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Une Plume arc-en-ciel 🌈

 

Coucou ma chère Plume !

Avant toute chose, je tenais à te remercier car tu as su insuffler en moi cette envie de vouloir réaliser un défi…

« L’envie d’avoir envie » comme le dit si bien Johnny dans sa jolie chanson…

Et si tu me lis, à cet instant bien précis, tu sauras toi de quoi je te parle mais entre nous soit dit et je pense que tu seras d’accord avec moi, faudrait-il aussi que je mette au parfum mes chers amis(es) lecteurs afin qu’il puisse comprendre de quoi il s’agit exactement…

J’ai toujours aimé les défis, que ce soit dans le domaine du sport (surtout la course à pied), où encore d’essayer de rester le plus longtemps possible sous l’eau (dans ma baignoire, piscine où l’océan), où de chanter a capella une chanson de Maître Gims (ça me détend) où même de savoir citer comme ça les capitales du monde entier (mon petit plaisir personnel, va savoir pourquoi ?) en veillant à ne pas me tromper.

Mais là, il s’agit d’un défi qui dépasserait largement tout ce que je viens d’énumérer…

Un défi beaucoup plus passionnant…

Un défi que j’affectionne particulièrement et que pourtant je n’avais plus souhaité réaliser depuis le décès de mon cher et tendre Papounet…

Un défi que tous les amoureux de l’écriture apprécient en règle générale…

Il s’agit bien-sûr du défi d’écriture ! Et là, bien-sûr de ton défi à toi, ma très chère Plume…

Et je peux te dire qu’il m’a vraiment emportée tant j’ai été enthousiasmée par ton idée que vous pourrez chers amis lecteurs trouver ci-après :

À présent, si tu le veux bien ma chère Plume, je t’embarque avec moi car je pense que tu dois être autant impatiente que je le suis…

Impatiente de savoir dans quel lieu je souhaiterais t’emmener…

Tu es fin prête ? Alors, c’est parti ! Nous allons maintenant droit en direction de mon pays natal ! Et me connaissant quelque peu depuis que nous nous suivons mutuellement sur WordPress en Novembre 2018, tu l’auras sans doute compris, nous partons toi et moi à Madagascar.

Eh oui ! Cette grande île qui est si chère à mon cœur !

Une île que l’on surnomme aussi « L’île Rouge » en raison de sa latérite si pigmentée et dont tu pourras sous peu admirer…

Et là, bien évidemment, comme par enchantement car nul besoin de prendre l’avion tant le voyage durerait trop longtemps : soit 11 heures de temps ! Et comme je suis d’un caractère quelque peu impatient (oui, je l’avoue) alors j’ai décidé de nous téléporter toi et moi directement à Antananarivo, la belle Capitale (lieu de naissance de mon frère) puisque j’ai ce pouvoir entre les doigts.

Ben oui, c’est à ça aussi que sert l’écriture !! Se permettre toutes sortes de choses incroyables qui n’existeraient point dans notre réalité.

Et là, nous sommes donc à Antananarivo et qui plus est pas dans n’importe quel endroit ! Un lieu que je voulais absolument que tu découvres et qui n’est autre que le Palais de la Reine Ranavalona III.

Je ne sais pas si tu aimes l’histoire (pour ma part, j’adore) mais je me suis dit que cela te plairait de visiter ce château appelé « Rova ».

Un monument historique qui ne te laissera pas indifférente…

Un monument qui fut hélas endommagé par un incendie en Novembre 1995 à la manière de notre Dame de Paris (Avril 2019) mais qui depuis et bien heureusement a été petit à petit reconstruit et dont tu pourras aujourd’hui apprécier sa belle architecture sous toutes les coutures.

Et tu ne m’en voudras pas, si à un certain moment de notre visite, je versais ma petite larme d’émotion car oui, j’avais tout de même 16 ans lorsque j’arpentais pour la toute première fois les intérieurs du « Rova » en compagnie de ma famille.

Mais ne t’inquiète pas, ma nostalgie sera vite dissipée en visitant ce lieu chargé d’histoire avec toi…

Et puis, étant ton guide touristique attitré, je ne manquerai pas de t’expliquer dans les moindres détails à l’aide de mon précieux carnet de notes toutes les dates importantes de la très passionnante et si riche histoire de la monarchie Malgache. Ses Rois, ses Reines, Princes et Princesses…

Si bien, que tu finirais toi-même par tout savoir sur ledit sujet !

Si ! Si !

Car oui, je dois aussi t’avouer que je suis extrêmement intarissable lorsque je me mets à parler de mon île natale.

Une véritable bazarette !! Mais si tu aimes bavarder alors tu apprécieras…

Eh bien voilà que notre visite culturelle des plus enrichissantes vient tout juste à peine de se terminer ma chère Plume…

Oui, je sais, les meilleures choses ont toujours une fin mais que dirais-tu à présent de prolonger notre voyage en allant à Mantasoa ?

Et c’est là que tu me dirais sans plus tarder avec curiosité :

« Mantasoa ? C’est une ville ? »

Et je te répondrai alors avec une certaine excitation dans la voix :

« C’est un endroit magique ! Tu verras. Un lieu idyllique, un peu comme s’il était hors du temps et qui se trouve en dehors de la ville de Tananarive »

« Hâte d’y aller alors Cécile ! »

« Oui, moi aussi ! Et lorsque nous arriverons là-bas, nous séjournerons durant deux jours dans un charmant hôtel-restaurant qui s’appelle l’Ermitage »

« L’Ermitage ? Il porte bien son nom je trouve ! »

« Oui, comme tu dis ! C’est parce qu’il est situé en pleine nature dans une tranquillité absolue tout près d’un grand lac artificiel portant aussi le nom de Mantasoa »

« Wahou ! J’ai vraiment hâte de découvrir cet endroit Cécile ! »

Et là, en un claquement de doigt, nous voilà déjà toi et moi au cœur de la forêt d’eucalyptus de Mantasoa en train de nous promener tranquillement à cheval tout en explorant et en respirant à pleins poumons le bon air si pur et vivifiant de ce lieu incroyablement paisible.

Car oui, je ne te l’ai pas dit mais nous sommes d’excellentes cavalières émérites toi et moi et donc nul besoin de prendre des cours d’équitation au préalable…

Eh oui ! C’est ça la magie de l’écriture !

Ainsi, si tu n’étais encore jamais monté à cheval de toute ta vie et que cela faisait parti de ta wish list (sait-on jamais), eh bien voici que ce vœu est exaucé !

Et c’est là que je rajouterai :

« Quel plaisir d’être ici en ta compagnie ma Plume ! »

Et toi de me répondre :

« Et moi donc Cécile ! Tu avais raison. Cet endroit est vraiment hors du temps ! »

Puis, pour terminer notre jolie balade, histoire de se sentir encore plus apaisées, montons à bord de cette barque motorisée conduite par un guide Malgache connaissant comme sa poche le lac Mantasoa et laissons nous voguer et bercer par le doux clapotis des vagues tout en admirant les rares et belles demeures en bois qui bordent cet immense lac de rêve…

De quoi nous requinquer à bloc !! N’est-ce pas ?

Et je suis certaine étant donné que tu aimes la photographie que tu ne manqueras pas d’immortaliser notre périple par de sublimes clichés !

Puis le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, il serait important d’aller visiter la maison du célèbre architecte Jean Laborde se trouvant non loin d’ici.

Sur ce, allons-y ! Bien équipées de nos sac à dos contenant victuailles et gourdes d’eau car il faudra tout de même parcourir quelques bons kilomètres à pied à travers le village de Mantasoa avant de pouvoir nous retrouver enfin face à la jolie demeure de Jean Laborde.

« Mais pourquoi ne pas nous téléporter directement là-bas, Cécile ? » me diras-tu alors peut-être.

Et c’est là que je te répondrai avec un petit sourire malicieux :

« Pas cette fois-ci ma Plume mais tu verras tu aimeras cette marche à pied tout comme je l’avais moi-même apprécié à l’âge de 16 ans car je pense qu’il faut savoir aussi prendre son temps, savoir s’attarder sur la nature qui nous entoure et là, ce sera vraiment le moment idéal »

Et puis ce n’est tout de même pas quelques kilomètres qui nous arrêteront, n’est-ce pas ?

C’est que ça se mérite de visiter la maison de Jean Laborde !

Ah oui ! Et j’allais oublier de te dire l’essentiel à son sujet. C’est lui qui dessina le fameux palais de la Reine Ranavalona que nous avons visité lors de notre arrivée à Antananarivo. À l’origine, il était construit en bois, ce qui explique pourquoi il pris aussi rapidement feu en 1995.

À présent, un petit cours d’histoire s’impose afin que tu en saches davantage sur cet architecte ambitieux, loin d’être un homme ordinaire…

Ce que tu dois savoir, c’est qu’il contribua beaucoup à l’industrialisation Malgache durant le règne de la Reine Ranavalona 1ère en lui fabriquant en premier lieu des fusils ainsi que des canons pour son armée Malgache.

Puis comme il devint par la suite son amant et disons-le très proche de la royauté Malgache alors il eut pas mal de faveurs et privilèges pour réaliser grand nombre de ses projets industriels…

Ainsi et toujours avec l’autorisation de la Souveraine, il fit de Mantasoa en 1837, une cité quasi industrielle en y construisant : ponts, routes, barrages, hauts fourneaux, fours à chaux ainsi que sa propre maison en bois que nous n’allons plus tarder à visiter…

Ben oui ! C’est qu’il lui fallait bien un habitat sur place pour pouvoir réaliser toutes ses œuvres !

Et ce n’est pas fini ! C’est lui aussi qui imagina et créa le fameux lac artificiel « Mantasoa » dont tu as pu admirer la splendeur tout à l’heure…

Pour te dire ! Il fit pas mal de choses pour embellir et moderniser Mantasoa et même  son propre tombeau qu’il avait alors bâtit lui-même par avance et dans lequel il repose désormais depuis la date de son décès en 1878.

Voilà pour le petit cours d’histoire qui me semblait nécessaire…

Nous voici à présent à l’intérieur de sa grande maison en bois…

Qu’en dis-tu ma Plume ? Pas mal n’est-ce pas ? Je te laisse juger par toi-même…

Je ne sais pas pour toi mais moi ça me fait toujours quelque chose lorsque je me retrouve dans un lieu qui autrefois aurait été  habité par un personnage historique…

Je me souviens notamment de la maison natale de Mozart à Salzbourg et maintenant voici celle de Laborde à Mantasoa…

À chaque fois, je trouve cela toujours autant fascinant et incroyable…

Voilà que notre visite vient de se terminer. J’espère qu’elle t’aura plu !

Et Maintenant, je te propose une toute autre activité qui sans aucun doute te fera plaisir si tu aimes les animaux… Enfin, surtout si tu aimes les singes…

Et plus particulièrement les Lémuriens…

Ça te dit ? Alors, allons sans plus tarder nous rendre dans la réserve privée de « Lemurs’ Park », un immense parc botanique de 5 hectares se trouvant à 22 Km d’Antananarivo.

Là-bas, nous aurons le privilège de pouvoir observer 7 espèces de lémuriens et qui plus est en totale liberté !

L’espèce la plus connue étant sans nul doute le Lémur Catta reconnaissable à sa longue queue rayée de 14 anneaux noirs et blancs…

Ne sont-ils pas mignons ?

En plus, il peut même leur arriver parfois de chanter et de danser…

Si ! Si ! Je t’assure…

Tiens ! Écoute celui-là qui te chante la sérénade et l’autre là-bas qui veut à tout prix que tu remarques sa danse…

****

C’est si beau de les voir en liberté dans ce bel environnement et non dans un zoo…

Voilà que tu as eu la chance de pouvoir rencontrer le symbole de la faune Malgache mais tu sais, notre voyage est loin d’être terminé ! Il te reste encore pas mal de choses à découvrir !

Alors, dis-moi, as-tu le goût de l’aventure ? Je veux dire par là, aimes-tu les sensations fortes ? Un petit peu d’adrénaline, il en faut parfois dans la vie… Alors, ça te dit ?

Et si oui et que tu n’as pas trop le vertige, partons immédiatement rendre visite aux célèbres Tsingy de Madagascar qui se trouvent au Parc National de Bemaraha, plus précisément dans la province de Majunga, à environ 300 Km de Tananarive.

Mais rassure-toi, pas pour y faire de l’alpinisme mais juste pour observer d’un peu plus près ces incroyables et magnifiques cathédrales rocheuses que l’on appelle « Tsingy » et que tu ne pourras voir nulle part ailleurs qu’ici, à Madagascar…

Petit cours de géologie ?

Toutes ces grandes étendues de calcaire que tu vois là sous tes yeux ébahis sont en partie composées de fossiles et de coquillages.

Incroyable, non ? Et te rends-tu compte qu’elles datent au moins de 160 millions d’années, lorsque l’île de Madagascar venait alors de se séparer de la plaque africaine…

Ensuite, ce fut l’eau de mer et l’eau de pluie qui firent tout le reste en les ciselant et sculptant.

Voilà pourquoi elles ont aujourd’hui cet aspect si étrange et particulier que tu peux toi-même constater…

Et je peux te dire que c’est véritablement un paysage unique au monde, presque surnaturel, je dirai…

D’ailleurs, les Tsingy attirent toujours autant la curiosité des botanistes, géologues et biologistes…

Et on peut parfaitement comprendre pourquoi !

Regarde comme elles sont impressionnantes, fascinantes !

Mais attention ma Plume, l’heure est grave maintenant…

Bon, peut-être que j’exagère un peu aussi  mais nous voici devant un pont de singe ressemblant fortement à celui du film d’ « Indiana Jones et le temple maudit ».

Ah ! La la ! Et comme tu peux le constater, il est juste exprès au-dessus de ce canyon à couper le souffle…

Comme si ça n’était déjà pas assez compliqué notre parcours !

Mais la question est : Oseras-tu le traverser pour pouvoir poursuivre notre randonnée ?

Je sais, ça donne le vertige et même le tournis mais je voulais absolument t’emmener ici car je pense que c’est un lieu qui vaut vraiment le détour…

Alors ? Auras-tu osé finalement parcourir le fameux pont suspendu ?

Et si jamais c’était le cas, alors dis-toi que tu auras l’espace d’un instant rassasié ta soif de liberté en endossant le rôle intrépide d’Indiana Jones l’aventurier et crois-moi, ce n’est pas si fréquent dans la vie de tous les jours…

Après cette visite des plus vertigineuses mais époustouflante tu en conviendras, je te demande à présent de bien vouloir fermer les yeux et de compter jusqu’à 5…

Oui, ça change un peu du claquement de doigt…

Ça y est ! Tu peux maintenant les rouvrir…

Alors, je te présente la plus belle merveille du monde, sa très gracieuse Majesté « Renala ».

Admire sa force, sa grandeur… Ça laisse sans voix, n’est-ce pas ?

Si bien, qu’on ne peut que s’incliner devant tant de beauté…

En fait, on se doit d’être infiniment respectueux lorsqu’on se retrouve ici, sur la plus belle avenue du monde…

Non, pas celle des Champs-Elysées mais plutôt celle des baobabs…

Des baobabs que les Malgaches appellent « Renala » et qui signifie dans leur langue locale « Mère de la forêt » parce qu’ils dépassent d’une tête leurs compagnons forestiers…

Cette allée de Baobabs pluricentenaires  (plus de 800 ans) bordant cette route de terre dans la province de Tuléar (lieu natal de mon grand-père maternel) est également un site protégé depuis les années 2007 car elle reste sans nul doute le plus précieux héritage de toutes les forêts tropicales Malgaches…

Ici, on peut contempler sans se lasser, le superbe et si majestueux Adansonia Grandidieri, l’une des 6 espèces de baobabs endémiques de Madagascar pouvant atteindre les 30 mètres de haut et 7 mètres de diamètre !

De quoi en rester baba devant ce très grand roi !

Et pour la petite histoire, si tu veux tout savoir, ce baobab porte le nom spécifique de « Grandidieri » pour rendre hommage au botaniste et explorateur Français Alfred Grandidier qui l’avait pour ainsi dire découvert lors de ses recherches botaniques à Madagascar.

Alors ma Plume ? Est-ce sa Majesté Renala t’a laissée sans voix de par son immense grandeur ? N’est-il pas le plus bel arbre du monde ? Pour ma part, je dirai qu’il le sera toujours…

Et voilà que nous approchons bientôt de la fin de notre voyage…

Mais avant de devoir quitter Madagascar, je voulais te réserver le meilleur pour la fin… Une toute dernière surprise…

Prête à t’envoler avec moi dans les airs pour la découvrir ?

Ben oui, quand je te disais que l’écriture nous permet de réaliser toutes sortes de choses incroyables, c’était pas pour rien…

Et là, tels deux oiseaux migrateurs, parmi les nuages blancs dans le ciel bleu azur, nous voilà en train de survoler avec allégresse mon village natal « Namakia » pour nous rendre dans un lieu qui me tient particulièrement à cœur : « Empassy Boeny », l’immense plage de sable fin…

Une plage magnifique, désertique, romantique, totalement inconnue des touristes sauf de certains connaisseurs ayant connu Namakia où encore natifs de là-bas…

Une plage que je foulais alors du pied pour la toute première fois à l’âge de 16 ans…

Une plage où mon père tomba amoureux de ma mère lorsqu’il la vit remontant cette dune de sable blond pour aller cueillir les fruits d’un arbre exotique…

Une plage où tout commença, s’imprégnant alors de merveilleux souvenirs…

Jusqu’aux plus beaux instants passés en famille dans les années 93/94…

La plage qui restera pour moi le plus bel endroit de Madagascar…

Je suis si émue de la revoir…

D’ailleurs, quelques larmes coulent déjà le long de mes joues car je repense à mon père…

À mon père qui aurait aimé être ici…

Mais grâce à toi, à la magie de ton défi, il est bien là, tout près de moi…

C’est si beau que j’en perds mes mots…

Heureusement, ma mémoire, elle, continue de me soutenir, de me tenir par la main pour ne pas sombrer dans un chagrin…

Car elle souhaite terminer mon récit dans une belle poésie en te disant ceci :

Regarde cet océan indien…

Respire ses embruns…

Laisse toi aller,

Laisse ton esprit vagabonder dans le doux vent léger salé,

Un peu comme si le temps s’était arrêté,

Un peu comme si tu étais soudainement  métamorphosée,

Ivre de liberté,

Contemplant ce paysage sans te lasser…

Submergée par l’émotion,

Par ce spectacle que tu souhaiterais permanent…

Et lorsque viendra le soleil couchant,

Si rougeoyant,

Se fondre dans l’océan,

Alors je saurai qu’à cet instant, l’immersion de ta plume dans le bel encrier de Madagascar ressortira de mille couleurs…

Des couleurs denses et intenses…

Autant vibrantes que fascinantes…

Autant indélébiles qu’inoubliables…

Si bien, que tu deviendrais à ton tour et pour toujours,

Une plume arcenciel

Grâce à Madagascar, la grande île exceptionnelle…

****

Merci encore pour ce défi d’écriture qui m’a permis de voyager dans mon passé avec beaucoup de bonheur…

****

 

 

Son plus beau cadeau sur Terre 🎁 La suite…

L’hypnotisant et chaleureux feu de cheminée avec ses braises crépitantes et rougeoyantes dans son âtre.

Oh ! Rien que d’y penser, elle avait presque hâte !

Oui, un bon feu de cheminée qui lui réchaufferait le cœur et l’âme durant l’hiver.

Entendre le doux son du bois craquer au contact des flammes dansantes et lumineuses lui ferait très certainement oublier sa forêt enchantée…

L’oublier un temps soit peu, c’est vrai, mais pas dans ses rêves nocturnes pendant que la neige se mettrait à tomber dehors et finirait par la recouvrir intégralement d’un joli manteau d’une blancheur immaculée…

Voilà tout ce dont à quoi ce buffet en pin massif lui faisait penser…

À toutes ces belles choses qui la rendaient infiniment heureuse…

Ah ! qu’elle aurait aimé, à cet instant précis, se retrouver dans sa merveilleuse forêt !

Mais cela n’aurait pas été raisonnable, étant donné qu’il avait bien trop plu.

Tout ne serait donc qu’humidité et rien que d’y penser Mira en fut écœurée !

Non, il était plus sage d’attendre que celle-ci redevienne bien sèche comme elle l’était il n’y a pas si longtemps.

« Peut-être après demain et biensûr à condition que Maman ne soit pas là » se dit-elle tout en baillant.

****

Mira attendait toujours bien sagement que sa Maman revienne mais elle trouvait que le temps était de plus en plus long et commençait sérieusement à s’inquiéter de son absence prolongée.

Soudain, elle sursauta en entendant :

« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »

Le bruit provenait de l’horloge en bois qui se trouvait juste au-dessus de la porte de la cuisine.

Centrée au beau milieu de celle-ci ; une petite porte arrondie venait à peine de s’ouvrir laissant surgir un oiseau qu’elle connaissait fort bien et qui avait le don de l’horripiler.

Il s’agissait de « Canari », le fameux oiseau de malheur qui se cachait à l’intérieur et qui réapparaissait de temps en temps quand cela lui chantait.

Et là, il était en train de siffloter gaiement dans un son particulièrement aigu qui l’agaçait :

« Cou-cou ! Cou-cou ! Cou-cou ! »

Elle le regarda d’un air mauvais et méprisant :

« Mais tais-toi donc le Canari ! Pfff ! Oh la la ! On a compris le message ! Il est telle heure ! Et alors ? C’est pas la fin du monde que je sache ! » lui lança t-elle rageuse avec cette irrésistible envie de lui arracher le bec en deux temps trois mouvements pour qu’il puisse se taire une bonne fois pour toutes.

« Cou-cou ! Cou-cou ! » continua de chanter le petit oiseau sans vergogne.

Il venait d’annoncer qu’il était exactement 17H00.

Mira avait toujours aimé cette bonne vieille horloge en bois qui devait très certainement dater de l’avant guerre.

Les jolies arabesques qui y étaient gravées lui donnaient une allure des plus singulière et d’une rare authenticité.

C’était vraiment une magnifique horloge !

Par contre, le petit être arrogant qui se renfermait dans ses entrailles n’avait pas le moins du monde sa grâce.

À dire vrai, elle le détestait.

Certes, c’était peut-être un bel oiseau avec son plumage jaune poussin des plus rayonnant mais elle n’arrivait plus à supporter son sempiternel « Cou-cou » lui sortant de son minuscule bec orange vif.

Deux couleurs des plus criardes qui se voyaient à des kilomètres à la ronde !

C’est pourquoi elle aimait bien se moquer de lui en l’appelant : Canari.

Quant à ses petits yeux noirs vifs et malicieux ; ils semblaient toujours la narguer lorsqu’il jaillissait subrepticement de son antre fermée à double tour.

Sans doute qu’il se sentait à l’abri, là haut, à l’intérieur de son refuge et qu’il savait fort bien que Mira n’aurait pas pu lui faire quoi que ce soit…

Ah ! Comme elle aurait voulu l’attraper pour lui régler enfin son compte !

Oui ! Pour toutes ces fois où il avait eu l’audace de la faire sursauter en lui chantant à tue tête ses infernales coucous répétitifs…

« Cou-cou ! Cou-cou ! »

Mais il ne perdait rien pour attendre celui-là…

Un beau jour, elle se vengerait. Elle ne savait pas encore par quel moyen mais elle finirait bien par trouver…

Elle l’observa encore. C’est fou comme il avait l’air vivant, là haut sur son perchoir en train de lui chanter la sérénade !

C’en était presque bluffant !

Monsieur Canari faisait son intéressant. Son grand show. Il devait très certainement se prendre pour Monsieur Rossignol alors qu’il avait une voix stridente de crécelle !

Mira ne le détestait pas tant que ça…

Non, c’était bien pire. Elle le haïssait !

Elle était pourtant habituée à le voir quotidiennement et ce depuis pas mal d’années déjà mais bizarrement, elle ne s’était point faites à son chant.

Non, celui-là, elle n’arrivait toujours pas à l’ingurgiter…

Cependant, elle reconnaissait qu’il accomplissait fort bien son travail d’annonceur…

Ah ça oui ! Et ce durant ces 5 années où elle avait habité ici.

Et d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, jamais encore il n’avait eu la moindre extinction de voix…

Non ! Une vraie machine de guerre ce Canari là ! Et biensûr n’ayant pas la moindre pitié pour ses oreilles fines et si délicates.

Elle avait bien essayé de se faire à son chant où encore de contrôler ses sursauts lorsqu’il entonnait ses horribles coucou mais elle avait fini par jeter l’éponge…

C’était tout bonnement impossible !

Résultat des courses : elle détestait toujours autant sa voix et continuait à tressaillir lorsque le volatile en bois sortait de sa cachette tel un clown machiavélique.

Dieu qu’elle le méprisait !

Mira l’observait encore lorsque soudain la petite porte en bois se referma enfin sur lui.

« Pfff, il était temps ! » soupira t-elle en regardant les grandes aiguilles noires de l’horloge.

Elles annonçaient qu’il était déjà 17H15.

« Mais que pouvait bien faire Laura ? Elle n’était toujours pas revenue » s’inquiéta t-elle en tournant la tête vers la porte d’entrée du salon.

****

Mira commençait à avoir une petite faim alors elle franchit le seuil de la cuisine dont la porte était restée grande ouverte.

Immédiatement, elle remarqua au loin une petite assiette garnie de madeleines dorées qui reposait sur la table centrale.

Juste à côté de celle-ci se trouvait un bol à anse accompagné d’une petite cuillère à café.

Mira n’aimait pas trop les madeleines car elles avaient tendance à lui coller au palais et puis il faut dire aussi que ce n’était pas trop sa tasse de thé.

Son intérêt se porta donc sur le bol en porcelaine blanc à gros pois rouges.

Que pouvait bien t-il contenir ? se demanda t-elle en ne le quittant pas de ses yeux perçants.

Sa curiosité grandissait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de la grande table.

Ses narines sentirent les effluves d’un parfum vanillé.

Se pourrait-il que Laura lui ai préparé son dessert préféré ?

Une bonne et onctueuse crème dessert à la vanille ?

Hum ! Rien que d’y songer, Mira était déjà toute excitée à l’idée qu’elle le dégusterait dans quelques secondes.

Un exquis dessert lacté rien que pour elle ! Elle en avait de la chance !

Et sa Maman avait bien veillé à le sortir du frigo à l’avance car elle savait que Mira aimait le manger à température ambiante et non glacée.

Le goût s’en trouvait bien meilleur.

Décidément, elle avait vraiment une Maman en or.

C’était donc ça la fameuse surprise que Laura lui avait concoctée ?

Pourtant, elle aurait juré que sa Maman lui avait bien dit qu’elle lui ramènerait un cadeau en revenant de ses courses.

Mira plissa les yeux de contentement.

Se pourrait-il alors qu’il y ait une deuxième surprise ?

Elle s’apprêtait à déguster sa gourmandise lorsque soudain, elle entendit un drôle de bruit qui provenait du salon.

Ah ! Non ! Personne n’avait le droit de la déranger lorsqu’elle était à table !

« Fichu bruit ! Va t’en ! Et laisse moi savourer ce délicieux met »

Mira se pourlécha les babines, prête à attaquer son savoureux dessert.

« Crrr, crrr, crrr »

Oh non ! Le bruit de tout à l’heure venait encore de recommencer et cette fois-çi il ne s’arrêtait plus.

« Ah ! Mais c’est pas vrai ça ! Je ne peux vraiment pas être tranquille aujourd’hui ! »

À contre cœur elle laissa son assiette de côté et retourna vite sur ses pas.

Du seuil de la cuisine elle inspecta de ses yeux d’aigle le vaste salon.

« Crrr, crrr, crrr »

Le bruit s’intensifiait davantage. C’était un peu comme un grattement à une porte mais elle n’arrivait pas à déceler de quoi il s’agissait exactement.

À l’affût et aux aguets, elle avança à pas de loup à l’intérieur du salon tout en scrutant les alentours mais ce n’était pas si évident que ça vu qu’il faisait à nouveau sombre ici.

Nous étions en plein mois d’octobre et le soleil se couchait beaucoup plus tôt.

Bientôt il ne tarderait plus à faire nuit noire.

« Crrr, crrr, crrr »

Les sens en alerte, Mira épiait les moindres recoins de la pièce.

« Crrrr, crrr, crrr »

Par moment, le grattement s’interrompait, rendant alors difficile la recherche de sa provenance.

« Crrr, crrr, crrr »

« Ah la la ! Fichu bruit ! Mais où te caches tu ? » s’agaça Mira.

Soudain Alléluia ! Elle cru voir quelque chose bouger là-bas, là où était placé son fauteuil.

Vite, sans plus attendre, elle couru en sa direction puis au dernier moment décida de se positionner juste derrière lui afin de mieux épier la chose qui remuait.

Ses yeux verts n’étaient plus que deux fentes extrêmement étrécis à force de scruter dans la pénombre les contours de cette étrangeté.

Une étrangeté qui avait dû ressentir sa présence car à cet instant précis, elle ne bougea plus du tout.

Sans doute, avait-elle entendu Mira…

« Mince alors ! Allez ! Gratte encore saleté ! Pourquoi tu bouges plus ? » marmonna t-elle entre ses dents.

Soudain, la bestiole recommença innocemment sa petite besogne sans prêter attention à Mira qui était à présent juste derrière elle.

Les yeux toujours étrécis à l’extrême, Mira reconnut enfin le petit animal.

« Quoi ! ? Ce n’était qu’une vulgaire souris ! ? » s’indigna t-elle courroucée et prête à lui bondir dessus.

Tout ce raffut n’était dû qu’à une insignifiante petite souris ?

Une souris blanche qui était en train de gratter frénétiquement avec ses pattes avant un coin fissuré de la plinthe en bois du mur de droite. Celui-là même où se trouvait à quelques centimètres son fauteuil en velours.

À l’attaaaaaque !!

Toutes griffes dehors, Mira bondit en avant tel un boulet de canon mais au moment où elle allait se jeter sur le rongeur ; celui-ci se faufila aussi vite que l’éclair par un petit trou attenant à l’étroite fissure qu’il n’avait pas eu le temps d’élargir.

« Oh non ! Saleté va ! T’as réussi à être plus rapide que moi ! » pesta t-elle dépitée d’avoir pu manquer son coup.

Et dire qu’elle avait été à deux doigts de lui régler son compte !

« Une vraie Speedy Gonzales ! celle-là ! » admit-elle avec une certaine fascination.

« Mais tu ne perds rien pour attendre ! » souffla t-elle sournoisement.

« En plus tu as osé faire ta petite cachette juste à côté de mon fauteuil. Ah la la ! Grave erreur, vilaine souris ! » s’insurgea t-elle en regardant d’un œil l’intérieur du trou par lequel le rongeur s’était introduit si lâchement.

Mais hélas, celui-ci semblait totalement vide.

Speedy Gonzales s’était bel et bien volatilisée.

Elle avait dû très certainement emprunter une des nombreuses galeries creusées par elle où ses congénères.

Car s’il y en avait une ; il devait alors y en avoir plusieurs…

Elle prendrait alors son temps et un malin plaisir à les pourchasser l’une après l’autre…

En tous cas, à l’avenir, elle resterait vigilante car elle détestait que des intrus envahissent son territoire.

Speedy Gonzales et le Canari ne perdaient rien pour attendre…

Mira regarda autour d’elle.

Avec la venue impromptue de cette souris, elle ne s’était pas aperçu que le salon était à présent plongé dans le noir.

Elle ne craignait point la nuit mais elle commençait à se faire du mauvais sang pour sa Maman.

Elle jeta un œil à la porte d’entrée qui était toujours obstinément fermée…

Mais que pouvait bien faire Laura à cette heure si tardive ?

Pour passer le temps, elle décida de rester encore quelques instants devant le trou de la plinthe, histoire de voir si la souris finirait bien par en ressortir.

Mais Speedy Gonzales était loin d’être bête.

Ce soir, il était évident qu’elle ne montrerait plus le bout de son museau.

Mira devait se résigner.

Elle commença à bâiller d’ennui et repensa à nouveau aux douces paroles de sa Maman :

« Je te ramènerai une petite surprise ma Mira ! Sois bien sage surtout ! »

Les répéter inlassablement dans sa tête lui permettaient de se rassurer et même si elle commençait à redouter le pire.

« Pourvu que sa Maman n’ait pas eu un accident sur la route » se demanda t-elle très inquiète.

Mais il ne fallait surtout pas qu’elle perde les pédales.

Et pour cela, il valait mieux qu’elle resta positive en se disant que Laura ne tarderait plus à revenir.

Soudain, elle repensa à son onctueuse crème dessert qu’elle avait bien failli oublier à cause de la satanée Speedy Gonzales.

Celle-ci lui redonnerait du baume au cœur concernant son inquiétude pour sa Maman et lui permettrait également d’oublier le fâcheux petit incident qu’elle avait eu avec le rongeur.

****

Mira venait à peine de terminer sa délicieuse crème dessert à la vanille lorsqu’elle repensa encore aux paroles de Laura :

« Je reviendrai avec une petite surprise pour toi ma Chérie. Sois bien sage surtout ! »

Voilà ce qu’elle lui avait dit avant de refermer derrière elle, la lourde porte d’entrée en bois massif.

Elle ne pouvait s’empêcher de se la ressasser en boucle.

Elle revoyait aussi l’image de son doux visage souriant avec ce joli foulard rose pastel noué autour de son cou délicatement parfumé.

Un parfum aux notes florales emporté dans le sillage du vent frais de cet après-midi là et que Mira n’avait point oublié.

À cette pensée, elle eut une boule dans la gorge. Sa Maman lui manquait…

Soudainement, elle entendit le Canari chanter :

« Cou-cou ! Cou-cou ! »

Elle sursauta mais bizarrement ne lui en voulut pas.

Cet oiseau de malheur rompait le silence de plomb qui régnait dans la vaste maison et cela la rassurait.

Et même si son « Cou-cou » était détestable ; elle lui en était quand même reconnaissante…

Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle mourait d’envie de lui arracher le bec !

Ce n’était plus le cas maintenant. Le Canari était devenu son ami.

Il venait d’annoncer qu’il était exactement 19H00.

Son inquiétude redoubla.

Jamais encore sa Maman n’était arrivée en retard. Elle respectait toujours ses promesses…

Mais que faisait-elle alors ?

Elle regarda par la baie vitrée. Le jardin était dans l’obscurité totale et il n’y avait pas âme qui vive.

Sa Maman ne donnait pas de cours le samedi au lycée et c’est pour cela qu’elle profitait toujours de ce jour pour faire ses courses.

« Maman ! Reviens moi ! S’il te plaît ! »

Elle faisait cet ultime vœu tout en regardant le ciel noir opaque dénué d’étoiles…

Soudain, elle entendit un cliquetis à la porte.

Incroyable mais vrai ! Sa demande avait-elle été exaucée ? !

Vite, le cœur battant et sans plus attendre, elle courut vers la porte et attendit.

Son impatience la rendait fébrile et très nerveuse.

Subitement, la porte s’ouvrit enfin en grand, laissant apparaître sa douce et belle Maman qui lui lança :

« Coucou ma chérie ! Oui, je sais, je suis très en retard. Attends, je vais allumer. On n’y voit strictement rien ici ! »

Le grand lustre du salon s’illumina immédiatement, éclairant toute la pièce d’une intense lumière qui faisait plaisir à voir.

Ainsi, le salon retrouvait enfin son côté chaleureux et sécurisant.

« Oh ma Chérie ! Tu as dû avoir peur toute seule ici dans le noir. Je suis vraiment désolée »

Laura déposa son gros sac de provisions sur le carrelage puis s’empressa de fermer à clef la lourde porte en bois.

Elle se retourna et regarda Mira avec une extrême douceur dans le regard.

« Tu sais, je m’inquiétais pour toi ma Mira. Te savoir toute seule ici me tracassait. Mais je suis heureuse de te retrouver enfin. Allez, viens me faire un câlin »

Tout en s’accroupissant, elle tendit les bras vers elle mais Mira ne broncha pas.

Elle restait immobile sans ciller.

« Que se passe-t-il ma Chérie ? Tu me boudes ? »

Le regard vert de Mira était réprobateur.

« Ah ! Je vois ! Tu m’en veux toujours. Mais tu sais ce n’est pas entièrement de ma faute. Il y avait beaucoup de monde au supermarché et lorsque je conduisais sur la route qui mène chez nous ; j’ai dû faire un détour à cause d’un grave accident »

Les yeux verts de Mira s’arrondirent d’étonnement.

Mais alors l’absence prolongée de sa Maman était donc dû à cause de toutes ces choses ?

« Tu m’en veux toujours ? » questionna Laura avec un petit sourire enjôleur.

Avec de tels arguments ! Grand Dieu ! Biensûr que non ! Alors, contre toute attente, elle se précipita avec hâte vers sa Maman puis se caressa immédiatement tout contre elle en faisant ses pattes de velours.

« Oooh ! Ma jolie Mira ! » s’exclama Laura avec une certaine émotion dans la voix.

Mira ronronnait de plaisir en ne cessant de se caresser contre elle.

« Mais toi aussi Maman ! Tu m’as manquée » miaula t-elle d’une petite voix en la dévorant des yeux.

« Oh ! J’aime quand tu me fais des câlins comme ça ma Mira ! »

Laura lui caressa affectueusement la tête puis passa sa main sous son ventre tout blanc et si soyeux. Elle savait que Mira aimait bien qu’on le lui caresse en faisant de grands vas et vient.

Mira ronronnait de plus belle. Elle était vraiment au septième ciel.

Laura lui fit ensuite un petit bisou sur le bout du nez.

« Ah ! mais j’allais oublier ta surprise ! » s’écria t-elle subitement.

« Attends, je vais la chercher dans le sac » ajouta t-elle en se relevant.

Quelques secondes plus tard, elle tenait dans sa main droite un sachet brillant qui ressemblait à un gros paquet de chips.

Mira le reconnut immédiatement avec son logo si particulier qui représentait l’empreinte d’un coussinet félin.

« Tiens ! Regarde ! C’est pour toi ma Mira ! » s’enthousiasma Laura en commençant à l’agiter de haut en bas.

« Tu reconnais ce bruit ? »

Bien évidement qu’elle le reconnaissait !

Et quand bien même il y aurait eu tout un tas de vacarme autour ; elle l’aurait encore reconnu entre mille…

Mira ne cessa de le fixer de ses grands yeux verts en amande pendant que sa Maman continuait de le lui agiter sous le nez.

« Quel son merveilleux ! » miaula t-elle en ne le quittant pas des yeux.

Sa Maman venait de lui offrir un très joli cadeau : ses croquettes favorites d’après le coussinet doré qui était dessiné dessus.

Sa marque préférée ! Les savoureuses et fondantes croquettes de bœuf aux légumes verts dont elle raffolait tant.

Mira ronronna de plus belle à l’idée de bientôt les croquer…

Mais elle ne ronronnait pas que pour elles…

Est-ce que Laura s’était aperçu qu’elle s’était beaucoup inquiété pour elle ?

Et se doutait-elle un seul instant de l’immense amour qu’elle lui portait ?

Un amour qui surpassait tout le confort dont elle bénéficiait ici dans cette maison.

Un amour débordant qui ne pouvait être comblé et rassasié juste par des croquettes aussi affriolantes soient-elles.

Un amour qu’elle avait besoin de transmettre car elle n’était peut-être qu’une chatte de gouttière, un félin ronronnant à la moindre caresse ou victuaille ; elle n’en restait pas moins un être vivant avec un cœur rempli de sentiments à l’intérieur.

Un cœur qui n’oublierait jamais ce jour ou Laura l’avait adoptée un certain mois de juillet de l’année 2013 à la SPA ; juste en étant attirée par ses miaulements de désespoir, sans même la voir !

Ce jour où elle était encore tenue prisonnière dans l’une de ces cages, enfermée à double tour avec cinq autres amies comme elle qui attendaient en vain de se faire adopter mais sans aucun succès.

Ce jour où pourtant une certaine Laura avait su remarquer la détresse dans sa voix éraillée, à force de miauler.

Ce jour qui avait changé irrémédiablement sa vie…

Une complainte que Laura avait su écouter et qui l’avait alors guidée et menée jusqu’à elle.

Elle, la chatte de gouttière aux yeux verts…

Et le coup de cœur fut réciproque. Aussi bien pour l’une que pour l’autre…

Une rencontre qui était sans doute écrite…

Le plus beau jour de sa vie…

Un jour à jamais gravé dans son petit cœur de félin.

Un cœur qui avait enfin trouvé sa Maman.

Une merveilleuse Maman qui l’avait sauvée et aimée de toute ses forces d’un amour inconditionnel…

Un amour qui durerait encore et encore…

Son plus beau cadeau sur Terre…

 

Son plus beau cadeau sur Terre 🎁

Mira s’était endormie dans le large fauteuil en velours si doux et si confortable qui se trouvait tout près de la grande baie vitrée.

À travers celle-ci, on pouvait voir un immense et magnifique jardin dont la pelouse venait tout juste d’être tondue il y a à peine deux jours et qui était à présent toute imbibée d’eau à cause de l’interminable pluie.

Tout était redevenu calme dehors et peu à peu les petits moineaux revenaient se poser gaiement sur les branches dénudées des grands amandiers.
En haut de leurs cimes et par certaines ramifications de leurs branchages ; on pouvait remarquer quelques nids détruits.

Il faut dire que la tempête avait été d’une rare violence… Elle n’avait rien épargné…

Pourtant, à voir les moineaux sautiller de branches en branches tout en piaffant entre eux ; ils ne semblaient guère rancuniers au saccage de leurs petites demeures.

Sans doute que dans leurs langages d’oiseaux, ils prévoyaient déjà d’en reconstruire de nouvelles.

Par moment, ils venaient s’abreuvoir ou encore s’amuser dans les quelques flaques d’eau un peu boueuses qui s’étaient formées tels des petits cratères dans les zones clairsemées de la pelouse.

Finalement, la pluie tant méprisée leur avait apportée de l’eau pour se désaltérer mais aussi la joie de pouvoir faire la toilette de leurs plumages.

Et c’était un spectacle des plus merveilleux que celui de pouvoir les observer en train de déployer leurs petites ailes et secouer avec frénésie leurs plumes faisant alors jaillir d’innombrables gouttelettes d’eau autour d’eux.

Les moineaux avaient enfin retrouvé leur joie de vivre comme si la tempête n’était jamais apparue…

Mais ce n’était hélas pas le cas le cas pour tout le monde…

Au centre du jardin, à l’intérieur d’un pourtour de galets blancs ; de hauts rosiers buissons de couleur rouge-Bordeaux avaient perdu de leurs splendeurs à cause des incessantes bourrasques de vent qui sans vergogne, les avaient entièrement dépouillées de leurs si jolies et gracieuses pétales.

Elles s’étaient envolées de part et d’autre du jardin et reposaient de-ci de-là sur l’immense pelouse telles de belles endormies.

Elles avaient été arrachées de force à leur mère nourricière et ne tarderaient pas à s’abîmer puis à se flétrir au fil des heures.

Mais pour l’instant, leur couleur rouge si profonde offrait un contraste des plus ravissant et romantique sur la vaste pelouse verte pomme.

La rageuse tempête n’avait pas réussi à détruire la magnificence de ce lieu habituellement si charmant par temps radieux…

Les oiseaux tout comme les végétaux semblaient vouloir oublier ses terribles affres en continuant leur vie bien paisible tout en attendant avec une certaine impatience la venue de « Monsieur Soleil » qui les réchaufferait de bon cœur de ses ardents et lumineux rayons.

****

La pluie s’était arrêtée de tomber depuis déjà quelques bonnes heures mais toujours pas de Monsieur soleil à l’horizon…

Pourtant à cet instant même, le ciel venait de changer de nuance et sa couleur si grise de tout à l’heure s’était alors transformée en un joli bleu gris parsemé de gros nuages effilochés.

Des nuages qui n’allaient pas tarder à s’évaporer selon les dires de l’annonce météorologique diffusée hier soir à la télévision.

Cependant, Monsieur Soleil se faisait encore attendre et ne daignait toujours pas pointer le bout de son nez…

Que Diable attendait-il pour faire son entrée ?

Soudain, ô Miracle ! les premiers rayons apparurent et commencèrent à traverser les vitres des deux grandes fenêtres du salon ainsi que celle de la baie vitrée ; caressant au passage, la tête de Mira qui reposait sur l’un des accoudoirs moelleux du fauteuil.

La douce lumière s’insinua davantage à l’intérieur de la pièce, la rendant alors beaucoup plus spacieuse et conviviale.

Elle finit ensuite par se projeter avec fougue sur les jolies courbes anatomiques de Mira et s’y attarda longuement en y faisant une jolie danse d’ondulation.

Elle explorait ainsi ce corps endormi en ne cessant d’y dessiner à l’infini de douces vagues tels des tatouages éphémères.

Elle aimait jouer avec les sens de Mira mais que cherchait-elle exactement ?

Mira ne le savait que trop bien et faisait semblant de ne pas comprendre…

Elle ressentait les chaudes caresses des rayons du soleil lui réchauffer le corps mais elle ne voulait pas encore lui céder… Pas tout de suite… Pas maintenant…

De son côté Mademoiselle Lumière mettait du cœur à l’ouvrage en se faisant de plus en plus pressante et insistante…

Elle jouait de plus belle avec Mira…

Brusquement, comme si une mouche venait de la piquer ; elle fini par se lasser de ce petit jeu et décida de terminer son incessante danse lumineuse en s’installant sur le bout de son nez ; obligeant ainsi cette dernière à ouvrir peu à peu ses grands yeux verts en amande.

La lumière fut si forte que Mira dut les plisser afin de les accoutumer à son intense luminosité…

Il faut dire que depuis pas mal d’heures déjà, il avait fait très sombre dans cette pièce.

Elle se souvenait encore des myriades de gouttelettes de pluie qui n’avaient eu de cesse de se projeter avec fracas contre les vitres des deux fenêtres ainsi que sur celle de la baie vitrée lui donnant alors un léger mal de tête suivi d’une irrésistible envie de dormir et de rejoindre sans plus tarder son cher fauteuil si douillet.

Mais le soleil venait à présent la déranger juste pour la réveiller alors qu’elle ; elle voulait encore et encore dormir telle une Belle au bois dormant.

« Soleil ! va-t’en ! Tu aurais dû venir avant… C’est trop tard maintenant ! Je ne veux plus sortir de mon fauteuil si doux et si moelleux… Et puis tu as beau être le maître de l’univers que cela n’y changerait rien alors laisse-moi tranquille »

Mais Mademoiselle Lumière lui chuchota à l’oreille :

« Tu dois te lever Mira ! Tu as des choses à faire. Et puis, tu as suffisamment dormi, ne trouves-tu pas petite flemmarde ? »

« Non, non… Pourquoi viens-tu me réveiller ? Va-t’en ! J’étais en train de faire un merveilleux rêve… Oh ! Et puis tu m’énerves ! OK ! Tu as encore gagné ! »

Sortant enfin de sa léthargie, Mira finit par ouvrir en grand ses jolis yeux verts irisés de constellations ambrées qui se voyaient davantage avec la lumière du soleil.

Elle se leva de son fauteuil et s’étira longuement à cause des courbatures qu’elle avait attrapées à force d’être restée trop longtemps endormie dans la même position.

À chaque fin de repas, elle avait pour habitude de faire une sieste.

C’était pour ainsi dire, le meilleur moment de toutes ses journées mais aujourd’hui, son sommeil n’avait pas été réparateur à cause du vacarme de cette fichue pluie qui lui avait donné un terrible mal de tête avant de s’endormir.

Et le comble de tout, c’est que celle-ci n’avait eu de cesse de tomber depuis 11 heures du matin jusqu’à 15H30 ; de quoi la mettre de très mauvaise humeur…

Mais fort heureusement, elle ne le resterait pas bien longtemps vu qu’elle était d’une nature toujours très gaie et optimiste.

Elle fit un long bâillement à s’en défaire la mâchoire mais c’était beaucoup plus pour exprimer son agacement que celui d’une fatigue quelconque puisqu’elle n’avait point sommeil à cet instant-là.

Monsieur soleil avait osé lui envoyer une de ses fidèles servitrices pour la réveiller.

Et bien entendu, Mademoiselle Lumière n’avait pas hésité la moindre seconde à s’exécuter illico presto…

Elle, toujours présente et si dévouée à son poste depuis des millions et des millions d’années devait très certainement trouver un certain plaisir non dissimulé à vouloir réveiller le monde entier.

Sa tâche quotidienne d’illuminer de mille feux notre planète lui tenait tant à cœur qu’il ne valait mieux pas lui résister…

Et puis, de toute façon, elle avait l’art et la manière de savoir se faire respecter…

C’est pourquoi Mira ne lui en voulut plus du tout et quand bien même son sommeil n’avait pas été réparateur ; eh bien, elle ferait avec…

Monsieur Soleil n’avait donc pas eu si tort que ça de lui envoyer sa fidèle compère pour la déloger de son fauteuil sinon qui d’autre l’aurait fait ?

Décidément, ces deux-là étaient très complémentaires ! Et il savaient remplir leur rôle à la perfection : lui, de tourner autour de notre bonne vieille planète terre et elle, de nous propager de ses intenses faisceaux lumineux.

Ainsi, grâce à l’éclat de leur rayonnement, le monde s’en trouvait heureux.

En conclusion, nous ne ferions pas grand-chose sans eux…

C’est pourquoi Mira se sentit à présent d’humeur plus guillerette et prête à affronter cette fin d’après-midi.

Elle s’étira encore tout en regardant le salon qui était devenu nettement plus lumineux ; semblant alors reprendre enfin vie.

****

Mira avait toujours aimé cette pièce qui ne manquait jamais de luminosité par temps radieux.

Par contre, par temps de pluie, le salon s’habillait alors d’une lugubre et austère apparence qu’elle détestait au plus haut point ; lui faisant un tantinet peur et sursauter au moindre bruit.

Elle avait toujours eu une sainte horreur de la pluie et ce, depuis sa plus tendre enfance !

Mira s’étira une dernière fois puis regarda par la baie vitrée l’immense pelouse qui était toujours autant imbibée d’eau.

Elle leva les yeux au ciel et constata qu’il avait pris une jolie teinte d’un bleu limpide, sans le moindre nuages.

« Quel bien joli ciel ! » se dit-elle en ne se lassant pas de l’admirer.

Le fameux proverbe : « Après la pluie vient le beau temps » était bien vrai.

La preuve était devant ses yeux ébahis.

Elle l’admira encore quelques instants puis décida de s’extirper avec hâte de son fauteuil. Elle avait des tas de choses à faire…

Finalement, cette fin de journée ne serait pas si morose que ça se dit-elle tout en marchant et en regardant autour d’elle.

Elle repensa alors à Laura qui lui avait dit juste après le repas de ce midi, qu’elle irait faire des courses mais qu’elle ne tarderait pas pour revenir.

Elle se souvenait également que celle-çi lui avait promis une petite surprise dès son retour. Mais laquelle au juste ?

Mira n’aimait pas trop les surprises et elle bouillonnait déjà d’impatience de revoir au plus vite sa maman.

Mais en attendant celle-çi, que pourrait t-elle bien faire d’intéressant ?

Elle l’ignorait encore mais trouverait bien une idée d’ici là…

****

Mira avait toujours aimé cette grande et belle demeure située en pleine campagne.

Elle était certes assez éloignée de la ville mais pas si isolée que ça par rapport au voisinage bienveillant qui l’entourait.

Oui, Mira était vraiment heureuse de vivre ici.

Et parmi toutes les pièces de la maison ; elle avait une nette préférence pour le grand salon.

C’était son endroit favori.

Il faut dire que sa Maman Laura l’avait décoré avec beaucoup de goût en agrémentant chaque pan de mur, de jolis tableaux d’aquarelles.

Ses propres œuvres qu’elle aimait peindre durant ses heures de loisir car oui ; en dehors de son métier de professeure de Français, Laura était aussi une artiste peintre extrêmement douée.

Mira ne se lassait jamais de regarder ses toiles tant elles étaient belles.

Soudain, elle fut prise d’émotion lorsque son regard s’attarda sur l’une d’entre elles.

Celle qu’elle préférait le plus…

Celle qui la représentait et dont elle était si admirative…

Il s’agissait de son propre portrait.

Mira se souvenait encore de ce merveilleux jour où Laura était devenue sa mère adoptive.

Il y avait 5 ans de ça.

5 ans de pur bonheur se dit-elle en admirant le tableau.

Une toile que sa douce et si belle Maman avait peint en son honneur pour lui dire à quel point elle l’aimait de tout son cœur et de toute son âme.

La toile était si bien réussie que Mira avait l’impression de se voir dedans comme dans un miroir tant la ressemblance était frappante.

Sa Maman avait su la dessiner et l’immortaliser telle qu’elle était…

Oui, elle était vraiment fière de ce tableau…

Elle avait eu beaucoup de chance de tomber sur une Maman telle que Laura…

Et pour tout l’or du monde, elle n’en aurait souhaité une autre car oui, sa Laura était un être unique et à part…

Cinq belles années qu’elle grandissait et évoluait à ses côtés, entourée de plein d’amour.

Un amour pur et sincère dont elle avait cruellement manqué autrefois mais qui aujourd’hui comblait son cœur.

Un amour si profond qu’elle avait fini par oublier les maltraitances subies dans son passé…

Un passé désormais révolu car aujourd’hui, elle était pleinement heureuse et épanouie…

****

Mira sentit une agréable odeur de fraîcheur vivifiante.

Elle provenait du mobilier en bois de pin massif qui se trouvait dans le salon.

Il sentait agréablement bon l’odeur des pins comme si on se retrouvait à l’intérieur de l’une de ces forêts enivrantes et revigorantes capables de libérer votre esprit.

Une odeur certes piquante et quelque peu entêtante mais que Mira aimait respirer à pleins poumons.

D’ailleurs, il n’y avait pas qu’elle qui appréciait ces effluves mentholées.

Les rares convives qui passaient à la maison aimaient aussi l’humer tout en faisant quelques remarques agréable à son sujet :

« Hum, quelle agréable senteur Laura ! On se croirait dans une forêt de pins tellement c’est vivifiant ! »

Ils pensaient alors que cette forte odeur de résine devait sans aucun doute provenir de bougies d’ambiance alors qu’il n’en était absolument rien.

Et c’est là que quelque peu amusée, Laura leur répondait toujours invariablement ceci :

« Il s’agit de mes meubles et non de bougies parfumées. Ils sont tous en bois de pin »

S’ensuivait alors un petit silence d’étonnement rapidement rompu par quelques exclamations :

« Mais ce n’est pas possible !! Tu plaisantes ? Ça sent tellement bon. Tu en es certaine ? »

Et à son tour, elle leur rétorquait de son joli sourire un brin moqueur :

« C’est pourtant bien vrai. Et pour faire perdurer leur odeur si plaisante ; j’utilise une cire d’abeille liquide à base d’huile essentielle de pin pour bien les nourrir et les faire briller. Voilà le secret. Ni plus ni moins »

Mira aimait alors voir l’expression de leurs visages dubitatifs comme s’ils ne croyaient pas du tout à ce que venait de leur révéler sa Maman.

Et cela l’amusait d’autant plus lorsque venait le moment fatidique où ils se rapprochaient du grand buffet en pin pour pouvoir le renifler de très près ; histoire de vérifier ses dires…

Oui, cela l’amusait toujours beaucoup…

****

Mira s’approcha du grand buffet en pin et commença à l’humer intensément.

Elle ne pouvait s’empêcher de faire ce petit rituel à chaque fois qu’elle passait par ici, avant de franchir le seuil de la cuisine.

Elle le respira de très près et très longuement.

Cette effluve lui rappelait toujours celle de la forêt qui se trouvait à quelques mètres de leur demeure.

Quelques fois et lorsque Laura n’était pas là ; elle aimait bien s’y aventurer tout en sachant que c’était un lieu qui lui était interdit.

En effet, Laura l’avait souvent mise en garde à ce sujet, lui répétant inlassablement les même paroles :

« Je te préviens encore Mira ! Tu ne dois pas aller dans cette forêt ! C’est bien trop dangereux et tu pourrais t’y perdre. Pourtant, je suis certaine que tu me désobéiras encore. Mais, tu ne devrais pas faire ça. J’espère que tu ne le feras plus et que tu resteras bien sagement ici chez nous sinon je dirais à Madame Sanchez de te garder chez elle »

Oh non ! Surtout pas Madame Sanchez !

Mira n’aimait pas du tout cette vieille dame avec sa grosse voix éraillée d’ancienne fumeuse qui la faisait toujours peur.

Mais ce qu’elle détestait par-dessus tout était bien lorsqu’elle celle-ci la prenait dans ses bras pour lui faire des câlins…

Elle avait alors l’impression de littéralement étouffer sous ces innombrables baisers baveux…

Berk ! Elle n’aimait pas ça du tout !

Non, par pitié ! Surtout pas Madame Sanchez qui était à son goût bien trop débordante d’amour envers elle…

Certes, elle était très gentille mais elle n’aimait pas son côté envahissant et disons-le trop étouffant.

Madame Sanchez était une vieille dame âgée de 90 ans qui vivait seule dans une grande demeure qui se trouvait non loin de la leur.

Elle n’avait plus aucune famille mais fort heureusement pas mal d’amis du voisinage y compris sa Maman venaient régulièrement lui rendre quelques petites visites pour lui changer les idées et prendre de ses nouvelles.

À ces moments là, elle semblait alors beaucoup plus gaie.

Cependant, la solitude devait parfois la peser et c’est pourquoi elle avait autant besoin de transmettre son amour à tous ceux qui la côtoyaient…

Mira compatissait et avait de la peine pour elle alors elle acceptait sans trop rechigner ses bisous baveux ainsi que ses petites mignardises bien trop sucrés.

Elle savait aussi que Madame Sanchez adorait s’occuper d’elle…

Néanmoins, elle n’aimait pas du tout rester en sa compagnie car elle s’ennuyait à mourir dans sa vieille maison et ce malgré la distrayante balançoire qui se trouvait dans son jardin.

Non ! Rien n’y faisait ! C’était comme ça…

Et Laura ne le savait que trop bien alors pourquoi lui infliger un tel chantage à chaque fois qu’elle s’absentait de la maison ?

Certes, la forêt lui était interdite mais pourquoi en faire toute une histoire surtout qu’elle était très dégourdie pour son âge et pas du tout du genre à se laisser influencer par n’importe qui et n’importe quoi…

Alors pourquoi ne pas lui faire tout simplement confiance ?

De toute façon, elle persisterait à aller dans sa forêt et ce malgré les nombreuses recommandations de Laura.

Ce n’était sans doute pas très prudent de sa part, mais elle aimait le goût du risque et de l’aventure alors pourquoi s’en priverait-elle ?

Et puis c’était aussi de son âge de faire des petites bêtises, non ? !

Elle ne voulait surtout pas vieillir sans les avoir commises sinon elle le regretterai très certainement…

Et puis cela lui faisait le plus grand bien de s’éloigner de temps en temps de cette maison et de son jardin, si immense soit-il.

Car oui ! Mira aimait se sentir libre !

Libre comme l’était le vent ou encore ces moineaux qui piaffaient gaiement entre eux sur les branches des grands amandiers…

Elle avait besoin de cette liberté pour se sentir exister…

Et la forêt exaltait tous ses sens. Elle s’y sentait bien.

Elle aimait s’y balader mais toujours avec une certaine prudence car elle était peut-être une grande aventureuse mais pas non plus une irresponsable inconsciente…

Elle savait fort bien que sa douce Maman était une personne très inquiète alors elle ne tenterait jamais le diable car elle l’aimait bien trop pour agir inconsidérément…

Mais Laura ne lui faisait pas encore entièrement confiance. Elle l’a traitée toujours comme un bébé…

Son « petit bébé » comme elle aimait l’appeler affectueusement…

Mira aimait bien ce petit surnom mais elle ne le trouvait pas en accord avec sa personnalité intrépide.

De toute façon, personne ne pouvait lui mettre d’entraves pas même sa bien-aimée Maman…

C’est pourquoi, elle agirait toujours derrière son dos durant ses absences pour pouvoir enfin partir en vadrouille.

Ben quoi ? Avait-elle le choix ?

Et il fallait qu’elle en profita encore car l’automne ne tarderait plus à arriver…

Elle s’en était bien rendue compte avec l’interminable pluie d’aujourd’hui.

Elle savait alors qu’elle serait bien obligée de ralentir ses cadences d’aventurière dans sa forêt ô combien si captivante car le temps hivernal deviendrait aussitôt un obstacle avec son incessante et perpétuelle humidité.

L’insidieux froid que Mira détestait tant l’empêcherait de faire ses petites escapades…

Comme le temps deviendrait alors trop long durant cette période !

Mais elle finit par se rassurer en se souvenant d’une belle image qui lui revint en mémoire.

LA SUITE…

La neige ❄

En cette fin de soirée du Vendredi 23/12/16, je viens de créer un poème dont le titre est : « La neige ».

J’étais très inspirée ce soir (sans doute le réveillon de demain qui me met déjà en joie) alors je me suis lancée et voici le résultat que vous pourrez écouter et/ou lire simultanément.

Je vous souhaite encore de très belles fêtes de Noël ! Soyez heureux et profitez de ces instants magiques et si chaleureux !

Je vous embrasse bien fort !

Cécile 😚

                           ****

La neige :

Le vent balaye les feuilles mortes,

Qui s’étaient accumulées devant ma porte.

Avant de sortir,

Je noue une écharpe autour de mon cou,

Et une fois dehors,

C’est alors,

Qu’une bise glaciale vient se déposer sur mes joues,

Ne tardant pas à les faire rosir,

Telles deux pétales de rose,

Ressemblant à une amoureuse transie,

Dans le cœur si froid de cet hiver glacial et rugueux.

Alors pour mieux me couvrir,

Je décide d’enfiler mon bonnet de laine ainsi que mes mitaines.

Et là enfin, une douce chaleur m’envahit…

Quelques instants plus tard, je marche sans but précis,

Sur ce chemin enneigé,

Jonché de feuilles mortes près d’une source gelée.

Cet endroit est un véritable sanctuaire de beauté.

Soudain, j’entends un oiseau chanter.

Je m’arrête de marcher pour le chercher des yeux,

Mais semble t-il, il s’est déjà envolé,

Vers d’autres contrées,

Alors je continue mon périple à travers le bois silencieux.

J’aime cette plénitude, cette solitude,

Je m’y sens libre et sereine.

Toute cette nature blanche m’émerveille.

Ce décor bucolique,

Ce froid intense et polaire,

M’enveloppe agréablement dans le tourbillon magique,

De son air vivifiant et piquant,

Revigorant mon corps ; stimulant mon esprit vagabondant.

Oui, tout n’est que magie ici.

La neige d’un blanc immaculé,

Restant figée dans le profond silence de la forêt,

Si cristalline et cristallisante à souhait,

Telle une belle endormie,

D’une douceur infinie…

Je resterai bien ici toute une vie,

À contempler ce magnifique tableau,

Ce fabuleux manteau neigeux,

Opaque et scintillant,

Mais je sais fort bien que tout ceci,

Ne durera qu’un temps,

Alors je profite de ces quelques instants,

Pour me vider la tête et la remplir de bonheur et de douceur,

Car je sais fort bien que tout ceci,

N’est qu’éphémère…

Mais qu’importe ! J’hume à plein poumon encore et encore ce grand air,

Glacé et si léger,

Qui m’emporte vers d’autres cieux,

Un monde radieux…

Pour fuir un temps, tous ces hyènes, ces loups remplis de haine…

Et m’envelopper sans fin et avec volupté dans ce blanc manteau si douillet,

Que je ne voudrais plus jamais quitter.

Cécile

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Voici la vidéo de ma voix enregistrée dans youtube :

 

La dernière danse de la lune : Sujet de l’histoire ⛺

la derniere danse de la lune

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Sujet de l’histoire :

Elisa est en quête d’évasion.

Lors de son séjour à l’hôtel « Paradise Beach » d’Epicéa et sur les conseils d’un Guide touristique, elle décide de partir à l’aventure pour une durée de 2 jours et une nuit sur une île perdue qui porte le nom de Diamond. 

Une île inhabitée et éloignée de tout, renommée pour sa magnifique et incontournable cascade « Le voile de la Mariée » ainsi que sa forêt luxuriante…

Elle réalisera enfin son rêve de Robinson Crusoé lorsqu’elle touchera le sol de l’immense plage de sable blanc de Diamond d’où elle profitera pleinement de chaque instant…

Hélas, son périple idyllique prendra une toute autre tournure lorsqu’elle tombera sur une étrange jeune femme nommée « Tamara », dont le mari vient d’être assassiné par le Guide touristique qui les accompagnait ainsi que par son complice surgi de nulle part…

Elle et son mari « Juanes » profitaient de leur séjour de lune de miel dans la vaste forêt de Diamond, non loin de la cascade de la Mariée…

Elisa sera alors entraînée malgré elle, dans le sillage de cette mystérieuse Tamara qui la mènera dans les profondeurs de cette forêt inhospitalière…

Que se passera t-il là-bas ? Pour le découvrir, suivez notre héroine et palpitez avec elle, au coeur de cette intrigue…

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LA FORET DE DIAMANT

La dernière danse de la lune : Chapitre 4 : La faille

la derniere danse de la lune

 

« Oups ! ça devait arriver ! Attendez je vais en allumer une autre » s’empressa de dire Tamara.

En effet, les bougies n’avaient eu de cesse de se consumer et on voyait à présent un amas de cire blanche biscornu qui s’était formé sur chacun des deux socles.

C’était le témoignage du temps qui avait passé se dit Elisa en regardant Tamara qui était déjà en train d’allumer la mèche d’une autre bougie à l’aide de son fameux briquet provenant de l’Hôtel Paradise Beach.

Elle venait de prendre une autre bougie à l’intérieur d’un des tiroirs du bas de l’armoire et avait bien précisé qu’il y en avait encore tout un stock entier et que si jamais l’une d’elles venait à nouveau à s’éteindre, elles n’auraient aucun souci à se faire de ce côté là.

« Tant mieux ! » s’était dit Elisa dans son for intérieur car les bougies lui procuraient un certain réconfort qu’elle n’était pas encore prête à voir disparaître et surtout pas en cette longue nuit interminable.

Elle aimait bien sentir cette odeur de bougie qui brûle. Cette effluve si particulière qui envahissait toute la pièce, lui rappelant de lointains souvenirs de son enfance.

Oui, de biens jolis instants qu’elle aurait bien aimé pouvoir un jour raconter à l’homme de sa vie ainsi qu’à ses futurs enfants car elle comptait bien se sortir de cette impasse…

A force d’attendre dans cette cabane, elle avait retrouvé en elle un nouvel espoir ; sans doute grâce à la présence de Tamara qui avait réussi à détendre l’atmosphère par ses multiples et diverses questions.

Et plus que jamais, elle voulait retourner à sa vie d’avant et vivre sa continuité.

En tous les cas, il était hors de question que son destin ne se termine de manière tragique et qui plus est dans une île perdue, éloignée de tout.

Non, pas question ! et même si cet individu était là, tapi quelque part dans le noir de cette forêt lugubre, elle était fermement décidée à tout faire pour déjouer ses pièges car elle avait en elle cette rage de vivre !
Et même si le pire devait arriver, elle ne flancherait pas car son maître mot était inlassablement le même « VIVRE ».

« Vivre ou survivre » se dit-elle tout en regardant les deux longues flammes des bougies qui dansaient gaiement au moindre mouvement de l’air, faisant apparaître leurs ombres chinoises démesurées sur un pan du mur en bois de la cabane.

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21H00. A l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes tuaient le temps en discutant de tout et de rien.

Soudain, le hululement strident d’une chouette vint troubler leurs conversations.

Et à en juger le son qui était tout proche, le rapace nocturne devait probablement se trouver non loin de la cabane, juché sur une des branches des nombreux arbres qui l’entouraient.

C’était bien la première fois qu’Elisa entendait ce type de son en direct. Biensûr, comme tout le monde elle l’avait déjà entendu à la télévision, dans certains films d’angoisse mais de là à l’entendre d’aussi près et si clairement, c’était totalement différent.

Dans d’autres circonstances, sa curiosité l’aurait emportée et elle n’aurait pas hésité une seule seconde à sortir dehors et ce, même en pleine nuit pour aller voir la fameuse chouette ou le hibou.

Tiens, c’est vrai ça ! se demanda t-elle subitement. S’agissait-il d’une chouette ou d’un hibou ? Elle n’avait jamais su les distinguer tant ils se ressemblaient beaucoup en apparence. Pourtant, en regardant un jour un documentaire télévisé sur ces étranges oiseaux, elle avait appris qu’on pouvait les reconnaître grâce à la spécificité de leur tête.

En effet, le hibou avait de petites touffes de plumes de chaque côté de celle-çi que l’on appelait « aigrettes » tandis que la chouette n’avait rien de semblable.
Elisa se massa la tempe droite. Comment pouvait-elle songer à ce documentaire à l’heure actuelle ?

Soudain, comme pour la rappeler à l’ordre, le rapace nocturne se mit à nouveau à hululer.

Nerveusement, elle se mordit la lèvre inférieure pendant que Tamara, elle de son côté, semblait être la recherche du fameux cri d’oiseau, en tournant lentement sa tête de gauche à droite.
Elisa ferma les paupières pour humecter ses yeux tellement ils étaient secs et les rouvrit presque aussitôt lorsqu’elle entendit une troisième fois le hululement strident de la chouette.

D’un geste machinal, elle regarda sa montre : il était exactement 21H30.

On aurait dit que le temps faisait exprès de se rallonger se dit-elle tout en se mordillant l’ongle de son pouce droit. Elle commençait sérieusement à en avoir marre de cette attente interminable et souhaitait déjà être au lendemain.

« Vous entendez la chouette qui hulule ? » dit subitement Tamara en la fixant de ses grands yeux noirs brillants.

« Oui » répondit Elisa.

« J’ai toujours trouvé cet oiseau fascinant »

« Fascinant ? et en quoi ? »

« Eh bien, déjà il est nocturne, un peu comme la chauve-souris et il ne chasse que la nuit. Ensuite, j’aime bien lorsqu’il hulule. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve que ces oiseaux ont un côté mystérieux. En fin de compte, ce sont des solitaires. Par contre, je n’ai jamais su différencier la chouette du hibou. Et vous ? Vous connaissez leurs différences ? »

Elisa n’avait pas trop envie d’aborder le sujet de ces volatiles qui contrairement à Tamara, ne les trouvait pas autant fascinants que ça, alors pour couper court à la conversation, elle lui répondit :

« Non, je n’en sais rien du tout »

« Vous semblez agacée Elisa. A moins que je ne me trompe ? » dit-elle en la scrutant avec un petit sourire en coin.

« Oui désolée, je suis un peu énervée par le temps qui passe mais ne faites pas attention à mon humeur, c’est passager »

« Vous en avez marre d’attendre ? » questionna Tamara en accentuant davantage son demi-sourire qui semblait moqueur.

« Oui. J’aurais préféré qu’il fasse déjà jour. C’est tellement insupportable d’attendre comme ça »

« Pour combien de temps déjà deviez vous séjourner dans cette île ? » demanda Tamara en lissant sa longue queue de cheval brune.

« Justement, c’est pourquoi je suis tant impatiente. Je ne devais rester ici que deux jours et une nuit. Normalement, demain après-midi j’étais censée quitter Diamond dans les alentours de 15H00 »

« Mais c’est une bonne nouvelle ça ! s’écria Tamara dans un large sourire.

« Oui, c’est vrai. Mais je trouve que c’est encore trop loin »

« Oui, certes. Mais lorsqu’ils s’aperçevront que vous ne reviendrez toujours pas ; enfin je veux parler de l’hôtel où vous séjourniez. Je suis certaine qu’ils enverront des secours. Vous ne pensez pas ? »

Elisa n’avait eu de cesse de penser déjà à ce scénario mais le temps semblait se rallonger avant d’en arriver à un tel cas de figure.

« Oui, vous avez sans doute raison » dit-elle. « De plus, je dois obligatoirement figurée dans leurs registres ainsi que dans leurs bases de données informatiques »

« Eh oui ! » s’empressa de rajouter Tamara. « Il faut donc toujours garder espoir et se dire que ça aboutira forcément dans ce sens. Ils viendront donc nous chercher ! »

« Et nous quitterons enfin cet endroit de malheur ! » s’exclama Elisa en tapant du poing sur la table.

« Exactement ! » renchérit Tamara en souriant. « Vous voyez bien. Tout finira par s’arranger »

« J’aimerais tant revoir ma famille. Mes chers parents » dit Elisa en soupirant.

« En ce qui vous concerne, l’avenir est devant vous ma chère Elisa. Vous avez de la chance d’avoir une famille qui attendra votre retour. Moi, je ne sais pas ce que je deviendrai. Je n’ai aucune famille. J’ai perdu mon mari. On venait à peine de se marier. A croire que cela ne devait pas durer… » dit-elle mélancoliquement.

C’était un fait indéniable, le retour de Tamara à Epicéa serait bien différent du sien. Sa situation était beaucoup plus à plaindre…

« Je suis vraiment désolée Tamara »

« Non c’est moi. Je ne devrais pas parler comme ça. Ce n’est pas de votre faute. C’est juste que je suis devenue amère » dit-elle, les yeux dans le vague, en regardant les flammes danser avec frénésie.

Subitement, Tamara venait de changer de comportement et semblait ailleurs comme si elle était perdue dans de lointains souvenirs si bien qu’Elisa se demanda si elle n’avait pas commis une maladresse en lui faisant part de son souhait de revoir sa famille.

Tamara avait perdu l’homme de sa vie et vu la manière touchante dont elle en avait parlé lors de leurs nombreuses conversations ; il était certain qu’elle resterait longtemps inconsolable. En plus, selon ses dires, elle n’avait plus aucune famille pour l’aider lorsqu’elle reviendrait à Epicéa. Elisa voulut la questionner à ce sujet.

« Tamara ? ça va aller ? » demanda t-elle avec inquiétude.

« Oui ça ira Elisa. C’est juste un petit passage à vide »

« Vous m’avez dit tout à l’heure que vous n’aviez plus de famille. Je me demandais si vous vouliez un peu en parler. A moins que… »

« Non, ça ne me dérange pas d’en parler. J’ai perdu mes parents lorsque j’avais 25 ans. Ils sont morts dans un grave accident de voiture. J’étais leur seule enfant et ils n’avaient aucun liens familiaux de leurs côtés. Heureusement, lorsque ce drame était arrivé, j’étais déjà indépendante et j’habitais dans un petit appartement du centre-ville avec un travail bien rémunéré alors ce ne fut pas si difficile pour moi de m’en sortir toute seule question finances. Par contre, j’étais rongée de l’intérieur à cause de leur disparition si brutale et longtemps j’étais restée inconsolable. Et à un tel point que je fus obligée d’aller voir une psychologue 6 mois après leur mort »

« Oh ! je suis vraiment navrée Tamara. La perte tragique de vos parents. Toute cette souffrance. Vous avez dû vivre un véritable calvaire. Et maintenant la mort de votre mari. Je suis tellement confuse. Vous auriez dû m’en parler avant… »

« Non, je n’aurais pas pu vous en parler avant Elisa. Je préfère bien mieux le faire maintenant. Je vous fais beaucoup plus confiance. C’est pourquoi j’ose me dévoiler davantage »

« Je comprends. Vous n’avez pas eu une vie facile… »

« Détrompez-vous. Deux ans après la mort de mes parents, je rencontrais Juanes, l’homme de ma vie. Puis vous connaissez la suite… »

« Mais lorsque vous avez rencontré votre mari, il n’avait pas de famille, lui non plus ?

« Mais si, il en avait une. Ses parents étaient si charmants et si gentils. Je me rappelle encore d’eux, lorsqu’ils m’avaient invitée dans leur grande et si belle maison à Epicéa. Ils m’appréciaient beaucoup vous savez et ils me considéraient comme leur fille. Mais hélas, quelques mois plus tard, le père de Juanes mourut brusquement d’une crise cardiaque. Juanes était effondré mais heureusement que j’étais là pour le soutenir. Puis vint le jour le plus important de ma vie : notre beau mariage du 15 décembre de l’année dernière. La mère de Juanes était présente lors de la cérémonie mais elle était déjà très malade. Quelques semaines après, elle mourut d’un cancer de la gorge. Mais avant de mourir, elle m’avait confié que son souhait avait été exaucé : celui d’avoir pu assister au mariage de son unique enfant et qui plus est avec une femme telle que moi car elle me disait souvent que son fils avait enfin trouvé la perle rare. Je n’oublierai jamais ces paroles qu’elle m’avait adressées avant de s’éteindre. Ce fut pour moi, l’un des plus beaux témoignages d’amour qu’elle ait pu me faire » dit-elle d’un air triste en étant accoudée sur la table, sa joue droite reposant dans le creux de sa main.

Quelques secondes après, elle ajouta dans un profond soupir :

« Ah oui ! et j’allais oublier de vous dire aussi que les parents de mon mari n’avaient pas de liens familiaux tout comme les miens »

« C’est vraiment triste tout ce que vous venez de me raconter Tamara… »

« Oui c’est vrai. Mais que voulez-vous ? C’était mon destin de ne jamais être heureuse bien longtemps. Par contre, je n’aurais jamais cru qu’on m’aurait arraché le coeur en tuant mon mari alors que nous étions en voyage de noces. Il était tellement tout pour moi. J’avais vécu de si belles choses avec lui. Mais là encore, cela ne devait pas durer. Je pense que je dois être maudite par ce fichu destin » dit-elle en ayant peu à peu les yeux qui s’embuèrent de larmes.

« Je suis tellement désolée Tamara. Vous n’êtes pas maudite. Il ne faut pas que vous pensiez ça »

« Pourtant, c’est ce qu… »

Tamara ne pu terminer sa phrase. A présent, les larmes coulaient abondamment sur ses joues sans qu’elles puissent les arrêter.

Elisa était impuissante face à son immense chagrin. Elle la regardait avec beaucoup de compassion ne sachant quoi lui dire pour pouvoir soulager sa peine. Cette femme avait vécu tellement de drames dans sa vie. Et maintenant, l’assassinat de son mari. Plus d’une personne aurait sombrer à sa place…

Comment aider une personne dans le désarroi qui a tout perdu dans sa vie ? Quel espoir lui redonner ? Elisa hésita un instant puis se lança :

« Vous savez, c’est normal ce que vous ressentez. Vous avez le contrecoup à présent. Mais n’oubliez pas que nous sommes devenues amies. Et dès que nous serons de retour à Epicéa, croyez-moi, vous ne serez pas seule. Je serais là pour vous »

Tamara releva la tête et regarda Elisa. Ses grands yeux noirs en amande étaient rougi à force d’avoir pleuré. Elle essuya ses larmes avec le dos de sa main.

« Vous serez là pour moi ? » dit-elle la voix un peu enrouée.

« Oui. Et c’est tout à fait normal. Nous sommes amies maintenant et je vous aiderai »

« Merci Elisa. Vous êtes si gentille avec moi »

« Et je vous le répète encore. Vous ne serez pas seule. Je vous le promets » dit Elisa dans un large sourire afin de lui remonter le moral.

A présent, Tamara semblait un peu plus apaisée alors Elisa en profita pour changer de sujet.

« Heu…Je saute un peu du coq à l’âne mais n’auriez-vous pas une petite faim ? ça pourrait peut-être vous faire du bien de manger quelque-chose. Il me reste encore quelques pains aux raisins dans mon sac, si vous voulez »

« Oui je veux bien, merci » dit Tamara en se frottant les yeux. « Auriez-vous aussi un peu d’eau ? Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la gorge très sèche » ajouta t-elle.

« Oui, attendez. Je vais chercher tout ça dans mon sac »

Elisa se leva de table et commença à fouiller à l’intérieur de son sac de plage qui reposait sur le plancher, juste en dessous de la petite fenêtre à un ventail.

Quelques secondes après, elle revint et déposa sur la table le paquet de petits pains aux raisins entamé. Avant de se rasseoir, elle tendit à Tamara la canette de jus d’orange Minute Maid qu’elle avait jusqu’alors, bien conservée dans son sac.

« Tenez, j’ai cette canette de jus d’orange si vous voulez, sauf qu’elle est chaude maintenant. On pourrait se la partager. ça nous donnerait un peu de tonus. A moins que vous préférez boire de l’eau pour accompagner vos pains aux raisins ? »

« Vous aviez cette canette de jus d’orange dans votre sac ? » s’exclama Tamara quelque peu interloquée. « Wahou ! J’avoue que vous m’impressionnez vraiment Elisa ! Eh bien ce sera avec grand plaisir que je boirai ce jus d’orange avec vous. Et peu importe qu’il soit chaud ! En tout cas, je vois que vous avez beaucoup de choses intéressantes à l’intérieur de votre sac de plage. C’est une vraie mine d’or ! »

Soudain, elle se mit à rire aux éclats. Elle essaya tant bien que mal de se contrôler en plaquant sa main droite sur la bouche afin d’étouffer son rire nerveux mais n’y arriva pas. Il devenait de plus en plus tonitruant et filtrait aisément à travers ses doigts.

« Ah ! Ah ! Ah ! » pouffa t-elle sans pouvoir s’arrêter. « Excusez-moi Ah ! Ah ! Ah ! Elisa ! Ah ! Ah ! Mais je dois bien…Hi Hi…avouer que…Ah ! Ah! Ah !… »

Le rire de Tamara était très communicatif alors Elisa n’y résista pas plus longtemps et commença à rire à son tour. Elle se surprit même à s’amuser de la situation en imitant la voix d’une personne très snob.

« Que voulez-vous ma chère. J’ai absolument tout dans mon sac. Une vraie caverne d’Ali Baba.D’ailleurs, il est assez lourd et quelque peu encombrant mais il est vraiment indispensable ! Si, si, je vous assure. Je dirais même que c’est un sac essentiel qu’il faudrait toujours avoir avec soi » dit-elle d’une voix moqueuse et enjouée.

Sur sa chaise, Tamara continuait toujours à se tordre de rire, en se tenant le ventre et en pointant du doigt le fameux sac qui la rendait si hilare.

Elisa riait également. Elle relâchait enfin la pression et cela lui faisait le plus grand bien.

Il est vrai que c’était une chose qu’elle n’avait plus jamais fait depuis un certain temps. Depuis qu’elle était tombée sur Tamara…

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22H30. Il faisait nuit noire dans la forêt de Diamond et l’apparition d’un petit vent frais fit frémir les feuilles des hauts arbres environnants.

La chouette qui était juchée sur la plus haute des branches de l’un d’eux, tourna la tête en direction de la cabane puis secoua ses ailes un instant avant de rester totalement immobile, les paupières closes.

Pendant ce temps là, à l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes ne dormaient toujours pas. Sans doute dû à la vitamine C du jus d’orange qu’elles venaient de boire goulûment il y a à peine une heure et ce, jusqu’à la dernière goutte.

Elisa soupira fortement. C’était une véritable torture d’attendre inlassablement. Oui une vraie goutte chinoise qui commençait à lui vriller à nouveau le cerveau.

Rire, lui avait fait peut-être le plus grand bien tout à l’heure mais à présent, la ritournelle de l’attente interminable faisait à nouveau son apparition, la tuant à petit feu.

Soudain, Tamara brisa le silence tel un couperet.

« J’ai une envie pressante » annonça t-elle. « Il faut absolument que j’aille au petit coin »

Elisa fronça les sourcils et fut prise de panique à l’idée de devoir réouvrir la porte de la cabane. Finalement, elle regrettait déjà de s’être plainte de l’attente interminable.

« Mais il fait nuit noire dehors ! » s’écria t-elle sur le ton de la défensive. « Comment allez-vous faire ? Et le cinglé qui est peut-être là à nous observer et à attendre justement qu’on lui ouvre la porte »

« Je le sais bien Elisa. Mais je ne pourrais vraiment pas attendre. Je dois absolument y aller… »

« Mais vous ne pouvez pas aller dehors. Ce ne serait vraiment pas prudent. Ni pour vous, ni pour moi » rétorqua t-elle. « Attendez, il doit sûrement y avoir un seau où v… »

« Non ! » coupa brutalement Tamara. Il n’y a aucun seau ici et pas même à l’intérieur de cette armoire. Et je sais de quoi je parle »

« Ok ! ne vous énervez pas ! » dit Elisa un peu surprise par le ton que venait d’employer Tamara.

« Désolée Elisa » dit-elle en se radoucissant aussitôt.

« C’est rien. De toute façon, ce genre de désagrément nous serait tôt où tard arrivé, n’est-ce pas ? »

« Oui. De toute façon je ne pourrais jamais me retenir et faire ça ici. Jusqu’à présent, on s’en est plutôt bien sorti vous et moi. Alors voilà. Ecoutez-moi bien. Dehors, il y a une cabine de toilette qui se trouve juste derrière la deuxième cabane et qui peut se fermer à clef. Il suffit que j’y aille vite en faisant attention puis je reviendrai sans tarder. Je suis certaine que j’y arriverai »

Elisa était perplexe mais finit par acquiescer.

« Ne vous inquiétez pas Elisa. Tout ira bien »

« Mais alors, il faudrait vous munir de quelque-chose pour pouvoir vous défendre au cas où cet individu serait dans les parages ! » ajouta t-elle.

« Oui vous avez raison. Attendez que je réfléchisse »

Tamara regarda autour d’elle puis s’attarda sur le balai brosse qui était appuyé contre le mur de gauche de la cabane.

« Voilà ! j’ai trouvé ce qui pourrait convenir » s’exclama t-elle. « Je dévisserai le manche de ce balai brosse et comme ça le tour sera joué. Il deviendra alors une arme pour pouvoir me défendre si jamais l’autre cinglé voulait m’attaquer »

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Quelques minutes plus tard, Tamara détenait un manche à balai qui ferait office d’arme si jamais Philippo venait l’agresser au moment où elle se retrouverait dehors.

« Vous pensez que ça suffira ? » dit Elisa à nouveau perplexe.

« Oui, ça ira. Le manche a l’air très costaud. C’est du solide ! Il est en bois. Par contre il me faudrait votre lampe de poche sinon je n’y verrai strictement rien dans le noir »

L’espace d’un instant, Elisa hésita à lui prêter sa lampe de poche mais se dit que Tamara en aurait bien plus besoin qu’elle surtout dans cette forêt lugubre…

Sans plus attendre, elle se précipita pour aller la chercher à l’intérieur de son sac.

Tout en fouillant dans ses affaires, elle aperçut au fond du sac, le mouchoir en tissu fleuri qui dissimulait à l’intérieur, le fameux couteau Suisse que son père lui avait offert pour son anniversaire.

En une fraction de seconde, elle fut tentée de le dire à Tamara mais se ravisa aussitôt.

En effet, en lui donnant sa lampe de poche, il fallait bien qu’elle ait au moins avec elle de quoi se défendre si jamais elle aurait un éventuel problème durant son absence. En réfléchissant à ce cas de figure, Elisa préféra donc se taire et cacher l’existence de son arme à Tamara même si au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas très honnête de sa part…

Vite, elle prit alors la lampe de poche puis referma le clip de son sac.

« Tenez, prenez ma lampe de poche Tamara ! et surtout ne tardez pas pour revenir »

« Oui, je ferai vite ! Ne vous en faites pas ! Et surtout, il faudra bien refermer la porte à clef derrière moi lorsque je sortirai »

« Oui, compris » dit Elisa avec contrariété.

Tamara était en train de refaire sa queue de cheval tout en souriant à Elisa.

« Je vois bien que vous êtes très inquiète Elisa mais je reviendrai » dit-elle en terminant de nouer sa longue chevelure brune. « Vous savez, je ne suis pas une personne qui se laissera faire si jamais cette ordure s’en prenait à moi. Je me battrai, croyez-moi ! »

« Oui, je le sais bien mais… » balbutia Elisa en se tenant nerveusement les deux mains.

« Tout se passera bien. Faites moi confiance » ajouta t-elle d’un ton rassurant.

Subitement Elisa réalisa qu’elle allait se retrouver toute seule ici. Et si jamais le tueur s’en prenait à Tamara. Mon Dieu, elle s’en voudrait de ne pas lui avoir dit qu’elle détenait une arme à l’intérieur de son sac.

Soudain, elle eut honte de son comportement…

Pourtant, elle avait encore la possibilité de se rattraper mais les mots ne sortirent pas de sa bouche au moment où Tamara lui tournait déjà le dos en marchant d’un pas décidé vers la porte…

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Tamara se tenait à présent devant la porte d’entrée, armée de son manche à balai à la main droite et munie de la lampe de poche d’Elisa à la main gauche.

« Ouvrez-moi s’il vous plaît ! Allez ! J’y vais maintenant Elisa ! Et surtout fermez bien la porte derrière moi ! »

Lorsqu’Elisa lui ouvrit la porte, il faisait tellement nuit noire dehors que c’était pratiquement impossible de distinguer quoi que ce soit mais dès lors où Tamara enclencha la lampe de poche, tout le devant de l’épaisse forêt fut si bien éclairée, qu’on pouvait aperçevoir les branchages des hauts arbres se pencher machiavéliquement vers l’avant de la cabane, telles de grandes griffes acérées, rendant encore plus terrifiante la végétation qui les entourait.

Tamara se retourna et lui jeta un bref regard accompagné d’un petit sourire qui voulait dire qu’elle reviendrait au plus vite.

La lourde porte en bois se referma alors derrière elle, laissant place à un vent léger et froid qui vint s’engouffrer sournoisement à l’intérieur de la cabane et à travers le fin tissu de la tunique que portait Elisa, la faisant aussitôt frissonner de tout son corps.

Vite, sans plus attendre elle tourna deux tours de clef dans la serrure et resta debout figée à regarder fixement la porte d’entrée.

Pourvu que tout aille bien se dit-elle avec beaucoup d’anxiété, tout en froissant avec nervosité le pan de sa tunique…

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La dernière danse de la lune : Chapitre 3 : Confessions

la derniere danse de la lune

 

Elisa fouilla rapidement dans son grand sac qu’elle portait toujours en bandoulière et trouva enfin sa fameuse lampe de poche étanche.

Dès lors qu’elle l’enclencha, la lumière fut tellement puissante qu’elle suffit à éclairer tout l’ensemble de l’unique grande pièce de la cabane qui devait bien faire dans les 20 m².

A l’intérieur, tout était rustique et entièrement en bois : de l’habillage des murs, sol et plafond jusqu’au mobilier.
Au milieu du mur du fond, une petite fenêtre à un ventail sans rideau avait son volet fermé ; ce qui expliquait pourquoi il faisait si sombre ici. A sa droite, tronaît une grande et haute armoire en bois massif à trois portes avec deux tiroirs côte à côte au niveau du bas.

Au dessus de celle-çi, on pouvait aperçevoir un amoncellement de diverses choses indéfinissables ainsi que deux grands chandeliers à plusieurs branches, accompagnés de leurs bougies.
Contre le mur de gauche, à côté d’un balai brosse, étaient appuyés l’un sur l’autre deux lits de camp pliables qui prenaient pas mal de place tant ils étaient grands.

Au centre de la pièce se trouvait une grande table rectangulaire habillée d’une nappe en tissu à petites fleurs, entourée de quatre chaises en bois avec assises en paille. Et au milieu de celle-çi reposait le fameux sac à dos de Batisto.

Tamara s’en rapprocha et commença à ouvrir l’une des deux petites poches extérieures mais n’y trouva rien. Elle ouvrit alors la deuxième poche puis s’exclama :

« Elle est là ! Je l’ai trouvée ! On va pouvoir enfin s’enfermer à clef ! »

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Elisa était à présent en train d’éclairer la serrure de la porte d’entrée afin que Tamara puisse y insérer la fameuse clef.
Une fois que celle-çi l’eut fermée à double tour, elles se retrouvèrent enfin dans un espace clos et à l’abri de tout danger en attendant la suite des évènements…

« Voilà c’est fait Elisa ! On est en sécurité maintenant ! Du moins, pour l’instant mais c’est bien mieux que si on était dehors… »

Le seul inconvénient restait toutefois l’éclairage qui était assez faible et ce malgré le puissant faisceau lumineux de la lampe de poche d’Elisa qui de toute façon ne pourrait pas marcher indéfiniment étant donné que celle-çi fonctionnait avec des piles.

« Je ne pourrai pas laisser allumée ma lampe de poche trop longtemps sinon les piles finiront par s’épuiser » fit-elle remarquer. « Il faudrait nous éclairer avec autre chose. J’ai vu qu’il y avait deux chandeliers au dessus de l’armoire » ajouta t-elle en éclairant le sommet du meuble.

« Oui, vous avez raison mais il y a mieux que ça ! Vous pouvez m’éclairer la troisième porte de l’armoire s’il vous plaît ? Normalement, ils doivent toujours y être…Du moins, je l’espère… »

Elisa s’exécuta tandis que Tamara était déjà en train d’ouvrir la porte en question puis commençait à balayer de sa main droite le dessus de la première étagère du haut, à la recherche des objets qu’elle avait en tête.

« Voilà ce qu’il nous faut ! je viens de les retrouver ! » s’écria t-elle.

Tamara venait d’attraper par leur anses deux lanternes en métal ajouré. Elle les porta jusqu’à la table puis les déposa au milieu de celle-çi près du sac à dos de Batisto. L’intérieur de chacune d’elles comportait une grosse bougie fixée sur un socle.

« Vous pouvez encore m’éclairer Elisa ? Je me souviens qu’il y avait un briquet rangé ici » dit-elle en désignant du doigt le tiroir de droite du bas de l’armoire.

Pendant qu’Elisa l’éclairait à nouveau, Tamara ouvrit le tiroir et commença à chercher des yeux le dit briquet. Au bout de quelques instants, elle finit par le trouver.

« Ah le voici ! Je me disais bien qu’il se trouvait là. Voilà Elisa ! on va pouvoir enfin allumer nos lanternes ! »

Mais la joie de Tamara fut de courte durée lorsqu’elle s’aperçut que le réservoir de celui-çi était vide.

« Mince alors ! c’est vraiment pas de chance ! il n’y a plus de gaz dans le réservoir. Il est complètement à sec ! et en plus il n’y en a pas d’autres, à part celui-là ! Oh noonn ! dit-elle en pestant.

« Moi j’ai un briquet ! » s’empressa de dire Elisa. « Il est à l’intérieur de mon sac de plage. Enfin, normalement…Attendez, je vais le chercher »

« C’est pas vrai ? Incroyable ! Vous avez un briquet dans votre sac ? En tout cas, si vous l’aviez vraiment, vous nous sauveriez une fois de plus la vie, ma chère Elisa ! » dit-elle en lui pressant gentiment l’épaule.

Alléluia ! se dit Elisa avec un petit sourire de satisfaction lorsqu’elle mit enfin la main sur son fameux briquet qu’elle venait de retrouver parmi toutes ses affaires. C’était un cadeau publicitaire de l’hôtel « Paradise Beach » où elle avait séjourné et qu’elle avait trouvé posé sur une des tables basses de sa chambre. Elle se souvenait encore avoir hésité à le prendre avec elle, lors de son périple en catamaran.

A présent, elle pouvait encore se féliciter de l’avoir entre ses mains étant donné qu’à cet instant précis, il lui serait très utile.
Comme quoi, un simple petit briquet très ordinaire fut-il ; pouvait bien faire des miracles en redonnant un peu d’espoir et de la lumière à deux jeunes femmes en détresse…

****

Grâce aux deux lanternes, la pièce baignait dans un halo de lumière et semblait beaucoup plus chaleureuse qu’auparavant.

Elisa, assise sur une des chaises, observait Tamara debout, face à la table, en train de fouiller à l’intérieur du sac à dos de Batisto.

Que pouvait bien t-elle chercher ? se demanda t’elle. Sans doute une arme quelconque ou encore un objet qui leur serait utile.
Au bout d’un instant, Tamara finit par dire d’un air dépité :

« Il n’y a vraiment rien d’intéressant dans ce sac ! »

Cela se voyait qu’elle fulminait intérieurement mais qu’elle essayait de garder son calme. Elle fusillait du regard le sac à dos et semblait ne plus pouvoir supporter sa vue. Nerveusement elle se gratta la tête puis décida de le déposer sur le plancher à côté des deux lits de camps. Elle lui jeta un dernier coup d’oeil sans doute en le maudissant de tous les noms puis vint s’asseoir à son tour, juste en face d’Elisa.

« J’ai perdu mon temps. Je n’ai rien trouvé dans le sac de cette ordure à part quelques babioles inutiles » ajouta t-elle.

« Oui, j’ai vu. On se débrouillera autrement… » dit Elisa en baillant.

« Vous êtes fatiguée ? Vous voulez peut-être un peu vous allonger ? ils sont très confortables, vous savez » dit Tamara en regardant en direction des lits.

« Non, merci mais c’est gentil de me l’avoir proposé. Je pense que je n’arriverai pas à fermer l’oeil. Je suis beaucoup trop angoissée pour dormir »

« C’est pareil pour moi et même si je me sens tout de même assez fatiguée. Je dois bien avouer que cette marche dans la forêt m’a littéralement épuisée »

« Oui, moi aussi. D’ailleurs, j’ai détesté marcher dans cette fichue forêt » dit Elisa avec mépris.

« Oui, vous avez bien raison. Une fichue forêt ! comme vous dîtes. Des bestioles de partout avec une chaleur suffocante et insupportable. Et puis sans oublier cette moiteur qui n’en finissait pas…Oui, c’est certain, c’était loin d’être une promenade des plus agréables »

Elisa repensa soudainement à la grande araignée noire qui avait failli lui tomber dessus. Brrr…, rien que d’y penser, elle fut parcourue de frissons. Mais la scène la plus horrible était bien celle du cadavre au fond du précipice. Elle le revoyait encore très clairement avec cet étrange pique qui lui transperçait le dos. L’auréole de sang qui maculait son t-shirt.Tout ce sang autour de lui et les débris éparpillés un peu partout…

Les images sordides ne cessaient de lui envahir l’esprit, lui donnant le tournis tel un manège qui n’en finirait pas de tournoyer sans fin…

Et puis il y avait aussi ce type qui était caché là, quelque-part en train de sûrement les épier tout en attendant le bon moment pour s’en prendre à elles…

Elisa se massa la tempe droite. Elle commençait à avoir un début de mal de tête. Cela ne lui était plus jamais arrivé et ce depuis pas mal de temps déjà, si ce n’est lorsqu’un jour elle avait reçu un coup de téléphone de sa meilleure amie de l’époque qui avait osé lui annoncer tout bonnement qu’elle ne voulait plus de leur amitié en inventant un prétexte des plus médiocres. Un mauvais jour qui avait particulièrement marqué au fer rouge Elisa. Mais avec le temps, elle avait réussi à effaçer cette infâme trahison.

Aujourd’hui, le mal de tête qui s’insinuait lentement et douloureusement tel un poison violent à l’intérieur de sa boîte crânienne ne ressemblait en rien à celui qu’elle avait subi à l’époque à cause de sa fausse amie. Non, il était bien pire…

Et il ne faisait qu’empirer, s’amplifier davantage au fur et à mesure qu’elle s’inquiétait de sa situation. Une situation que personne ne voudrait vivre. Oui, la pire des situations…et qui surpassait de loin ce fameux jour de trahison. Une trahison qui à ses yeux devenait à l’heure d’aujourd’hui totalement anodine, ridicule et même risible.

Par contre ce qu’elle était en train de vivre à Diamond était un véritable cauchemar… Oui, un cauchemar qui n’en finissait pas…

****

Elisa ne pouvait s’empêcher de ressasser en boucle toutes ces images. Elles martelaient sa tête sans répit ; jaillissant par intermittence tels des éclairs qui zèbreraient un ciel d’un noir intense…Oui, noir comme les yeux de Tamara…

« Comment vous sentez-vous Elisa ? ça n’a pas l’air d’aller ? »

La voix de Tamara l’empêcha d’aller plus loin dans sa réflexion tel un rappel à l’ordre qui la fit immédiatement revenir à la réalité.

Une réalité qui ne présageait rien de bon d’ailleurs, puisqu’elles étaient enfermées à l’intérieur d’une cabane, certes éclairée par deux bougies mais qui était perdue au milieu d’une forêt épaisse avec un maniaque caché quelque part pour noircir le tableau.

Qu’allaient-elles devenir en fin de compte ? Elisa ne cessait d’angoisser. Reprenant peu à peu ses esprits, elle essaya tant bien que mal de masquer ses craintes et finit par répondre à Tamara :

« Je vais bien. Ne vous inquiétez pas. Je repensais juste à tous ces évènements que nous venions de vivre »

« Je suis vraiment désolée Elisa… »

Tamara semblait réellement confuse et observait Elisa avec inquiétude.
Elisa massait à présent sa tempe gauche en espérant que ce fichu mal de tête finirait bien par se dissiper. Elle souffrait mais ne voulait surtout pas l’avouer à Tamara car elle en avait assez de se plaindre. D’ailleurs, elle cessa immédiatement de se masser les tempes car cela ne servait strictement à rien.

Tamara l’observait toujours. Alors, pour ne pas éveiller sa curiosité concernant le mal de tête qui la rongeait, elle répliqua :

« Non, Tamara, ne vous excusez pas. Arrêtez de le faire, s’il vous plaît. C’est vous qui êtes plus à plaindre que moi. Je voudrais tellement qu’on puisse se sortir de cet enfer. Je me sens juste désemparée et impuissante. Je me demande aussi combien de temps nous allons devoir rester ici et c’est vrai que je ne cesse de penser à cet individu mais ça va aller, rassurez-vous. J’ai juste peur qu’il s’en prenne à nous. C’est tout »

« Oui, moi aussi j’ai peur de ce sale type mais cette cabane a l’air très solide. Il ne pourra pas s’en prendre à nous comme ça ! et puis nous sommes deux ! Il faudra donc rester ici toute la nuit jusqu’au lever du jour puis on verra bien ce qu’on pourra faire demain »

« Oui, vous avez raison. Faisons comme ça… »

« Au fait, quelle heure est-il s’il vous plaît ? »

Elisa regarda sa montre dont les aiguilles étaient devenues phosphorescentes.

« Il est 19H15 »

« Je pensais qu’il était beaucoup plus tard que ça. On devra donc attendre longtemps ici mais que voulez-vous, c’est bien mieux que d’être dehors »

« Oui, vous avez raison et même si je ne peux m’empêcher d’avoir peur, je vais essayer de faire la part des choses. Après tout, nous n’avons pas le choix. J’espère seulement que tout se passera bien et qu’on s’en sortira »

« Oui, il faut y croire ma chère Elisa. Vous verrez, on s’en sortira »

Elisa l’a regarda quelque peu perplexe ne sachant quoi ajouter de plus. Elle trouvait que Tamara ne manquait pas de courage étant donné qu’elle avait perdu son mari de la manière la plus épouvantable qu’il soit. Mais où pouvait bien t-elle trouver encore cette énergie d’y croire encore et de penser qu’elles se sortiraient de cette galère ? Elle semblait si sûre d’elle.

Elisa constata que par rapport à sa compagne d’infortune, elle avait tendance à trop vite se laisser abattre.

« Oui, et on fera tout pour ça Elisa ! Croyez moi ! » ajouta Tamara. « Vous savez, ces ordures m’ont détruite de l’intérieur en tuant mon mari mais je vous promets que la crapule qui est toujours en vie ou pas d’ailleurs, n’arrivera pas à avoir notre âme. Non, il ne fera rien de tel car on l’en empêchera vous et moi. N’est-ce pas Elisa ? Et on se battra pour ça »

« Oui, je suis d’accord avec vous Tamara »

Elisa essayait d’y croire mais elle avait encore quelques doutes à ce sujet. Comment feraient-elles pour s’en sortir face à cet individu qui avait tué de sang froid un homme. Et comment feraient-elles pour quitter cette île ? Que de questions et cet horrible mal de tête qui n’en finissait pas…

Soudain, Tamara la brusqua dans ses pensées :

« Et sinon, pour parler un peu d’autre chose, comment trouvez-vous cette cabane, Elisa ? Elle n’est pas trop mal, je trouve. Mon mari et moi l’adorions. Et vous ? qu’en pensez-vous ? » demanda t-elle tout en dessinant avec son index des cercles imaginaires sur la nappe de la table.

Elisa ne lui répondit pas tout de suite tant elle fut surprise par sa question quelque peu incongrue. Certes, cette cabane avait un certain charme mais elle n’était pas du tout disposée à parler de ses qualités ou inconvénients vu les circonstances actuelles.

Non ! Elle, tout ce dont elle avait envie, c’était de fuir cet endroit de malheur au plus vite et que ce fichu mal de crâne s’arrête définitivement.
Tamara voulait certainement détendre l’atmosphère en abordant un tel sujet mais elle n’était vraiment pas d’humeur à entrer dans ce genre de conversation.

Décidément, les deux jeunes femmes ne se ressemblaient pas du tout, point de vue caractère. L’une était forte et déterminée avec un mental d’acier alors que l’autre doutait toujours et restait perpétuellement sur ses gardes.

Elisa finit par lui répondre :

« Eh bien dans d’autres circonstances, j’aurais sans doute apprécié de séjourner ici mais là, je reste inquiète. Désolée de me répéter… »

« Non, vous n’avez pas à vous excuser Elisa. Vous avez toutes les raisons de l’être. C’est certain que nous ne sommes pas sereines vu les circonstances mais au moins on est en sécurité ici. Dehors, il doit faire nuit noire. Rien que d’y penser je me dis qu’on a bien fait de s’enfermer dans cette cabane. Pas vous ? »

« Si, je suis tout à fait d’accord avec vous »

Elisa décida de ne plus partager ses inquiétudes avec Tamara. Cela ne servait à rien de propager son angoisse et de l’attiser davantage par des paroles négatives.

« Je peux vous poser une question Elisa ? »

« Oui, biensûr »

« Pourquoi êtes-vous venue ici à Diamond et toute seule ? »

« Je ne suis pas venue seule. J’étais accompagnée de mon Guide touristique »

« Oui certes, mais pourquoi venir ici sans être accompagnée d’un ami ou d’une amie par exemple ? »

« Tout simplement parce que je voulais faire ce voyage en solitaire. C’était mon rêve de jouer en quelque sorte les Robinson Crusoé durant deux jours dans une petite île déserte et éloignée de tout. Et je dois bien avouer que Diamond était parfaite pour ça mis à part les affreux drames qui s’y sont déroulés. Le Guide m’en parlait tellement comme si c’était un joyau de la nature que je n’ai pas hésité et que je me suis lancée. Mais jamais je n’aurais cru un seul instant qu’il y aurait eu un meurtre ici, ni que mon guide en aurait été l’instigateur. J’étais loin de m’imaginer tout ça sinon il est clair que je serais restée bien tranquillement dans mon hôtel à continuer mes vacances »

Les grands yeux noirs en amande de Tamara ne cessaient de la fixer comme si elle essayait de trouver une vérité au fin fond de son esprit. Mais laquelle au juste ?

« Je vous comprends Elisa. Je suis navrée encore pour tout ça »

« Non, ne le soyez pas. Vous et moi ne pouvions pas savoir que ces guides étaient des meurtriers… »

« Oui, c’est juste. Mais je vous ai tout de même entraîné dans cette galère »

« N’y pensez plus. Ce n’est pas de votre faute Tamara »

Tamara se mordit la lèvre inférieure en signe d’acquiescement puis baissa les yeux comme si elle avait honte.

Elisa essayait de la rassurer mais elle savait aussi au fond d’elle même qu’elle n’aurait jamais voulu rencontrer Tamara sur son chemin vu tous les problèmes qu’il y avait autour de cette femme et quand bien même qu’elle soit une innocente victime.

Etait-ce humain de penser de la sorte ? Pourquoi est-ce que subitement elle avait de telles pensées envers cette femme ? était-ce à cause de ce terrible mal de tête qui la mettait à fleur de peau ? ou tout simplement parce qu’elle se sentait prise au piège et qu’elle aurait bien voulu que tout ce cauchemar se volatilise comme par magie. Mais malheureusement, elle ne pouvait pas remonter dans le temps et gommer en un claquement de doigt cette rencontre…C’était son destin d’être tombée sur Tamara.

Elle ne pouvait pas non plus lui avouer cette vérité. Elle ne pouvait que la cacher au fin fond de son esprit et se taire. En somme, il ne lui restait plus que la résignation et la fatalité.

« J’aurai une autre question à vous poser Elisa »

Tamara venait de relever les yeux et à présent elle la regardait intensément comme si elle essayait de sonder son esprit. Ce qui perturba quelque peu Elisa.

« Allez-y, je vous écoute »

« Je me rappelle que vous m’aviez dit que vous aviez fait de la plongée sous-marine avec ce Philippo avant de débarquer à Diamond »

« Oui c’est vrai » dit Elisa en se demandant où elle voulait bien en venir.

« Voilà, je voulais juste savoir si vous aviez remarqué quelque chose chez lui qui ne tournait pas rond. Un élément quelconque qui aurait permis d’en déduire qu’il était une personne bizarre »

« Non, je suis vraiment désolée de vous dire ça Tamara mais il n’y avait rien de tel chez lui qui aurait pu présager quoi que ce soit de bizarre. Il semblait tout à fait normal. Il n’avait pas un comportement étrange, bien au contraire. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment il a pu faire toutes ces atrocités. C’est vrai que ça restera toujours un mystère pour moi »

« Oui, moi aussi je me le demande encore, vous savez. C’est pareil en ce qui concerne cette ordure de Batisto. Jamais je n’aurais cru qu’il était un tueur. Je me rappelle encore de lui. Il semblait être une personne honnête et gentille mais je me trompais. Il était tout le contraire. Je suis tellement dégoûtée. Et dire que j’étais venue ici avec mon mari pour notre voyage de noces. Je ne peux m’empêcher de penser que tout ce qui est arrivé est de ma faute… »

« Mais pourquoi dîtes-vous ça ? rien n’est de votre faute Tamara. Encore une fois, vous ne pouviez pas prévoir tout ce qui allait se passer ici. En aucun cas vous ne devez vous sentir coupable, je vous assure »

« Si justement, puisque c’est moi qui ait eu l’idée de faire cette escapade à Diamond. Je regrette tellement maintenant… » dit-elle les larmes aux yeux.

En regardant les larmes qui coulaient le long de ses joues, Elisa regretta subitement d’avoir eu de mauvaises pensées envers elle. Les yeux noirs en amande semblaient si tristes à cet instant là qu’elle en éprouva une profonde compassion.

« Je vous en prie Tamara, ne pleurez pas. Je trouve que vous êtes une personne tellement courageuse. C’est grâce à vous si on se retrouve dans cette cabane et en sécurité. Vous avez eu raison de nous emmener jusqu’ici ! et je suis certaine que votre mari aurait été fier de vous. Je le pense très sincèrement… »

« Merci Elisa de me réconforter comme vous le faîtes. Vous êtes si gentille avec moi. Moi aussi je trouve que vous êtes courageuse. Vous m’avez fait confiance. Vous savez, ce n’est pas tout le monde qui aurait pu s’aventurer dans cette forêt tout en sachant qu’il y a un tueur qui s’y cache quelque part. Vous m’avez beaucoup soutenu depuis que je vous ai rencontrée sur la plage et je ne l’oublierai jamais. Merci pour tout ça » dit-elle tout en reniflant.

Elisa lui adressa un large sourire. Un sourire sincère qui se voulait être réconfortant. Oui, un sourire d’espoir destiné à une jeune femme qui avait vécu un horrible drame.

Elisa ne s’en était pas aperçu mais son terrible mal de tête s’était totalement dissipé. Sans doute parce qu’elle avait un peu relâché la pression et qu’elle reprenait peu à peu confiance en elle.
Elle avait à nouveau un espoir qui semblait germer dans son esprit si torturé.
Oui, un ultime espoir de se sortir de cet enfer. Et pour ce faire elle aurait besoin de l’aide de Tamara alors autant s’en faire une alliée et chasser toutes ces idées noires qui ne menaient à rien.

A présent, elle se sentait un peu plus forte et voulait encore croire à sa bonne étoile qui ne l’avait jamais abandonnée en cas de coup dur…

« Tamara ? »

« Oui ? » répondit Tamara en essuyant ses larmes avec ses doigts.

« J’aimerais moi aussi vous remercier et vous dire que vous êtes une personne bien »

« Vous le pensez réellement ? »

« Oui, très sincèrement. Et je tenais à vous dire également que je vous apprécie et que je suis certaine qu’on s’en sortira » dit-elle dans un large sourire.

« Moi aussi, je vous apprécie Elisa. Merci de me dire ça. Je suis très touchée. Oui, on fera tout pour s’en sortir » lui répondit Tamara en lui rendant le sien.

****

En pleine nuit, au coeur de la forêt de Diamond.
A l’intérieur de la cabane, les deux jeunes femmes étaient toujours en train de discuter en attendant le lever du jour.

Le cadran de la montre d’Elisa indiquait qu’il était exactement 20H00. Comme le temps était long ! se dit-elle. Elle était fatiguée et commençait à avoir un peu sommeil mais heureusement que Tamara était là pour alimenter la conversation.

« Elisa ? Je pourrais vous poser une question un peu plus personnelle ? »

« Oui, biensûr »

« Vous n’avez pas de petit ami ? Je vous pose cette question un peu indiscrète par rapport à ce que vous m’avez dit tout à l’heure. Vous savez, que vous souhaitiez faire ce voyage en solitaire… »

« Oui, vous avez raison. Si, j’en avais un avant mais je l’ai quitté. C’était il y environ 1 an. On n’était plus du tout sur la même longueur d’onde lui et moi. Disons qu’on n’était pas faits l’un pour l’autre, tout simplement. Mais c’est de l’histoire ancienne à présent. Et puis je n’ai aucun regret et c’est ce qui compte finalement. Et vous ? si je puis me permettre, avec Juanes ? Vous vous connaissiez depuis longtemps avant de vous être mariés ? »

« Oui, depuis déjà cinq ans. C’est lui qui un beau jour, m’a dit qu’il voulait se marier avec moi. Je ne courrais pas après le mariage mais à force qu’il m’en persuade, je me suis dit pourquoi pas ? Et puis il y tenait tellement alors on s’est marié le 15 décembre dernier. La cérémonie s’était déroulée dans une magnifique cathédrale en plein centre-ville d’Epicéa. Et pour cette grande occasion, je portais une jolie robe blanche toute en dentelle. J’étais très belle et lui tellement élégant dans son beau costume tout neuf. Oui, ce fut un très beau mariage. Un véritable conte de fée que je n’oublierai jamais… » dit-elle avec beaucoup d’émotion dans la voix.

« Je n’en doute pas. Vous deviez former un bien joli couple »

« Oui un très beau couple… » soupira t-elle en regardant les yeux dans le vague, les deux flammes des bougies qui ne cessaient de danser.

En voyant sa tristesse, Elisa préféra changer de sujet.

« Je voulais savoir Tamara, vous habitez à Epicéa ? »

« Oui depuis ma plus tendre enfance. D’ailleurs c’est là-bas que j’avais rencontré mon mari. Et vous ? »

« Je ne vis pas à Epicéa, c’est pourquoi j’y suis venue en vacances. J’habite à Antinéa, là ou vit ma famille. Vous connaissez cette province ? »

« Oui très bien. C’est agréable de vivre là-bas. Mais il est vrai que je préfère la côte. J’aime l’océan »

« Moi aussi j’aime la mer… » dit Elisa en repensant à sa promenade sur l’immense plage de sable blanc de Diamond.

Soudain, une des deux bougies s’éteignit faisant apparaître une fine volute de fumée blanchâtre qui s’éleva en serpentin dans l’air…

**** 

La dernière danse de la lune : Chapitre 2 : La forêt de Diamond

la derniere danse de la lune

 

A l’orée de la forêt de Diamond : 14H10.

Elisa regarda une dernière fois derrière elle. Elle posa ses yeux sur le sable si blanc puis les attarda sur le ciel d’un bleu intense parsemé de quelques nuages. Il faisait tellement beau ! On aurait dit un jour ordinaire. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle se promenait tranquillement sur cette plage en chantonnant son air préféré sans s’imaginer un seul instant que tout ce merveilleux rêve se transformerait en un horrible cauchemar. C’était presque irréaliste et insensé.

Un bref instant elle eut une pensée pour ses parents en regardant la progression de deux gros nuages blancs qui se suivaient l’un derrière l’autre. Se pourrait-il qu’elle ne s’en sorte pas et qu’elle ne les reverrait plus jamais ? Cette idée la fit frémir. Pourtant, il ne fallait pas qu’elle baisse les bras mais alors quel serait son destin ici à Diamond ?

Soudain elle trouva que le nom de cette île était ironique. Son séjour ici n’avait rien d’éclatant ni de lumineux, bien au contraire. Mais alors, quel en serait le dénouement ? La noirceur ou la lumière ? Elisa l’ignorait encore…

A contre coeur, elle détourna son regard de cette si jolie plage puis avec force et détermination suivit Tamara sans davantage se poser de questions.

****

Toutes les deux venaient de pénétrer dans les profondeurs de la jungle de « Diamond » qui paraissait être inhospitalière tant il y faisait sombre.
Impénétrable, infranchissable et épaisse : tels fut les adjectifs péjoratifs qu’Elisa eut en tête lorsqu’elle se retrouva au coeur de cet enfer verdoyant qui était envahi de lianes et de toutes sortes de végétations luxuriantes.

Il faisait si chaud et lourd que l’air était suffocant, presque irrespirable si bien qu’Elisa commençait à beaucoup transpirer et que sa tunique certes très légère lui collait déjà à la peau. Quelle sensation désagréable que de se sentir toute poisseuse ! se dit-elle en pestant.

Quelques moustiques virulents venaient de lui piquer les bras et les jambes et n’avaient de cesse de lui tournoyer tout autour en faisant de perpétuels bruits de « bzz » aigus à ses oreilles ; ce qui devenait de plus en plus horripilant.
Elle tentait à chaque fois de les chasser de la main mais en vain, ils revenaient toujours…

Décidément rien n’allait sur cette île !

Depuis qu’elle marchait dans cette forêt, elle avait l’impression que le poids de son sac avait augmenté de volume alors qu’il n’en était rien.

Le frottement de la bandoulière en nylon lui lacérait littéralement l’épaule droite lui causant d’affreuses douleurs qui l’épuisaient mais elle tenait bon car il était hors de question qu’elle abandonna son sac. Il y avait à l’intérieur bien trop de choses importantes qui lui seraient sans doute indispensables pour la suite des évènements alors elle se devait d’être courageuse et de ne surtout pas baisser les bras.

Oui, elle détestait au plus haut point cette forêt car elle s’y sentait oppressée et mal à l’aise mais hélas elle n’avait pas d’autre choix que d’avançer sans se plaindre.

Cela faisait déjà un certain temps qu’elle et Tamara marchaient inlassablement et pourtant elles n’avaient toujours pas atteint leur objectif : celui de se rendre à la fameuse cabane.

Il était 14H45.

****

Par certains endroits, il y avait des raies de lumières qui filtraient à travers les branchages des hauts arbres, rendant une ambiance un peu plus rassurante à ce lieu qui n’était guère accueillant.

Mais malgré ces rares éclaboussures lumineuses, Elisa trouvait encore que cette forêt était bien trop sombre et elle regrettait déjà d’avoir quitté la plage.

De temps à autre, le silence de la jungle était troublé par le bruissement des feuilles, le craquement des branches sous leurs pas ainsi que par toutes sortes de bruits d’animaux : cris d’oiseaux, coassements d’amphibiens, insectes volants, ect..

Soudain Elisa sentit le chatouillement de quelque chose qui venait de se coller sur son avant-bras gauche.

En regardant d’un peu plus près, elle constata que c’était une toile d’araignée alors d’un revers de main et à plusieurs reprises, elle essaya tant bien que mal de retirer les fils de soie qui étaient à la fois très résistants et fortement élastiques.

Lorsqu’elle y arriva enfin et qu’elle pensait en avoir fini avec cette malencontreuse rencontre, subitement elle aperçut une grande araignée noire à la forme allongée avec de très longues pattes en train de descendre de son fil provenant d’une immense toile circulaire qui devait bien atteindre dans les 2m de diamètre. La toile ressemblait à s’y méprendre à un hamac.

En voyant l’araignée qui pendait toujours sur son fil, Elisa ne pu s’empêcher de pousser un petit cri d’effroi puis un second lorsque celle-çi tomba juste à ses pieds. Pour éviter qu’elle ne lui grimpa dessus, elle eut un mouvement de recul puis s’écria avec dégoût « Quelle horreur ! »

Elisa connaissait bien cette espèce d’araignée qu’elle avait déjà vu dans le jardin de sa maison à Antinéa et dont elle en avait une peur bleue. C’était une Néphile dorée. Une araignée qui était certes passive et inoffensive mais dont la morsure pouvait être douloureuse.

Et dire qu’elle aurait pu me tomber dessus ! se dit-elle dans son for intérieur mais heureusement il y eut plus de peur que de mal.
Alertée par les cris d’Elisa, Tamara venait de se retourner et lui demanda avec inquiétude :

« Que se passe t-il Elisa ? »

« Désolée, je suis tombée sur une araignée et j’ai eu peur. Mais tout va bien à présent »

Entre-temps, la Nephile dorée s’était éloignée en courant à toutes pattes vers un immense arbre entouré de lianes et venait de totalement disparaître sous des feuillages.
Après ce petit incident, les deux jeunes femmes continuèrent leur ascension vers le sommet de la montagne.

Il était 15H10.

****

Elisa se demandait encore si elles avaient eu raison de pénétrer dans cette forêt. Et si tout cela les menait au contraire vers le tueur ?
De plus, la situation ne ferait qu’empirer avec la tombée de la nuit ; ce qui ne la rassura pas du tout et amplifia davantage sa peur.

Elle regarda devant elle, la longue queue de cheval noire qui se balançait de droite à gauche.
Tamara marchait d’un pas décidé et ne semblait pas autant perturbée qu’elle. Elle suivait son chemin et rien ne semblait pouvoir l’arrêter.

D’ailleurs, pas une seule fois, mis à part l’épisode de l’araignée, elle ne s’était retournée pour lui demander si tout allait bien.
Etrange jeune femme se dit-elle mais elle ne pouvait pas non plus lui porter un jugement trop hâtif étant donné qu’elle venait de perdre son mari dans d’affreuses circonstances.

Elisa était exténuée et commençait à entendre les gargouillis de son estomac. Elle avait très faim. Et dire que pour le repas de ce midi, elle devait déguster de délicieuses langoustes au beurre d’ail et au lieu de cela, elle se retrouvait ici à marcher sans fin. Et pour noircir le tableau, un homme dangereux se cachait quelque-part, sans doute en train de les épier à cet instant même.

Et de son côté, Tamara ne lui avait plus jamais adressé la parole. Elle continait sa route sans se retourner alors n’en pouvant plus, Elisa décida de briser le silence et cria à son attention :

« Tamara ! Tamara ! Vous pouvez vous arrêter un instant s’il vous plaît ! »

La jeune femme s’arrêta aussitôt puis fit volte face.

« Que se passe-t-il encore ? » demanda t-elle avec une pointe d’agacement.

Elisa fut surprise par le ton de sa voix mais ne lui en tenu pas rigueur.

« On pourrait faire une petite pause ? Je suis morte de fatigue et j’ai faim pas vous ? J’ai des petits pains aux raisins dans mon sac. Cela ne nous prendra que quelques minutes pour les manger »

Tamara changea immédiatement d’attitude en lui faisant un petit sourire ; sans doute pour se rattraper du ton qu’elle avait employé envers elle.

« Désolé Elisa. Oui, biensûr on va s’arrêter un peu. Vous avez raison, moi aussi j’ai faim. Et puis ce ne sont pas ces quelques minutes de repos qui vont nous faire perdre du temps. On a déjà bien avancées »

Elisa s’empressa de fouiller dans son sac de plage et en extirpa un paquet de petits pains aux raisins.

Avec hâte, elle retira l’attache du sachet puis commença à en prendre un à l’intérieur qu’elle tendit à Tamara. Elle en reprit un autre pour elle puis sans plus attendre commença à le dévorer tellement elle avait faim. Tamara n’était pas en reste elle non plus, et à peine eut-elle terminé le sien, qu’elle en réclama un second. Elisa l’imita. A toutes les deux, elles avaient mangé trois petits pains chacune tout en buvant quelques gorgées d’eau.

« C’était très bon Elisa, merci beaucoup. Au moins, nous avons pu reprendre des forces. En plus nous ne sommes plus très loin des cabanes. Remettons nous vite en route si vous le voulez bien ! »

Sur ces mots, elle continuèrent à nouveau leur marche dans l’épaisse forêt de Diamond.
A travers les branchages des hauts arbres, on pouvait aperçevoir que le ciel changeait légèrement de nuances.

Elisa regarda sa montre. Le cadran indiquait qu’il était déjà 16H15.

****

Au bout d’un instant, Elisa crut entendre le ruissellement d’une eau qui coulait dans les environs.
Non elle ne rêvait pas, c’était tout proche et le bruit de l’eau s’accentuait au fur et à mesure qu’elle et Tamara s’en rapprochait.

Soudain une image à couper le souffle leur apparut.
Elle virent droit devant elles un spectacle d’une magnificence absolue.
D’une paroi rocheuse très abrupte, jaillissait une incroyable chute d’eau qui venait se jeter en contrebas dans un grand bassin d’eau claire, l’accompagnant d’un fort bruit de percussion tellement son débit était fort et rapide.

De là où elle se trouvait, Elisa pouvait sentir le souffle humide de la cascade lui caresser le front et les joues tout en faisant légèrement virevolter sa longue queue de cheval blonde.

Et de ce flot ininterrompu, de fines gouttelettes d’eau vinrent se projeter sur son visage et ses membres, enveloppant peu à peu sa peau d’une fine pellicule de bruine.
C’était une sensation assez agréable, quoique un peu trop rafraîchissante à son goût surtout en cette fin de journée. D’ailleurs, elle ne pu s’empêcher de frissonner.

C’était donc lui le géant de la nature de Diamond ; le fameux voile de la Mariée qui faisait parti des visites incontournables de cette île et qu’Elisa était en train d’admirer à cet instant même mais dans des circonstances pas très réjouissantes.

Elle se rapprocha du grand bassin, se pencha légèrement en avant et commença à le scruter dans les moindres détails lorsque Tamara lui tapota.

« C’est juste après cette chute d’eau, en montant un peu plus vers le haut, que mon mari est mort »

Les sourcils froncés, Elisa n’avait pas vraiment écouté ce qu’elle venait de lui dire car elle était soucieuse.
En effet, elle avait beau regarder le bassin, elle ne voyait toujours pas le cadavre du Guide Batisto qui normalement, aurait dû flotter à la surface de l’eau alors sans plus attendre, elle l’interrogea :

« Tamara, je ne vois pas le corps de Batisto ? où est-il ? Il devrait flotter à la surface de l’eau… »

Tamara se rapprocha davantage du bassin et commença à l’examiner à son tour. Ne voyant pas le corps de celui-çi, elle ne pu que confirmer ses propos.

« Je ne comprends vraiment pas ! Pourtant je vous assure qu’il était bien dans ce bassin puisque je l’ai vu s’y noyer. J’avoue que c’est incompréhensible… »

« Vous êtes certaine qu’il était bien mort ? »

« Mais oui ! » dit Tamara d’un ton agacé. « Je vous avais déjà expliqué auparavant que j’étais restée un long moment à le regarder se débattre dans l’eau. J’ai bien vu ensuite qu’il était mort puisqu’il ne bougeait plus du tout. Je vous assure que je vous dis la stricte vérité ! Vous ne me croyez pas ? »

« Eh bien…Je vous crois biensûr. Mais son corps n’est pas là…C’est tout de même étrange… »

Elisa avait apprit au cours de ses études que lorsqu’une personne se noie et qu’elle décède, elle coule progressivement au fond de l’eau car la densité d’un corps mort (poumons vides d’air) est très légèrement supérieure à celle de l’eau.

Elle savait aussi que sous l’impulsion de la putréfaction qui provoque la formation de gaz ; cela donne au corps un poids spécifique qui le fera flotter puis remonter alors progressivement à la surface.

Il fallait également mettre en compte que dans l’eau de mer, la densité en sel est importante, c’est pourquoi un corps remontera plus rapidement entre 3 et 7 jours par rapport à l’eau douce entre 20 jours à 1 mois en moyenne.

Mais dans ce cas précis, Tamara avait bien expliqué qu’elle avait d’abord donné un coup de couteau dans le ventre de Batisto avant de le pousser ensuite dans ce bassin.

Il était donc blessé et se vidait de son sang alors selon toute probabilité, son cadavre qui devait être en état de putréfaction aurait dû remonter à la surface étant donné qu’il s’était déjà écoulé quelques heures depuis qu’il y était tombé.
Alors qu’en déduire ? se demanda t-elle en regardant Tamara qui venait de lui tourner le dos.

Est-ce que Batisto était vraiment tombé dans ce bassin ? et si oui, il aurait dû alors flotter à la surface de l’eau. Et si jamais il se trouvait tout simplement au fond de l’eau, alors dans ce cas-là, il serait pratiquement impossible d’avoir le fin mot de l’histoire, vu la profondeur de celui-çi.

Que de questions sans réponses ! se dit-elle.

Soudain, elle entendit des sanglots. C’était Tamara qui était en train de pleurer à chaudes larmes, alors contre toute attente, elle se rapprocha d’elle et lui pressa doucement l’épaule.

« Que vous arrive t-il Tamara ?

« Mais c’est à cause de vous si je pleure. Vous avez l’air de douter de tout ce que je vous ai dit et ça me fait beaucoup de mal »

Elisa regrettait déjà le fait qu’elle se soit un peu trop appesanti sur cette histoire de cadavre flottant et s’empressa de le lui dire :

« Excusez-moi Tamara. Je n’aurais pas dû autant insister. Le corps de ce Batisto doit certainement se trouver au fond de ce bassin. Je ne voudrais pas que vous pensiez que j’ai douté de tout ce que vous m’avez dit depuis le début, bien au contraire, sinon je ne vous aurai jamais suivi dans cette forêt. C’était juste que je me posai quelques questions mais à présent, tout va bien. Vous me croyez j’espère ? »

Les yeux rougis de Tamara la fixaient avec une telle intensité de tristesse, qu’Elisa se savait plus où se mettre.

« Pourtant, vous avez douté de moi Elisa. Je trouve ça dommage. Vous savez, c’est suffisamment assez dur pour moi de revenir ici, là où mon mari est mort. J’aurai aimé plus de soutien de votre part » dit-elle d’un ton larmoyant et quelque peu accusateur.

« Mais j’ai confiance en vous Tamara. C’était juste une simple question que je me posai, rien de plus. Il ne faut surtout pas que vous y voyiez un quelconque reproche. Je ne vous accuse de rien. De toute façon je suis certaine que cette ordure doit se trouver au fond de ce bassin. Allez ! n’en parlons plus si vous le voulez bien. Nous devrions quitter cet endroit à présent pour rejoindre la cabane car il se fait tard »

« D’accord, mais j’espère que vous ne douterez plus de moi désormais car je vous apprécie Elisa »

« Oui, ne vous inquiétez plus pour ça. Et comme je vous l’ai déjà dit, je vous soutiendrai jusqu’au bout »

« Merci Elisa » dit Tamara en prenant un pan de sa tunique pour s’essuyer les yeux.

Décidément Elisa manquait de tact envers cette pauvre jeune femme mais désormais elle ferait attention.
Et puis de toute façon, elle n’avait pas le choix, il fallait bien qu’elle lui fasse confiance alors sans réfléchir davantage elle essaya de mettre en arrière plan, cette histoire de cadavre flottant même si ce point restait tout de même un mystère incompréhensible…

****

Quelques minutes plus tard, les deux jeunes femmes se retrouvèrent côte à côte devant le vertigineux précipice que Tamara avait décrit et qui se trouvait non loin des deux cabanes.

Tout à fait en bas, une vision d’horreur : on pouvait aperçevoir dans de hautes herbes tout près d’un amoncellement de pierres, le corps d’un homme qui gisait face contre terre, dans une mare de sang noirâtre avec près de lui, un sac éventré et tout autour, toutes sortes de débris d’objets indescriptibles.

Son dos était transperçé d’un long pique et au niveau de sa perforation, il y avait une large auréole de sang qui maculait son t-shirt bleu ciel.

Elisa n’avait encore jamais vu un cadavre de sa vie et surtout pas dans un tel état : il s’agissait tout de même d’un meurtre perpétré par deux hommes sans scrupules.

Soudain elle fut prise de spasmes et faillit vomir mais elle réussit tant bien que mal à se ressaisir.
De son côté, Tamara les bras croisés avait les yeux rivés sur son défunt mari et ne semblait avoir aucune réaction. Que pouvait bien t-elle ressentir en le revoyant ainsi ? se demanda t-elle avec une certaine inquiétude.

****

Il commençait à se faire tard et le ciel s’assombrissait de plus en plus.
Le soleil ne tarderait pas à décliner.
Il était exactement 17H20.

Les deux jeunes femmes étaient toujours en train d’observer le cadavre qui se trouvait au fond du ravin lorsqu’Elisa souhaita en savoir davantage concernant l’étrange pique qui était planté dans le dos de celui-çi.

« Tamara ? vous voyez ce que je vois » dit-elle en pointant du doigt le cadavre. « Il a un pique ou une sorte de lance qui lui transperçe le dos. Vous savez de quoi il s’agit ? »

Tamara plissa les yeux et commença à scruter davantage le cadavre de son mari.

« Oui vous avez raison, je ne me rappelai pas du tout qu’il avait ce pique dans le dos » dit-elle hébétée. « Maintenant que vous m’en parlez…Je sais que lorsque votre guide me battait, je n’avais pas pu voir ce que Batisto lui faisait subir. Il a du sans doute le lui enfoncer lorsque j’étais évanouie. Mais par contre je ne sais vraiment pas de quel genre de pique il s’agit »

« Ok. De toute façon on n’aura jamais le fin de mot de cette histoire puisque comme vous dîtes, vous étiez évanouie au moment où ces hommes ont tué votre mari. Par contre, j’avais une dernière question Tamara »

« Oui allez y. Je vous écoute »

« C’était le sac à dos de votre mari que je vois là ? »

« Oui, effectivement. Il en avait un avec tous nos affaires dedans. Moi, par contre, j’avais décidé de ne rien porter car j’ai des problèmes de dos »

« Ah d’accord ! Mais tous ces débris de couleur vert que je vois autour de lui, vous savez ce que c’est ? On aurait dit des morceaux de plastique mais je n’en suis pas certaine. Et vous ? Qu’en pensez-vous ? »

« Oui, je sais ce que c’est. C’est notre glacière. Elle était de couleur verte clair. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi elle se trouve au fond de ce ravin. Ces hommes l’auraient jetée mais pour quelle raison ? Il y avait juste des aliments et des bouteilles d’eau à l’intérieur. C’est bizarre je trouve… »

« Oui, vous avez raison. Mais pourquoi auraient-ils fait ça alors ? C’est étrange tout de même… »

Décidément, il y avait bien trop de mystères dans cette forêt qui restaient en suspens et sans réponses ; ce qui n’était pas du tout évident pour Elisa de ne pas pouvoir les élucider et devoir en fin de compte les accepter tels quels sans broncher…

« Elisa? Vous m’écoutez ? Vous semblez ailleurs… »

« Heu…Excusez-moi…Vous disiez ? »

« Je disais que nous sommes à quelques mètres des cabanes. Nous devrions quitter cet endroit maintenant. J’ai du mal à… »

Elisa regarda Tamara qui avait des larmes aux yeux et comprit une fois de plus qu’elle venait à nouveau d’être maladroite.

« Je suis vraiment désolée Tamara. Oui biensûr, je comprends. Quittons cet endroit au plus vite »

« Ce n’est pas grave Elisa. Si je pleure ce n’est pas parce que j’ai vu son cadavre au fond de ce précipice même si biensûr cela m’a fait beaucoup de mal de le revoir dans cet état…Non, je repensai plutôt à notre arrivée sur cette île, que nous étions tellement heureux lui et moi mais c’est si loin tout ça. N’en parlons plus. Je préfèrerais quitter cet endroit au plus vite. Les cabanes se trouvent à quelques mètres seulement mais on ne peux pas les voir d’ici à cause des arbres et de la végétation. Dépêchons-nous s’il vous plaît. Il se fait tard et la nuit ne va pas tarder à tomber »

« Oui, allons-y ! » dit Elisa qui était partagée entre la tristesse pour Tamara et l’espoir de rejoindre enfin les cabanes.

****

Toutes les deux se dirigeaient avec hâte vers les deux cabanes qui étaient placées, l’une derrière l’autre, avec un grand espace de végétation entre les deux.

« Enfin ! voici les fameuses cabanes » se dit Elisa qui voulait au plus vite s’engouffrer à l’intérieur de l’une d’elles. C’est vrai qu’elles étaient vraiment bien cachées et personne n’aurait pu se douter un seul instant, qu’il y en avait deux ici à part les connaisseurs de cette île.

L’ossature des cabanes (murs et charpentes) était entièrement construite en bois ainsi que la couverture de leurs toits (tuiles en bois). Tamara n’avait pas menti lorsqu’elle avait précisé leur rusticités et biensûr, elles étaient conçues sans eau, ni électricité.

****

La première cabane dont avait parlé Tamara était effectivement restée entrouverte mais impossible de savoir s’il y avait quelqu’un ou pas à l’intérieur.
Pour en avoir le coeur net, Tamara insista pour s’y rendre seule afin de vérifier si celle-çi était vraiment inoccupée.

Pendant ce temps, Elisa l’attendait, cachée derrière un énorme tronc d’arbre tout en observant les alentours.
Tamara se retrouva enfin devant la façade de celle-çi, près de sa porte d’entrée puis y donna un magistral coup de pied. Elle s’ouvrit alors davantage mais il faisait tellement sombre à l’intérieur que c’était difficile de distinguer quoi que ce soit.

Armée d’un long bâton en bois qu’elle venait de trouver par terre, Tamara commença à franchir le seuil de la porte et tout en avançant à petits pas, le brandit en faisant de grands va-et-vient de droite à gauche comme si elle se battait contre une personne mais invisible.

Elle renouvella ce geste plusieurs fois tout en frappant le sol, le mobilier et les objets qui se trouvaient dans les alentours puis constatant qu’il n’y avait vraiment personne, se retourna et cria très fort à l’attention d’Elisa :

« Il n’y a personne ! Venez Elisa ! Dépêchez-vous ! » dit-elle avec un grand sourire de satisfaction.

Elisa n’avait eu de cesse de l’observer et ce fut avec un grand soulagement qu’elle accueillit la bonne nouvelle. « Tant mieux » se dit-elle en soupirant.

Par contre, en ce qui concernait l’individu en question ; elle se posait toujours d’innombrables questions à son sujet. Qu’était-il réellement devenu ? Il était blessé. Aurait-il pu alors dans ce cas là, succomber à ses blessures ? Mais ce n’était qu’une hypothèse.

Et si jamais, il était plutôt caché quelque-part ici à les épier. Pourtant elle n’avait rien remarqué à moins qu’elle n’ait pas fait suffisamment attention. A cette idée, elle se mit à frémir et sans plus tarder, courut très vite vers la cabane où Tamara l’attendait sur le seuil de la porte avec beaucoup d’impatience.

« Venez Elisa ! rentrons enfin à l’intérieur. Heu…Dites-moi, vous n’auriez pas à tout hasard de quoi nous éclairer ? On ne voit pas grand chose à l’intérieur »

« Oui j’ai ce qu’il faut » répondit Elisa avec un premier petit sourire rempli d’espoir.

Il était exactement 17H55 et dans quelques minutes il ferait nuit noire dans la lugubre forêt de Diamond.

****

La dernière danse de la lune : Chapitre 1 : Elisa

la derniere danse de la lune

 

Elisa marchait le long de la plage de sable fin tout en chantonnant son air préféré : « Wonderful life » du chanteur Black.
Une bien jolie chanson qui était tout à fait en adéquation avec ce moment de pur bonheur qu’elle était en train de savourer sans se soucier du temps qui passe.

Ce fameux temps qui nous fait tant défaut dans notre monde moderne actuel et qui nous empêche d’apprécier les joies simples de la vie.
Elisa avait conscience qu’elle avait beaucoup de chance d’être ici ; seule au monde (enfin presque) et loin de tout.

Elle avait enfin réalisé son rêve : celui de se promener bien tranquillement sur cette immense plage déserte car jamais, auparavant elle n’aurait cru cela possible et pourtant c’était bel et bien réel et ce pour son plus grand plaisir.
Et comme le disait si bien la chanson : la vie est merveilleuse !

****

Elle se souvenait encore de son inoubliable périple en catamaran avant de débarquer ici sur cette jolie petite île qui portait le nom de « Diamond » en raison de la pureté de son lagon et de son sable si blanc.

La veille, elle se trouvait à Bambousya (un village touristique et balnéaire de la côte ouest de l’île Epicéa) dans un charmant hôtel-restaurant, le « Paradise Beach » situé en bordure de mer avec un accès direct sur une plage privée.

L’hôtel disposait de 40 chambres équipées de la climatisation, minibar, téléphone, ect, sans oublier l’accès gratuit à internet, ce qui n’était pas négligeable étant donné qu’Elisa avait du mal à vivre sans son smartphone ou sa tablette.
Mais pas pour aujourd’hui où elle avait bien volontiers ranger toutes ces technologies modernes dans le placard de sa chambre afin de profiter pleinement de ce moment de liberté et d’évasion !

Et puis de toute façon, la petite île « Diamond » était située dans une zone blanche donc il n’y avait pas de réseau internet et encore moins de wifi.

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Le « Paradise Beach » proposait diverses activités tels que : Golf, bodyboard, Planche à voile, Kayak , Voile, Sentier de randonnée à pied ou à bicyclette, Parachutisme ascensionnel, Cours de golf y compris des excursions en bateau (catamaran ou grands voiliers) tout autour de la côte, vers de magnifiques îlots.

Son Guide touristique qui s’appelait Philippo lui avait décrit qu’il y avait près d’une centaine de petits îlots dont certains étaient proches de la côte et d’autres plus loin et plus difficiles d’accès et que quelques-uns d’entre eux seulement étaient des réserves naturelles avec une faune endémique exceptionnelle où l’on pouvait y croiser quelques spécimens d’animaux tout en se baladant.

Leurs eaux cristallines étaient idéales pour y faire de la plongée en apnée ou encore du scooter sous-marin avait-il précisé. Plusieurs activités s’offraient aux touristes s’ils le désiraient car tout était possible selon lui si l’on souhaitait réaliser un rêve bien précis.

D’ailleurs, il lui avait fortement conseillé de visiter l’un d’entre eux : « Diamond », réputé pour être plus au calme car moins fréquenté et qui d’après lui était un véritable paradis terrestre qu’elle ne serait pas près d’oublier et que l’occasion ne se présenterait pas deux fois si elle voulait en avoir plein la vue et vivre enfin une aventure extraordinaire à la Robinson Crusoé.
En effet, un bien joli programme en perspective…

Elisa avait donc fait son choix : elle avait opté pour deux jours et une nuit à Diamond en incluant les déjeuners/dîners, pique-niques, barbecues y compris quelques activités telles que : Kayak, plongée sous-marine dans l’océan Pacifique, farnientes et balades dans l’îlot inhabité.

Le périple s’effectuerait en catamaran de croisière privée en compagnie de son Guide Philippo qui serait le navigateur.
Mais ce qui l’enthousiasmait le plus dans toute cette expédition de rêve était de dormir une nuit dans une cabane qui se trouvait en haut d’une montagne, au coeur de la forêt luxuriante de Diamond et à quelques mètres d’une chute d’eau qui portait le nom du « Voile de la Mariée » et qui d’après son Guide était d’une beauté exceptionnelle à couper le souffle.

****

Et voici qu’elle était en train de marcher sur cette magnifique plage de sable fin qui ressemblait à de la poudre de diamant tellement son éclat était intense et d’un blanc immaculé.
Diamond portait vraiment bien son nom ! Tout était sublime ici. Un vrai paysage de carte postale et d’un calme olympien…

Le soleil était à son zénith, il lui mordait la peau mais qu’importe puisqu’elle avait pris le soin de bien s’enduir le corps et le visage de protection solaire qui sentait agréablement bon la fleur de Tiaré.
De plus, elle portait une casquette et par dessus son maillot de bain deux pièces, une tunique de plage en voile soyeux de couleur bleue ciel, agrémentée de manches courtes chauve-souris joliment fendues sur les épaules.

Cette tenue fluide et aérienne était bien appropriée à la chaleur intense d’aujourd’hui.
Et pour ne pas déplaire, il y avait même une légère brise qui venait lui caresser le visage, les cheveux ; ce qui rendait agréable sa marche, sous le soleil ardent de cette belle matinée de ce samedi 26 Août 2015.

****

Cela faisait déjà une bonne vingtaine de minutes qu’elle se promenait tranquillement sur cette plage et pas un seul chat à l’horizon.
Son Guide Philippo ne lui avait pas menti ; cette petite île était encore méconnue des touristes car difficile d’accès et seuls les insulaires et les guides expérimentés tel que lui pouvaient connaître cet endroit béni des Dieux !

Elisa ne regrettait vraiment pas cette excursion ; elle se sentait bien ici, elle était heureuse et parfaitement en osmose avec la nature.

****

Philippo ne tarderait pas à la rejoindre, il était resté sur le catamaran qui était amarré non loin d’ici afin d’y prendre quelques équipements pour cette nuit et ramener le repas et les boissons pour le déjeuner de ce midi.

Le menu prévu par le restaurant de l’Hôtel était des plus alléchants :

– Salade de crudités variées et sambos au poisson,
– Langoustes grillées au beurre d’ail accompagnées de riz blanc, de curry de courgettes et d’aubergines avec du bon pili-pili (piment). Et pour terminer ce repas, en guise de dessert : Des bananes flambées au Rhum des îles avec boules de glace au coco. Un vrai festin !

****

Elisa avait hâte de déjeuner car elle commençait à avoir faim.
Elle regarda sa montre bracelet waterproof qui avait été d’une très grande étanchéité lorsqu’elle avait fait de la plongée sous-marine il y a une heure de temps déjà, en compagnie de son Guide.

Il était 10H55.
Elle s’arrêta un instant, se retourna, mit sa main en visière à cause du soleil éblouissant et regarda au loin.
Elle avait dû beaucoup marcher car elle ne voyait plus du tout le catamaran. Mais que pouvait bien faire Philippo ? Il n’était toujours pas revenu la rejoindre.

Sans doute qu’elle s’inquiétait pour rien. Il n’allait plus tarder à présent alors en attendant son retour, Elisa décida de faire une petite halte ici.
Elle déposa son sac de plage qu’elle portait en bandoulière puis en extirpa une grande serviette qu’elle étala sur le sable chaud.
Avant de s’allonger dessus, elle fouilla à nouveau dans celui-çi et en sortit une petite bouteille d’eau dont elle but quelques gorgées qui la désaltérèrent aussitôt tellement c’était bien frais.

Jamais elle n’aurait pu faire ce petit voyage sans son fidèle sac de plage. En effet, il y avait pas mal de choses qu’elle avait transportées à l’intérieur : une petite glacière isotherme souple contenant trois petites bouteilles d’eau glacées et une canette de jus d’orange Minute Maid, un paquet d’une dizaine de petits pains aux raisins qu’elle avait acheté ce matin à la pâtisserie de l’Hôtel, ses tennis pour la promenade de tout à l’heure dans la forêt tropicale de Diamond pour y voir « le voile de la mariée », sa grande serviette éponge et une autre plus petite pour s’essuyer après ses baignades, un maillot de bain une pièce de couleur bleu marine, des vêtements de rechange, un gros tube de crème solaire, une trousse de toilette et sans oublier sa grosse lampe de poche étanche pour ce soir.

Et pour je ne sais quelle raison, elle avait aussi prévu d’emmener avec elle, un briquet offert par l’hôtel (non pas qu’elle fumait, bien au contraire mais juste au cas où) ainsi que son couteau Suisse 21 pièces multifonctions ultra compact que son père lui avait offert pour son anniversaire, il y a 6 mois de ça et qu’elle avait dissimulé dans un mouchoir en tissu fleuri afin de le protéger des intempéries. Un accessoire idéal pour les déplacements en extérieur lui avait-il souligné. Elle le revoyait encore en train de lui rabâcher, dans un large sourire :

« Et surtout ne te déplace jamais sans lui, il pourrait t’être utile et ce à n’importe quelle occasion. C’est un couteau magique qui te simplifiera la vie…Je t’assure Elisa ! Prends en bien soin »

Et elle lui répondait invariablement :

« Oui, d’accord Papa c’est noté ! Je le garderai bien précieusement avec moi et je l’emmènerai partout où j’irais… »

Et c’est ce qu’elle avait fait aujourd’hui.
De toute façon ses parents lui avaient appris à devenir une personne très prévoyante et ce depuis sa plus tendre enfance alors disons que c’était presque inné chez elle de se déplacer avec pas mal de choses dans son sac afin de ne rien manquer.

Et comme disait un certain proverbe : « Mieux vaut trop que pas assez ».
C’est pourquoi, même si son guide était chevronné dans son domaine et qu’il avait tout prévu pour ces deux jours, elle préférait faire confiance à son instinct.

Quoique pour l’instant tout allait pour le mieux ; pas le moindre nuage en vu, au sens propre comme au sens figuré.
Tout s’était parfaitement bien déroulé jusqu’à présent ; alors aucune inquiétude à avoir se dit Elisa en esquissant un demi-sourire.

****

Allongée sur sa serviette, sa casquette à visière lui couvrant le visage ; Elisa ferma les paupières et commença à s’endormir tout en écoutant paisiblement le doux murmure du vent et le ressac incessant de la mer.
Et le temps s’écoula, s’égrena…
Elisa venait de s’assoupir et n’avait pas vu le temps passer…

Il était déjà 12H15.

****

Soudain, des petites gouttes d’eau froides lui tombèrent sur la jambe et le pied droit.
Oh non ! Se pourrait-il qu’il pleuve ?? Pourtant il faisait un temps si radieux !
Que c’était désagréable ! Si bien qu’Elisa commença à se réveiller peu à peu.

Elle retira sa casquette qui lui bouchait la vue puis avec effroi et stupéfaction vit une jeune femme qui se tenait là, debout juste à côté d’elle, le dos légèrement courbé en avant avec de longs cheveux noirs éparses et dégoulinants d’eau…

La jeune femme grelottait de froid ; sans doute dû à cause de l’humidité de ses vêtements qui lui collaient à la peau.
Elle avait le visage tuméfié avec un énorme bleu violacé sur le front et des traces de griffures sur la joue gauche.
Un petit filet de sang lui coulait le long de la narine droite jusqu’au menton et ses grands yeux noirs étaient rougis par des larmes incessantes.

Elle portait un t-shirt blanc cassé, déchiré à l’encolure et tâché d’auréoles de sang délavé au niveau du ventre. Son bermuda bleu ciel était maculé de traces de sang comme si elle s’était essuyé les mains dessus quant à ses baskets, on ne distinguait plus vraiment leurs couleurs tellement elles étaient sales.

Elle était vraiment dans un piteux état et n’arrêtait pas de pleurer.
Elisa se redressa rapidement à l’aide de ses coudes et se mit debout face à la jeune femme puis lui demanda :

« Que vous est-il arrivée ? vous êtes blessée…qui vous a fait ça ? »

« J’étais dans la montagne là-bas, avec mon mari et… »

La jeune femme renifla puis d’un revers de main essuya le petit écoulement de sang qui lui sortait de sa narine droite. Les mots ne sortaient plus de sa bouche et elle semblait tétanisée alors Elisa s’approcha davantage d’elle et lui pressa gentiment l’épaule pour l’encourager à parler.

« Continuez, je vous prie…Que s’est-il passé ? »

La jeune femme cessa de pleurer et dit d’une voix éteinte :

« On était dans cette forêt là-bas… »

Elle désigna du doigt une étendue de verdure luxuriante qui se trouvait au loin, juste après la plage.

« J’étais en train de préparer des sandwichs. On se trouvait près de notre cabane. Mon mari discutait avec notre Guide Batisto et je coupai du pain. Soudain, j’ai vu un homme qui venait vers nous. Il était sorti de nulle part et il avait l’air très menaçant. J’ai crié très fort pour avertir mon mari et Batisto mais subitement je ne sais pas pourquoi notre Guide s’en ait pris à mon mari. Il le battait tellement fort qu’il s’est retrouvé par terre. Batisto n’arrêtait pas de lui taper dessus sans fin. Oh mon Dieu ! mon pauvre mari ! Je le voyais qu’il souffrait mais j’étais impuissante, incapable de l’aider. J’étais terrifiée. Subitement, l’autre homme s’est retrouvé près de moi. Je ne l’avais pas vu venir car j’étais préoccupée par mon mari. J’ai tenté de m’enfuir mais il m’a rattrapé. Ensuite, il n’a pas arrêté de me battre ; il me donnait de violent coups sur tout le corps mais le pire fut lorsqu’il me donna un violent coup de poing au front. Je pense que j’ai dû m’évanouir car je ne me souviens plus de rien. je ne sais plus ce qui s’est passé en ce qui concerne mon mari. Et je…. »

La jeune femme s’arrêta de parler. Des larmes lui coulaient à nouveau le long de ses joues et tout son corps était secoué de tremblements tellement elle devait avoir froid mais malgré le choc qu’elle avait subi, elle continua son histoire :

« Lorsque j’ai repris connaissance et que je me suis relevé, j’ai vu à nouveau cet inconnu qui m’avait frappé. Il riait avec notre Guide mais par contre je ne voyais plus nulle part mon mari. J’avais très mal à la tête. Je titubais puis à un moment donné j’ai vu par terre mon couteau de cuisine alors je m’en suis vite emparé et je l’ai caché derrière mon dos. C’est alors que Batisto s’est avancé vers moi. Il n’arrêtait pas de rire puis il m’a dit qu’il avait tué mon mari et qu’il avait adoré lui faire du mal. Il me disait que mon Mari avait crié comme une gonzesse. Ce sont ses propres mots. Cette ordure me débitait ça avec le plus grand mépris alors comme j’avais beaucoup de haine à ce moment là et qu’il se rapprochait de plus en plus de moi, je n’ai pas hésité, je me suis jetée sur lui et je lui ai enfoncé le couteau dans le ventre, au plus profond que j’ai pu puis je l’ai vite retiré pour le garder avec moi. Il a crié très fort et ensuite il est tombé par terre. L’autre type a vu son acolyte au sol et il a couru vers moi. J’étais effrayée. J’ai tenté de me sauver mais il a finit par me rattraper et il m’a donné une grande gifle. J’avais très mal mais je ne sais comment et par quel miracle j’ai réussi à lui donner un coup de pied dans les parties. C’est à ce moment là que j’ai vite ramassé le couteau que j’avais perdu et lorsqu’il s’est approché à nouveau de moi, je le lui ai enfoncé dans la poitrine. L’homme criait de rage et il m’insultait en me regardant d’un air menaçant. Puis il a retiré le couteau qui était toujours planté dans sa poitrine et l’a jeté par terre. Il y avait une grosse tâche de sang sur son t-shirt. Je me souviens ensuite qu’il m’avait menacé en me disant qu’il reviendrait me tuer puis il a couru et a disparu dans la forêt. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu. Je ne sais pas ce qu’il est devenu mais j’aurais voulu qu’il meurt … »

Elisa en avait la chair de poule. Ce que venait de vivre cette jeune femme était insoutenable.

« Mon Dieu ! Mais c’est terrible ce que vous venez de vivre ! C’est inimaginable ! Je suis vraiment désolée. Et qu’est devenu votre Mari ? Et ce guide qui l’avait battu ? »

La jeune femme continua son histoire :

« Lorsque cet homme qui m’avait frappé s’est sauvé, j’ai essayé de rechercher Batisto car je ne le voyais plus nulle part alors je suis allée vers la chute d’eau qui se trouve à quelques mètres des deux cabanes. C’est là que je l’ai revu. Il rampait tout près du bassin de la cascade. Je l’ai vu se redresser et marcher avec difficulté vers l’avant de la forêt ; il voulait sans doute s’enfuir lui aussi comme l’avait fait son acolyte, alors sans hésiter, je me suis précipité vers lui et je l’ai violemment poussé dans le bassin. Il est tombé dedans et lorsque je me suis rapproché, j’ai vu qu’il se débattait dans l’eau pendant un certain temps puis plus rien. J’ai constaté alors qu’il était mort. »

Elisa n’en revenait toujours pas. Quelle épouvantable histoire !!

« Et donc ce Batisto s’est noyé dans ce bassin. Mais en ce qui concerne votre mari ? qu’est-il devenu ? »

« Mon mari est mort et je… »

« Mon Dieu ! ce n’est pas possible ! Mais où l’avez-vous retrouvé ? » dit Elisa totalement affarée.

« Je l’ai cherché partout et j’ai fini par tomber sur une de ses baskets que j’ai trouvé à côté d’un ravin, pas très loin de notre cabane. C’est là que j’ai revu mon mari au fond de ce précipice. Il y avait plein de sang autour de lui…
« Mon Dieu ! mais c’est abominable ! Je suis tellement désolée que vous ayez perdu votre mari… »

Elisa était abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Elle commençait à avoir de plus en plus peur mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre son sang-froid face à cette jeune femme qui était en état de choc et de détresse. Alors elle se ressaisit et lui demanda :

« Comment vous appelez-vous ? »

« Tamara »

« Moi c’est Elisa. Encore désolée Tamara de vous rencontrer ainsi, en de telles circonstances. C’est si triste pour votre mari. Vous étiez ici en excursion ? »

« Oui, mon mari Juanes et moi étions venus ici pour notre voyage de noces. Je ne comprends pas pourquoi il y a eu tout ça. J’ai tout perdu à cause de ces deux hommes. Ces monstres… »

Elisa n’avait plus de mots et ne savait comment consoler la jeune femme qui avait tellement subi alors elle fouilla dans son sac de plage et en sorti une petite serviette qu’elle tendit à la jeune femme.

« Tenez, vous devriez vous essuyer. Vous êtes trempée. Vous devez avoir froid. J’ai aussi des vêtements de rechange. Vous devriez retirer les vôtres et enfiler ceci. Je pense qu’elle vous ira »

« Merci. C’est vrai que j’ai froid… »

La jeune femme s’exécuta. Elle retira son t-shirt tâché de sang ainsi que son bermuda qu’elle jeta en boule, à ses pieds. Elle était en petite tenue mais ne semblait pas trop être gênée devant Elisa. Elle commença à s’essuyer frénétiquement le corps puis les cheveux.

En la regardant faire, Elisa remarqua qu’elle avait quelques bleus au niveau de la poitrine et des épaules. Ces individus avaient dû beaucoup la brutaliser d’où l’apparition de ces marques. Cette femme avait vraiment beaucoup souffert mais elle avait réussi à se défendre face à ces deux tortionnaires et Elisa trouvait qu’elle avait eu beaucoup de cran et de courage pour se sortir de cet enfer.

Lorsque Tamara eut terminé de se sécher, elle enfila la tunique en voile imprimée de couleur fushia qui ressemblait à celle que portait Elisa à la seule différence du coloris.
En les voyant habillées ainsi, on aurait dit deux soeurs jumelles à part que l’une était blonde à la peau claire et l’autre brune à la peau ambrée.

« Vous êtes plus au sec ainsi et la tunique vous va bien » lui dit Elisa. Elle s’approcha de Tamara et lui toucha doucement le front.

« Est-ce que c’est encore douloureux ? »

« Un peu, mais ça va. Et je me sens beaucoup mieux dans ce vêtement. Merci beaucoup Elisa »

« De rien. Et votre nez ? J’ai vu que vous saigniez tout à l’heure… »

« Non, ce n’est rien. J’ai parfois des saignements de nez et ce depuis mon enfance mais ça n’a rien à voir avec ces sales brutes. Mais ça va maintenant, je ne saigne plus du tout »

« Alors je suis rassurée »

Elisa avait remarqué que les cheveux de Tamara étaient très emmêlés alors elle lui proposa son peigne à larges dents pour les discipliner.

« Auriez-vous aussi un élastique pour que je puisse les attacher ? Je ne les supporte plus comme ça » demanda Tamara, tout en coiffant sa longue chevelure ébène.

« Oui, biensûr »

Elisa fouilla dans sa trousse de toilette et en sorti un chouchou en velours noir.

« Tenez, c’est un chouchou. Je n’ai pas d’élastique »

« ça ira très bien. Merci Elisa »

Tamara était en train de nouer ses cheveux en une haute queue de cheval. Coiffée ainsi, elle était complètement différente. Cela lui donnait un air dynamique et encore plus combatif que jamais, prête à affronter n’importe quel adversaire. Du moins, c’est l’apparence que lui donnait cette nouvelle coiffure. En l’observant dans les détails, Elisa avait encore une question qui lui brûlait les lèvres ; un élément qu’elle n’arrivait pas à comprendre, alors elle se lança :

« Je me posais une question Tamara… »

« Oui, allez-y »

« Pourquoi étiez-vous toute trempée lorsque vous êtes venue vers moi ? »

« Heu…Oui c’est vrai, j’ai oublié de vous dire. Lorsque j’ai vu mon mari en bas dans le précipice avec tout ce sang autour de lui, je ne pouvais plus supporter d’avoir le sang de ces sales types sur les mains alors j’ai décidé d’aller me les laver à la cascade. En marchant, j’ai aperçu mon couteau de cuisine par terre qui était plein de sang alors je l’ai ramassé puis je me suis dirigé à la source de la cascade. Je me suis d’abord lavé les mains puis j’ai commencé à rincer la lame du couteau. Mais c’est à ce moment là que je n’ai pas fait attention et que j’ai glissé. J’ai perdu l’équilibre et je suis tombée dans le bassin où se trouvait le cadavre de cette ordure de Batisto. Heureusement, j’ai réussi à me sortir de là tant bien que mal car le bassin est très profond. J’étais entièrement mouillée et je venais de perdre mon couteau alors j’ai voulu quitter cet endroit de malheur au plus vite. Au cours de mon trajet pour retourner à la plage, j’avais beaucoup transpiré et je me sentais toute poisseuse et sale, alors lorsque je me suis retrouvé face à la mer, j’ai vite retiré mes baskets et sans réfléchir je me suis jeté à l’eau. Je voulais me laver de toute cette crasse. Et c’est vrai qu’à un moment donné, lorsque je nageais sous l’eau, j’ai repensé à mon mari. J’étais à nouveau bouleversée et très en colère. Alors j’ai voulu mourir…mais… »

Les yeux de Tamara étaient embués de larmes qu’elle ne pouvait réfréner. Emue par ce qu’elle venait de lui révéler, Elisa eut un geste de tendresse envers elle. Elle lui prit les mains et les enserra tout doucement dans les siennes puis constatant qu’elle ne portait pas d’alliance, elle ne pu s’empêcher de lui dire :

« Je viens de remarquer que vous ne portez pas d’alliance à votre doigt ? »

Tamara regarda un instant sa main gauche qui était effectivement dénudée. Elle resta un instant sans voix comme si elle se sentait fautive puis se remit à pleurer si bien qu’Elisa regrettait déjà de lui avoir posé cette question.

« Vous allez trouver ça complètement idiot de ma part mais je vous assure que c’est la vérité. Lorsque je prends ma douche, j’ai pour habitude de retirer ma bague pour ne pas l’abîmer. Mais cette fois-çi j’ai dû oublier de la remettre à mon doigt. La bague est donc restée chez nous dans notre maison à Antinéa. Biensûr lorsque mon mari et moi sommes venus à Diamond, je m’en suis aperçu mais c’était déjà trop tard. Vous pensez que c’était un mauvais présage ? C’est vrai maintenant que j’y pense. Comment ai-je pu oublier mon alliance… » dit-elle les yeux noyés de larmes.

« Non, Tamara. Ne vous méprenez pas. Si je vous ai posé cette question, ce n’est pas pour vous accabler. Vous ne devez pas vous sentir coupable par rapport à cette bague, cela n’a rien à voir du tout ! C’était juste un oubli. Rien de plus. Ce n’était en aucun cas un mauvais présage comme vous venez de le dire. Non, rien de cela. Et puis, vous ne pouviez pas prévoir ce qui allait se passer sur cette île »

« Je ne sais pas mais tout ce que je sais, c’est que j’ai perdu mon mari… »

« Oui et c’est vraiment tragique ce que vous avez vécu mais je vous en prie Tamara, chassez de votre esprit cette histoire de mauvais présage. Vous n’y êtes absolument pour rien. Et moi, je suis là avec vous. Et je voulais vous dire aussi que lorsque vous m’avez raconté tout à l’heure que vous vouliez vous suicider, eh bien, j’ai été très émue d’apprendre cela. Je suis sincère Tamara. Et sachez une chose, votre mari n’aurait jamais voulu que vous fassiez ce geste. Vous êtes en vie et c’est tout ce qui compte. Vous m’avez entendu ? Vous êtes une personne très forte. Et vous avez tout mon soutien »

« Merci Elisa. Vous êtes si gentille avec moi. Mais vous savez, c’est grâce à vous si je ne suis pas passée à l’acte »

« Grâce à moi ? »

« Oui, grâce à vous. Lorsque je nageais sous l’eau et que je suis remontée à la surface pour reprendre une dernière fois mon souffle, j’ai remarqué au loin une petite tâche bleue sur la plage. Je n’en croyais pas mes yeux alors je suis vite sortie de l’eau, j’ai enfilé mes baskets et j’ai couru sans m’arrêter vers cette tâche. Puis au fur et à mesure que je m’en rapprochai, j’ai constaté que c’était bien une personne qui était allongée sur une serviette. Et à partir de ce moment là, vous ne pouvez pas savoir à quel point ce fut une véritable délivrance pour moi lorsque je suis tombée sur vous et qui plus est une femme. Je n’aurais sans doute pas eu confiance si j’étais tombée sur un homme. C’est pourquoi je tenais à vous remercier Elisa. Encore merci d’être là et de me soutenir »

« Mais c’est tout à fait normal Tamara. Et je vous soutiendrai encore jusqu’au bout »

****

Elisa jeta un bref coup d’oeil à sa montre. Il était déjà 13H20.

Les sourcils froncés, elle regarda au loin l’imposante montagne qui se dressait juste après la plage puis avec une certaine anxiété dans la voix, s’empressa de dire à Tamara :

« Je voulais vous demander. En ce qui concerne l’homme qui s’est enfui. Il pourrait revenir ici pour nous faire du mal ? Il doit sans doute nous épier au moment même où nous parlons. Vous ne pensez pas ? Et si jamais il vous avez suivi ? »

« Non, il ne m’a pas suivi et j’en suis certaine car je n’ai eu de cesse de regarder autour de moi avant de venir sur cette plage »

Pourtant, il y avait quelque-chose qui clochait se dit Elisa dans son for intérieur. Une chose qui la tracassait encore. Mais quoi donc ? Soudain elle fut prise de panique. Elle l’avait complètement oublié. C’était son Guide Philippo. Mais qu’était-il devenu depuis tout ce temps ??

Avec affolement, elle fit part de son inquiétude à Tamara et sans plus attendre commença à lui raconter le début de son histoire :
« Moi aussi j’étais en excursion sur cette île. Mais avant de me retrouver ici à Diamond, j’étais en catamaran avec mon Guide.

C’est lui qui naviguait le bateau et au cours de notre périple, on avait fait de la plongée sous-marine ensemble. Ensuite on a débarqué sur cette plage, il a amarré le bateau puis il m’a dit que je pouvais aller me promener un peu plus loin si je le souhaitai pendant qu’il déchargerait nos affaires. Je me suis donc baladé puis j’ai décidé de m’allonger un peu en l’attendant. Je me suis endormie et vous êtes apparu. Et depuis notre rencontre, je n’ai plus jamais revu mon Guide qui s’appelle Philippo…Je me dema.. »

Soudain Tamara lui coupa la parole.

« Vous dîtes qu’il s’appelait Philippo ? Ce prénom me dit vaguement quelque-chose. C’est encore flou mais il me semble que j’ai entendu ce prénom lorsque j’étais évanouie. J’entendais des bribes de voix. Oui, j’en suis certaine maintenant. Je me souviens de ce prénom… »

Elisa n’osait y croire. L’idée même de penser que Philippo pouvait avoir un lien avec toute cette sordide histoire lui fit dresser les cheveux sur la tête. Pour en avoir le coeur net elle posa la question cruciale qui éclairerait enfin sa lanterne :

« Vous souvenez-vous des vêtements que cet homme portait ? »

« oui, je m’en souviens clairement » s’empressa de dire Tamara. « Il portait un t-shirt jaune avec une inscription dessus. Attendez, ça va me revenir. Oui voilà, c’était écrit : Black and White »

Mon Dieu ! c’était donc son Guide Philippo. Elle n’en croyait toujours pas ses oreilles et pourtant c’était bien lui. Il n’y avait plus aucun doute là-dessus. Elisa en avait la nausée.

« C’est bien lui » dit-elle avec dégoût. « C’est mon Guide. Il portait effectivement un t-shirt de cette couleur avec l’inscription que vous venez de mentionner : Black and White. Mon Dieu, et dire que j’avais fait de la plongée avec lui. Il semblait si gentil. C’est totalement insensé ! Mais pourquoi aurait-il fait tout ça ? »

« Je ne sais pas. Mais en tous cas, il avait l’air de bien connaître notre guide Batisto. Je me rappelle encore de leurs satanés rires !! Moi aussi je n’aurais jamais cru que notre Guide nous aurait fait du mal. Et comme vous dîtes, lui aussi il paraissait être très gentil. Les apparences sont parfois trompeuses. On croit connaître une personne mais c’est tout l’inverse et j’en sais quelque-chose. A cause de ces deux hommes, j’ai tout perdu. Finalement, mon mari et moi n’aurions jamais dû venir sur cette fichue île de malheur. Il serait encore en vie maintenant. Je regrette tellement qu’on soit venus ici ! »

« Vous avez raison Tamara. A cause d’eux, vous avez perdu votre mari. C’est tellement horrible ce que vous avez vécu ! Qu’allons nous faire maintenant ? On se retrouve toutes les deux seules sur cette île perdue. Qu’allons-nous devenir ? Qui va venir nous sortir de là ? »

« Je ne sais pas Elisa mais on va tout faire pour pouvoir s’en sortir. Et puis heureusement nous sommes deux »

« Oui, c’est vrai mais ce n’est pas rassurant avec ce sale type qui est dans les parages. J’ai quand même peur. Vous auriez un plan en tête pour se sortir de cette galère ? »

« Oui j’ai un plan qui pourrait être possible. Dîtes-moi, quelle heure est-il ? »

Elisa regarda sa montre. Et dire qu’en venant sur cette île, elle se disait qu’elle oublierait les heures qui passent ; eh bien ce n’était plus le cas à présent, au contraire le temps était compté plus que jamais…

« Il est exactement 14H00 »

« Il faudrait quitter cet endroit au plus vite » dit Tamara.

« Mais pour aller où ? »

Tamara regarda la forêt luxuriante qui était à environ 3 kilomètres de là où elles se trouvaient puis elle dit :

« Je pense qu’on devrait aller là-bas dans la forêt. Ici on est trop en vue. Et la nuit va vite tomber. En haut de cette montagne, il y a deux cabanes qui se trouvent l’une à côté de l’autre. La deuxième qui était juste derrière la première était fermée à clef car elle était inoccupée. Mon mari et moi dormions dans la première cabane. Ces cabanes sont des sortes de refuge pour les rares touristes qui séjournent ici. On pourrait vous et moi, s’enfermer à clef dans la cabane que je connais. Je me souviens que la porte d’entrée était restée entrouverte avant que les deux hommes nous attaquent mon mari et moi. Je le sais car j’étais en train de préparer des sandwichs et que je faisais des allées et venues entre la cabane et l’extérieur. Moi, je ne vois que cette solution pour nous protéger de cet homme »

« Mais où se trouve cette clef pour pouvoir s’enfermer dans cette cabane ? »

« Lorsque mon mari et moi dormions dans la cabane, nous nous y enfermions à clef pendant que Batisto de son côté dormait sous sa tente à quelques mètres de nous. Je me rappelle que tous les matins, il avait pour habitude de nous réclamer à chaque fois la clef de notre cabane et j’avais remarqué qu’il la rangeait toujours dans l’une des poches extérieures de son sac à dos. Et quand votre guide nous avait agressé, le sac se trouvait à l’intérieur de notre cabane. Il était posé sur la table à manger. Et je suis certaine qu’il doit toujours y être. Il faudrait absolument mettre la main dessus et récupérer la fameuse clef. Et à ce moment là, on serait sauvées vous et moi ! Du moins, on serait beaucoup plus en sécurité qu’à l’extérieur. Je ne vois que cette solution pour l’instant. Ensuite, on verra bien ce qu’on pourra faire pour la suite des évènements »

« Mais, vous oubliez un détail Tamara ? Et si jamais ce Philippo était revenu sur ses pas pendant que vous êtes venue sur cette plage ? Il pourrait alors se trouver dans cette cabane et avoir la fameuse clef avec lui ! C’est vraiment trop dangereux et risqué d’aller là-bas ! »

« Oui c’est vrai que c’est risqué ! Mais nous n’avons pas le choix ! On ne peut pas rester ici indéfiniment. Personne ne viendra nous chercher. Mon mari et moi avions opté pour 4 jours d’excursion à Diamond et depuis notre arrivée ici, nous n’y avons dormi que 2 nuits. Alors vous comprendrez que dans l’immédiat, personne ne viendra s’inquiéter de notre sort. Et en ce qui vous concerne, c’est pareil puisque vous venez à peine de débarquer aujourd’hui sur cette île. Rappelez-moi Elisa, vous deviez séjourner ici durant combien de jours ? »

« 2 jours et 1 nuit » dit-elle avec amertume.

« Vous voyez bien ! Personne ne viendra nous sauver avant ! Croyez-moi Elisa, il faut absolument rejoindre cette cabane si on veut s’en sortir ! »

Elisa constata avec effroi, qu’effectivement personne ne viendrait les secourir tant que ces jours d’excursions n’auraient pas été écoulés. Et donc cette nuit promettait d’être longue et angoissante…

« Qu’en pensez-vous Elisa ? Il faut se décider maintenant. Le temps est compté ! »

« Vous avez sans doute raison mais c’est effrayant de savoir que ce type est toujours là quelque part… »

« Oui, c’est vrai. Mais il est blessé à la poitrine et il perdait déjà beaucoup de sang lorsque je l’ai vu s’enfuir. Il est donc en état de faiblesse. Et n’oubliez pas, nous sommes deux ! On a un avantage sur lui ! on pourra mieux se défendre si jamais ça tournait mal »

Elisa était tout de même perplexe mais ce que disait Tamara n’était pas dénué de sens, bien au contraire. En effet, comme elle venait de le souligner à l’instant, Philippo était blessé mais elle ne savait pas pourquoi, elle avait tout de même peur de devoir s’aventurer dans cette forêt.

« Et si on tentait d’aller plutôt là où le catamaran est amarré ? » dit-elle.

« Surtout pas ! et pour y faire quoi ? Il pourrait même déjà y être pendant que nous discutons. De plus on n’y serait pas à l’abri vous et moi. Il faut au contraire partir d’ici et se diriger vers la cabane où l’on pourrait s’y enfermer à clef. On y serait beaucoup plus en sécurité. Je vous assure. Et comme je vous l’ai déjà dit, je connais bien l’endroit »

« D’accord, vous devez sans doute avoir raison. Il vaut mieux s’en tenir à votre plan. Je pense effectivement qu’on serait beaucoup plus en sécurité à l’intérieur de la cabane »

« Oui, je le pense aussi. Il vaut mieux se dépêcher Elisa car la nuit tombe vite ici. Ne perdons plus un instant. Allons-y »

Sur les conseils de Tamara, Elisa échangea sa paire de tongues par ses tennis puis ramassa le reste de ses affaires qu’elle rangea à l’intérieur de son sac de plage. Elle était fin prête mais elle avait peur. Pourtant, il fallait bien qu’elle fasse confiance à Tamara qui avait l’air d’être une personne combative et très déterminée. Ce qui était rassurant en un sens mais voilà elle doutait encore et ne pouvait s’empêcher d’avoir de l’appréhension.

****

Et voici que les deux jeunes femmes couraient vers la grande étendue de forêt verdoyante qui se trouvait droit devant elles.

Tamara avait prévenu Elisa que la cabane se trouvait tout de même assez loin et qu’il faudrait accélérer le pas afin de ne pas se faire prendre par la nuit.
Et c’est ce qu’elles faisaient à cet instant là. Courir sans s’arrêter.

****

Enfin arrivées à l’orée de la forêt, toutes deux s’immobilisèrent.

Elles étaient essoufflées par leur course alors avant de continuer leur chemin, Elisa proposa à Tamara de boire un peu d’eau afin de reprendre des forces.
Une fois après avoir étanché leur soif, elles étaient prêtes à se remettre en route.

« Allons-y Elisa !! et surtout faites attention où vous mettrez les pieds. C’est assez caillouteux par certains endroits… »

« OK. Merci Tamara. Je ferai attention »

**** 

Mon stage de communication à Mantasoa

Mantasoa se trouve à proximité de la Capitale d’Antananarivo » dans une région montagneuse entourée de forêts de pins, d’eucalyptus, de forêts primaires et de réserves naturelles préservées :

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Voici mon histoire :

Lorsque j’étais étudiante au Lycée Français de Tananarive, j’ai eu l’opportunité de faire un stage de communication à Mantasoa dans un établissement qui s’appelait « L’Ermitage » ; un charmant Hôtel-restaurant situé en pleine nature au bord du lac Mantasoa.

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Voici le lien qui vous mènera à L’Hôtel Ermitage :

Hôtel-restaurant L’Ermitage

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Mes professeurs de l’époque (Année 93/94) avaient organisé ce stage en vue de nous faire progresser dans le domaine de la communication afin de nous ouvrir au monde du travail.

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Par un beau jour ensoleillé, mes camarades et moi qui étions en classe de « BEP acc de première année » partîmes donc en bus, direction « Mantasoa ».

Inutile de vous dire que nous étions tous très excités à l’idée de rester 1 semaine dans cet endroit de rêve dont on nous avait raconté monts et merveilles.

Certains de mes camarades connaissaient bien ce lieu et me racontaient que c’était un endroit fort agréable et très reposant.

Quant à moi, je connaissais quelque peu Mantasoa car mes parents, mon frère et moi allions pratiquement tous les dimanches y déjeuner dans la grande salle de restaurant du côté de la grande baie vitrée qui donnait sur le très beau jardin de l’établissement et biensûr sur le lac Mantasoa.

En effet, ma famille et moi adorions leur buffet à volonté qui était très bien achalandé en toutes sortes de mets diversifiés.

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Lorsque j’ai vu pour la première Mantasoa, j’étais littéralement tombée sous le charme de ce lieu que je trouvais bien agréable sans doute parce qu’il était situé en pleine campagne et donc loin du vacarme assourdissant de la Capitale d’Antananarivo.

Et comme ma famille et moi habitions justement à Tananarive ; Mantasoa nous apparaissait tel un endroit de paradis loin de tous les bruits de la ville et des embouteillages perpétuels.

Si jamais vous ne connaissiez pas Mantasoa ; il faudra un beau jour que vous envisagiez de le visiter car c’est un lieu incontournable à Madagascar.

****

Pour en revenir à la suite de mon histoire concernant mon stage de communication effectué à Mantasoa ; je n’avais jamais encore eu l’occasion de séjourner à l’hôtel « L’Ermitage ».

Et biensûr c’était pour moi le rêve de pouvoir y dormir avec mes camarade de classe ; accompagnés de nos deux maîtres de stage qui étaient :

  • Mr Boussard (Prof de Maths)
  • Mr Husson (Prof de Droit).

J’étais déjà toute émoustillée à l’idée de pouvoir mieux découvrir Mantasoa et ce durant 1 semaine.

Pour moi, c’était un peu comme si c’était des vacances (Mais chut ! les professeurs avaient organisé ce stage pour nous faire travailler et non l’inverse).

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De Tananarive à Mantasoa :

Point de départ : Le lycée Français de Tananarive et direction Mantasoa.

Mes camarades et moi venions de nous installer bien confortablement à l’intérieur du bus.
Et hop ! c’était parti pour deux longues heures de route à travers des lacets interminables de petites collines, à vous donner quelque peu la nausée; surtout en ce qui me concernait.

En effet je suis sujette au mal des transports mais disons que le pire pour moi reste les voyages en avion.
Et donc, après deux longues heures de route ; nous arrivâmes enfin à bon port.

Nous étions chacun d’entre nous, très heureux d’être dans cet endroit de rêve ; loin de la ville et surtout loin du Lycée !

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Mes camarades et moi regagnâmes rapidement nos chambres afin de ranger nos affaires et de nous faire un brin de toilette.

Ensuite, nous visitâmes l’intérieur de l’hôtel-restaurant ainsi que les alentours du grand domaine de l’Ermitage.
Comme il se faisait tard, les professeurs nous proposèrent d’aller nous coucher afin d’être frais et dispos pour le lendemain ; ce que nous fîment rapidement car nous étions tous fatigués de notre voyage.

Le lendemain fut magique pour moi ainsi que les jours suivants.

Le seul fait d’avoir séjournée dans cet hôtel durant 1 semaine me métamorphosa.

En effet, ce stage de communication fut une véritable révélation pour moi puisqu’il me permis de davantage m’ouvrir et surtout de me révéler, vu que j’étais une personne assez timide à l’époque.

L’expérience humaine ; le fait de vivre en communauté avec mes camarades de classe ; tout cela m’apporta un grand bienfait.

De plus, pouvoir effectuer ce stage à l’étranger et qui plus est dans mon pays natal fut incroyable et sensationnel pour moi !

D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, j’en garde un excellent souvenir que je n’oublierai jamais et qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.

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Jeu de piste dans le village de Mantasoa :

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Au cours de notre séjour, nos deux professeurs décidèrent de nous faire participer à un jeu de piste qui consistait à retrouver des balises qui se trouvaient dans le village de Mantasoa.

Comme nous étions 16 élèves, les professeurs nous séparèrent en deux groupes composés de 8 élèves.

Je faisais partie de l’équipe n°2 et le but du jeu était de retrouver à travers toute l’étendue du village de Mantasoa, à l’aide d’une carte de la région chacune des balises mentionnées sur une feuille que nos professeurs nous avaient donnée.

Ensuite, nous devions répertorier dans un calepin les balises trouvées et ramener celles qu’il fallait à nos professeurs et biensûr, le tout devait être effectué dans un laps de temps limité si nous voulions remporter la victoire.

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Recherche des balises :

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Mantasoa est si vaste qu’on peut facilement s’y perdre si on ne connaît pas très bien l’endroit.

Son village est entouré de grandes étendues de forêts d’eucalyptus qui sentent agréablement bon.

Je me souviens encore de cette odeur vivifiante.

Lorsque mes camarades et moi, nous retrouvâmes dans le coeur du village de Mantasoa ; ce ne fut pas si évident que ça de se repérer à l’aide de la carte de la région et même en étant muni d’une boussole que nos professeur nous avaient prêtée.

Parmi toutes les recherches que l’on devait effectuer, on devait trouver la maison de Jean Laborde ; le célèbre personnage historique qui avait créé le premier site industriel à Madagascar.

Cliquez sur ce lien si vous souhaitez en savoir un peu plus sur Jean Laborde :

L’histoire de Jean Laborde

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Je me souviens que j’avais adoré visiter les alentours de cette maison ; par contre mes camarades et moi n’avions pas pu visiter ses intérieurs car la personne qui détenait la clef était absente.

La recherche des balises fut pour nous, la plus difficile de toutes les épreuves qu’on avait dû effectuer durant notre stage de communication mais ce fut aussi un sacré défi que chacun d’entre nous avait su relever avec succès !

Comme quoi ce sont dans les défis qu’on se révèle le plus ; du moins pour ma part.

Ce fut donc une excellente expérience humaine et j’en garderai toujours un très bon souvenir.

Ce jour-là, nous fûmes filmés par l’un de nos professeurs afin de garder un souvenir de nos recherches de balises à travers le village de Mantasoa, qui à n’en pas douter resterait à jamais gravé dans nos mémoires !

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Le journal télévisé :

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De plus lors de ce stage, mes camarades et moi avions été filmés, chacun notre tour pour présenter le journal télévisé comme de véritables présentateurs de JT (journal télévisé).

Ce fut d’ailleurs pour moi une grande première que je tenais à vous raconter !
Je me souviens encore de cette petite pièce qui se trouvait à l’intérieur de L’hôtel et où l’on devait y jouer le rôle du présentateur de JT.

J’étais installée à une table avec devant moi des feuillets que je venais de rédiger avec l’aide de mes professeurs et que je devais le moins possible lire car je devais regarder la caméra.

Il est vrai qu’au début j’étais très intimidée face à l’objectif (c’était mon Professeur de Math qui me filmait : Mr Boussard) mais ensuite je finissais peu à peu à m’y adapter et même à avoir plus de confiance en moi.

J’essayai de regarder le plus possible la caméra car il fallait éviter de rester trop longtemps le nez plongé dans les documents.

Et ce fut avec réussite que je remplis cette tâche : En effet j’avais pratiquement tout le temps regardé la caméra.
Par contre la chose la moins évidente pour moi, fut de sourire constamment.

D’ailleurs, en revoyant les images lors de la séance de diffusion de notre journal télévisé ; mes professeurs me firent remarquer que j’avais un petit sourire crispé ; sans doute dû à mon émotivité face à la caméra.

Mais ce qui me rendit très heureuse, fût lorsqu’ils m’annoncèrent que je pouvais vraiment être fière de moi car j’avais su surmonter ma timidité et mon manque de confiance en moi.

****

Le casting :

casting
A l’issue de ce stage, on avait aussi la possibilité de passer un casting si on le souhaitait pour pouvoir obtenir un rôle dans le domaine du cinéma ou de la chanson.

Et devinez quoi ? J’avais choisi cette option car je voulais relever le défi et surtout pouvoir me prouver à moi-même que je pouvais y arriver.
C’était mon objectif principal ; faire montrer à mes professeurs que je n’étais pas qu’une personne timide dans mon coin mais que je pouvais être bien plus que ça : une jeune fille qui avait de la personnalité.

J’avais donc choisi de jouer le premier rôle d’une jeune fille qui s’appelait Lisa et qui voulait réaliser son rêve : devenir une grande actrice de cinéma.

Et donc, mon professeur de Maths me remit un petit texte que je devais apprendre par coeur, la veille avant de passer mon audition.
Il me suggéra également de choisir une tenue appropriée qui me mettrai en valeur pour ce grand jour.

En ce qui concernait ce détail vestimentaire, ce ne fut pas un problème pour moi car ma douce Maman m’avait conseillé d’emmener dans mon sac de voyage : ma jolie chemise bleue à petites fleurs roses ainsi que mon pantalon en jean que j’aimais bien porter lorsque j’allais au lycée.

Ce casting était si important pour moi, que j’avais pris pas mal de temps à jouer la fameuse scène que j’avais bien apprise par coeur, devant ma meilleure amie de l’époque.

Et lorsque j’étais toute seule, je continuais encore et encore à la retravailler afin que je sois fin prête pour le lendemain.

****

Et le jour J arriva irrémédiablement !

Quelques élèves devaient passer avant moi alors ce fut en quelque sorte une véritable torture d’attendre enfin mon tour.
Ce jour là, les professeurs qui nous suivaient avaient pour mission de nous analyser dans les moindres détails ; ce qui accentua un peu plus ma peur.

Et de plus, pour cette grande occasion, la Directrice de casting d’une grande agence locale s’était déplacée en personne afin de nous évaluer et de nous donner ses appréciations concernant nos interprétations et nos performances.

Et bien évidemment, les élèves qui avaient choisi de passer ce casting devraient également être filmés comme pour le journal télévisé.

Lorsque vint enfin mon tour, j’entrais en scène en adoptant une attitude neutre car je voulais paraître le plus naturel possible.
Mon coeur battait la chamade mais j’étais très concentrée et chose incroyable je n’avais plus peur ; j’étais totalement dans la peau de mon personnage : Lisa.

Lorsque la Directrice de casting me demanda pourquoi je voulais absolument avoir le premier rôle, je lui répondis tout simplement que j’aimais le personnage de Lisa car c’était une rêveuse comme moi qui était certes timide mais qui avait du talent pour jouer n’importe quel personnage que ce soit dans la tristesse ou la joie et que j’en étais capable car j’avais pris des cours d’art dramatique durant deux années.

Biensûr j’avais totalement inventé cette histoire de cours dramatique mais le simple fait de l’avoir mentionné me donna l’avantage par rapport à certains de mes camarades qui n’avaient pas pensé à cette idée lors de leur passage en scène.

Ce jour là, je ne sais pas pourquoi mais je m’étais sentie pousser des ailes dans le dos tellement je m’étais donnée à fond car je voulais absolument décrocher le rôle de Lisa.

Lorsque le casting fut terminé, les professeurs et la Directrice de casting se réunirent dans une autre salle afin de débattre pour savoir quel élève obtiendrait le premier rôle de Lisa.

Une fois après avoir élu l’élève qui jouerait le rôle de Lisa ; il revinrent dans la grande salle de conférence, dans laquelle, mes camarades et moi avions passé le casting.

Lorsque mon professeur de Droit commença à marquer à la craie blanche les premières lettres de mon prénom « Cé » sur le grand tableau noir ; je croyais rêver ! mais non, c’était bel et bien vrai !

Oui c’était bien moi qui avait obtenu le fameux rôle !

Je n’en cru pas mes yeux ! et sous le coup de l’émotion j’en versais quelques larmes surtout au moment où tous mes camarades et professeurs m’applaudirent à l’unisson.

Et pour me récompenser d’être sortie enfin de ma coquille, mes professeurs m’offrirent un pin’s représentant l’emblême des Rolling stones : la fameuse langue qui sort d’une bouche.

rolling stones pins
Car pour la première fois j’avais démontré à tout le monde de quoi je pouvais être capable !

Et pour fêter la finalité de ces épreuves, nos professeurs nous firent la surprise de faire une petite excursion en bateau sur le lac Mantasoa pour aller visiter la ferme du gérant de l’hôtel qui était située sur un îlot voisin.

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Visite d’une ferme :

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Mes camarades et moi étions ravis et heureux de faire du bateau.

Le soleil était au rendez-vous et nous étions tous en osmose avec la nature : c’était tellement magnifique de voir toutes ces maisons en bois qui bordaient le lac.

Et lorsque nous visitâmes la ferme du gérant de L’Hôtel L’Ermitage ; ce fut un pur plaisir des yeux.
Il y avait un élevage de porcs et de volailles dont le gérant était fier de nous montrer car il nous expliquait qu’il faisait lui-même sa propre fabrication de charcuterie tels que : salamis, saucissons, saucisses, ect…

Il avait également des cultures de toutes sortes de légumes qu’il utilisait pour confectionner tous ses plats qu’il cuisinait car il était le chef cuisinier du restaurant l’Ermitage.

Nous vîmes aussi deux magnifiques chevaux en liberté qui couraient ensemble, crinières au vent.

Cela se ressentait que tous les animaux qui vivaient ici étaient bien traités car ils étaient en bonne santé et heureux.
Jamais je n’oublierai cette visite de cette paisible ferme. Ce fut une bien magnifique journée !

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Pour terminer mon histoire, je tenais à remercier tous mes professeurs.

Oui, merci d’avoir eu l’idée d’organiser ce stage de communication et qui plus est dans un merveilleux cadre tel que Mantasoa.

Ce stage me fut très bénéfique et j’en garde jusqu’à aujourd’hui une très bonne expérience.

Ce souvenir est immortalisé sous forme de K7 vidéo que je garde bien précieusement et ce depuis des années et d’ailleurs je ne tarderai pas le convertir en DVD afin de le faire montrer plus tard aux personnes qui me sont chères…