisa regarda sa montre. Le cadran indiquait qu’il était déjà 16H15.

****

Au bout d’un instant, Elisa crut entendre le ruissellement d’une eau qui coulait dans les environs.
Non elle ne rêvait pas, c’était tout proche et le bruit de l’eau s’accentuait au fur et à mesure qu’elle et Tamara s’en rapprochait.

Soudain une image à couper le souffle leur apparut.
Elle virent droit devant elles un spectacle d’une magnificence absolue.
D’une paroi rocheuse très abrupte, jaillissait une incroyable chute d’eau qui venait se jeter en contrebas dans un grand bassin d’eau claire, l’accompagnant d’un fort bruit de percussion tellement son débit était fort et rapide.

De là où elle se trouvait, Elisa pouvait sentir le souffle humide de la cascade lui caresser le front et les joues tout en faisant légèrement virevolter sa longue queue de cheval blonde.

Et de ce flot ininterrompu, de fines gouttelettes d’eau vinrent se projeter sur son visage et ses membres, enveloppant peu à peu sa peau d’une fine pellicule de bruine.
C’était une sensation assez agréable, quoique un peu trop rafraîchissante à son goût surtout en cette fin de journée. D’ailleurs, elle ne pu s’empêcher de frissonner.

C’était donc lui le géant de la nature de Diamond ; le fameux voile de la Mariée qui faisait parti des visites incontournables de cette île et qu’Elisa était en train d’admirer à cet instant même mais dans des circonstances pas très réjouissantes.

Elle se rapprocha du grand bassin, se pencha légèrement en avant et commença à le scruter dans les moindres détails lorsque Tamara lui tapota.

« C’est juste après cette chute d’eau, en montant un peu plus vers le haut, que mon mari est mort »

Les sourcils froncés, Elisa n’avait pas vraiment écouté ce qu’elle venait de lui dire car elle était soucieuse.
En effet, elle avait beau regarder le bassin, elle ne voyait toujours pas le cadavre du Guide Batisto qui normalement, aurait dû flotter à la surface de l’eau alors sans plus attendre, elle l’interrogea :

« Tamara, je ne vois pas le corps de Batisto ? où est-il ? Il devrait flotter à la surface de l’eau… »

Tamara se rapprocha davantage du bassin et commença à l’examiner à son tour. Ne voyant pas le corps de celui-çi, elle ne pu que confirmer ses propos.

« Je ne comprends vraiment pas ! Pourtant je vous assure qu’il était bien dans ce bassin puisque je l’ai vu s’y noyer. J’avoue que c’est incompréhensible… »

« Vous êtes certaine qu’il était bien mort ? »

« Mais oui ! » dit Tamara d’un ton agacé. « Je vous avais déjà expliqué auparavant que j’étais restée un long moment à le regarder se débattre dans l’eau. J’ai bien vu ensuite qu’il était mort puisqu’il ne bougeait plus du tout. Je vous assure que je vous dis la stricte vérité ! Vous ne me croyez pas ? »

« Eh bien…Je vous crois biensûr. Mais son corps n’est pas là…C’est tout de même étrange… »

Elisa avait apprit au cours de ses études que lorsqu’une personne se noie et qu’elle décède, elle coule progressivement au fond de l’eau car la densité d’un corps mort (poumons vides d’air) est très légèrement supérieure à celle de l’eau.

Elle savait aussi que sous l’impulsion de la putréfaction qui provoque la formation de gaz ; cela donne au corps un poids spécifique qui le fera flotter puis remonter alors progressivement à la surface.

Il fallait également mettre en compte que dans l’eau de mer, la densité en sel est importante, c’est pourquoi un corps remontera plus rapidement entre 3 et 7 jours par rapport à l’eau douce entre 20 jours à 1 mois en moyenne.

Mais dans ce cas précis, Tamara avait bien expliqué qu’elle avait d’abord donné un coup de couteau dans le ventre de Batisto avant de le pousser ensuite dans ce bassin.

Il était donc blessé et se vidait de son sang alors selon toute probabilité, son cadavre qui devait être en état de putréfaction aurait dû remonter à la surface étant donné qu’il s’était déjà écoulé quelques heures depuis qu’il y était tombé.
Alors qu’en déduire ? se demanda t-elle en regardant Tamara qui venait de lui tourner le dos.

Est-ce que Batisto était vraiment tombé dans ce bassin ? et si oui, il aurait dû alors flotter à la surface de l’eau. Et si jamais il se trouvait tout simplement au fond de l’eau, alors dans ce cas-là, il serait pratiquement impossible d’avoir le fin mot de l’histoire, vu la profondeur de celui-çi.

Que de questions sans réponses ! se dit-elle.

Soudain, elle entendit des sanglots. C’était Tamara qui était en train de pleurer à chaudes larmes, alors contre toute attente, elle se rapprocha d’elle et lui pressa doucement l’épaule.

« Que vous arrive t-il Tamara ?

« Mais c’est à cause de vous si je pleure. Vous avez l’air de douter de tout ce que je vous ai dit et ça me fait beaucoup de mal »

Elisa regrettait déjà le fait qu’elle se soit un peu trop appesanti sur cette histoire de cadavre flottant et s’empressa de le lui dire :

« Excusez-moi Tamara. Je n’aurais pas dû autant insister. Le corps de ce Batisto doit certainement se trouver au fond de ce bassin. Je ne voudrais pas que vous pensiez que j’ai douté de tout ce que vous m’avez dit depuis le début, bien au contraire, sinon je ne vous aurai jamais suivi dans cette forêt. C’était juste que je me posai quelques questions mais à présent, tout va bien. Vous me croyez j’espère ? »

Les yeux rougis de Tamara la fixaient avec une telle intensité de tristesse, qu’Elisa se savait plus où se mettre.

« Pourtant, vous avez douté de moi Elisa. Je trouve ça dommage. Vous savez, c’est suffisamment assez dur pour moi de revenir ici, là où mon mari est mort. J’aurai aimé plus de soutien de votre part » dit-elle d’un ton larmoyant et quelque peu accusateur.

« Mais j’ai confiance en vous Tamara. C’était juste une simple question que je me posai, rien de plus. Il ne faut surtout pas que vous y voyiez un quelconque reproche. Je ne vous accuse de rien. De toute façon je suis certaine que cette ordure doit se trouver au fond de ce bassin. Allez ! n’en parlons plus si vous le voulez bien. Nous devrions quitter cet endroit à présent pour rejoindre la cabane car il se fait tard »

« D’accord, mais j’espère que vous ne douterez plus de moi désormais car je vous apprécie Elisa »

« Oui, ne vous inquiétez plus pour ça. Et comme je vous l’ai déjà dit, je vous soutiendrai jusqu’au bout »

« Merci Elisa » dit Tamara en prenant un pan de sa tunique pour s’essuyer les yeux.

Décidément Elisa manquait de tact envers cette pauvre jeune femme mais désormais elle ferait attention.
Et puis de toute façon, elle n’avait pas le choix, il fallait bien qu’elle lui fasse confiance alors sans réfléchir davantage elle essaya de mettre en arrière plan, cette histoire de cadavre flottant même si ce point restait tout de même un mystère incompréhensible…

****

Quelques minutes plus tard, les deux jeunes femmes se retrouvèrent côte à côte devant le vertigineux précipice que Tamara avait décrit et qui se trouvait non loin des deux cabanes.

Tout à fait en bas, une vision d’horreur : on pouvait aperçevoir dans de hautes herbes tout près d’un amoncellement de pierres, le corps d’un homme qui gisait face contre terre, dans une mare de sang noirâtre avec près de lui, un sac éventré et tout autour, toutes sortes de débris d’objets indescriptibles.

Son dos était transperçé d’un long pique et au niveau de sa perforation, il y avait une large auréole de sang qui maculait son t-shirt bleu ciel.

Elisa n’avait encore jamais vu un cadavre de sa vie et surtout pas dans un tel état : il s’agissait tout de même d’un meurtre perpétré par deux hommes sans scrupules.

Soudain elle fut prise de spasmes et faillit vomir mais elle réussit tant bien que mal à se ressaisir.
De son côté, Tamara les bras croisés avait les yeux rivés sur son défunt mari et ne semblait avoir aucune réaction. Que pouvait bien t-elle ressentir en le revoyant ainsi ? se demanda t-elle avec une certaine inquiétude.

****

Il commençait à se faire tard et le ciel s’assombrissait de plus en plus.
Le soleil ne tarderait pas à décliner.
Il était exactement 17H20.

Les deux jeunes femmes étaient toujours en train d’observer le cadavre qui se trouvait au fond du ravin lorsqu’Elisa souhaita en savoir davantage concernant l’étrange pique qui était planté dans le dos de celui-çi.

« Tamara ? vous voyez ce que je vois » dit-elle en pointant du doigt le cadavre. « Il a un pique ou une sorte de lance qui lui transperçe le dos. Vous savez de quoi il s’agit ? »

Tamara plissa les yeux et commença à scruter davantage le cadavre de son mari.

« Oui vous avez raison, je ne me rappelai pas du tout qu’il avait ce pique dans le dos » dit-elle hébétée. « Maintenant que vous m’en parlez…Je sais que lorsque votre guide me battait, je n’avais pas pu voir ce que Batisto lui faisait subir. Il a du sans doute le lui enfoncer lorsque j’étais évanouie. Mais par contre je ne sais vraiment pas de quel genre de pique il s’agit »

« Ok. De toute façon on n’aura jamais le fin de mot de cette histoire puisque comme vous dîtes, vous étiez évanouie au moment où ces hommes ont tué votre mari. Par contre, j’avais une dernière question Tamara »

« Oui allez y. Je vous écoute »

« C’était le sac à dos de votre mari que je vois là ? »

« Oui, effectivement. Il en avait un avec tous nos affaires dedans. Moi, par contre, j’avais décidé de ne rien porter car j’ai des problèmes de dos »

« Ah d’accord ! Mais tous ces débris de couleur vert que je vois autour de lui, vous savez ce que c’est ? On aurait dit des morceaux de plastique mais je n’en suis pas certaine. Et vous ? Qu’en pensez-vous ? »

« Oui, je sais ce que c’est. C’est notre glacière. Elle était de couleur verte clair. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi elle se trouve au fond de ce ravin. Ces hommes l’auraient jetée mais pour quelle raison ? Il y avait juste des aliments et des bouteilles d’eau à l’intérieur. C’est bizarre je trouve… »

« Oui, vous avez raison. Mais pourquoi auraient-ils fait ça alors ? C’est étrange tout de même… »

Décidément, il y avait bien trop de mystères dans cette forêt qui restaient en suspens et sans réponses ; ce qui n’était pas du tout évident pour Elisa de ne pas pouvoir les élucider et devoir en fin de compte les accepter tels quels sans broncher…

« Elisa? Vous m’écoutez ? Vous semblez ailleurs… »

« Heu…Excusez-moi…Vous disiez ? »

« Je disais que nous sommes à quelques mètres des cabanes. Nous devrions quitter cet endroit maintenant. J’ai du mal à… »

Elisa regarda Tamara qui avait des larmes aux yeux et comprit une fois de plus qu’elle venait à nouveau d’être maladroite.

« Je suis vraiment désolée Tamara. Oui biensûr, je comprends. Quittons cet endroit au plus vite »

« Ce n’est pas grave Elisa. Si je pleure ce n’est pas parce que j’ai vu son cadavre au fond de ce précipice même si biensûr cela m’a fait beaucoup de mal de le revoir dans cet état…Non, je repensai plutôt à notre arrivée sur cette île, que nous étions tellement heureux lui et moi mais c’est si loin tout ça. N’en parlons plus. Je préfèrerais quitter cet endroit au plus vite. Les cabanes se trouvent à quelques mètres seulement mais on ne peux pas les voir d’ici à cause des arbres et de la végétation. Dépêchons-nous s’il vous plaît. Il se fait tard et la nuit ne va pas tarder à tomber »

« Oui, allons-y ! » dit Elisa qui était partagée entre la tristesse pour Tamara et l’espoir de rejoindre enfin les cabanes.

****

Toutes les deux se dirigeaient avec hâte vers les deux cabanes qui étaient placées, l’une derrière l’autre, avec un grand espace de végétation entre les deux.

« Enfin ! voici les fameuses cabanes » se dit Elisa qui voulait au plus vite s’engouffrer à l’intérieur de l’une d’elles. C’est vrai qu’elles étaient vraiment bien cachées et personne n’aurait pu se douter un seul instant, qu’il y en avait deux ici à part les connaisseurs de cette île.

L’ossature des cabanes (murs et charpentes) était entièrement construite en bois ainsi que la couverture de leurs toits (tuiles en bois). Tamara n’avait pas menti lorsqu’elle avait précisé leur rusticités et biensûr, elles étaient conçues sans eau, ni électricité.

****

La première cabane dont avait parlé Tamara était effectivement restée entrouverte mais impossible de savoir s’il y avait quelqu’un ou pas à l’intérieur.
Pour en avoir le coeur net, Tamara insista pour s’y rendre seule afin de vérifier si celle-çi était vraiment inoccupée.

Pendant ce temps, Elisa l’attendait, cachée derrière un énorme tronc d’arbre tout en observant les alentours.
Tamara se retrouva enfin devant la façade de celle-çi, près de sa porte d’entrée puis y donna un magistral coup de pied. Elle s’ouvrit alors davantage mais il faisait tellement sombre à l’intérieur que c’était difficile de distinguer quoi que ce soit.

Armée d’un long bâton en bois qu’elle venait de trouver par terre, Tamara commença à franchir le seuil de la porte et tout en avançant à petits pas, le brandit en faisant de grands va-et-vient de droite à gauche comme si elle se battait contre une personne mais invisible.

Elle renouvella ce geste plusieurs fois tout en frappant le sol, le mobilier et les objets qui se trouvaient dans les alentours puis constatant qu’il n’y avait vraiment personne, se retourna et cria très fort à l’attention d’Elisa :

« Il n’y a personne ! Venez Elisa ! Dépêchez-vous ! » dit-elle avec un grand sourire de satisfaction.

Elisa n’avait eu de cesse de l’observer et ce fut avec un grand soulagement qu’elle accueillit la bonne nouvelle. « Tant mieux » se dit-elle en soupirant.

Par contre, en ce qui concernait l’individu en question ; elle se posait toujours d’innombrables questions à son sujet. Qu’était-il réellement devenu ? Il était blessé. Aurait-il pu alors dans ce cas là, succomber à ses blessures ? Mais ce n’était qu’une hypothèse.

Et si jamais, il était plutôt caché quelque-part ici à les épier. Pourtant elle n’avait rien remarqué à moins qu’elle n’ait pas fait suffisamment attention. A cette idée, elle se mit à frémir et sans plus tarder, courut très vite vers la cabane où Tamara l’attendait sur le seuil de la porte avec beaucoup d’impatience.

« Venez Elisa ! rentrons enfin à l’intérieur. Heu…Dites-moi, vous n’auriez pas à tout hasard de quoi nous éclairer ? On ne voit pas grand chose à l’intérieur »

« Oui j’ai ce qu’il faut » répondit Elisa avec un premier petit sourire rempli d’espoir.

Il était exactement 17H55 et dans quelques minutes il ferait nuit noire dans la lugubre forêt de Diamond.

****

Le papillon de la vie

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Dans l’allée d’un jardin d’éden,
Une roseraie m’émerveille,
Si belle, si odorante,
Aux couleurs chatoyantes.

Un univers floral merveilleux,
Où j’aime m’y noyer les yeux.

Belle aquarelle aux tons pastels,
Doux papillon vagabondant,
Conscient de sa métamorphose,
Et qui ose,
Défier le temps et ses tourments,
Dans le sillage hasardeux du vent.

Petit insouciant, virevoltant,
Dans ce royaume de fleurs et de fées,
Jonché de pétales de roses et d’orchidées,
Tu es avide de liberté,
Et tu te moques de toutes ces épines acérées.

Tu ressembles à cette envolée d’hirondelles,
Quittant leurs nids, vers l’infini,
Où seule, la nature serait Reine.
Et toi, Roi de la vie !

Je suis guidée par le battement de tes ailes,
Douce magie éternelle,
Sans contraintes ni querelles,
Où tous les rêves sont exaucés,
Comme dans les contes de fées.

O doux papillon de la vie !
Petit Prince insolent,
Comme je t’envie !
Tu suis ton chemin,
Sans tracas ni tourments,
Sans peur ni noirceur,
Tu suis tout simplement ton coeur.

Semblable au lever du jour,
Auréolé d’amour,
Tu joues avec le temps,
Avec plaisir et délectation,
telle une rose des vents.

Urania_ripheus
Poème écrit et inventé par : Cécile

Une bien jolie découverte

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Je me rappelle encore d’un souvenir lointain qui date depuis fort longtemps : en effet, je devais bien avoir 10 ou 11 ans…
Mais je m’en souviens encore comme si c’était hier…

Ce jour là, je me trouvais dehors en compagnie de mon petit frère en train de jouer avec nos chats et nos chiens.
Nous attendions l’arrivée de notre père qui ne devait pas tarder à rentrer de son travail afin d’aller déjeuner en famille au restaurant chinois qui s’appelait : « Le Jardin Chinois » et qui se trouvait non loin de notre villa.

Soudain nous entendîmes le klaxon de notre voiture que je savais parfaitement reconnaître entre mille. C’était Papa qui arrivait enfin de son travail.
Je regardais ma montre. Il était exactement 12H00 pile.
Mon père gara le 4×4 dans l’allée qui menait à notre jardin pendant que notre gardien de jour refermait les portes du portail.

Mon frère et moi, nous précipitâmes vers lui afin de lui dire bonjour et de l’embrasser chacun notre tour.

Puis mon frère décida d’aller vérifier le fameux QG de ses fourmis car à cette époque là, je remarquai qu’il aimait beaucoup les observer et même leur donner à manger ; voire les protéger de tous prédateurs car je crois bien qu’il devait en être réellement passionné de ces insectes (une similitude que mon frère avait avec notre Maman qui adorait, elle aussi, lorsqu’elle était petite, jouer avec ces charmantes petites bestioles) par rapport à moi qui préférait de loin : les chats.

Bref, pendant que mon petit frère observait ses chères fourmis en train de construire leur forteresse, moi je regardais mon père du coin de l’oeil.

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Après que mon père eut demandé un verre d’eau glacé au domestique qui se trouvait encore à l’intérieur de notre maison en train de terminer son ménage et pendant que Maman se préparait dans sa chambre pour s’apprêter à sortir ; je ne pouvais m’empêcher de me dire rien qu’en regardant son visage qu’il avait dû sûrement se passer quelque-chose aujourd’hui, car il me paraissait bien absent.

Je m’asseyais donc près de lui alors qu’il était en train de boire son verre d’eau, tranquillement installé sur le petit muret de notre gloriette qui était située au centre de notre jardin puis je décidai de lui poser la question qui me brûlait les lèvres :

« Papa, tu m’as l’air bien soucieux, il s’est passé quelque-chose ? on aurait dit que tu es un peu triste ? »

Papa me répondit avec un petit sourire :

 » Pourquoi tu me poses cette question ? Je vois que tu es toujours autant curieuse Cécile… »

« Mais je vois bien que tu as l’air soucieux comme si tu avais fait quelque-chose…mais je sais pas quoi…Allez dis-moi…s’il te plaît…s’il te plaît »

« Mais je n’ai rien fait. Enfin, si…il y a quelque-chose. Tout à l’heure lorsque je conduisais, j’ai failli écraser un chat mais je ne sais pas vraiment si j’ai pu l’éviter ou pas. Je ne sais pas du tout. Je pense peut-être l’avoir évité mais maintenant je n’en suis plus si sûr que ça…enfin bref, j’en sais rien du tout… »

« C’est vrai ?? Mais sur quelle route tu te trouvais ? »

« C’était tout près de notre maison. Pas loin du tout, juste sur la route à double sens qui est devant chez nous, l’avenue Madina Corniche »

« Mais alors, on devrait aller voir…Peut-être que le chat doit être toujours là…et s’il est blessé, on pourrait le sauver. C’était un chat, comment ? Comme nos 3 chats ? grands comme eux ? »

« Mais enfin Cécile ! ce chat, même s’il est encore vivant, il doit être déjà très loin. C’était un petit chat. Enfin, je sais plus. Mais on ne va pas partir là pour aller chercher un chat. Oublie ça, surtout que Maman ne va pas tarder à sortir pour qu’on aille au restaurant. Laisse tomber. Je sais que tu aimes les chats mais là je t’assure, ça sert à rien du tout. Allez, laisse tomber. Je n’aurais pas dû t’en parler, d’ailleurs »

Je lui répondis aussitôt, avec un certain agacement dans la voix :

« Si ! il faut qu’on y aille ! ou alors j’irais voir sans toi mais je t’en prie, viens s’il te plaît ! il faut se dépêcher maintenant ! »

Je l’agrippai par le bras en le tirant fortement vers moi afin qu’il se lève.

« Allez viens Papa ! »

Subitement, ne pouvant plus attendre, je me mis à courir vers le portail et demandai au gardien de l’ouvrir afin que je puisse sortir.

Aussitôt, mon père courut derrière moi et cria :

« Cécile ! Mais non ! où vas-tu ? Reviens… »

Avant de sortir dans la rue, je lui dis de mon air le plus triste :

« Viens, on va juste aller voir Papa puis on revient. Je veux juste savoir qu’est-ce qu’est devenu ce chat… viens, s’il te plaît… »

Puis mon père me suivit et nous sortîmes ensemble dans la rue ; la fameuse avenue qui portait le nom de « Madina Corniche » pendant que le Gardien maintenait légèrement le portail entrouvert.

L’avenue grouillait de monde et il y avait un va et vient de voitures sur la grande route à double sens.
Ici, c’était loin d’être le havre de paix de notre maison avec tous ces bruits assourdissants.

Soudain, j’aperçus à ma droite, une femme Guinéènne assez forte qui était en train de faire griller des maïs au bord de la route (comme il en existe souvent ici, en Guinée) et qui venait de donner un magistral coup de pied dans l’arrière train d’un tout petit chat. Sans aucun doute un chaton.

Mais de là où je me trouvais, je n’arrivais pas à bien distinguer la scène alors je m’écriai vers mon père avec pas mal d’excitation dans la voix :

« Papa ! Papa ! Je viens de voir le chat ! Je suis sûre que c’est celui que tu as failli écraser ! C’est lui ! Viens ! La femme vient de lui donner un coup de pied ! Oh non ! Vite, il faut y aller ! »

Je courus très vite vers la femme Guinéènne qui parut très surprise de me voir là ; sans doute qu’elle n’était pas habituée à voir une petite fille « Blanche » qui était en train de courir pour je ne sais quelle raison, sur cette avenue…

Puis la femme comprit et se mit à éclater de rire en regardant le petit chat qui fuyait.
Moi, de mon côté, en un clin d’oeil, j’avais aperçu la petite boule de poil de couleur tigrée rouquine qui courait en boitillant, vers une bouche d’égout.

Je courus très rapidement vers le chaton qui avait déjà engouffré sa petite tête à l’intérieur de l’égout (il avait pratiquement la moitié de son corps à l’intérieur) puis d’un geste très rapide, j’attrapai sa queue et la tirait de toute mes forces vers moi afin que je puisse l’extirper de cet endroit si sale et puant.

Mais ce ne fut pas évident du tout car (ce n’est pas la meilleure manière qu’il soit pour attraper un chat) le chaton était non seulement très effrayé par le bruit de cette avenue si bruyante mais aussi par le sale coup de pied qu’il venait de reçevoir.

Mais je réussis tant bien que mal à l’attraper de justesse. A présent, je le tenais bien fermement dans mes mains afin qu’il ne puisse surtout pas s’échapper.
Il était si frêle et si apeuré qu’il tremblait de tout son corps dans mes bras.
Il me ragardait de ses petits yeux verts en amande et il ne cessait de cracher. Un vrai petit rebelle !

Minouchkaya :

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Voici Minouchkaya à l’âge adulte. Ici, elle se trouve au Tchad avec l’un de ses chatons.

Ce chaton était tout mignon et il ressemblait étrangement à la chatte de ma Maman qui s’appelait « Minith » et qui était très gravement malade.
Il ne cessait de me mordiller le bout des doigts et il sortait les griffes car il était très apeuré. Quoi de plus normal, vu qu’il n’avait plus confiance en l’être humain et qu’il devait penser que je voulais sans doute, lui faire du mal.

Pourtant je ne cessai de le rassurer en lui murmurant des mots doux tout près de ses petites oreilles si pointues :

« Coucou, toi ! non, non et non, tu ne m’échapperas pas. Je te tiens très bien. Tu te rends compte que tu aurais pu t’enfuir dans cet égout si sale. Non, tu ne seras plus dans la rue. Tu es sauvé maintenant ! Et on ne te fera plus de mal…Eh !! tu sais que tu ressembles beaucoup à Minith ! Tu le sais mon joli chaton ? Aie ! Aie ! Mais tu oses me mordre et me griffer petit rebelle ! »

Je passai devant la femme Guinéènne qui venait il n’y a pas si longtemps d’éclater de rire. Elle me regarda d’un air incrédule et pointa du doigt le chaton que je tenais dans les mains puis me dit :

« Ah ! Tu as trouvé le chat ! Il voulait manger mon maïs alors j’ai tapé lui…Mais lui, il n’a plus sa maman, je crois…Tu vas prendre lui ? »

Mon père qui se trouvait tout près de moi, lui répondit :

« Oui, on va garder le chat mais toi pas très gentille avec le chat… »

La femme lui répondit en riant :

« Ah ! missieu ! Oui pas gentille avec lui mais vous maintenant garder lui dans votre maison…C’est bon pour lui…Lui, très content maintenant… »

Après avoir dit au revoir à cette femme que je n’aimais pas du tout, mon père et moi, nous rendîmes très vite chez nous, avec notre merveilleuse découverte.
Mon petit frère ne s’était même pas rendu compte de notre absence tellement il était absorbé par ses chères fourmis !
Je vins vers lui et lui dit :

« Regarde Olivier, ce qu’on a trouvé Papa et moi ! t’as vu ? C’est un petit chaton »

Olivier qui était accroupi, se leva et regarda la petite boule de poil qui ne cessait de se contorsionner dans mes mains pour pouvoir s’enfuir.

« Wahou ! Mais vous l’avez trouvé où ? C’est vrai qu’il ressemble beaucoup à Minith ! Il fait que cracher ! »

« C’est grâce à Cécile ! » dit mon père. « Elle a tout fait pour qu’on aille retrouver le chat que je pensais avoir écrasé sur la route. Le chat était toujours là mais à un moment donné, il a failli s’échapper à l’intérieur d’un égout. Heureusement que Cécile était là pour l’empêcher d’aller plus loin sinon on ne l’aurait plus jamais retrouvé ! »

 » Wahou ! C’est vrai Cécile ? Va vite le faire montrer à Maman maintenant…Vite, dépêche toi… »

Aussitôt dit et aussitôt fait. Je me retrouvai donc en un rien de temps à l’intérieur de notre maison, faisant montrer à Maman et à notre domestique « Mamadou » notre jolie découverte…
Mamadou dit en s’écriant à Maman :

« Madame ! Ce chat, il ressemble trop à Minith ! C’est vrai, regarde Madame…Lui, trop beau comme Minith… »

Maman lui répondit :

« C’est vrai Mamadou ! Ce chaton ressemble vraiment beaucoup à Minith ! Mais dis moi Cécile, c’est un mâle ou une femelle ? Il faudrait vérifier. Tu peux me le donner, s’il te plaît ? Je vais voir si c’est une fille ou un garçon »

Je tendis le chat à ma mère puis celle-çi commença à bien l’observer. Au bout de quelques secondes, elle nous dit à moi et à Mamadou :

« C’est bien une femelle ! ah ! Je suis vraiment contente. En plus, elle est très belle ! Elle a la même couleur que Minith. Son pelage est tigré. Il faudra bien la laver car elle est très sale »

Et ce fut ainsi que « notre belle découverte » devint notre jolie « Minouchkaya ».

Elle resta auprès de nous durant des années et des années, voyageant à nos côtés, traversant les frontières et toujours en nous apportant beaucoup de joie et de bonheur. Et au cours de ces années, elle nous donna également de bien jolies portées de chatons pour notre plus grand plaisir.

Cette jolie petit rouquine aux yeux verts fut un véritable don du ciel car elle remplaça pour ainsi dire notre si douce Minith qui était atteinte (à cette époque là) d’un cancer généralisé et qui mourut quelques temps plus tard, après que l’on eut découvert Minouchkaya.

Maman pleura beaucoup Minith car elle l’adorait plus que tout mais elle pressentait aussi depuis pas mal de temps qu’elle aurait eu une autre chatte qui aurait été sa réplique exacte mais en plus costaude et que sa remplaçante aurait vécue bien plus longtemps qu’elle…

Tout cela pour vous dire que ce jour là où j’avais bien observé mon père ; et bien, je pense que c’était un jour béni des Dieux car grâce à moi, je donnais à ma douce Mamounette, l’opportunité et le bonheur d’avoir une seconde petite Minith…

Et qui sait ? Peut-être que c’était tout simplement la réincarnation de Minith et que c’était la providence qui nous l’apportait comme ça, afin d’apaiser la perte de notre regrettée Minith, par je ne sais quel miracle de la vie…

Un bien joli miracle et une bien jolie anecdote que je souhaitais absolument vous raconter…